Patrick Nisse ⁎ , Anne Garat, Damien Peucelle, Ramy Azzouz
Centre antipoison et toxicovigilance des Hauts-de-France, CHU, Lille, France
Toxicologie Analytique et Clinique
Volume 35, Issue 3, Supplement, October 2023, Page S112
Available online 23 September 2023, Version of Record 23 September 2023.
https://doi.org/10.1016/j.toxac.2023.08.084Get rights and content
Objectif
Dans les Hauts-de-France, si le nombre de passages aux urgences pour tentatives de suicide de l’adolescent restait stable en 2018 et 2019, nous avons constaté en 2020 une diminution des recours pour tentative d’autolyse durant les 2 périodes de confinements, au printemps et en automne 2020. Dès le début de l’année 2021, la tendance a semblé s’inverser avec une augmentation des appels pour tentatives de suicide. Un suivi régional prospectif des tentatives de suicides chez les adolescents âgés de 12 à 17 ans a alors été mis en place au niveau du CAPTV des Hauts-de-France afin de confirmer ou non cette progression.
Méthode
Les données portent sur les appels concernant une ingestion volontaire dans un contexte suicidaire reçus au CAPTV des Hauts-de-France entre le 1er janvier 2021 et le 31 janvier 2022 sur la tranche d’âge des 11 à 17 ans. Les résultats sur cette période ont ensuite été comparés aux résultats obtenus sur les 2 années précédentes, 2019 et 2020.
Résultats
Depuis le 1er janvier 2021, les recours aux urgences pour tentatives de suicide chez les adolescents sont en hausse constante par rapport aux années précédentes (respectivement +29 % et +35 % par rapport à 2019 et 2020). Si l’on observe 3 pics en mars, mai et septembre, on note une nette diminution du nombre des appels au cours des mois de juillet–août, période des congés d’été avec des chiffres similaires à ceux des 2 années précédentes (2019 et 2020). La tranche d’âge des 12–14 ans est la plus concernée par ces augmentations d’appel (de 102 à 69 % d’augmentation versus 2019) (Fig. 1). Le sexe-ratio reste très nettement féminin à 0,16 (versus 0,21 et 0,26 en 2019 et 2020). Le lieu de survenue reste le domicile dans près de 90 % des appels, quelle que soit l’année. Les produits pris sont des spécialités médicamenteuses dans 90 % des cas. Les compléments alimentaires, l’homéopathie, l’eau de javel et les produits ménagers sont retrouvés chacun dans moins 1 % des cas. Parmi les spécialités médicamenteuses, 66 % ont pour cible le système nerveux dont les analgésiques (45 %) et les psycholeptiques (40 %). Un professionnel de santé était à l’origine de l’appel dans 88 % des dossiers. Si les cas de gravité modérée ne concernaient que 6 % des appels en 2019, ils représentaient 12 % en 2020 et 2021. La proportion de cas de gravité sévère est restée stable (1 %) au cours de ces 3 années ; cependant, 2 décès (12 et 17 ans) sont à déplorer en 2021.
Conclusion
Ces évolutions inquiétantes et étayées par d’autres sources, notamment des services de pédopsychiatrie, témoignent d’une dégradation de la santé mentale, particulièrement observée chez les adolescents (12–16 ans), en raison notamment de la pression psychologique croissante de la pandémie et des restrictions instaurées pour le contrôle de la circulation virale. Ces résultats ne prennent pas en compte les autres modes de tentatives de suicides, notamment celles par pendaison ou par précipitation.
View full text
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2352007823002500