Communication : Intérêts de la kétamine : de l’effet antidépresseur à l’effet anti-suicide ?
Edouard Laforgue, Anne Sauvaget, Samuel Bulteau, Jean-Marie Vanelle,
Service universitaire de psychiatrie, SHU de psychiatrie et
psychologie médicale, hôpital Saint-Jacques, CHU de Nantes, 85, rue
Saint-Jacques, 44035 Nantes, France
jeanmarie.vanelle@chu-nantes.fr
In Press, Corrected Proof Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique
Available online 5 January 2016
Résumé
L’épisode dépressif majeur est une pathologie dont la fréquence et la gravité ont un impact socioéconomique important. Les antidépresseurs validés dans cette indication, basés sur l’hypothèse tri-mono-aminergique, ont une efficience globale limitée par leur latence d’action et le taux de patients répondeurs ou en rémission. Les données scientifiques sur l’implication du système glutamatergique et la découverte de l’effet antidépresseur rapide et robuste de la kétamine, antagoniste des récepteurs NMDA du glutamate, amènent de nouvelles perspectives dans la prise en charge médicamenteuse des dépressions. Cet article passe en revue les différentes modalités d’utilisation de la kétamine dans les états dépressifs. Les essais cliniques sont en faveur d’un effet antidépresseur rapide sur la majorité des symptômes dépressifs, dont les idées suicidaires, suite à une perfusion de 0,5 mg/kg de kétamine. Cet effet est transitoire, se limitant à quelques jours. Les effets indésirables, essentiellement psychomimétiques, sont réversibles en quelques heures. L’absence d’études de grande envergure, la modalité d’administration intraveineuse et le risque de mésusage sont les principales limites à la généralisation de l’usage de la kétamine. Néanmoins, son utilisation en tant que « starter » d’un traitement conventionnel, comme traitement de la dépression résistante ou encore comme traitement de l’urgence suicidaire sont autant de potentielles innovations thérapeutiques.
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0003448715003996