Résumé des travaux du 24 juillet 2015 - https://www.gouvernement.lu/5093957
L’objectif général du plan est de combattre les causes et les conséquences du suicide et de réduire les tentatives de suicide et les décès par suicide au Luxembourg. Les objectifs spécifiques sont de renforcer:
- les individus, les familles et la communauté,
- la résilience individuelle et collective suite à des événements traumatisant,
- les aptitudes de la communauté à identifier les besoins en soins,
- la capacité collective et individuelle de répondre rapidement et de manière appropriée à la détresse des personnes,
- la coordination entre les acteurs de terrain afin d’engendrer une transition douce et sécurisante pour la personne souffrante.
- AXE 1 – Améliorer la compréhension de la problématique suicidaire
- AXE 2 – Améliorer la résilience des individus et leur capacité à s’auto-aider
- AXE 3 – Améliorer les ressources sociales, la résilience collective et la capacité à prévenir le suicide
- AXE 4 – Adopter une approche coordonnée de la prévention du suicide
- AXE 5 – Fournir des activités ciblées de prévention du suicide
- AXE 6 – Instaurer des normes et standards de qualité en matière de prévention du suicide
article sur le sujet
72 suicides par an au Luxembourg Lydia Mutsch: «Il s'agit de briser un tabou»
Entre 2000 et 2013, il y a officiellement eu 1.017 suicides au Luxembourg. Soit 72 cas, en moyenne par an. Pour la seule année 2014, et même si le chiffre n'est pas encore officiel, 85 cas ont été enregistrés. Mais en réalité, l'ampleur du phénomène est bien plus importante car le taux de tentatives de suicide est de 10 à 20 fois supérieur à celui des suicides accomplis.
«Avec un taux de suicide standardisé selon l'âge de 8,7 suicides pour 100.000 habitants pour l'année 2012, nous nous situons légèrement en-dessous de la moyenne européenne qui est de 12 suicides pour 100.000 habitants», pose Lydia Mutsch. Ce qui n'est pas le cas de la France (12,3 suicides pour 100.000 habitants) ou de la Belgique (14,2), voire de la Lituanie (28,2), la plus mal lotie. Alors qu'il y a eu 804.000 cas de suicides dans toute l'Europe en 2012, on table sur près de 1,5 million de suicides à l'horizon 2020. «Ce sont des chiffres alarmants et les pays le savent bien», lance Lydia Mutsch.
Annoncé d'emblée comme une priorité du gouvernement Bettel, le combat contre le fléau du suicide est «l'un des plus grands défis dans le domaine de la prévention» et «il s'agit de briser un tabou», essaye de convaincre la ministre de la Santé. Elle est d'avis qu'il «faut aussi en parler dans les écoles». Le suicide est même l'une des principales causes de décès chez les jeunes de 25 à 29 ans.
Plus surprenant est le fait établi que «les personnes de 75 à 89 ans sont proportionnellement plus touchées par le suicide que les jeunes», assure Le Dr Juliana D'Alimonte de la Direction de la Santé.
Les femmes sont moins touchées
Et puis, «les hommes se suicident plus souvent que les femmes», retient le Dr D'Alimonte. Le ratio est de un pour trois. Sur les 85 cas de suicide enregistrés en 2014, 66 étaient des hommes et seulement 19 des femmes. Un phénomène qui s'expliquerait notamment par «une plus grande disposition des femmes à reconnaître les problèmes psychologiques, elles ont davantage confiance dans la médecine de santé qui propose une aide et elles ont plus de facilités à parler de leurs propres problèmes», avance Juliana D'Alimonte.Alors qu'il planche sur le sujet depuis 2006, le gouvernement luxembourgeois a, jusqu'ici, toujours eu une stratégie ponctuelle. Pour la première fois, «nous avons mis sur pied un plan avec une stratégie globale qui devra être menée de façon continue et qui devra être évaluée», explique le Dr D'Alimonte
Le premier Plan national de prévention du suicide qui englobe la période allant de 2015 à 2019 et qui est doté de 957.500 euros ne fixe pas d'objectifs chiffrés. Le but, c'est qu'«il y ait moins de suicides et que les conséquences des tentatives soient également atténuées. Il s'agit à travers ce plan de renforcer les personnes qui souffrent», résume le Dr Fränz D'Onghia du Centre d'information et de prévention qui travaille en étroite collaboration avec le ministère.
«Chacun de nous peut aider à sauver des vies»
Et il lance: «Chacun de nous peut aider à sauver des vies». La famille, les collègues de travail, l'école, la communauté au sens large, «c'est en oeuvrant ensemble que nous pourrons sauver des vies».Le nouveau Plan national de prévention du suicide luxembourgeois s'inspire d'ailleurs directement du modèle australien LIVE pour Living Is For Everyone. «Basé sur des preuves scientifiques solides, le modèle a fait ses preuves» et son but est de «renforcer les individus» et «d'augmenter la capacité de la communauté à répondre rapidement et de façon coordonnée à la détresse des personnes».
Le plan national comporte 33 actions prioritaires comme la réalisation d'études scientifiques pour mieux saisir les facteurs de risques au Luxembourg, le développement du système pour enregistrer les tentatives de suicide au niveau national, la mise en place d'un Groupe de travail sur l'épidémiologie des comportements suicidaires, une plus grande amplitude horaire de la ligne téléphonique SOS Détresse (tel: 45 45 45), la création d'un réseau d'experts pour lutter davantage contre la dépression sous toutes ses formes, etc.
Comment réagir pour aider une personne suicidaire?
- Ecouter la personne sans chercher à comprendre
- Parler simplement et directement en n'ayant pas peur d'utiliser le mot «suicide»
- Montrer que l'on tient à la personne
- Valoriser les compétences et les réussites de la personne afin de remonter son estime
- Encourager la personne à rencontrer des gens
- Aider, seconder la personne dans son quotidien sans pour autant tout faire à sa place. Mais plutôt en faisant les choses ensemble, etc.