Publié le 20/05/2015 http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/21_psy/e-docs/une_interleukine_pour_le_suicide_152228/document_actu_med.phtml
Des recherches récentes suggèrent que des phénomènes
inflammatoires peuvent jouer un rôle non négligeable dans le
déterminisme du suicide. Pour explorer cette voie, une équipe de
Suède a comparé les niveaux de l’interleukine 8 (IL-8) dans le sang
et dans le liquide céphalo-rachidien (LCR), chez des sujets ayant
effectué une tentative de suicide et chez des sujets-témoins.
Cependant, comme des échantillons de sang et de LCR n’étaient pas
disponibles simultanément pour tous les participants de cette
étude, celle-ci regroupe en fait deux cohortes distinctes : la
cohorte « plasma » (échantillons de sang obtenus chez 46
patients avec antécédents de suicide et 13 sujets-contrôles) et la
cohorte « LCR » (échantillons de LCR obtenus chez 138
patients dont l’anamnèse comporte une tentative de suicide et 48
sujets-témoins).
Le choix des auteurs s’est porté sur l’IL-8 car cette chémokine (déjà connue pour son rôle dans l’immuno-modulation) [1] aurait également des « propriétés neuroprotectrices » sous-tendant son rôle présumé, encore mal connu, dans les processus neurobiologiques de certaines affections psychiatriques. Pour préciser l’aspect génétique de la question, les auteurs ont évalué aussi le polymorphisme d’un seul nucléotide [2] dans le site promoteur du gène codant pour l’IL-8, comparativement chez 206 sujets avec antécédents de tentative de suicide et pour 578 sujets-témoins.
On constate que les niveaux de l’IL-8 dans le plasma et dans le LCR sont « significativement plus faibles chez les sujets anxieux ayant commis une tentative de suicide » que pour les sujets-témoins, et que ces niveaux d’IL-8 (dans le sang comme dans le LCR) se trouvent « corrélés négativement » avec l’intensité des troubles anxieux. Autres observations : l’allèle IL-8-251T se révèle « plus fréquent chez les femmes avec antécédent de tentative de suicide », et les sujets ayant tenté de se suicider ont des niveaux d’anxiété plus importants lorsqu’ils possèdent précisément cet allèle, lequel semble donc avoir un statut de facteur de prédisposition au suicide, bien que des études complémentaires doivent encore élucider le(s) rôle(s) de l’IL-8 dans le système nerveux central.
Dans l’attente, les auteurs présument que cette interleukine intervient vraisemblablement comme agent médiateur des mécanismes biologiques sous-jacents dans les phénomènes de résilience lors des situations anxiogènes. Si cette hypothèse se confirme, on entrevoit ainsi la perspective de développer de nouveaux médicaments anxiolytiques ou/et antidépresseurs qui seraient susceptibles de contribuer à la prévention du suicide en contrant cette baisse du niveau d’interleukine.
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Chimiokine
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Polymorphisme_nucl%C3%A9otidique
Dr Alain Cohen
Le choix des auteurs s’est porté sur l’IL-8 car cette chémokine (déjà connue pour son rôle dans l’immuno-modulation) [1] aurait également des « propriétés neuroprotectrices » sous-tendant son rôle présumé, encore mal connu, dans les processus neurobiologiques de certaines affections psychiatriques. Pour préciser l’aspect génétique de la question, les auteurs ont évalué aussi le polymorphisme d’un seul nucléotide [2] dans le site promoteur du gène codant pour l’IL-8, comparativement chez 206 sujets avec antécédents de tentative de suicide et pour 578 sujets-témoins.
On constate que les niveaux de l’IL-8 dans le plasma et dans le LCR sont « significativement plus faibles chez les sujets anxieux ayant commis une tentative de suicide » que pour les sujets-témoins, et que ces niveaux d’IL-8 (dans le sang comme dans le LCR) se trouvent « corrélés négativement » avec l’intensité des troubles anxieux. Autres observations : l’allèle IL-8-251T se révèle « plus fréquent chez les femmes avec antécédent de tentative de suicide », et les sujets ayant tenté de se suicider ont des niveaux d’anxiété plus importants lorsqu’ils possèdent précisément cet allèle, lequel semble donc avoir un statut de facteur de prédisposition au suicide, bien que des études complémentaires doivent encore élucider le(s) rôle(s) de l’IL-8 dans le système nerveux central.
Dans l’attente, les auteurs présument que cette interleukine intervient vraisemblablement comme agent médiateur des mécanismes biologiques sous-jacents dans les phénomènes de résilience lors des situations anxiogènes. Si cette hypothèse se confirme, on entrevoit ainsi la perspective de développer de nouveaux médicaments anxiolytiques ou/et antidépresseurs qui seraient susceptibles de contribuer à la prévention du suicide en contrant cette baisse du niveau d’interleukine.
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Chimiokine
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Polymorphisme_nucl%C3%A9otidique
Dr Alain Cohen