mardi 2 octobre 2012

COMPTE RENDU DES ENTRETIENS DE BICHAT Risque suicidaire chez l’enfant et l’adolescent

COMPTE RENDU : Risque suicidaire chez l’enfant et l’adolescent et attitudes médicales face à ce risque  - Modérateur : R. Delorme*  Participants : R. Delorme*, C. Stordeur*, M. Fouillet***
* Service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, Hôpital Robert Debré,
** ASM 13, Centre Philippe Paumelle
dans Les Entretiens de Bichat 14 sept. 2012 Salle 341  14 h – 15 h 30 Pédopsychiatrie Table ronde

A consulter http://www.lesentretiensdebichat.com/sites/default/files/publications/medecine_405_410_wmk.pdf (plus valide)

accessible aussi https://www.psychaanalyse.com/pdf/ENFANT%20RISQUE%20SUICIDAIRE%20(6%20Pages%20-%20225%20Ko).pdf

Article presse lié

Encore trop de suicides d'enfants en France
Par damien Mascret - le 28/09/2012sur http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/09/28/19169-encore-trop-suicides-denfants-france

Aux Entretiens de Bichat 2012, une table ronde a tenté de mieux cerner le risque suicidaire des préados.
Quarante enfants âgés de 5 à 14 ans sont décédés par suicide en France en 2010 selon l'Inserm. Mais combien de tentatives? Combien d'accidents qui cachaient en réalité des actes désespérés? «Il y a très peu de statistiques sur le suicide des enfants de moins de 15 ans. Pourtant, cela arrive», explique le Dr Richard Delorme, pédopsychiatre à l'hôpital Robert-Debré à Paris. Et même, cela arrive beaucoup plus souvent qu'on ne le pense.
«Notre pensée est enchevêtrée tant le suicide d'un petit est invraisemblable et insupportable», écrivait Boris Cyrulnik, dans Quand un enfant se donne «la mort» (Odile Jacob, 2011). Le passage à l'acte semble différent de celui de l'adolescent chez qui on observe plutôt «une gradation de l'approche de la mort», explique le neuropsychiatre. «On ne retrouve pas cette progression chez les petits», ajoute Boris Cyrulnik. «Ils jouent, rient, répondent gentiment et sautent par la fenêtre.»
Non que la pensée de la mort soit étrangère à l'enfant, elle est au contraire bien présente dans l'enfance. «Aujourd'hui, les enfants de moins de 13 ans souffrent moins matériellement, mais ils pensent plus à la mort», explique-t-il encore. Le Dr Coline Stordeur a présenté aux Entretiens de Bichat une analyse de toutes les tentatives de suicide d'enfants et adolescents qui ont été vus aux urgences de Robert-Debré entre 2007 et 2010.

Des gestes impulsifs

Sur 249 tentatives de suicide, impliquant 232 patients différents, en raison des récidives, 13 concernaient des enfants de moins de 12 ans (7 garçons et 6 filles). «Les petits font des gestes assez létaux (entraînant la mort, NDLR) sans être forcément très déterminés» remarque la pédopsychiatre, «on note une plus grande diversité des moyens utilisés, en particulier les intoxications médicamenteuses volontaires ne sont pas majoritaires dans cette tranche d'âge.»
Pour le Dr Stordeur, les gestes suicidaires des préados doivent être considérés différemment des plus grands: «Ils sont souvent très impulsifs et si les tentatives sont moins fréquentes que chez les plus grands, elles sont certainement davantage sous-diagnostiquées.» La dispute avec les parents ou avec un ami est évidemment un facteur précipitant majeur, mais il faut bien admettre que cela ne dit rien de la situation psychologique préalable de l'enfant. «D'ailleurs, remarque le Dr Delorme, dans deux cas sur trois, on s'aperçoit que l'enfant avait consulté avant son geste un médecin généraliste ou un pédiatre pour des troubles de santé relativement bénins.»
Mais la prévention n'est pas facile. «Un enfant peut se suicider sans être suicidaire», souligne Boris Cyrulnik. «C'est pourquoi les signes indicateurs sont difficiles à voir et à comprendre. Le petit formule mal un malaise diffus que les adultes n'imaginent même pas.» Il faut savoir entendre au-delà des mots un enfant qui dit «J'ai mal au ventre… je suis fatigué… j'en ai marre». Il faut aussi repérer les enfants vulnérables qui autant que les autres, sinon plus, ont besoin de sentir des liens d'affection qui les lient aux autres: «Un appel téléphonique, une carte postale, un bavardage, un événement banal pour une personne épanouie prend pour un suicidaire l'effet d'un sauvetage», conclut le neuropsychiatre.