mardi 16 octobre 2012

CHINE ARTICLE Dépression en Chine, une maladie qui tue

Dépression en Chine, une maladie qui tue

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Encore mal connue du grand public, la dépression – et son expression la plus extrême : le suicide – est l’une des premières causes de mortalité en Chine. De notre partenaire Chine Plus.
L’hebdomadaire Caixin Century consacre cette semaine sa « une » à la question de la dépression en Chine. Selon le magazine, qui ne cite cependant pas de chiffres, cette maladie tuerait davantage en Chine que les accidents de la route. Un article du China Daily daté de 2005 évalue à 5 % la proportion de la population touchée – soit 65 millions de personnes, l’équivalent de la population française. Le dossier de Caixin Century, explique que la dépression engendre un taux de suicides particulièrement élevé. « Sur l’ensemble des suicidés, 70 % sont atteints de dépression. Sur sept dépressifs, un finira par passer à l’acte (1). » explique Tang Denghua, un médecin d'un hôpital pékinois. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la dépression devrait devenir la deuxième cause de mortalité et de handicap dans le monde d’ici 2020.
UNE DIFFICILE PRISE DE CONSCIENCE
« Beaucoup de personnes connaissent la dépression, mais très peu la comprennent », écrivent les auteurs du dossier. L’une des erreurs communes est de considérer cette maladie comme une faiblesse de caractère, poursuivent-ils. En Chine, on dira souvent aux personnes dépressives qu’elles « prennent les choses trop à coeur 想不开 » ou qu’elles « aiment se couper les cheveux en quatre 爱钻牛角尖 ».
Un homme, rencontré sur le pas de la porte d’un hôpital, confie au journaliste qu’il souffre d’état dépressif depuis des années, mais qu’il hésite à s’adresser à un médecin. Il craint, en effet, d’être catalogué de « malade mental 精神病人 » s’il commence un traitement.
Cette mentalité est très répandue parmi les malades et leur famille, commente le journaliste. Selon le magazine, la proportion de malades suivit médicalement n’atteindrait pas 10 %. Ainsi, les soins arrivent souvent tardivement, parfois trop tard : d’après le China Daily, 90 % des Chinois qui ont commis un acte de suicide n’ont jamais bénéficié de soins psychologiques.
LE COÛT DE LA DÉPRESSION
La question se pose également de la capacité d’accueil des établissements médicaux chinois. Caixin Century précise que seuls 10 % des malades sont accueillis dans des services spécialisés. De nombreux patients affluent dans les petites et moyennes structures hospitalières, qui ne possèdent ni les ressources, ni les compétences nécessaires pour soigner la dépression.
Dans un pays où le système de couverture médicale est encore balbutiant, le coût des traitements peut également être un obstacle important. Une étude de l’université américaine Berkeley estime à 2957 yuans (360 euros) par an le coût d’un traitement contre la dépression pour la ville de Shanghai. Or, les personnes interrogées dans l’enquête avaient souvent connu une baisse de leurs revenus suite à leur maladie : en moyenne 1169 yuans par mois (18 % avaient perdu leur emploi et 40 % réduit leur temps de travail). À l’échelle du pays, la dépression coûterait chaque année 51 milliards de yuans.
(1) Entre 250 000 et 300 000 personnes se suicident chaque année en Chine d’après les sources officielles (2007). Ce nombre représente un quart des suicides dans le monde.
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