vendredi 1 juin 2012

THESE EN LIGNE LE MASCULIN ET LE FEMININ AU PRISME DE LA SANTE ET DE SES INEGALITES SOCIALES

LE MASCULIN ET LE FÉMININ AU PRISME DE LA SANTE ET DE SES INEGALITES SOCIALES
Anne-Sophie Cousteaux
Thèse dirigée par Alain Chenu, Professeur des universités à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris
Soutenue le 12 décembre 2011
Mis en ligne en janv 2012
Institut d’Études Politiques de Paris ÉCOLE DOCTORALE DE SCIENCES PO
Programme doctoral de sociologie
Observatoire sociologique du changement (FNSP/CNRS)
Doctorat en sociologie

Cette thèse s'attache à décrire et à expliquer les différences entre hommes et femmes en matière de santé, y compris dans leurs variations sociales. Elle envisage la santé comme un prisme de lecture de la construction sociale du masculin et du féminin et des rapports de domination entre hommes et femmes. Elle se concentre sur deux questions. Pourquoi les femmes se déclarent-elles en plus mauvaise santé alors qu'elles vivent en moyenne plus longtemps que les hommes ? Pourquoi les inégalités sociales de santé et de mortalité semblent-elles moins prononcées chez les femmes ? Cette recherche s'appuie sur l'analyse secondaire de données quantitatives, principalement celles de l'INSEE. Par l'étude des expressions genrées du mal-être, elle met en évidence l'origine sociale commune de la mortalité prématurée des hommes (liée à l'alcool, au tabac, au suicide, à la violence) et de la sur-morbidité des femmes (essentiellement manifestée par des troubles psychologiques et somatiques). Par ailleurs, elle montre que la principale explication de la moindre ampleur des inégalités de santé chez les femmes en France tient aux mécanismes genrés de sélection par la santé (changement de travail pour les hommes, inactivité et temps partiel pour les femmes). Sur le plan théorique, cette thèse conduit à réexaminer la notion de domination masculine, en mettant en évidence le " coût " en termes de santé qu'acquittent les femmes qui souhaitent s'en abstraire et la préservation de la santé que permettent, à l'inverse, les opportunités de retrait du marché du travail pour les femmes, et en montrant les composantes paradoxales de l'égalisation des conditions masculine et féminine en matière de santé.

Santé – Mortalité – Genre – Stratification sociale et inégalités – Méthodes quantitatives

Avec un chapitre Chapitre 4 – Le mal-être a-t-il un genre ? Suicide, risque suicidaire, dépression
et dépendance alcoolique
"En déconstruisant les catégories médicales par l’hypothèse que les hommes et les femmes ont tendance à rapporter des symptômes de nature différente pour exprimer leur mal-être, le chapitre 4 montre que des expressions, telles que le suicide, le risque suicidaire, la dépression et la dépendance alcoolique, sont forgées par la construction sociale du masculin et du féminin et que l’intériorisation de valeurs et de normes genrées par la socialisation se traduit dans les malaises ressentis et la façon profondément intime de les exprimer. Il permet en outre de concevoir une origine sociale commune aux phénomènes de la surmortalité masculine et de la sur-morbidité féminine, qui semblaient a priori contradictoires. Le mal-être des femmes s’exprime essentiellement à travers des troubles psychologiques et somatiques – sur lesquels repose le constat de leur sur-morbidité –, tandis que les formes les plus « acceptables » de l’expression masculine du mal-être sont aussi les plus nocives et les plus risquées en matière de santé : alcool, tabac, violence... Ce chapitre propose également de reconsidérer le bénéfice différentiel au mariage et la protection familiale tirées de la seule analyse du suicide. Avec la libéralisation du divorce, le bénéfice au mariage au sens strict, c’est-à-dire par rapport à l’union libre, apparaît désormais féminin. Par ailleurs, la présence d’enfants limite certes les tendances suicidaires mais ne protège pas des autres expressions du mal-être. Ces résultats conduisent donc à remettre en cause l’hypothèse de l’intégration familiale. Par l’interdit social de leur abandon, les enfants constitueraient moins une protection face au mal-être en général qu’une contrainte occultant la voie suicidaire. "

Accéder à la thèse http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/66/16/11/PDF/These_Cousteaux_2011.pdf