Santé Une étude confirme la hausse «alarmante» des problèmes de santé mentale chez les jeunes
Le changement climatique, les perspectives d'emploi, les réseaux sociaux ou encore les inégalités intergénérationnelles sont autant de facteurs pouvant influer négativement sur la santé mentale. Ainsi, selon une étude réalisée par un consortium d'experts pour la revue The Lancet et rapportée par le Guardian, ces causes sont responsables d'une hausse «alarmante» des problèmes de santé mentale chez les jeunes dans le monde entier.
L'étude a été réalisée par la commission sur la santé mentale des jeunes de The Lancet. Elle indique que la santé mentale des jeunes à travers le monde est en déclin depuis au moins deux décennies, et recommande de prendre des mesures au plus vite pour s'attaquer aux causes ainsi que pour améliorer les soins.
Le psychiatre Australien Patrick McGorry, directeur de l'étude, l'affirme: «C'est le problème de santé publique le plus grave que nous ayons. Si la détérioration rapide se produisait dans n'importe quel autre domaine de la santé, comme le diabète ou le cancer, les gouvernements prendraient des mesures drastiques.»
Selon la recherche, les problèmes de santé mentale représenteraient au minimum 45% de la charge de morbidité chez les personnes de 10 à 24 ans et pourtant, seuls 2% des budgets mondiaux de la santé y sont consacrés. Le rapport indique également que même dans les pays les plus riches, moins de la moitié des besoins dans ce domaine sont satisfaits.
Néolibéralisme et individualismePour le professeur McGorry, la cause profonde de ce déclin de la santé mentale est liée au contexte économique global qui serait responsable de «la fragmentation de nos sociétés». «Cette fragmentation est causée par le néolibéralisme, selon lequel tout est une marchandise», affirme-t-il.
Toujours selon le psychiatre, l'individualisme et la concurrence détruisent les liens sociaux, érodent les services publics et donnent du pouvoir à des industries et des entreprises nuisibles. «Il peut sembler à première vue que les générations précédentes ont eu plus de difficultés, compte tenu de la Grande Dépression, des guerres mondiales et des menaces nucléaires, explique-t-il. Mais en réalité, la génération actuelle est beaucoup moins sûre et espère un avenir meilleur. Les défis auxquels la génération actuelle est confrontée sont sans précédent, ils sont dévastateurs et ils sont pires que jamais.»
Le document, coécrit par des psychiatres, des psychologues, des chercheurs et des jeunes, évoque également l'incidence d'internet: les jeunes seraient très souvent en ligne, ce qui peut être source de préjudice et de risques pour la santé mentale.
Pour nuancer l'étude, il faut noter cependant qu'une analyse complémentaire menée par le King's College de Londres montre qu'une grande partie des preuves étayant le rapport proviennent de pays aux revenus élevés, alors que 90 % des enfants et des adolescents vivent dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires.