lundi 5 février 2024

REVUE DE PRESSE JNPS Février 2024

REVUE DE PRESSE DES JNPS 2024 : 28 èmes Journées Nationales pour la Prévention du Suicide Février 2024 : en savoir plus sur les journées
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Suicide : comment trouver les mots ? Vendredi 9 février 2024

Suicide : le docteur Jean-Jacques Chavagnat, psychiatre, est l'invité de "Bonjour Docteur" - Eloïse Bajou – Papageno programme
Provenant du podcast Bonjour Docteur

Faire face à des pensées suicidaires, ou à un proche qui en a, est un sujet difficile et tabou à aborder. Pour en parler, Géraldine Mayr et Anne Orenstein reçoivent le docteur Jean-Jacques Chavagnat, psychiatre.
Le suicide intervient après un chemin de souffrance extrêmement intense, une détresse devenue intolérable. Un événement qui n'arrive pas du jour au lendemain, annoncé par des signaux d'alerte.
Pour en parler, le docteur Jean-Jacques Chavagnat, psychiatre au Centre hospitalier Laborit à Poitiers est l'invité de "Bonjour Docteur".
Géraldine Mayr et Anne Orenstein reçoivent le témoignage de Stéphane Tihy, écoutant de SOS Amitié au Havre. Ce retraité de 62 ans a toujours aimé écouter et donner de son temps. Il assure des créneaux le soir (jusqu’à1h du matin) et le week-end, environ 12 heures par mois.
À quels signes faut il être attentifs ? Quels mots utiliser ? Faut-il
L'ordonnance solidarité
Rebecca Billy est coordinatrice de l'association La Pause Brindille. Cette association d’intérêt général soutient les jeunes aidants, des jeunes de 7 à 25 ans, confrontés à la maladie, au handicap ou à l’addiction d’un proche.
Le 3114, numéro de prévention contre le suicide est joignable 7J/7 et 24H/24, gratuitement
https://www.radiofrance.fr/francebleu/podcasts/bonjour-docteur/suicide-comment-trouver-les-mots-8132472

 

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Témoignages "La souffrance est telle, je voulais juste m'en libérer" : ils se racontent pour la prévention du suicide


Laura, Loïs et Thomas ont témoigné lors de la 28ᵉ journée nationale de prévention du suicide organisée en région Occitanie. • © FTV

Écrit par Aude Henry Publié le 09/02/2024 à 06h15

685. C'est le nombre de tentatives de suicide comptabilisées chaque jour en France. Et depuis 1990, c'est une problématique majeure de santé publique. Une journée d'échanges était organisée ce 8 février 2024 par la Région Occitanie sur le thème du lien social et de la prévention partagée. Témoignages.

Thomas et Loïs ont fait une, voire plusieurs tentatives de suicide. "Délivrance", "Libération", voilà le mot qu'ils ont choisi pour évoquer leur passage à l'acte. Ce jeudi 8 février, les deux jeunes hommes sont venus témoigner de ce qu'ils ont vécu, de comment ils s'en sont sortis. Laura, elle, a "subi" le suicide de son père quand elle avait 10 ans. Puis, celui de sa mère, 22 ans plus tard.
"C'était une telle souffrance"

Difficile de trouver les mots pour expliquer une tentative de suicide. Loïs évoque tout d'abord "une telle souffrance". Puis "une déconnexion avec la réalité, comme dans un état second". Cela dépend des tentatives de suicide, nous confie-t-il.


Il y en a certaines, c'était pour me libérer de la souffrance. Il y en a une, la plus violente, je n'avais plus conscience de ce que je faisais.
Loïs

A-t-il pensé à ses proches à ce moment-là ? "J'étais complètement déconnecté. Autocentré. La souffrance est telle... Je voulais juste me libérer de cette souffrance", dit-il encore.

Loïs témoigne de son passage à l'acte. • © FTV

Thomas, lui, reconnaît qu'il a été "plutôt égoïste dans ces moments-là."

Je souffrais tellement que ça m'est sorti de l'esprit, ce que je pouvais infliger aux autres.
Thomas

Laura qui a, tour à tour, perdu son père, puis sa mère, évoque un tourbillon d'émotions face à ces deux suicides. "Il y a de la colère, du déni, de la sidération. Il y a de la tristesse, il y a de la peur. Il y a tout cela qui est mélangé. Il y a de la culpabilité, le fait de n'avoir rien vu, de ne pas avoir fait assez pour que ces personnes restent, alors qu'en fait leur vie leur appartient."

Au moment de ce passage à l'acte, je crois que les proches sont présents dans un coin du cœur, dans un coin de la tête. Mais ça ne suffit pas.
Laura

Comment s'en sortir ?

"Moi, je conseillerai d'arriver à s'aimer soi, nous dit Loïs. Je pense ne pas en être totalement sorti, mais je pense que par l'amour de soi, on arrive à se libérer de ses souffrances. Les autres peuvent accompagner et être là pour nous. Mais, dans la tentative de suicide en fait, c'est qu'on se sent tellement seul et pas aimé, qu'on en arrive à de tels actes. C'est comme ça que je l'ai vécu." Pour Loïs, il faut réparer son âme comme on soigne son corps.

L'autre est une super béquille. Mais tant que l'on ne s'aime pas soi-même, il y a un vide en soi qui reste.
Loïs


Thomas : "il y a de la lumière au bout du tunnel, mais cela prend du temps." • © FTV

Thomas a mis quatre ans à s'en sortir avec un long travail de psychothérapie, à l'aide de médicaments et de groupes d'entraide mutuelle qui lui ont permis de retrouver des activités et de briser l'ennui. Son conseil : être patient.

Il y a de la lumière au bout du tunnel, mais cela prend du temps.
Thomas

Tout ce travail a fini par payer. "Maintenant, j'ai un avenir professionnel qui se profile. Grâce à ces projets, je revis. Et surtout, le fait que cette souffrance ait été un peu enterrée, je prends plaisir à la vie ne serait-ce qu'en respirant. C'est un plaisir de respirer correctement. Parce que pendant toutes ces années, je respirais très mal, je suffoquais tellement je souffrais."

Laura a perdu ses parents qui, tour à tour, se sont suicidés. • © FTV
"Est-ce qu'on peut vraiment comprendre ? En tous les cas, on chemine avec."

"Je ne comprendrais jamais leur geste", avoue aujourd'hui Laura. Mais la jeune femme précise son parcours. A beaucoup intellectualisé, fait des études de psycho et essayé de "comprendre ce qui fait qu'un être humain se sente bien et qu'est-ce qui fait qu'un être humain est en souffrance."


Si je me considère simplement comme une victime de ce que mes parents ont fait, c'est comme si moi-même, je n'avais pas de vie.
Laura

En 2023, 770 personnes se sont suicidées en Occitanie. Des hommes, à 75%. Dans la région, le taux de suicide pour 100.000 habitants est de 12,4%, c'est un point de moins qu'au niveau national.

Sachez que si vous êtes en détresse et/ou avez des pensées suicidaires, si vous voulez aider une personne en souffrance, vous pouvez contacter le numéro national de prévention du suicide, le 3114.

Propos recueillis par Pascale Félix et Eric Foissac.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/temoignages-la-souffrance-est-telle-je-voulais-juste-m-en-liberer-ils-se-racontent-pour-la-prevention-du-suicide-2921313.html

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La Bretagne est la région où le taux de suicides est le plus élevé en France avec, en moyenne, 690 décès chaque année. En 2022, 6.400 tentatives de suicide ont été recensées sur le territoire breton. Prévenir la récidive du geste suicidaire, c'est tout l'enjeu du dispositif VigilanS. Cette plateforme de veille combine plusieurs méthodes pour maintienir le lien avec les personnes à risque et en grande souffrance.

À première vue, c'est un lieu de travail ordinaire. Avec son alignement d'ordinateurs, ses mugs à café posés sur les bureaux. Quand le regard fouille un peu plus la pièce, il accroche cette affiche épinglée sur un mur : "Nous pouvons veiller sur vous". Et lorsque l'on tend davantage l'oreille, on comprend que les appels téléphoniques donnés et reçus ici tournent autour d'un seul sujet : le suicide.

Lancé il y a 9 ans, le dispositif VigilanS prend en charge les personnes ayant tenté de se suicider. En Bretagne, la plateforme est installée à Brest depuis 2016 et rattachée au centre hospitalier universitaire. Elle combine plusieurs méthodes pour mener sa mission de prévention de la récidive. À commencer par le téléphone au bout duquel se trouve une infirmière formée à l'écoute et à la gestion de la crise suicidaire.

Il faut un peu de bouteille pour savoir prendre du recul et ne rien ramener chez soi

Marine

Infirmière du réseau VigilanS Bretagne

Ludivine, qui a rejoint le service en 2022 après avoir travaillé en réanimation, pose le micro-casque sur son bureau. Elle prend quelques minutes pour elle. L'infirmière vient d'avoir une longue conversation avec une femme qui sort de l'hôpital, suite à sa tentative de suicide. "Elle a intégré notre dispositif récemment, relate-t-elle. Elle avait besoin de parler, de déverser, avant d'être en mesure d'entendre ce que nous pouvons lui proposer".

Garder la bonne distance n'est pas toujours simple. Les six infirmiers de VigilanS Bretagne sont parfois confrontés à des histoires douloureuses où, derrière le geste suicidaire, émergent d'autres récits : violences intrafamiliales, viols, incestes... "Je n'aurais pas pu faire ce que je fais ici en début de carrière, reconnaît Marine, infirmière de psychiatrie depuis 2006. Il faut un peu de bouteille pour savoir prendre du recul et ne rien ramener chez soi".

Ces soignants bénéficient d'une supervision psychologique une fois par trimestre. Mais surtout, ils s'épaulent les uns les autres. "On forme une équipe soudée, sourit Marine. On se parle, on échange". "Quand il y a une situation compliquée, on s'appuie les uns sur les autres, abonde Ludivine. Même si on est au téléphone avec un patient, on reste attentif à ce qui se passe avec les collègues".


Premier contact

VigilanS est l'un des maillons de la chaîne de soins et agit en étroite collaboration avec les centres hospitaliers et les établissements psychiatriques bretons, le secteur médico-social et associatif, les médecins traitants. "Nous ne faisons pas de thérapie en ligne" prévient le professeur Sofiane Berrouiguet.

Le psychiatre du CHU de Brest supervise le dispositif de veille, lequel, explique-t-il, "est là pour coordonner les soins et s'assurer que les patients bénéficient ensuite d'un suivi en présentiel avec un médecin généraliste ou un psychiatre. Notre intervention est confidentielle mais pas anonyme puisque leurs coordonnées nous sont transmises après leur hospitalisation". De même le numéro de téléphone de VigilanS leur est-il donné avant qu'ils ne quittent l'hôpital, un numéro vert gratuit accessible du lundi au vendredi de 9h à 18h. 

Rien n'est contraint. Ni obligatoire. Les personnes hospitalisées pour une tentative de suicide font la démarche si elles le souhaitent. En revanche, les équipes de VigilanS, elles, opèrent systématiquement un premier contact 10 jours après la crise suicidaire.


"Merci pour vos lettres"

La carte postale est un autre outil utilisé par le dispositif de veille pour maintenir le lien. "Cela peut paraître désuet mais c'est une méthode qui est éprouvée depuis les années 70" indique Sofiane Berrouiguet. Chaque carte est personnalisée et écrite à la main par les infirmiers, à raison d'un envoi par mois pendant 4 mois.

Il arrive que ces derniers soient eux-mêmes destinataires de petits mots en retour, comme celui-ci à l'encre bleue sur papier rose : "Merci pour vos lettres. Ça me touche beaucoup. Recevoir vos courriers tous les mois me fait du bien".

"Le réseau VigilanS a montré son efficacité depuis sa création, souligne le professeur Michel Walter, chef du Pôle psychiatrie au CHU de Brest. Nous avons les premières évaluations qui permettent d'observer une baisse de 38 % du risque de réitération dans les 12 mois suivant la tentative de suicide. Ce qui est énorme".

690 Bretons se suicident chaque année

La Bretagne reste le territoire français le plus touché par le suicide, selon les derniers chiffres publiés par l'Observatoire régional de la Santé. 690 Bretons et Bretonnes se suicident chaque année, dont une majorité d'hommes. Chez les 15-34 ans, 1 décès sur 4 est du à un suicide. En 2022, 6.400 séjours hospitaliers en lien avec une tentative de suicide ont été recensés.

La prévention repose sur une chose : témoigner à la personne que l'on se soucie d'elle

Professeur Michel Walter

Chef du Pôle psychiatrie au CHU de Brest

Repérer le risque, voilà tout l'enjeu. "Pour éviter qu'il n'y ait un premier geste suicidaire, explique Michel Walter. La prévention repose sur une chose : témoigner à la personne que l'on se soucie d'elle. La majorité des gens qui font une tentative de suicide ont été en contact avec le système de soins dans la semaine ou le mois précédant leur geste".

Il rappelle que le nombre de décès par suicide en France a néanmoins baissé en trente ans : de 13.000 par an dans les années 90, il avoisine désormais les 9.000. "Preuve que la stratégie nationale de prévention joue son rôle, assure-t-il. Le maintien du contact, comme le fait VigilanS, la prévention de la contagion suicidaire, la formation des professionnels de santé pour mieux repérer et intervenir, la mise en place du numéro national 3114 et l'information du grand public sont les axes majeurs de cette stratégie". 

Le chef du Pôle psychiatrie du CHU de Brest dit également qu'il faut "déconstruire un certain nombre de mythes autour du suicide comme, par exemple, affirmer que se suicider, c'est un choix. C'est plutôt un non-choix, affirme-t-il. La douleur est devenue si insupportable que la tentative de suicide est la seule solution qui se présente pour arrêter de souffrir". 

75 % des récidives interviennent dans les six mois suivant la tentative de suicide. "Une période fragile", ainsi que le mentionne le réseau VigilanS dont la veille s'étend justement sur six mois, "mais peut être reconduite si besoin" précise Sofiane Berrouiguet.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/finistere/brest/prevention-du-suicide-recevoir-vos-courriers-tous-les-mois-me-fait-du-bien-comment-le-reseau-vigilans-maintient-le-lien-pour-eviter-la-recidive-2921292.html


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Prévention suicide : un ciné débat pour dresser le bilan en Meuse
Société https://www.puissancetelevision.fr/actualites/prevention-suicide-un-cine-debat-pour-dresser-le-bilan-en-meuse

1 h 45 pour marquer le public et montrer aux spectateurs la spirale infernale qui pousse parfois au suicide. Avec un film comme support, le centre de prévention du suicide du Grand Est, a souhaité organiser un ciné-débat à l’occasion de la journée nationale de prévention des actes suicidaires. 

Ce lundi 5 février, plusieurs événements similaires étaient organisés dans toute la France. Le but ? Sensibiliser et donner des outils au plus grand nombre. Au Nom de la Terre, réalisé par Édouard Bergeon et sorti en 2019, raconte l’histoire de Pierre, un agriculteur qui n’arrive plus à vivre correctement de son métier. Après le film, le public, venu en nombre, a pu poser ses questions aux professionnels. 

Dresser le bilan

Des conseils, des chiffres ou encore des expériences ont été partagées. Ce soir, les membres du centre de prévention du suicide, ont notamment pointé les principaux signes avant coureurs pour permettre à tous de déceler les troubles suicidaires. Des explications essentielles car dans 90 % des cas, la tentative peut-être repérée

Ce ciné débat a également été l’occasion de dresser un bilan précis sur le sujet. Les derniers chiffres de 2021 recensent plus de 9000 décès par suicide en France. Même si ce nombre paraît conséquent, c’est tout de même une baisse de 33, 5 % depuis les années 2000.

De son côté, le Grand Est est   particulièrement touché. En Meuse, 28 suicides ont été enregistrés en 2021, c’est plus que la moyenne nationale. Cette soirée a permis de rappeler à tous les outils mis en place pour aider les personnes à risques tels que les dispositifs VigilanceS et Vigiteens. Ou encore le numéro d’urgence, le 31 14. En 2023, plus de 14 000 appels ont été réceptionnés dans le Grand Est.

 

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Prévention du suicide : SOS Amitiés recrute des écoutants

 L’écoutant est bénévole, il suit une formation de quatre mois minimum.

Société
Publié le 07/02/2024   J.A.L


l'essentiel Reconnue d’utilité publique pour son rôle dans la prévention du suicide, l’association SOS Amitiés recherche des bénévoles pour écouter les personnes en détresse.

Vendredi 9 février marquera la 27e Journée Nationale de Prévention du Suicide. Pour SOS Amitié, elle sera l’occasion de faire connaître son action et de recruter des volontaires pour étoffer l’équipe des "écoutants". Celles et ceux qui s’engagent – depuis soixante-trois ans qu’existe l’association – envers toute personne en détresse qui a besoin de parler, en leur assurant confidentialité et anonymat. "On est presque 2 000 écoutants en France. Pourtant on ne peut assurer qu’un petit tiers des appels" indique Marianne qui constate le déficit de bénévoles. Les contours de la mission de l’écoutant sont indiqués dans la charte de SOS Amitié. L’éthique impose une écoute bienveillante et sans jugement. "Chacun s’y engage, nous nous abstenons de donner des avis ou des conseils. On essaie d’aider les personnes à formuler leur mal-être. On reprend ce qu’elles nous disent pour les inciter à approfondir et les ramener vers eux-mêmes". L’écoutant est libre d’établir son planning pour le mois, de définir ses plages d’écoute en fonction de ses disponibilités.

20 heures par mois

Il doit assurer 20 heures par mois, en quatre ou cinq plages de 3 heures en journée, un peu plus la nuit. Il reçoit une formation pendant quatre mois minimum : théorie, pratique, mise en situation au "poste" d’Albi, où il officiera également quand il sera opérationnel… Une plate-forme dispatche les appels sur les écoutants disponibles, souvent à l’autre bout de la France. Un appel dure en moyenne 20 minutes, mais quelquefois plus d’une heure. Ou beaucoup moins. "Cinq minutes parfois pour les personnes qui ont besoin de partager un moment". Si l’écoutant est éprouvé par ce qu’il a entendu, il peut compter sur le soutien de l’équipe ("il y a beaucoup d’échanges entre nous" ajoute Marianne) et la proximité d’un psychologue pour débriefer ce qu’il a vécu. "On est seul, mais accompagné. On s’écoute aussi entre nous. Cette double écoute, avec un observateur, est un garde-fou contre les mauvaises habitudes qu’on pourrait prendre". Marianne ne nie pas la difficulté devant certains appels, mais pour elle comme pour ses collègues "c’est un engagement gratifiant qui nous apporte aussi beaucoup". Ce bénévolat à SOS Amitié n’a rien d’un dilettantisme : l’association est reconnue d’utilité publique. Pour faire acte de candidature comme écoutant : appeler le 06 01 73 43 64

https://www.ladepeche.fr/2024/02/07/prevention-du-suicide-sos-amities-recrute-des-ecoutants-11749011.php

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Suicide : un risque « accentué par notre société très individualisée »

6 Fév, 2024 

« Ecouter la souffrance, c’est prévenir le suicide ». A l’occasion de la Journée nationale de prévention du suicide, le 5 février, Jacques, président de SOS Amitié Strasbourg livre son témoignage.

« On écoute des gens qui sont découragés, révoltés, souffrants, explique-t-il. Certains n’ont pas forcément envie de mettre fin à leurs jours à ce moment-là mais ça peut venir ». « Nous sommes souvent les seuls vers qui se tourner pour ces personnes » qui « ont besoin de retrouver de l’estime », regrette Jacques.

L’année dernière, SOS Amitié Strasbourg a reçu 13.000 appels, issus de toute la France.

Des chiffres inquiétants

D’après les données de l‘Observatoire national du suicide, publiées en septembre 2022, 200 000 tentatives de suicide sont recensées chaque année en France, et 9 000 personnes en meurent.

Le suicide est la deuxième cause de mortalité « évitable » chez les 18-25 ans, et la première chez les 25-34 ans. Le nombre d’appelants de moins de 14 ans a augmenté de 40 % entre 2020 et 2022 relève SOS Amitié Strasbourg.

En ce qui concerne les adultes, « on retrouve aussi et, c’est frappant, une part importante de personnes suivies psychiatriquement, qui se retrouvent hors du champ de l’activité professionnelle, isolée, comme exclue de la société, indique Jacques. Cet isolement fait terriblement souffrir. C’est la double peine ».

Un « enjeu de santé publique majeur »

« Le suicide demeure un enjeu de santé publique majeur mais l’Etat a mis du temps à s’en saisir », dénonce le bénévole, « le suicide, la mort ça reste tabou ». « L’état de la psychiatrie en France est déplorable » poursuit-il.

« Il faut également être conscient que le risque suicidaire est aussi risque social, souligne-t-il. Il est accentué par notre société très individualisée, où justement l’individualisme est valorisé. » (cf. « La fin de vie n’est pas avant tout un sujet de liberté individuelle mais de solidarité collective ») « Les appartenances y sont fluides, flexibles, il n’y a plus d’attache, moins de liens et donc davantage d’isolement. Un risque majeur pour la santé mentale » prévient Jacques (cf. Isolement social : un risque accru de mortalité prématurée).

« Vous savez, les gens qui songent au suicide pensent tous que leur disparition passera inaperçue, ça signifie quelque chose, pointe-t-il. Qu’ils n’existent déjà plus aux yeux des autres ou du moins qu’ils en ont le sentiment ».
Source : France Info, Cécile Poure (04/02/2024)
https://www.genethique.org/suicide-un-risque-accentue-par-notre-societe-tres-individualisee/




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Changements d’humeur, troubles du sommeil, de l’alimentation… Pour Le Parisien, la pédopsychiatre Christine Barois explique quels sont les signaux d’alerte pour détecter le mal-être.Par Camille Ducrocq
Le 5 février 2024 https://www.leparisien.fr*

Les pensées suicidaires ou tentatives de suicide des jeunes adultes ont fortement augmenté depuis le Covid, montre lundi le dernier baromètre de Santé publique France. Skaman306

Les chiffres sont inquiétants. Selon le dernier baromètre de Santé publique France, publié ce lundi, les pensées suicidaires ou tentatives de suicide des jeunes adultes ont fortement augmenté depuis une dizaine d’années, et plus particulièrement depuis le Covid.

Dans le détail de cette enquête menée en 2021, les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 chez les 18-24 ans, les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50 % par rapport à 2017 et celles déclarées les 12 derniers mois de plus de 60 %. Ces chiffres viennent « confirmer la progression importante du mal-être chez les plus jeunes », observe l’agence de santé publique.

Pour prévenir les passages à l’acte, encore faut-il réussir à détecter le risque suicidaire. Pour Le Parisien, la pédopsychiatre Christine Barois explique quels sont les signes qui doivent nous alerter, en tant que victime ou proche d’une personne en mal-être. Et comment les accompagner.
Quels sont les signaux d’alerte ?

CHRISTINE BAROIS. Ce sont les signes de la dépression. C’est d’abord une humeur triste, on n’a plus envie de rien, on a du mal à se lever car on a l’impression d’avoir un immeuble à pousser devant son lit. Ce sont des personnes qui se replient sur elles-mêmes et qui culpabilisent souvent. Physiquement, elles ne prennent plus soin d’elles, elles ne se maquillent plus par exemple alors qu’elles en avaient l’habitude. Ça peut être des corps très agités, ou au contraire complètement au ralenti. Ça peut être accompagné d’une perte ou d’une prise de poids, avec des troubles alimentaires comme le grignotage. On a ensuite les troubles du sommeil, avec de l’insomnie voire de l’hypersomnie. Viennent aussi les troubles cognitifs. Ces personnes ont du mal à se concentrer longtemps, un collègue ou un professeur peut remarquer qu’elles sont moins performantes.
Que faire quand on repère ces signaux ?

Pour quelqu’un qui est dans cet état-là, c’est compliqué de se dire Je ne vais pas bien, je ne m’en sors pas tout seul, je vais demander de l’aide, je vais accepter un diagnostic et je vais accepter un traitement. Le premier pas, c’est déjà de se dire qu’on n’y arrive pas tout seul et qu’il faut demander de l’aide. Pour la personne qui est extérieure, c’est aussi délicat car on ne peut pas dire à un dépressif Lève toi et marche. La meilleure solution, c’est de lui faire comprendre qu’on est là et de lui offrir son aide. Quoi qu’il arrive, la démarche doit venir de la personne qui n’est pas bien. Une fois qu’elle accepte, on peut l’orienter vers un psychologue ou même son médecin généraliste.
Comment expliquer cette hausse des états dépressifs chez les jeunes adultes ?

Même si ce n’est pas établi scientifiquement, j’observe qu’il y a un effet post-Covid et post-confinement. J’ai l’impression qu’il y avait une espèce de périmètre de sécurité qui s’était considérablement rétréci pendant le confinement et quand il a fallu l’élargir après, ça a nécessité pour beaucoup de personnes de se confronter à la vraie vie. Ils étaient nombreux à se sentir très bien pendant le confinement, notamment les plus phobiques. Et c’est surtout pour eux que ça a été le plus compliqué. Pour autant, je pense qu’il faut aussi être rassurant. On a toujours connu des crises et on s’est toujours relevé. Il faut être positif.
https://www.leparisien.fr/societe/sante/pensees-et-tentatives-de-suicide-les-signaux-dalerte-qui-doivent-alerter-les-proches-05-02-2024-SXV7TMQ5RRB63F4LF7KGIISOII.php

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l’Observatoire national du suicide (ONS), piloté par la DREES, rappelle par ailleurs les précautions d’interprétation à prendre pour analyser les statistiques retraçant l’évolution des décès par suicide depuis 2018.

 En 2022, la forte hausse des hospitalisations pour geste auto-infligé chez les jeunes filles se confirme

Communiqué de presse

Paru le 05/02/2024

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/communique-de-presse-jeux-de-donnees/en-2022-la-forte-hausse-des-hospitalisations-pour-geste-auto

La DREES publie une actualisation des données sur les hospitalisations liées aux tentatives de suicide et automutilations, en forte augmentation chez les filles et les jeunes femmes. À l’occasion de la journée nationale dédiée à la prévention du suicide du 5 février, l’Observatoire national du suicide (ONS), piloté par la DREES, rappelle par ailleurs les précautions d’interprétation à prendre pour analyser les statistiques retraçant l’évolution des décès par suicide depuis 2018. Ces dernières s’expliquent principalement par une amélioration de la collecte de l’information.


En 2022, 75 803 personnes de 10 ans ou plus, dont 64 % de femmes, ont été hospitalisées pour un geste auto-infligé (tentative de suicide ou automutilation) en court séjour somatique (MCO). Un niveau comparable à celui d’avant la crise sanitaire1  mais qui masque d’importantes différences de tendances selon l’âge et le sexe. De brutales augmentations sont observées chez les filles et les jeunes femmes entre le nombre moyen de patientes des périodes 2015-2019 et 2021-2022 :

  • +63 % de filles de 10 à 14 ans concernées entre 2021 et 2022 et les cinq années d’avant la crise ;
  • +42 % d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans ;
  • +32 % de jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans.

Dans le même temps, les patientèles des autres catégories de population ont tendance à décroître ou à rester stable.

Par ailleurs, bien que la qualité du codage soit moindre dans les services de psychiatrie publics, le nombre de personnes hospitalisées en lien avec un geste auto-infligé atteint, en 2021 et 2022, un niveau inédit, supérieur de 25 % à la moyenne des années 2015-2019. Là encore, cela s’explique par une forte progression d’hospitalisations de patientes âgées de 10 à 24 ans, et, dans une moindre mesure, de jeunes patients hommes âgés de 10 à 24 ans. Des tendances à la hausse qui préexistaient à la crise sanitaire et qui paraissent avoir été accélérées par celle-ci. 

Le taux de gestes auto-infligés marqué par un fort gradient social

À partir de chiffres portant sur les années 2015 à 2017, le dernier rapport de l’ONS révèle par ailleurs que les taux d’hospitalisations pour gestes auto-infligés sont caractérisés par un gradient social très marqué. Ils sont en effet plus élevés chez les plus modestes et plus faibles chez les plus aisés. Entre 15 et 19 ans, où un premier pic d’hospitalisations pour ces gestes est identifié chez les adolescentes, le taux de patientes hospitalisées est près de deux fois supérieur parmi le quart inférieur des niveaux de vie que dans le quart supérieur. Les femmes âgées de 45 à 49 ans, concernées, quel que soit leur niveau de vie, par un second pic d’hospitalisations pour geste auto-infligé, sont aussi davantage touchées quand elles sont d’un niveau de vie plus modeste (3,5 fois plus dans le quart de la population le moins aisé que dans le quart le plus aisé). Chez les hommes, les taux les plus élevés sont atteints entre 45 et 49 ans, tout particulièrement chez les hommes appartenant au quart inférieur des niveaux de vie, qui présentent des taux d’hospitalisations pour gestes auto-infligés cinq fois supérieurs à ceux du quart le plus aisé.

Des statistiques retraçant l’évolution des décès par suicide à interpréter avec précaution

En 2021, on enregistre 8 951 décès par suicide, soit 13,9 pour 100 000 personnes, des chiffres relativement stables par rapport à l’année précédente. Le nombre de décès recensés retrouve un niveau proche de celui de 2015 et demeure supérieur chez les hommes (6 752) à celui des femmes (2 199), soit des taux standardisés de mortalité respectifs de 21,8 et 6,2 pour 100 000 habitants.

Les évolutions récentes doivent néanmoins être interprétées avec précaution compte tenu d’une rupture de série statistique : l’évolution du certificat de décès et des remontées d’information ont permis, à partir de 2018, une meilleure comptabilisation des décès par suicide. Ces évolutions méthodologiques exercent, au cours des années suivantes, un effet conduisant à une hausse du nombre de suicides recensés sans qu’on puisse conclure – à ce jour – à l’interruption de la tendance historique à la baisse des décès par suicide observée depuis le milieu des années 1980 (voir note ONS pour plus de détails sur les aspects méthodologiques – chiffres révisés depuis).

 

Les données détaillées (par classe d’âge, par sexe et par département) sont accessibles en open data sur le site du CépiDc. Il convient de sélectionner le chapitre 17 « Causes externes de mortalité et de morbidité » dans la liste déroulante « Causes de décès », puis le sous-chapitre 17.2 « Suicides et lésions auto-infligées ».

Pour aller plus loin

  • 1En 2020, on observe une diminution globale du nombre de gestes suicidaires – suicides et tentatives de suicide ou lésions auto-infligées –, en particulier lors des deux premiers confinements de la population. Pour un premier état des lieux de l’impact de la crise sanitaire sur les conduites suicidaires, voir le 5e rapport de l’ONS.

Pour en savoir plus

Jeux de données à explorer

 
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/communique-de-presse-jeux-de-donnees/en-2022-la-forte-hausse-des-hospitalisations-pour-geste-auto 

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Aux urgences à Poitiers, on prend aussi en charge les patients en souffrance psychiatrique

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Publié le 05/02/2024 à 17:12 | Mis à jour le 05/02/2024 à 17:12

· · Santé - Vienne


La régulation médicale via les urgences, c’est aussi 830 appels concernant des cas de psychiatriques.
© (Photo NR-CP, Delphine Blanchard)

Les urgences de Poitiers ont, depuis un an, une régulation pour les cas psychiatriques. La prise en charge est immédiate. Immersion au cœur du réacteur qui a reçu environ 830 appels.


Une blessure physique ? Vous penserez à appeler le 112. Un mal de ventre qui persiste ? Idem. En revanche, une crise d’angoisse profonde, pas sûr que vous pensiez à solliciter les urgences. Pourtant, depuis le 31 mars 2023, c’est une expérience inédite qui a vu le jour à Poitiers. Que vous appeliez le 112 ou que vous veniez directement aux urgences, une équipe dédiée à la psychiatrie prend en charge les patients…
« On voit beaucoup de tentatives de suicide »

Pour le Dr Nemat Jaafari, psychiatre au centre hospitalier Henri-Laborit de Poitiers, il était indispensable de « pouvoir recevoir les patients en souffrance, de plus en plus en nombreux ». Ses équipes analysent : « On voit beaucoup de tentatives de suicide. »

Dans le couloir qui mène aux urgences psychiatriques, deux petits bureaux. Les infirmiers sont là. Ils reçoivent les patients en détresse. Un médecin somaticien évalue la gravité des symptômes.

Soit l’équipe psychiatrique trouve une place au pavillon Minkowski, juste à côté, où « il y a une chambre d’isolement si besoin ». Le Dr Jaafari complète : « Grâce à ce système de régulation, la prise en charge est plus efficace. Des lits sont disponibles pour 72 heures. » Le temps d’éviter un passage à l’acte. Le temps de trouver un traitement médicamenteux efficient.

Du côté de la plateforme d’appels, ce ne sont pas moins de 830 appels comptabilisés depuis environ une année. Là encore, des patients qui appellent « souvent en nuit profonde ». L’activité psychiatrique se situe sur la plateforme d’appels des urgences, dans les locaux du CHU. Mais c’est une activité bien spécifique : les appels sont pris de 14 h à minuit, sept jours sur sept.

Les équipes ne le cachent pas : « Il y avait une appréhension au début. La psychiatrie, c’est de l’échange pas tout à fait comme les autres. » Les assistants de régulation sont sous l’autorité d’un psychiatre.
« Nous prenons en charge environ 2.700 patients par an »

Certains passeront donc quelques jours ou quelques semaines au pavillon Minkowski, au milieu du parc arboré du centre hospitalier Laborit. Le Dr Carole Chevalier, psychiatre et chef du pôle de réhabilitation psychosociale, explique : « Nous prenons en charge environ 2.700 patients par an, dont 170 en hospitalisation. 80 % de nos patients sont suivis en ambulatoire. »

Au cœur du pavillon, les patients qui ont perdu pied sont là pour reprendre goût à la vie et mettre des mots sur les maux psychiques. Une grande partie est hospitalisée, ici, à leur demande. « C’est toujours mieux pour l’acceptation des soins. » Ce vendredi-là, en pleine Chandeleur, la bonne odeur sucrée des crêpes emplit les couloirs du pavillon. Un patient est attablé en cuisine avec une soignante.

Le Dr Damien Heit, président de la commission médicale du CH Laborit, note : « Dans le parcours de la santé mentale, on doit préparer dès l’entrée l’idée de sa sortie. » C’est-à-dire ? « Reprendre des activités, entrer en contact avec les autres… » Chacun à son rythme. Le tout, c’est d’y arriver tous ensemble. Retrouver, lentement mais sûrement, le chemin vers une paix intérieure.
Bientôt une équipe mobile de psychiatrie avec le Samu ?

C’est LE projet dans les cartons pour l’année 2024. L’idée ? « Faire des sorties conjointes CHU de Poitiers et CH Laborit avec le Smur », indique le Dr Delelis-Fanien, directeur médical du Smur 86. L’objectif ? « On a constaté qu’il y avait des situations et des différences d’accès au soin des patients en souffrance psychique. Il faudrait donc aller vers ces patients pour les réorienter le plus rapidement possible vers une prise en charge par les soignants du CH Laborit. » Le projet est à l’étude…


https://www.lanouvellerepublique.fr/poitiers/aux-urgences-a-poitiers-on-prend-aussi-en-charge-les-patients-en-souffrance-psychiatrique


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"Jusqu'à 25 ans, on est adolescent" : pourquoi les pensées et tentatives de suicide sont en hausse chez les 18-24 ans

Par Sandra Lorenzo https://www.laprovence.com/*

Les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 chez les 18-24 ans (passant de 3,3% à 7,2% en 2021), les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50% par rapport à 2017 (passant de 6,1% à 9,2%)

Jochen Schoenfeld/Shutterstock.com

En France, les jeunes entre 18 et 24 ans rapportent bien plus de pensées suicidaires ou de tentatives de suicide des jeunes adultes depuis le Covid, selon le dernier baromètre de Santé publique France. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, les chiffres sont conformes à la moyenne nationale. Un pédopsychiatre marseillais, spécialiste de l'adolescence, David Soffer décrypte les contours de cette vaste étude.

Les jeunes Français vont mal. Fin janvier déjà, une étude Ipsos montrait que 13% des 11-15 ans avaient des pensées suicidaires. Santé Publique France dévoile ce lundi 5 février dans son bulletin épidémiologique "une augmentation importante des pensées suicidaires et des tentatives de suicide au cours de la vie" chez les 18-24 ans sur la base de données récoltées en 2021.

Les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 chez les 18-24 ans (passant de 3,3% à 7,2% en 2021), les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50% par rapport à 2017 (passant de 6,1% à 9,2%) et celles déclarées les 12 derniers mois de plus de 60% (de 0,7% en 2017 à 1,1% en 2021). Ces résultats "constituent un changement important puisqu’elles étaient inférieures ou comparables aux autres tranches d’âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19", rappelle l'agence de santé publique. Dans cette tranche d'âge, la santé mentale des jeunes femmes semble particulièrement affectée: la prévalence des pensées suicidaires atteint 9,4% des femmes de 18-24 ans, celle des tentatives de suicide au cours de la vie 12,8%, et celle au cours de l’année 2%.

David Soffer, pédopsychiatre marseillais spécialisé dans l'adolescence et directeur d'Asma (association suicide mal-être de l'adolescent), revient sur les conclusions de ce bulletin.

La Provence : Les conduites suicidaires (pensées suicidaires, tentatives de suicide) augmentent particulièrement chez les jeunes. Comment expliquer cette hausse ? Est-ce lié à la fin de l'adolescence ?

Les 18-24 ans sont une tranche d'âge qui, sur le plan du développement, est considérée comme la fin de l’adolescence. Jusqu'à 25 ans, on est adolescent. Après 18 ans, on l’est de moins en moins, on est sur la pente descendante. On considère que cette période de développement s’arrête au moment où la maturation neurobiologique prend fin. On a des indicateurs assez précis qui montrent que la majorité à 18 ans ne fait pas la fin de l’adolescence.

Constatez-vous une hausse des consultations des adolescents au sein de votre patientèle ?

Je suis spécialisé dans l’adolescence. Je ne peux pas dire que j’en vois plus qu’auparavant. Mais ce qui a changé, c’est que l’offre sanitaire ne s’est pas améliorée entre 2014 et 2020. Je vois beaucoup de demandes pressantes du type “je n’arrive pas à trouver un psy” et c'est vrai que j’ai un niveau de demandes qui est bien plus important qu’auparavant et que je n’arrive pas à satisfaire.

Quel rapport faites-vous entre cette fin de l’adolescence et les conduites suicidaires ?

Un adolescent a un fonctionnement psychique, un mode de représentation, un rapport à la vie, à l'expression de ses émotions qui est singulier. Tout est beaucoup plus vif et intense qu’à l’âge adulte où l’on prend du recul par rapport aux choses, où l’on perd en impulsivité, où l’on a un mode de raisonnement qui est moins radical. Attention, avoir des pensées suicidaires quand on est adolescent en soi, ce n'est pas pathologique. C'est la récurrence des pensées, la fréquence et le contenu de ces pensées qui importe.

Santé publique France parle de “dégradation continue” à partir de l’automne 2020 ? Ce mal-être est-il seulement lié au Covid ?

C’est une tendance plus ancienne. Les chiffres de Santé publique France montrent d’ailleurs que la prévalence des pensées suicidaires est en hausse significative depuis 2014 pour les femmes, et 2017 pour les hommes, donc bien avant la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid.

Comment l’expliquer ?

Les données de Santé Publique France sont importantes mais elles ne peuvent rendre compte de la complexité des mécanismes qui conduisent au suicide. Il n’existe pas une raison unique. D’ailleurs quand on parle de la crise sanitaire, cela recouvre beaucoup de choses : c’est un virus qui a fait des morts et a saturé les hôpitaux mais c’est aussi une question de confinement. On peut voir encore plus loin pour les adolescents en parlant de la profonde désorganisation de l’enseignement au collège, au lycée mais aussi à l’université.

Si on remonte à avant la crise Covid, en 2014, il y a peut-être un lien parmi beaucoup d’autres à faire avec le développement de certains réseaux sociaux comme Instagram, Snapchat. C'est une hypothèse. Ce qui me semble pertinent, c’est de questionner la perte du lien social dans tous les cas. C’est un aspect essentiel, un marqueur fort du risque suicidaire.

Toutes les études montrent que lorsqu’on recontacte les sujets qui ont fait une tentative de suicide, qu’il s’agisse d’adolescent ou d’adulte, on diminue le risque de suicide. Cela veut dire que lorsque l’on recrée du lien social, on a un impact.

L'étude de Santé Publique France met aussi encore avant que les femmes notamment parlent plus que les hommes de ces conduites suicidaires à un soignant, cela vous étonne-t-il ?

Il y a un aspect important qu’il ne faut pas oublier, c'est toute la question de la prévention. Il faut se rappeler quand même que depuis des années on n'arrête pas de d'encourager, de promouvoir le fait de parler de la souffrance pour que les gens aillent vers les soins via des campagnes sur les réseaux sociaux par exemple. Il faudrait savoir si des gens qui ont des pensées suicidaires, le disent plus facilement qu'avant.

Les femmes s'expriment plus facilement, dévoilent plus facilement leurs émotions et elles sont plus dans le soin que les hommes. Mais pour autant, on ne peut pas écarter le fait que les femmes souffrent plus. Dans notre société aujourd'hui que ce n'est pas simple d'être une fille, une femme.

Le Bulletin Epidémiologique de Santé Publique France rappelle dans son introduction que la France a un des taux de suicide les plus élevés de l'Union Européenne, pourquoi ?

Pendant longtemps, la France était un des pays champion en toute catégorie de la consommation d'alcool. Or, il y a un fort lien entre consommation d'alcool et le suicide. C'est un facteur parmi d'autres. Je citerais également le retard de la France en matière de prévention du suicide. On a trente ans de retard sur le sujet. On a beaucoup traîné. Or, l'exemple du Nord qui était le département le plus impacté par le suicide montre que la prévention peut aider. C'est sur ce territoire que le 31-14 (numéro national de prévention du suicide a été mis en place) par exemple. Les actions de prévention finissent par porter leurs fruits mais elles prennent du temps. À l'échelle européenne, on a du retard sur la prévention. On est en train de le rattraper.

https://www.laprovence.com/article/societe/163320647413916/jusqua-25-ans-on-est-adolescent-pourquoi-les-pensees-et-tentatives-de-suicide-sont-en-hausse-chez-les-18-24-ans



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Les pensées et tentatives de suicide des jeunes adultes en forte augmentation depuis le Covid

L’enquête de Santé publique France révèle que les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 chez les 18-24 ans, ce qui vient « confirmer la progression importante du mal-être chez les plus jeunes ».Par Le Parisien avec AFP
Le 5 février 2024 à 12h01
(Illustration) Cette enquête a été menée en 2021 par téléphone auprès d’un échantillon de plus de 24 000 personnes âgées de 18 à 85 ans. Olivier DOULIERY / AFP


C’est un nouveau signal de la détérioration de la santé mentale des 18-24 ans. Selon le dernier baromètre de Santé publique France, révélé ce lundi à l’occasion de la Journée nationale de prévention du suicide, les pensées suicidaires ou tentatives de suicide des jeunes adultes ont fortement augmenté depuis le Covid.

Dans cette enquête, menée en 2021 par téléphone auprès d’un échantillon de plus de 24 000 personnes âgées de 18 à 85 ans en France métropolitaine et de 6 500 dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), 4,2 % des répondants déclaraient avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois. Au total, 6,8 % déclaraient une tentative de suicide au cours de leur vie et 0,5 % dans l’année écoulée, selon ces données.

Parmi les 18-75 ans, la prévalence des pensées suicidaires et des tentatives de suicide déclarées dans l’année était en légère baisse depuis 2014, tandis que celle des tentatives de suicide au cours de la vie s’était stabilisée (les évolutions ont été établies sur les 18-75 ans grâce aux baromètres santé réalisés à partir de 2000 dont la méthodologie était comparable).

Selon Santé publique France, « le résultat principal » de cette enquête est « une augmentation importante des pensées suicidaires et des tentatives de suicide au cours de la vie chez les 18-24 ans, observée depuis une dizaine d’années ».
Les femmes plus affectées

Les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 chez les 18-24 ans, passant de 3,3 % à 7,2 % en 2021. Les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50 % par rapport à 2017, passant de 6,1 % à 9,2 %, et celles déclarées les 12 derniers mois de plus de 60 %, de 0,7 % en 2017 à 1,1 % en 2021.

Ces résultats « constituent un changement important puisqu’elles étaient inférieures ou comparables aux autres tranches d’âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19 », rappelle l’agence de santé publique. Cette inversion de tendance vient « confirmer la progression importante du mal-être chez les plus jeunes ».

Dans cette tranche d’âge, la santé mentale des jeunes femmes semble particulièrement affectée : la prévalence des pensées suicidaires atteint 9,4 % des femmes de 18-24 ans, celle des tentatives de suicide au cours de la vie 12,8 %, et celle au cours de l’année 2 %.
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Autres enseignements de l’enquête : d’autres catégories, comme les personnes vulnérables sur le plan socio-économique, celles vivant seules ou élevant seules leurs enfants, sont davantage touchées par les gestes et idées suicidaires.

Le 3114 est le numéro national Souffrance et Prévention du Suicide où une écoute professionnelle et confidentielle est assurée 24h/24 et 7j/7

https://www.leparisien.fr/societe/sante/les-pensees-et-tentatives-de-suicide-des-jeunes-adultes-en-forte-augmentation-depuis-le-covid-05-02-2024-YXW6H43LTBAHLF4CP4ROQA2L2E.php

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Infographies Les idées suicidaires s’envolent chez les jeunes (surtout chez les femmes)

Les pensées suicidaires et tentatives de suicide des jeunes adultes sont en hausse, selon Santé publique France dans son dernier baromètre publié ce lundi. Les femmes sont presque deux fois plus concernées que les hommes. La crise sanitaire a eu un impact certain en aggravant parfois l’isolement et les tensions dans la société, mais la tendance est plus ancienne et les causes multiples.
J.C. - Aujourd'hui à 18:25 | mis à jour aujourd'hui à 18:31 - Temps de lecture : 4 min
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La tendance au suicide est à la « hausse générale depuis 2005 », en particulier chez les jeunes. Photo d'illustration Sipa/Rafael Ben Ari

C’est un record dont on se passerait bien : en France, le niveau des suicides est « nettement supérieur à la moyenne européenne », rappelle l’Observatoire national du suicide. Soit plus de 13 pour 100 000 habitants en 2017, contre 10 en Europe et moins de 9 dans le monde, selon cet institut statistique du ministère de la Santé. Les 18-24 ans, et en particulier les femmes, sont les plus concernés selon le baromètre santé 2021 (*) de Santé publique France (SPF), publié ce lundi à l’occasion de la Journée nationale de prévention du suicide.
7 % des 18-24 ans ont pensé au suicide en 2021

En 2021, 7,2 % des 18-24 ans ont eu des pensées suicidaires au cours de l’année (contre 4,2 % des 18-85 ans). Les jeunes femmes sont bien plus touchées : 9,4 % d’entre elles disent avoir pensé au suicide, contre 5 % des jeunes hommes. Les pensées suicidaires régressent ensuite progressivement avec l’âge, sauf chez les 45-54 ans.


A Flourish chart


Chez les plus jeunes en particulier, SPF pointe une augmentation des pensées suicidaires dans un contexte pandémique : seuls 4,6 % des 18-24 ans avaient pensé au suicide en 2017, ils étaient 7,4 % en 2020.


A Flourish chart


La crise sanitaire semble aussi avoir favorisé les passages à l’acte : la part des jeunes adultes déclarant avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie était de 6,1 % en 2017, de 8,9 % en 2020 et de 10,8 % en 2021. Si le Covid-19 a bien contribué à une « détérioration de la santé mentale des plus jeunes », la tendance à la hausse est déjà ancienne : après des années de relative stabilité, les chiffres augmentent depuis 2014. Avec un doublement des pensées comme des tentatives chez les 18-24 ans entre 2014 et 2021.
Des causes multiples (et anciennes)

Plus globalement, Santé publique France indique que la tendance au suicide est à la « hausse générale depuis 2005 », et que les tranches d’âge les plus touchées sont les personnes sans emploi, peu ou pas diplômées, isolées ou dans un contexte monoparental, et plus vulnérables sur le plan socio-économique. La crise sanitaire a pu accentuer certains de ces facteurs (isolement, fragilité économique…), en particulier chez les plus jeunes. Mais d’autres facteurs comme les incertitudes géopolitiques, la persistance d’un climat de crise économique ou encore l’inquiétude face au changement climatique affectent aussi la santé mentale.

Santé publique France invite toutefois à une certaine prudence face à ces chiffres : son enquête étant déclarative, elle juge « difficile » de déterminer quelle part des évolutions « relève d’une augmentation objective » et laquelle est imputable « à une éventuelle ouverture de la parole » sur ces questions.


L’angle mort des adolescents

Face à cette « progression importante du mal-être chez les plus jeunes », l’organisme public appelle au renforcement « des politiques de prévention et à une meilleure compréhension des mécanismes qui affectent la santé mentale des plus jeunes ». Or, seule une grosse moitié des personnes ayant tenté de mettre fin à leurs jours disent avoir bénéficié d’un suivi après leur sortie de l’hôpital, déplore SPF.

Autre limite de ses données : Santé publique France rappelle que les adolescents sont absents de son enquête, qui ne porte que sur les 18-85 ans, alors même qu’ils sont « très concernés par les conduites suicidaires, notamment les jeunes filles de 15-19 ans pour lesquelles les taux d’hospitalisation et de recours aux urgences pour tentative de suicide sont les plus élevés ». Ainsi, une autre enquête portant « sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la défense (Escapad) menée auprès de tous les jeunes de 17 ans montre une forte hausse des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois (18 % des jeunes en 2022, contre 11,4 % en 2017) », constate SPF.


Une tendance qui se confirme en 2022

Les données 2022 de l’Observatoire national du suicide (ONS) corroborent la tendance dégagée par SPF en 2021. Avec la prise en compte, en sus, des mineurs à partir de 10 ans : « De brutales augmentations sont observées chez les filles et les jeunes femmes », indique l’organisme. Il a recensé 75 803 personnes de 10 ans ou plus « hospitalisées pour un geste auto-infligé (tentative de suicide ou automutilation) ». Parmi elles, 64 % de femmes, chez qui les chiffres s’envolent entre la période 2021-2022 et les cinq années précédentes : +63 % chez les 10-14 ans, +42 % chez les 15-19 ans et encore +32 % chez les jeunes femmes de 20-24 ans. En parallèle, les cas parmi les autres catégories de population restent stables, voire diminuent.


(*) Santé publique France a interrogé en 2021 un échantillon aléatoire de 24 514 personnes de 18 à 85 ans résidant en France métropolitaine et 6 519 résidents dans les départements et régions d’outre-mer, par collecte assistée par téléphone et informatique (Cati). Les évolutions des prévalences ont été établies pour les 18-75 ans grâce aux baromètres santé des années 2000, 2005, 2010, 2014, 2017, 2020 et 2021, à la méthodologie comparable.

https://www.leprogres.fr/sante/2024/02/05/les-idees-suicidaires-s-envolent-chez-les-jeunes-(surtout-chez-les-femmes)


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Comprendre et prévenir le suicide


Publié le 5 février 2024  https://www.croix-rouge.fr*

Le 5 février est la journée nationale de prévention du suicide, c’est le moment de sensibiliser sur cette question et de donner quelques ressources utiles.

« Chaque suicide est une catastrophe, à l’origine de beaucoup de douleurs ou de traumatismes chez les proches, et il peut être l’un des évènements les plus difficiles auxquels sont confrontés les professionnels de santé. On considère qu’un suicide endeuille en moyenne sept proches et impacte plus de vingt personnes. Il est aussi démontré que le risque de suicide augmente significativement dans l’entourage d’une personne suicidée (famille, camarades de classe, collègues de travail, etc.) »

Pierre Thomas, « Prévention du suicide : l’évaluation est indispensable », Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2019, SPF
Pourquoi sensibiliser au suicide ?

Le suicide est un phénomène complexe, difficile à appréhender. Les facteurs de risque sont nombreux: ils peuvent être biologiques, psychologiques, sociaux et/ou environnementaux. Les idées noires et le passage à l'acte suicidaire peuvent toucher toutes les catégories de la population, mais certaines sont plus à risque (par exemple: les hommes, les détenu.es, les agriculteur.ices ou les personnes âgées…)

Selon l’OMS, on compte plus de 700 000 suicides par an dans le monde. En France, selon l’Observatoire National du suicide, 9000 personnes se suicident chaque année, ce qui correspond à 25 suicides et 685 tentatives de suicide par jour.

La prévention du suicide est donc un enjeu majeur de santé publique. Tout le monde peut être touché de près ou de loin.
Le suicide, avant tout une manifestation de souffrance

Nous faisons toutes et tous face à des difficultés tout au long de notre vie. Il arrive que ces difficultés soient tellement nombreuses et intenses que les ressources qui nous permettaient habituellement de les surmonter s’épuisent et que nous ayons du mal à retrouver un équilibre psychique.

On peut alors avoir certaines pensées comme “je n’y arriverai jamais” ou “j’en suis incapable”. Ces pensées-là peuvent se renforcer et évoluer vers des idées suicidaires, on peut se dire par exemple “Ça serait plus simple pour mes proches si je n’étais plus là”.

Si les solutions auxquelles on essaye de penser se trouvent être insuffisantes ou même inefficaces on peut finir par se sentir désespéré.es et ne plus voir d’autres alternatives à nos souffrances que la mort.
Idée reçues et ressources pour prévenir le passage à l'acte suicidaire

Si une personne de votre entourage est confrontée à des pensées suicidaires, vous pouvez vous dire :

- "Que ça lui passera" : Il arrive que certaines personnes surmontent seules les idées suicidaires, mais l’expérience démontre plutôt le contraire. Si aucune aide ou écoute n'est apportée, ces idées peuvent devenir de plus en plus régulières voire envahissantes. Au contraire, parler de ses idées noires ou du suicide avec des proches ou des professionnel.les, être entouré.e, pouvoir être accepté.e, peuvent amener à un mieux-être.

- "Qu'elle exagère, qu'elle souhaite attirer l'attention" : Parler de suicide n’est pas anodin, quelle que soit la manière de l’exprimer, les moyens utilisés, il s’agit de l’expression d’une grande souffrance et d’une grande détresse. Parfois, cela peut être contraire à nos idées et valeurs sur la vie ou nos croyances ou même nous pouvons ne pas comprendre et nous sentir agacé.es. Dans ce cas, il est préférable de passer le relais à des professionnel.les.

- "Qu'il vaut mieux ne pas en parler" : On peut penser qu’en parlant de suicide on encourage le passage à l’acte. Mais parler du suicide ne provoque pas le suicide, bien au contraire ! En parler avec elle si on se sent à l’aise avec le sujet et capable de ne pas être dans le jugement, c’est ouvrir une porte à l’expression de sa souffrance, l’accompagner pour l’aider à envisager demander de l’aide par exemple.

- "Qu'on ne peut rien faire, que ce n'est qu'une affaire de professionnel.les" : "La souffrance ressentie durant la crise suicidaire place les personnes dans l’incapacité transitoire d’entrevoir des solutions. Cela ne veut pas pour autant dire que ces solutions n’existent pas. Dans la très grande majorité des cas, une fois la souffrance apaisée, les idées suicidaires disparaissent." (3114). Tout le monde peut agir face au suicide, une écoute attentive, une présence, prendre des nouvelles, parler des aides possibles... Toutes ces actions peuvent avoir un impact et peuvent aider la personne à entrevoir l'éventualité d'un apaisement de la souffrance. Bien sûr, il s'agit aussi de respecter ses propres limites, lorsqu'on ne se sent pas prêt.e, il vaut mieux passer le relais à une autre personne de l'entourage ou un.e professionnel.le.

Si vous ne savez pas comment réagir face à une personne qui est confronté.es à des pensées suicidaires voici quelques éléments de réponse :

Si vous êtes vous-même confronté.e à des pensées suicidaires, voici quelques ressources.
Trouver une ligne d’écoute

Le 3114
numéro national de prévention du suicide (ministère de la santé). Ecoute confidentielle et gratuite par des professionnel.les du soin formé.es à la prévention du suicide (7j/7 et 24h/24)

Croix-Rouge française à Votre Ecoute (0800 858 858)
Numéro vert de la Croix-Rouge française. Ecoute gratuite, confidentielle et anonyme par des bénévoles formé.es à l’écoute et au soutien psychologique.
6j/7, de 10h à 18h du lundi au vendredi et de 12h à 18h le samedi)


Suicide Ecoute (09 72 39 40 50)
écoute anonyme et gratuite par des bénévoles formé.es
(7j/7 et 24h/24)
Trouver un psychothérapeute
https://www.psycom.org/sorienter/les-psychotherapeutes/
En cas d’urgence
Le SAMU 15
Numéro d’urgence européen 112
Pour aller plus loin

Psycom
organisme public d'information sur la santé mentale et de lutte contre la stigmatisation.
Le site du 3114 , numéro national de prévention du suicide
L’association Dites je suis là
La vidéo sur le suicide de Psylab
La plate-forme Espoir pour le soutien des personnes endeuillées par suicide
Le site de l’Union nationale prévention suicide (UNPS),
regroupement national d'une quarantaine d'acteurs de la prévention du suicide
Veille documentaire de l’Observatoire National du Suicide
Sources de l'article :
www.nightline.fr
https://www.santepsyjeunes.fr/
https://www.unps.fr/
https://www.filsantejeunes.com/les-idees-recues-sur-le-suicide-18590
https://www.infosuicide.org/guide/depasser-les-idees-recues/
https://3114.fr/quelques-notions-sur-le-suicide/mythes-autour-du-suicide/
https://www.psycom.org/

https://www.croix-rouge.fr/actualite/comprendre-et-prevenir-le-suicide

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Selon une étude, les suicides sont en baisse malgré de nombreuses disparités

 
Le nombre de suicide en Auvergne-Rhône-Alpes est passé de 1 215 cas en 2000, à 965 en 2020. • © Florian Salesse - La Montagne - MaxPPP

Écrit par Juliette Pommier Publié le 05/02/2024 https://france3-regions.francetvinfo.fr*

À l'occasion de la journée de prévention nationale contre le suicide, ce lundi 5 février, l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes a dévoilé les résultats d'une enquête sur le suicide. Les hommes restent plus touchés que les femmes, et les tentatives sont en hausse chez les moins de 25 ans.

Chaque année en France, le nombre de décès par suicide recule. C’est notamment le cas dans la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA). Selon le bulletin annuel de l’Agence régionale de santé (ARS), publié à l’occasion de la journée nationale de lutte contre le suicide ce lundi 5 février, le taux de mortalité par suicide est passé de 1 215 cas en 2000, contre 965 en 2020.

Les 45-59 ans sont les plus touchés, et trois décès sur quatre concernent les hommes. Deux catégories échappent toutefois à cette baisse globale : depuis 2015, une hausse importante du nombre de suicides est observée chez les 60-74, de même que chez les 15-29 ans depuis 2014.
Permanence des inégalités sociales

Fait notable, les inégalités sociales face au suicide persistent. Les populations défavorisées sont plus à risque, tout comme celles résidant dans des communes rurales plutôt qu’urbaines. Mais les villes n'échappent pas non plus à cette tendance : depuis 2011, le nombre de suicides chez les hommes vivant dans des communes urbaines défavorisées diminue moins fortement que dans les communes urbaines privilégiées.

D'après l'enquête de l'ARS, cet écart s'explique par un meilleur accès aux soins, "un meilleur soutien social" et un "meilleur accès à la prévention" des publics favorisés.

Au sein même de la région Auvergne-Rhône-Alpes, de fortes disparités départementales subsistent. "Dans la Loire, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme chez les hommes comme chez les femmes et la Savoie et la Haute-Savoie chez les femmes ont des taux élevés, largement supérieurs à la moyenne régionale".

Au contraire, l’Ain et le Rhône pour les deux sexes, le Cantal pour les femmes et l’Ardèche et la Haute-Savoie pour les hommes ont les taux les plus faibles de la région avec des valeurs bien inférieures à celles de la région et de la France métropolitaine. L’Allier, la Drôme, l’Isère pour les deux sexes et le Cantal et la Savoie chez les hommes, présentent des taux proches des valeurs régionales.
Forte répercussion du Covid sur les moins de 25 ans

Dernière catégorie passée à la loupe : les jeunes Français, particulièrement atteints par la crise du Covid-19. Si entre 2018 et 2020, le nombre de séjours hospitaliers pour tentative de suicide est en baisse, il est reparti à la hausse entre 2020 et 2022. En 2022, 39 % des passages aux urgences pour tentative de suicide ont concerné les moins de 25 ans.

"Cette tendance chez les plus jeunes est concordante avec les perceptions des psychiatres de la région et elle est confortée par d’autres résultats : hausse nationale des syndromes dépressifs et hospitalisations pour lésion auto-infligée chez les jeunes filles de 10 à 24 ans après le second confinement et augmentation régionale des passages aux urgences pour tentative de suicide chez les 11-17 ans."

Une tendance confirmée par l'augmentation du nombre d'appels au 3114, le numéro national de prévention du suicide, en 2023. Les centres d'appels de l'Auvergne-Rhône-Alpes sont concernés : + 2,4 % par rapport à 2022 à Lyon, et + 4,7 % à Saint-Etienne.
Intensifier la lutte contre les discriminations anti-LGBTI+

Fait marquant pour cette 10e année, une enquête a également été réalisée en 2023 auprès de professionnels et bénévoles sur le risque suicidaire des personnes LGBTI+ en Auvergne-Rhône-Alpes. Le but : identifier les besoins et contraintes des professionnels et bénévoles face à la souffrance psychique et au risque suicidaire des personnes LGBTI+ et de dégager des pistes d’actions.

"Les indicateurs de santé mentale et de santé sexuelle sont [...] particulièrement dégradés dans la population LGBT, note l'enquête. En effet, l’observation des indicateurs portant sur la dépression, les pensées suicidaires ou les tentatives de suicides montre des prévalences plus importantes chez les personnes homosexuelles/bisexuelles que chez les personnes hétérosexuelles."

Selon les premiers résultats de l’ARS, la lutte contre les discriminations anti-LGBTI+ constitue "un point essentiel de lutte contre le suicide" de ces publics. Une meilleure compréhension des enjeux de santé mentale spécifiques à la population LGBTI+ améliorerait le repérage et la prise en charge des personnes à risque. "L’accueil mal adapté de ces publics accentue à l’inverse leur non-recours aux soins et contribue à leur isolement social".

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/grenoble/selon-une-etude-les-suicides-sont-en-baisse-malgre-de-nombreuses-disparites-2919090.html
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Journée nationale de prévention du suicide

https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/le-ministere-s-engage-concretement-pour-la-sante-mentale-des-etudiants-94569

Le ministère s'engage concrètement pour la santé mentale des étudiants

La santé mentale des jeunes est l'une des grandes causes du Gouvernement. Concernant les étudiants plus particulièrement, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche porte et soutient de nombreux dispositifs d'accompagnement.

 
Le Premier ministre, Gabriel Attal, le rappelait lors de sa déclaration de politique générale, mardi 30 janvier 2024 : la santé mentale des jeunes doit faire l'objet d'une prise en charge renforcée.

Ainsi, les efforts du Gouvernement en matière d'accompagnement psychologique seront poursuivis et les politiques publiques d'ores et déjà déployées seront renforcées.

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La plateforme Cnaé
Orienter les étudiants en situation de mal-être

Lancée en décembre 2023 par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, la Coordination nationale d’accompagnement des étudiantes et étudiants (Cnaé) est une plateforme gratuite et confidentielle d’écoute, d’accompagnement, d’information et de signalement. Il s'agit d'un point de contact de référence pour tous les étudiants éprouvant une situation de mal-être ou ayant été confrontés à des situations violentes ou discriminatoires.



Une ligne d’écoute professionnelle, confiée à l’association « En Avant Toutes », est proposée à toutes les étudiantes et tous les étudiants qui recherchent une aide concrète sans forcément savoir à qui s'adresser en priorité.

La Cnaé s'appuie sur l'expertise de psychologues et de travailleurs sociaux qui écoutent les étudiants avec bienveillance et les orientent vers une prise en charge plus poussée et adéquate en fonction des problématiques exprimées.

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La plateforme Cnaé est joignable au 0 800 737 800 et ouverte de 10h à 21h en semaine et de 10h à 14h le samedi, ou par courriel à l'adresse suivante : cnaes@enseignementsup.gouv.fr
La Cnaé dans les faits

En janvier 2024, un mois après son activation, la Cnaé a d'ores et déjà permis d'accompagner un certain nombre d'étudiants et de donner une suite concrète aux situations de mal-être exposées aux répondants. 171 saisines reçues en janvier
79 % des saisines étaient des appels téléphoniques
Les femmes ont été sensiblement plus nombreuses que les hommes à avoir appelé
6 situations ont fait l’objet d’un signalement, à la demande des étudiants

À date, l’ensemble des appels portent sur des situations ayant engendré une souffrance psychologique. Cette souffrance psychologique, pour une majorité d'appelants, est liée à des problématiques sociales ou financières : relations amoureuses, sexuelles, amicales, pour 10 % des appels. Les situations liées à des violences sexistes et sexuelles, des discriminations ou des faits de harcèlement représentent 14 % des appels. L'isolement comme principale cause de mal-être est à l'origine de 9 % des appels. Enfin, le déroulé des études compte pour 5 % du total des appels.

Au terme des échanges entre les professionnels de la Cnaé et les étudiants, ces derniers ont été orientés vers des dispositifs plus spécialisés et adaptés à leur situation et l'expression de leurs besoins. Ainsi, dans 90 % des cas, les étudiants ont pu être dirigés, en fonction des profils, vers Santé Psy Étudiant, un Centre médico-psychologique (CMP) de proximité, un Bureau d'aide psychologique universitaire (BAPU), un Service de santé étudiante (SSE) ou une association spécialisée : Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), Planning familial, etc.

Par ailleurs, les cellules d'écoute des établissements d'enseignement supérieur sont systématiquement indiquées aux personnes qui souhaitent signaler des faits, en particulier lorsqu'elles sont victimes de violences sexistes et sexuelles et/ou de discriminations, ce qui correspond à 10 % des appels reçus.
Santé Psy Étudiant

Mis en place en 2021 au plus fort de la crise du Covid-19 pour répondre rapidement aux situations de détresse psychologique, Santé Psy Étudiant permet à tous les étudiants qui le souhaitent de solliciter l'aide d'un psychologue partenaire du dispositif. Les étudiants peuvent bénéficier de huit séances gratuites, sans avance de frais et renouvelables.
Quelle est la démarche ? Les étudiants consultent leur Service de santé étudiante (SSE) ou leur médecin généraliste, qui leur remet une lettre d'orientation, ouvrant droit aux séances gratuites avec le psychologue.
Les étudiants peuvent ensuite choisir un psychologue parmi la liste des professionnels partenaires du dispositif.
Les étudiants prennent rendez-vous avec le psychologue choisi.


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Quelques chiffres

Santé Psy Étudiant, depuis 2021, c'est :

1 200 psychologues partenaires.

250 000 séances menées auprès des étudiantes et étudiants.

50 000 étudiants accompagnés par le dispositif.

En 2023, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a annoncé la pérennisation du dispositif. Lancé en 2021 pour répondre à une situation d'urgence, Santé Psy Étudiant fait désormais partie intégrante des services mis à la disposition des étudiants. Ainsi, les séances sont renouvelables chaque année pour tous les étudiants.

Accéder au site Santé Psy Étudiant
Services de santé étudiante
Une réforme ambitieuse qui intègre les enjeux de santé mentale

En 2023, les Services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé (SUMPPS) sont devenus des Services de santé étudiante (SSE). L’enjeu de cette réforme était de répondre à l’évolution des besoins de santé des étudiants de l’enseignement supérieur.

Parmi les évolutions introduites par cette réforme, tous les étudiants ont désormais accès aux Services de santé étudiante, qu’ils soient inscrits ou non à l’université, issus de l'enseignement supérieur public comme privé.

La réforme des Services de santé étudiante a permis de renforcer et d'étendre leurs missions, notamment en créant une mission en santé mentale. Ces évolutions ont été mises en place en concertation avec les acteurs de santé et de vie étudiante (ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, conférences d’établissements, médecins directeurs des services, Caisse nationale d’assurance maladie, Cnous, Agences régionales de santé, MILDECA, représentants étudiants).

Plus de 8 millions d'euros ont été investis afin de renforcer les Services de santé étudiante, notamment en recrutant des professionnels de santé, interlocuteurs privilégiés des étudiants sur leurs campus.
Les Services de santé étudiante en 2022

630 000 consultations dans les Services de santé étudiante.

200 000 étudiants ayant bénéficié d'au moins une consultation.

39 % des consultations en lien avec la santé mentale.
Nightline
La santé mentale par et pour les étudiants

Nightline est une association soutenue par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Spécialiste des questions de santé mentale, elle propose aux étudiants des lignes d'écoute ainsi qu'un tchat.

Pilotée par une équipe salariée, elle forme des bénévoles à l'écoute active. Tous les répondants sont des étudiants formés par l'association, et les échanges sont confidentiels, sans jugement et non-directifs. Les appels sont gratuits.


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L'association développe en outre de nombreux outils de sensibilisation et d'information : un annuaire qui recense les dispositifs d'aide psychologique pour les étudiants, le kit de vie, pour que tout un chacun puisse s'emparer des questions de santé mentale, l'initiative Tête la Première, qui propose d'explorer les liens entre le sport, l'activité physique, et la santé mentale ou encore le programme Sentinelle, qui permet aux étudiants de soutenir leurs pairs.
Nightline en quelques chiffres En 2023, une subvention de 90 000 € octroyée par le ministère
7 200 appels traités par l'association
326 actions de sensibilisation
28 000 jeunes rencontrés au cours d'actions de prévention en santé mentale
26 étudiants formés à la prévention du suicide via le programme Sentinelle
D'autres initiatives soutenues par le ministère

Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche participe au déploiement de dispositifs innovants et noue des partenariats avec des acteurs de la santé mentale dans les territoires.

Ainsi, plus de 5 000 secouristes en santé mentale ont été formés dans le milieu étudiant et depuis 2023, le MESR apporte un soutien financier à l’association Dites Je suis là.

Par ailleurs, le ministère soutient activement plusieurs programmes de recherche : on peut citer Elios, qui a pour but d'évaluer l’efficacité du recours aux réseaux sociaux dans la prévention du suicide chez les jeunes ou encore le futur programme Mentalo, porté par l'Inserm.

Le saviez-vous ? Les Crous proposent également une ligne d'écoute et de soutien psychologique anonyme et gratuite. Des psychologues sont joignables 24h/24 et 7 j/7 au 0800 73 08 15.
Le 3114

Une collaboration pérenne est entretenue avec le 3114, référence nationale en matière de prévention du suicide, mis en place par le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités.

Joignable 24h/24 et 7j/7, en métropole comme dans les Outre-Mer, ce numéro de téléphone permet d’échanger avec un infirmier ou un psychologue. Les personnes au bout du fil sont spécialement formées à la prévention du suicide.

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Focus sur les BAPU

Enfin, les étudiants peuvent solliciter les Bureaux d'aide psychologique universitaire (BAPU). Accessibles dans la plupart des villes universitaires, les BAPU sont composées de psychothérapeutes (psychiatres et psychologues), d'assistants sociaux et d'un service administratif.

Les consultations proposées par les BAPU sont prises en charge à 100 % par la Sécurité sociale et les mutuelles. Il n'y a pas d'avance de frais pour les étudiants qui sollicitent cette aide. Le nombre de séances n'est pas limité, le suivi est assuré tant que les étudiants en ressentent le besoin.

En savoir plus sur les BAPU

https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/le-ministere-s-engage-concretement-pour-la-sante-mentale-des-etudiants-94569

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Journée nationale pour la prévention du suicide: lever le tabou sur le suicide
Par Raphaël Thureau 5 février 2024
dans À La Réunion,  https://www.lequotidien.re/*

Ce lundi 5 février, associations et acteurs de la santé publique se mobilisent pour la 28e journée national pour la prévention du suicide. Alors qu’à la Réunion, on estime que trois personnes tentent quotidiennement de mettre fin à leurs jours et qu’une personne se suicide environ tous les 4 jours, le chantier de la détection du mal-être est un impératif.

« La personne qui se suicide ne tente pas de mettre fin à sa vie mais à sa souffrance ». Danon Lutchmee Odayen et les bénévoles de son Association Prévention Suicide (APS), sont chaque jour à l’écoute des Réunionnais qui souffrent. Lorsque leur souffrance, certains décident d’en finir.
L’Observatoire Régional de la Santé estime qu’un peu moins d’une centaine de personnes se suicident chaque année, soit un décès tous les 4 jours.
Quant aux tentatives, il est indiqué que chaque jour, 3 personnes essaient de se suicider sur notre île.
Chez les jeunes de 15 à 29 ans, le suicide est la deuxième cause de mortalité après les accidents de la route alors que les tentatives sont surreprésentées chez les 15-19 ans.

« Situation de grande solitude »

Depuis 1897 et l’ouvrage Le Suicide du sociologue français Émile Durkheim, le sujet est très étudié par les chercheurs, à la fois dans les domaines de la sociologie et de la psychologie.
Durkheim lance notamment l’idée que le suicide est le résultat d’un fait social, c’est-à-dire l’accumulation de facteurs extérieurs à l’individu fragilisant son lien social aux autres et à la société. Au standard de l’association SOS Solitude, l’isolement et la perte de repères sont bien souvent les raisons du mal-être : « Les gens qui nous appellent sont bien souvent dans des situations de grande grande solitude, même si ces personnes sont entourées, elles se sentent seules, confie Sophie Lamarche, vice-présidente de l’association. Le confinement n’a pas aidé. On me dit souvent aussi que dans ce monde ultra-connecté, plus personne ne fait attention aux autres. Le repli sur soi crée de la solitude et inversement ».

« Plus on en parlera, moins il y en aura »

Selon Danon Lutchmee Odayen, les causes du mal-être sont à la fois exogènes et endogènes à l’individu : « Forcément on ne vit pas seul, on vit dans une société qui, de fait, a un impact sur nous. Après, à la Réunion, au sein de l’association, on a eu à aider un très grand nombre de personnes victimes de violences sexuelles dans l’enfance. Je dirais que ça représente 80 % des appels que l’on reçoit ».
Une souffrance latente, qu’il faut subir toute une vie et à laquelle s’ajoute d’autres épreuves, la « dureté des méthodes managériales », « une séparation, un divorce », « une période de chômage ».
Les associations insistent sur la prévention et la détection des signes annonciateurs d’un passage à l’acte. « Il faut bien expliquer que le suicide n’est un acte spontané. La personne ne va pas y penser juste une fois et se suicider. En général c’est quelque chose qui lui trotte dans la tête, qui revient, elle laisse des traces, des indices sur son état de santé et c’est là qu’il faut intervenir », poursuit Danon Lutchmee Odayen.
Plusieurs associations sont là pour écouter, aider et orienter les personnes victimes de pensées suicidaires.
Des aides psychologiques, médicales existent. « Il faut lever le tabou du suicide, plus on en parlera, moins il y en aura », conclut la présidente de l’APS.
https://www.lequotidien.re/actualites/societe/journee-nationale-pour-la-prevention-du-suicide-lever-le-tabou-sur-le-suicide/


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Santé publique : les dispositifs pour prévenir le suicide

Publié 05/02/2024https://www.gouvernement.fr/*

À l'occasion de la journée nationale dédiée à la prévention du suicide, le ministère de la Santé et de la Prévention rappelle son engagement et ses actions face à cet enjeu majeur de santé publique. Retour sur les dispositifs.

La prévention du suicide est une priorité pour le ministère de la Santé et de la Prévention qui s'engage pour une politique publique forte et ancrée dans les territoires.

Face à cet enjeu majeur de santé publique, le ministère de la Santé et de la Prévention a mis en place plusieurs dispositifs.

Dispositif dédié

Le dispositif VigilanS permet un maintien du contact avec la personne qui a fait une tentative de suicide.
Créé en 2015, le dispositif est un système de recontact et d’alerte qui organise autour de la personne ayant fait une tentative de suicide un réseau de professionnels de santé pour garder le contact avec elle.
En février 2023, VigilanS est déployé dans 17 régions dont 4 régions d’outre-mer et dans 92 départements.

Le dispositif de recontact VigilanS

Le numéro national 3114
Vous êtes en détresse, vous avez des pensées suicidaires ou vous voulez aider une personne en souffrance... N'hésitez pas à contacter le 3114.

Gratuit et accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 sur l’ensemble du territoire (métropole et outre-mer), le 3114 apporte une réponse immédiate :

aux personnes en détresse psychique et à risque suicidaire ;
à l’entourage des personnes à risque suicidaire ;
aux endeuillés par suicide ;
aux professionnels en lien avec des personnes suicidaires qui souhaitent obtenir des avis ou conseils spécialisés.

3114 : le numéro national de prévention du suicide

Pour découvrir les autres dispositifs

Journée nationale de prévention du suicide

Le ministère de la Santé et de la Prévention poursuit son action pour une politique publique forte et ancrée dans les territoires en matière de prévention du suicide. sante.gouv.fr

https://www.gouvernement.fr/actualite/sante-publique-les-dispositifs-pour-prevenir-le-suicide



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En quoi les proches jouent un rôle dans la prévention du mal-être

En cette journée nationale de prévention du suicide, un regard sur l’aide informelle des proches à travers un cas de soutien dans un village des Combrailles.
Publié le 05 février 2024  https://www.lafranceagricole.fr/*


Pontaumur (Puy-de-Dôme), le 21 décembre 2023. Les agriculteurs écoutent une restitution de l'étude sur la prévention du mal-être menée dans les Combrailles. © Solidarité paysans Auvergne


Ancien éleveur installé en Gaec avec sa famille à Pontaumur (Puy-de-Dôme), Pascal Faure est reconnaissant envers sa fille : « Je ne sais pas si moi-même je l’aurais fait. C’est un pas difficile à franchir et, elle, elle l’a fait. » Aujourd’hui, sa fille Marie-France est à la tête de cet élevage de 45 vaches laitières et 90 hectares dans les Combrailles. Elle se souvient de l'état de son père, il y a dix ans. « J’étais épuisé par la situation, se rappelle-t-il. Le chemin était déjà long, des lettres de relance, des frais bancaires… » Alors, un jour, Marie-France en a parlé avec son père, et elle a appelé les bonnes personnes.
Repérage précoce

Sans s’en rendre compte, elle a joué un rôle de repérage précoce et informel du mal-être agricole. C’est ce rôle-là que Jean-Yves Pailleux, assistant ingénieur à l’Inrae de Clermont-Ferrand, a étudié sur la commune de Pontaumur : « Un tel repérage peut éviter que ça prenne une dimension incontrôlable », explique-t-il. « Quand on demande de l’aide trop tard, on n’arrive pas à récupérer. Il faut demander avant », ajoute Pascal Faure.


« J’avais envie d’appuyer sur le bouton Stop » (16/06/2022)

Il existe un réseau formel de repérage du mal-être dans la petite région. Le syndicat mixte pour l’aménagement et de développement des Combrailles (Smad) forme des volontaires au repérage des agriculteurs et agricultrices en risque suicidaire. Mais quand les sentinelles se rapprochent des personnes en difficulté, c’est déjà trop tard. Les personnes et les fermes sont déjà très fortement fragilisées.

« Alors, si cette demande arrive trop tard, qu’est-ce qui se passe avant ? Comment les gens font-ils avec les tensions du quotidien ? Comment parvenir à les transformer en une demande d’aide concrète auprès d’une structure ? », se sont interrogés Jean-Yves Pailleux et Xavier Coquil, ingénieur de recherche à l’Inrae de Theix.
Aide informelle

À l’été 2023, tous les agriculteurs et agricultrices de la commune de Pontaumur ont été questionnés par l’équipe des deux ingénieurs. Ils ont présenté leurs résultats aux habitants du village le 21 décembre 2023 sur place. Il existe deux paramètres clés pour que l’aide informelle soit efficace dans le repérage : la confiance et le moment de la discussion.

La légitimité de l’interlocuteur repose sur la proximité du vécu. Il est souvent plus facile de parler avec des personnes qui traversent ou ont traversé des tensions similaires. « On le comprend mieux parce qu’on l’a vécu », confirme Marie-France Faure. Mais il existe aussi une sorte de dialogue corporel : parfois, on va vers des gens qui nous mettent en confiance non pas avec des mots, mais par leur présence ou leur attitude. Encore faut-il que la personne manifeste sa disponibilité par un geste, un message, un mot au passage. Enfin, l’interlocuteur doit avoir des compétences reconnues par la personne qui a besoin d’aide.
Relation

La relation qui se noue à ce moment-là est particulière et repose beaucoup sur les caractéristiques de l’aidant. Ce sont des personnes qui ont de la considération pour celles et ceux qui leur demandent de l’aide. Elles se sentent aussi légitimes pour questionner les tensions que l’interlocuteur vit.

Dans les faits, ce type de profils peut se trouver un peu partout dans les environs de l’agriculteur qui a besoin d’aide : voisins, amis, famille, entourage professionnel…
Solidarité

Désormais en retraite, Pascal Faure restitue l’aide qu’il a reçue il y a dix ans. Il est lui-même aidant bénévole dans l’association Solidarité paysans en Auvergne. Cette structure accompagne des agriculteurs qui vivent des difficultés. Des salariés et des bénévoles aident au discernement et à la découverte des possibles.

Ils favorisent la mise en confiance des personnes accompagnées et la mise en place de procédures collectives quand c’est nécessaire. En Auvergne, Solidarité paysans a accompagné 251 exploitations en 2023. 90 % des personnes accompagnées réussissent à maintenir leur activité sur la ferme.

L’étude de Jean-Yves Pailleux et Xavier Coquil a reçu un financement de la Fondation de France, en partenariat avec le Smad des Combrailles.

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MCE TV  Prévention suicide: Nightline agit face à la détresse des étudiants !

En cette Journée Nationale de Prévention du Suicide, Nightline a pris la décision d'agir face à la détresse des jeunes.

Ce lundi 5 février 2024 marque la Journée Nationale de Prévention du Suicide. L'occasion pour l'association Nightline de revenir sur ses actions face à la détresse des étudiants. MCE TV vous dit tout de A à Z !
Journée Nationale de Prévention du Suicide
Le suicide est une "tendance de fond", indique Santé publique France (SPF). Ce lundi 5 février 2024 marque la Journée Nationale de Prévention du Suicide. Pour l'occasion, l'organisme a mis en lumière certains chiffres.Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces derniers sont inquiétants. Les jeunes adultes semblent particulièrement exposés au risque. Selon les dernières informations mises en ligne par Midi Libre, "7,2 % d'entre eux ont eu des pensées ou des actes suicidaires".Les chiffres de la population générale, quant à eux, sont toujours les mêmes. Chez les 18-85 ans, 6,8 % des personnes

https://www.francelive.fr/teaser/mce-tv/prevention-suicide-nightline-agit-face-a-la-detresse-des-etudiants-8394382/
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NORMANDIE

Prévention du suicide Article https://www.normandie.ars.sante.fr/*
2 février 2024
 
Selon le 5ème rapport de l’Observatoire national du suicide paru en 2022, la région Normandie demeure parmi les régions les plus impactées en termes de mortalité par suicide (chiffres 2017).

Depuis plusieurs années, la prévention du mal-être et du suicide constitue une priorité de santé publique en Normandie. Elle fait l’objet de travaux régionaux associant l’ensemble des partenaires institutionnels et des acteurs.

La Normandie est la deuxième région la plus impactée par le suicide avec un taux standardisé de décés en 2020 de 18,6 pour 100 000 habitants (en France ce taux est de 13,3). En 2019, le taux d’hospitalisation standardisé normand pour tentative de suicide se situait au-dessus du taux national (233,5 pour 100 000 habitants contre 152,1 pour 100 000 habitants en France métropolitaine).

L’amélioration de la santé mentale des Normands est l’une des 12 actions prioritaires du Projet régional de santé 2023-2028. Ainsi, l’ARS Normandie et l’ensemble des acteurs poursuivent leur mobilisation pour proposer des dispositifs de prévention du suicide et d’accompagnement des personnes en souffrance accessibles par tous et par tous moyens, avec un objectif simple : si vous êtes en détresse ou si vous voulez aider une personne en souffrance, il faut en parler.

Vous avez besoin d’aide ? Vous vous inquiétez pour un proche ?

Parlez-en à votre médecin traitant ou contactez l’une de ces associations d’écoute ou structures spécialisées :


VigilanS : un dispositif de soins innovants destinés à la prévention de la récidive suicidaire


Les formations sur la crise suicidaire disponibles en Normandie

L’ARS a missionné le groupement régional d’actions, de formations et d’informations en santé mentale (GRAFISM) pour déployer en région les formations sur la crise suicidaire.

Ces formations ont été élaborées par la Direction Générale de la Santé en lien avec le groupement d’étude et de prévention du suicide (GEPS). Elles sont dispensées en région par des formateurs qui ont été formés par 2 formatrices nationales accréditées, le Dr Françoise Chastang (CHU de Caen) et le Dr Audrey Pinaud (CHU de Rouen et CH du Rouvray).


Vous souhaitez retrouver les dernières données épidémiologiques disponibles sur les conduites et pensées suicidaires ainsi que les bilans, études et rapports régionaux :
Toutes les publications

Aller plus loin

Documents à télécharger
Plaquette stratégie nationale de prévention du suicide (pdf, 1.37 Mo)
Liens utiles
info-depression.fr
infosuicide.org
La prévention du suicide - Ministère des Solidarités et de la Santé
Plateforme de prévention du suicide pour le grand public « Dites, je suis là »
Association Départementale de Prévention du Suicide dans la Manche
Synthèse officielle de Santé publique France concernant les résultats de l’évaluation de VigilanS

https://www.normandie.ars.sante.fr/prevention-du-suicide

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Aujourd’hui, c’est la Journée Nationale de Prévention du Suicide

par La Rédaction https://freedom.fr/*
5 février 2024

La Journée Nationale de Prévention du Suicide a lieu chaque année le 5 février. Cet événement, porté par l’Union Nationale de Prévention du Suicide est l’occasion pour nos centres de réponse de venir à la rencontre d’un large public, en partenariat avec de nombreux acteurs de la prévention du suicide. Cette année le thème choisi est « Lien social et prévention partagée – comprendre, entreprendre, recréer ».

LE SUICIDE, DES FACTEURS QUI SE CONJUGENT

Même si, virtuellement, tout le monde peut être concerné par des idées de suicide, la littérature scientifique montre que nous ne sommes pas tous égaux face au risque de suicide qui varie selon les personnes et les circonstances.

Le fait que certaines personnes soient plus à risque de suicide que d’autres s’explique notamment par la notion de vulnérabilité. La vulnérabilité d’une personne dépend de facteurs que l’on hérite de nos parents, d’éventuels problèmes survenus autour de notre naissance, d’événements de vie difficiles au cours de notre enfance et de notre adolescence ou encore de la présence d’un trouble de santé mentale.

Chez une personne présentant une vulnérabilité préalable, l’accumulation d’événements douloureux peut générer un niveau de souffrance intense qui finit par dépasser les capacités d’adaptation et devient insoutenable : les idées suicidaires émergent. Lorsque le niveau de souffrance devient critique, un dernier événement peut déclencher le passage à l’acte. Cet événement est appelé « facteur précipitant ».

Prenons la métaphore du vase : la taille du vase représente la vulnérabilité de la personne. À mesure que des événements douloureux surviennent, il se remplit, faisant monter le niveau de détresse. Lorsque le vase est plein, le facteur précipitant est comme la dernière goutte qui va le faire déborder : le passage à l’acte survient.

Les troubles de santé mentale représentent l’un des principaux facteurs de risque de tentative de suicide et de suicide. Même si toutes les pathologies sont concernées, la dépression est de loin la plus fréquemment retrouvée dans la crise suicidaire. Près de 70 % des personnes qui décèdent par suicide souffraient d’une dépression, le plus souvent non diagnostiquée ou non traitée. Or, la dépression comme les autres troubles de santé mentale peuvent être soignées de façon efficace. Leur guérison ou leur stabilisation permet de réduire considérablement le risque suicidaire. En réalité, la principale difficulté est souvent de faire le premier pas et d’oser parler de ses difficultés à un professionnel.
LES PERSONNES SUICIDAIRES SONT ELLES VRAIMENT PRETES A MOURIR ?

En fait, une personne ayant des idées suicidaires est ambivalente quant à son désir de vivre et son impossibilité à continuer de souffrir. Submergée par la détresse, elle ne perçoit plus les options disponibles et la mort apparaît comme l’unique option pour la soulager.

En apaisant la souffrance, on observe fréquemment une disparition des idées suicidaires.

A la Réunion il existe des associations comme SOS SOLITUDE qui assure une permanence par téléphone 7 jours sur 7, de 8H à 23H.



Le 3114, numéro national de prévention du suicide

Si vous êtes en détresse et/ou avez des pensées suicidaires, si vous voulez aider une personne en souffrance, vous pouvez contacter le numéro national de prévention du suicide, le 3114.

Le 3114 est accessible 24h/24 et 7j/7, gratuitement, en France entière.

Un professionnel du soin, spécifiquement formé à la prévention du suicide, sera à votre écoute.

Sur ce site, vous trouverez des ressources pour mieux comprendre la crise suicidaire et des conseils pour la surmonter.

Le 3114 est piloté par le Ministère de la Santé et de la Prévention.

https://freedom.fr/aujourdhui-cest-la-journee-nationale-de-prevention-du-suicide/

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Journée nationale de prévention du suicide : pensez au 3114 ! 


5 février 2024  https://www.bretagne.ars.sante.fr/*



Ce lundi 5 février se tient la 28e journée nationale de prévention du suicide. Si vous êtes en souffrance ou si vous souhaitez aider un proche, ne restez pas seul(e) ! Vous pouvez contacter le numéro national de prévention du suicide, le 3114.

La Bretagne demeure la région française la plus touchée par le suicide, notamment chez les 18-24 ans pour lesquels les pensées suicidaires ou tentatives de suicide ont fortement augmenté depuis l’arrivée du Covid, début 2020.

Si vous êtes en détresse et/ou avez des pensées suicidaires, si vous voulez aider une personne en souffrance, ne restez pas seul(e) ! Vous pouvez joindre le 3114 : un numéro de téléphone gratuit, accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, partout en France.
Il permet d'échanger avec des professionnels de la santé mentale et du soins, spécifiquement formés à la prévention du suicide (psychiatres, infirmiers spécialisés et psychologues).
Ce numéro, mis en place le 1er octobre 2021, vise à compléter le système de rappel et de suivi des personnes ayant déjà réalisé une tentative de suicide (connu en région sous le nom de VigilanS). En parallèle, de nouvelles expérimentations sont en cours en Bretagne, telles que les réseaux Sentinelles ou le projet ALINEA dans les Côtes d'Armor.
Une stratégie de prévention du suicide en Bretagne

La prévention du mal-être et du suicide en Bretagne est un véritable enjeu de santé publique. Elle fait ainsi l’objet, depuis plusieurs années, de travaux régionaux associant l’ensemble des partenaires institutionnels et des acteurs de la santé. Une stratégie nationale de prévention du suicide a été élaborée en ce sens, déclinée régionalement selon nos spécificités bretonnes.
Dans ce cadre, (re)découvrez l'interview d'Anthony Le Bot, directeur adjoint Prévention et Promotion de la Santé, de Sylvie Dugas, médecin coordinatrice santé mentale, et de Perrine Le Bouffant, chargée de prévention à la Mutualité Française Bretagne, qui témoignent des actions mis en place en région :

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Le 3114, numéro national de prévention du suicide

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Santé mentale : Publication du 10e bulletin « Suicide et tentative de suicide en Auvergne-Rhône-Alpes » Actualité

Santé publique

5 février 2024
 
A l’occasion de la journée nationale dédiée à la prévention du suicide, l’Observatoire régional de santé (ORS), animé par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, et Santé publique France publient plusieurs documents, permettant de dresser un état de lieux de la situation dans la région, ainsi que des actions menées.

Une enquête pour accompagner le déploiement de la stratégie régionale de prévention du suicide

L’Observatoire régional du suicide, animé par l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes (ARS), produit cette année son 10ème bulletin. Ces travaux menés visent à orienter le travail de l’ARS et accompagner le déploiement de la stratégie de prévention du suicide ainsi que la mise en œuvre de la feuille de route santé mentale et psychiatrie dans la région.

Fait marquant pour cette 10e année, une enquête a également été réalisée en 2023 auprès de professionnels et bénévoles sur le risque suicidaire des personnes LGBTI+ en Auvergne-Rhône-Alpes. Elle a permis d’identifier les besoins et contraintes des professionnels et bénévoles face à la souffrance psychique et au risque suicidaire des personnes LGBTI+ et de dégager des pistes d’actions.
Les principaux points observés dans l’enquête

L’ORS relève dans son enquête plusieurs points.
Des taux de mortalité par suicide en baisse en Auvergne-Rhône-Alpes

La baisse progressive de la mortalité par suicide dans notre région se confirme depuis 2000. Une diminution lente et faible de la mortalité par suicide est enregistrée (baisse moyenne du taux standardisé de 2,1 % par an)

Toutefois, une augmentation significative de la mortalité par suicide est enregistrée depuis 2015 chez les 60-74 ans et une tendance à la hausse chez les 15-29 ans depuis 2014.

Sur la période 2018-2020, le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans après les accidents de la circulation dans la région et la première cause de mortalité chez les 25-34 ans (devant les tumeurs).
Une baisse de la mortalité par suicide mais une persistance d'inégalités sociales de mortalité par suicide

L’enquête révèle l’existence d’inégalités sociales et territoriales de mortalité par suicide chez les hommes. La mortalité par suicide est plus élevée dans les communes les plus défavorisées que dans les communes les moins défavorisées et la mortalité par suicide est plus élevée dans les communes rurales que dans les communes urbaines.

Au sein des communes urbaines, les inégalités sociales de mortalité par suicide chez les hommes sont en augmentation depuis 2011 (les écarts de mortalité par suicide se creusent entre communes urbaines les plus défavorisées et communes urbaines les moins défavorisées).
Des séjours hospitaliers pour tentative de suicide en hausse chez les plus jeunes

Sur la période 2020-2022, 9 683 séjours hospitaliers en médecine, chirurgie ou obstétrique (MCO) pour tentative de suicide ont été enregistrés en moyenne par an en Auvergne-Rhône-Alpes.

Une tendance non significative à la baisse du taux de séjours hospitaliers pour tentative de suicide est observée de 2018 à 2020 (en lien avec la pandémie de Covid-19 et les périodes de confinement) puis à la hausse de 2020 à 2022.

Ces chiffres sont inférieurs aux taux nationaux mais en augmentation chez les plus jeunes et chez les plus âgés.

Une hausse significative du taux est identifiée depuis 2018 chez les plus jeunes : +11,1 % en moyenne par an chez les moins de 15 ans et +8,3 % chez les 15-24 ans.
Une situation hétérogène selon les départements

De fortes disparités départementales subsistent concernant les données épidémiologiques du suicide.

La Loire, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme chez les hommes comme chez les femmes et la Savoie et la Haute-Savoie chez les femmes ont des taux élevés, significativement supérieurs aux valeurs régionales, voire même à la valeur nationale.
Au contraire, l’Ain et le Rhône pour les deux sexes, le Cantal pour les femmes et l’Ardèche et la Haute-Savoie pour les hommes ont les taux les plus faibles de la région avec des valeurs significativement inférieures à celles de la région et de la France métropolitaine.
L’Allier, la Drôme, l’Isère pour les deux sexes et le Cantal et la Savoie chez les hommes présentent des taux proches des valeurs régionales.
Une augmentation des appels passés au numéro national de prévention du suicide 3114

Le 3114 a vocation à répondre à toutes les personnes, quel que soit leur âge, en situation de souffrance psychique. Actuellement, le 3114 est structuré autour de 15 centres répondants ouverts situés dans des établissements de soins en lien plus ou moins direct avec les Samu.

En Auvergne-Rhône-Alpes, deux centres répondants sont ouverts, l’un à Lyon et le second à Saint-Étienne.

L’enquête a permis d’observer une augmentation en 2023 (par rapport à 2022) du nombre d'appels décrochés par les deux centres. Cette augmentation est de 2,4 % pour Lyon avec 7 013 appels décrochés entre janvier et novembre 2023. Le centre de Saint-Etienne quant à lui enregistre une multiplication par 4.7 du nombre d’appels entrants en 2023 avec 4 753 appels reçus.
La montée en puissance du dispositif VigilanS

VigilanS est un dispositif de veille post-hospitalière proposé à tous les suicidants de la région à la sortie d’un service de soins. Il s’agit d’un dispositif national, financé en Auvergne-Rhône-Alpes par l’ARS.

Depuis juillet 2020, l’intégralité de la région Auvergne-Rhône-Alpes est couverte par le dispositif VigilanS avec l’intervention de quatre équipes (Lyon, Saint-Étienne, Grenoble et Clermont-Ferrand).

Le dispositif a connu une augmentation de la couverture régionale de 29 % en 2023 par rapport à 2022 et enregistré 19 % d'inclusions supplémentaires entre les deux années avec environ 3100 demandes de prises en charge reçues entre janvier et octobre 2023.
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Liens utiles
Bulletin N10 (Janvier 2024) - Suicide et tentative de suicide en Auvergne-Rhône-Alpes

https://www.auvergne-rhone-alpes.ars.sante.fr/sante-mentale-publication-du-10e-bulletin-suicide-et-tentative-de-suicide-en-auvergne-rhone-alpes

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L'invitée café. Annie Tuheiava appelle au renforcement du lien social et à la prévention contre le suicide 

L'invitée café. Annie Tuheiava • ©Polynésie la 1ère

L'invitée café du vendredi 2 février 2024 est Annie Tuheiava, présidente de l'association de SOS Suicide en Polynésie.
Polynésie La 1ère, Sandira Derock • Publié le 2 février 2024

Chaque année, SOS Suicide reçoit environ 1500 appels en Polynésie, avec plus de 300 tentatives de suicide.

Elle explique que le lien social est crucial, et son association organise des suivis psychologiques ainsi que des événements pour sensibiliser. Elle met en évidence les causes telles que les ruptures amoureuses, le harcèlement scolaire, et le manque de préparation des jeunes face à l’éveil sexuel. Annie Tuheiava insiste sur l’importance de l’éducation et du respect à la maison.

SOS Suicide forme également des “sentinelles” pour repérer les signes de détresse et propose des psychothérapies financées par l’association. Elle mentionne que les appels concernent souvent des ruptures amoureuses, mais aussi des cas liés au rejet des jeunes LGBTQ+ par leur famille.


Harcèlement, ruptures amoureuses, rejet des jeunes LGBTQ+, ce sont des causes de mal-être chez nos jeunes. Il faut être vigilant par rapport au harcèlement, il faut apprendre à nos enfants tout petit ce qu'est le respect.


Annie Tuheiava répond aux questions d'Ibrahim Ahmed Hazi en français :

Annie Tuheiava répond aux questions de Corinne Tuheiava en tahitien :


https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/tahiti/polynesie-francaise/l-invitee-cafe-annie-tuheiava-appelle-au-renforcement-du-lien-social-et-a-la-prevention-contre-le-suicide-1462245.html


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"J'étais dans une boucle infernale": les pensées suicidaires des jeunes ont doublé en dix ans
Clara Gabillet avec Guillaume Descours
Le 05/02/2024
Les pensées suicidaires des jeunes ont explosé en 10 ans

La santé mentale des jeunes s'est considérablement dégradée ces dernières années. Selon une étude de Santé Publique France, les pensées suicidaires ont plus que doublé depuis 10 ans chez les jeunes. C'est le cas de Madeleine (21 ans), qui a fait une tentative de suicide en 2020. Elle se confie au micro de RMC.

Les pensées suicidaires ont plus que doublé en dix ans chez les jeunes, selon une étude publiée ce lundi par Santé Publique France. L'agence de santé publique révèle aussi une augmentation des tentatives de suicide chez les 18-24 ans.

Cela fait plusieurs années que Madeleine, 21 ans, souffre de dépression. Mais tout s'aggrave en 2020 pendant le premier confinement, alors qu’elle est en terminale.

“C’est un moment où il n’y a plus d’échappatoire en fait. Il n’y a plus de copains, plus d’école, plus de sport. Je me suis retrouvée un peu enfermée avec moi-même et mes troubles à me demander ‘est-ce-que je vais vivre toute ma vie comme ça?’ Je ne voyais pas de futur pour moi”, confie-t-elle.

Quelques mois plus tard, elle fait une tentative de suicide et termine aux urgences psychiatriques. La faute, selon elle, en partie aux réseaux sociaux. “L’algorithme de TikTok, c'est que tu regardes une vidéo et on ne te propose plus que ça. Donc moi je n’avais que des vidéos de filles en hôpital psychiatrique, des gens en dépression… J’étais dans le TikTok dépressif. Je me réconfortais en me disant que je n’étais pas la seule mais ça me mettait aussi dans une boucle infernale”, assure-t-elle.
Un meilleur accompagnement nécessaire?

Aujourd'hui, Madeleine étudie à Sciences Po et va mieux grâce à un psychiatre et aux antidépresseurs. Il faut faire plus pour les jeunes comme elle, assure la psychologue Jessica Sautron.
“ll faut mettre les moyens, c’est-à-dire avoir plus de personnels de santé. Il faut les former, et réunir le tissu des personnes qui accompagnent les 18-25 ans. On ne peut pas travailler les uns et les autres dans notre coin”, appuie-t-elle.

Un sujet dont veut se saisir le Premier ministre, Gabriel Attal. Il promet de simplifier l'accès à un accompagnement psychologique.
Clara Gabillet avec Guillaume Descours

https://rmc.bfmtv.com/actualites/societe/sante/j-etais-dans-une-boucle-infernale-les-pensees-suicidaires-des-jeunes-ont-double-en-dix-ans_AV-202402050137.html

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05/02/2024 00:37
Les pensées suicidaires ont plus que doublé chez les jeunes adultes depuis 2014

La dernière étude de Santé publique France fait état de « la progression importante du mal-être » chez les 18-25 ans.

Par Le HuffPost avec AFP
 De plus en plus de jeunes adultes ont des pensées suicidaires ou ont déjà fait une tentative de suicide, alerte Santé publique France.

SANTÉ - Une nouvelle étude aux résultats préoccupants. Selon le dernier baromètre de Santé publique France publié ce lundi 5 février, les pensées suicidaires ou tentatives de suicide des jeunes adultes ont fortement augmenté ces dernières années et notamment depuis le Covid-19, nouvelle illustration d’une détérioration de la santé mentale des 18-24 ans.

Dans cette enquête, menée en 2021 par téléphone auprès d’un échantillon de plus de 24 000 personnes âgées de 18 à 85 ans en France métropolitaine et de 6 500 dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), 4,2 % des répondants déclaraient avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois.

Au total, 6,8 % déclaraient une tentative de suicide au cours de leur vie et 0,5 % dans l’année écoulée, selon ces données publiées lors de la Journée nationale de prévention du suicide.
Le nombre de tentatives de suicide en hausse

Parmi les 18-75 ans, la prévalence des pensées suicidaires et des tentatives de suicide déclarées dans l’année était en légère baisse depuis 2014, tandis que celle des tentatives de suicide au cours de la vie s’était stabilisée (les évolutions ont été établies sur les 18-75 ans grâce aux baromètres santé réalisés à partir de 2000 dont la méthodologie était comparable).

Selon Santé publique France, « le résultat principal » de cette enquête est « une augmentation importante des pensées suicidaires et des tentatives de suicide au cours de la vie chez les 18-24 ans, observée depuis une dizaine d’années ».

Les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 chez les 18-24 ans (passant de 3,3 % à 7,2 % en 2021), les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50 % par rapport à 2017 (passant de 6,1 % à 9,2 %) et celles déclarées les 12 derniers mois de plus de 60 % (de 0,7 % en 2017 à 1,1 % en 2021).
Progression du mal-être chez les jeunes

Ces résultats « constituent un changement important puisqu’elles étaient inférieures ou comparables aux autres tranches d’âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19 », rappelle l’agence de santé publique.

Cette inversion de tendance vient « confirmer la progression importante du mal-être chez les plus jeunes ».

Dans cette tranche d’âge, la santé mentale des jeunes femmes semble particulièrement affectée : la prévalence des pensées suicidaires atteint 9,4 % des femmes de 18-24 ans, celle des tentatives de suicide au cours de la vie 12,8 %, et celle au cours de l’année 2 %.

Autres enseignements de l’enquête : d’autres catégories, comme les personnes vulnérables sur le plan socio-économique, celles vivant seules ou élevant seules leurs enfants, sont davantage touchées par les gestes et idées suicidaires.
https://www.huffingtonpost.fr/life/article/les-pensees-suicidaires-ont-plus-que-double-chez-les-jeunes-adultes-depuis-2014_229312.html

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L'Est Républicain   Edition de Meuse  Bar-le-duc, dimanche 4 février 2024
Prévention du suicide : « Le plus dur, c’est demander de l’aide »

Recueilli par Nicolas Ferrier

À l’occasion de la journée nationale de la prévention du suicide lundi 5 février, le Centre régional de la prévention du suicide organise un ciné-débat à Confluences. À l’issue de la projection, plusieurs intervenants animeront la soirée, dont la responsable, la professeure de psychiatrie Fabienne Ligier.

Avoir des pensées suicidaires est toujours tabou, alors que d’autres faits sociétaux le sont moins, pourquoi ?

La question du suicide reste taboue que ce soit pour les personnes qui ont des idées suicidaires - c’est presque honteux pour eux - ou pour les personnes qui ont des proches décédés par suicide. C’est difficile de traverser ce deuil particulier. Dire que c’est par suicide est très difficile pour les familles. Il y a un sentiment de culpabilité et de honte. Quelle est la stratégie pour le prévenir ?

C’est une stratégie nationale depuis 2000. La direction générale de la Santé a pris à cœur cette question de santé publique. On compte environ 9 000 décès par an par suicide. Ce sont des morts majoritairement évitables. Dans la stratégie, il faut en parler pour ne pas rester sur des choses qui empirent jusqu’à un passage à l’acte. Il faut aussi former les soignants à repérer le risque suicidaire, orienter vers les services spécialisés. Et il y a aussi une formation qui s’appelle Sentinelle. Elle est déployée au niveau national et dans le milieu agricole, ils s’en sont énormément saisis. Des gens sont sensibilisés à repérer un proche, un collège… Ça peut être des pharmaciens, la police, des huissiers, des gens qui travaillent à la paie. Il faut aussi prévenir la réitération du passage suicidaire (Ndlr : dispositif Vigilan’S). Comment détecter les signes avant-coureurs ?

C’est vaste. Tout changement de comportement assez brutal. Comme un voisin qui a toujours pris soin de son jardin et qui a arrêté, c’est un signe de désinvestissement de la vie. Comme quelqu’un qui devient plus fermé, agressif, des propos comme « ce serait mieux si je n’étais plus là »… Les proches ont du mal à entendre des propos montrant que l’autre ne va pas bien. Il faut être dans la bienveillance, questionner. Le suicide touche tous les âges, même les enfants…

Environ une quinzaine par an (en France) pour les moins de 14 ans. On sous-estime peut-être des passages à l’acte. C’est souvent dans des contextes familiaux ou sociaux dégradés. La perte d’un parent, un placement car, à cet âge-là, on est très sensible. Il peut y avoir des dépressions non repérées. Ça peut être une réponse qu’ils ont apprise par l’entourage ou des vidéos. C’est une douleur morale insupportable, « il faut que la douleur s’arrête ». Souvent ce n’est pas un désir de mort, mais d’une autre vie plus tolérable. Mais il y a une accumulation d’éléments déclencheurs pour tout suicide. La population meusienne étant vieillissante, peut-on aussi évoquer les personnes âgées qui attentent à leurs jours ?

On a un taux de suicide chez les personnes âgées plus important que dans beaucoup d’endroits au niveau international. Ça peut atteindre 30 pour 100 000 habitants. La moyenne tout âge est de 12/100 000, on n’est déjà pas très bon. Ce sont souvent des personnes jamais passées à l’acte avant. C’est généralement suite à la perte d’autonomie, l’annonce d’une maladie grave, un isolement terrible, des soucis financiers. Le réseau social d’une personne âgée ne fait que décroître, aller quotidiennement au supermarché permet de voir des gens. Aussi, l’isolement n’est pas forcément lié à la ruralité. Dans la rue, les gens pestent sur les personnes âgées car elles ne vont pas assez vite. C’est assez violent. Le plus dur, c’est demander de l’aide. Il faut savoir demander.

▶   À retenir : le 31 14. Numéro gratuit de prévention du suicide, à destination des personnes en souffrance, d’un proche inquiet ou en souffrance, d’un professionnel.

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Le Progrès (Lyon)
Edition de Lyon - Villeurbanne - Caluire
Actu | villeurbanne, lundi 5 février 2024 522 mots, p. LYON27

Villeurbanne

Prévention du suicide : « Je n’avais perçu aucune détresse chez toi »

Ce lundi 5 février ont lieu les 28e journées nationales de la prévention du suicide. À cette occasion, Jean-Christophe Janin évoque le drame qu’il a vécu en 1998, quand son fils Johann a mis fin à ses jours. Il veut parler, pour mieux prévenir.

Le 9 octobre 1998, Johann Janin mettait fin à ses jours, à l’âge de 20 ans. Chaque jour en France, 25 personnes se suicident, et c’est une épreuve dramatique pour l’entourage.

Son père, notre correspondant Jean-Christophe Janin, après une phase profonde d’abattement, a répondu à l’ultime lettre de son fils. Il en est sorti un livre au titre irrévocable : Ton suicide.

« Je me sens trop mal dans ma vie pour continuer à vivre »

« C’est le livre que j’aurais souhaité trouver l’année qui a suivi la mort de mon fils. Il permet d’analyser ce passage à l’acte, de prendre de la distance, d’atténuer le tabou tout autant que la souffrance et mettre clairement des mots sur ce geste impensable », confie-t-il.

« Ce jour-là, j’ai pris un siècle. Je n’avais perçu aucune détresse chez toi », écrit-il dans son livre, en s’adressant à son fils. Ce jour-là, il rentre du travail (il est psychologue) à midi. Et il trouve la terrible lettre de Johan : « Je me sens trop mal dans ma peau pour continuer à vivre. »

Les risques des drogues

Le suicide reste à jamais une énigme pour les proches. Néanmoins Johan esquisse dans sa lettre une piste : « Je me sens vide, je n’ai envie de rien, je me sens mal dans ma peau et j’ai des sensations bizarres peut-être dues aux quelques trips que j’ai pris dans ma vie. »

Face à cette tragédie, Jean-Christophe veut comprendre, et témoigner. Pour prévenir, en espérant que sa dramatique histoire pourra être utile à d’autres. Il alerte notamment sur les risques de la consommation de drogues, qui peut favoriser la dépression et le passage à l’acte suicidaire.

Les tentatives de suicide en augmentation depuis le Covid

La prévention est d’autant plus nécessaire aujourd’hui que les tentatives de suicide ont beaucoup augmenté depuis la crise sanitaire du covid. Les services d’urgence pédo-psychiatrique sont saturés. Ces faits témoignent d’un mal-être réel de la jeunesse.

« Les personnes qui se suicident ne veulent pas forcément mourir, mais elles désirent faire cesser leur souffrance », affirme Jean-Christophe Janin. Et il ajoute : « À 20 ans, on a souvent plus peur de la vie que de la mort. »

Le psychiatre Xavier Pommereau cite le cas de cette adolescente, qui condense le paradoxe suicidaire : « Je ne voulais pas mourir, je voulais juste me tuer. »

L’association Suicide écoute précise : « Le suicide, plus on en parle, moins on y pense. »

Numéro national de prévention du suicide : composez le 3114, accessible 24h/24 et 7j/7. Ecoute confidentielle par des infirmiers et psychologues formés.

Illustration(s) :  Jean-Christophe Janin, a écrit le livre Ton suicide, qui relate le drame qu’il a vécu après la mort de son fils. Photo Nathalie Coron Formentel .



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Près de 10% des jeunes femmes ont eu des pensées suicidaires en 2021

Une étude de Santé publique France montre une forte hausse des pensées suicidaires et des tentatives de suicide chez les 18-24 ans, en particulier chez les jeunes femmes.


C’est un triste record que détient la France: le taux de décès par suicide y est «nettement supérieur à la moyenne de l'Union européenne», indiquait en 2020 l'Observatoire national du suicide. En 2019, 8366 décès par suicide enregistrés dans notre pays, soit 13,07 pour 100.000 habitants contre 10,15 en moyenne en Europe. Depuis, la crise sanitaire a eu un impact important sur la santé mentale des enfants et adolescents. Mais elle a aussi fait son œuvre chez les jeunes adultes: une étude de Santé publique France (SPF) publiée ce lundi montre une hausse importante des pensées suicidaires et tentatives de suicide en 2021 chez les 18-24 ans, en particulier chez les jeunes femmes.

Ainsi, 9,4% des jeunes femmes interrogées par l’agence sanitaire ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires dans l’année. Un chiffre en hausse constante depuis 2014 (elles étaient alors 3,3%), qui s’est accéléré entre 2020 et 2021. Chez les hommes de la même tranche d’âge, après une forte hausse entre 2017 et 2020 (de 3,6 à 7,1%), on observe une légère baisse en 2021 (5%). Les tentatives de suicide au cours de la vie suivent le même schéma: si en 2014 8,4% des jeunes femmes en déclaraient au moins une dans sa vie, elles étaient 12,8% en 2021 ; les jeunes hommes étaient 2,7% en 2017, 5,9% en 2020, et à peu près autant en 2021.

Des chiffres stables chez les plus de 25 ans

Au total, écrivent les auteurs de cette étude publiée dans le Bulletin épidémiologie hebdomadaire, «les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 chez les 18-24 ans (...), les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50% par rapport à 2017 (...) et celles déclarées au cours des 12 derniers mois, de plus de 60%» .

En revanche, toutes tranches d’âges confondues dans l’ensemble de la population interrogée (25.514 personnes âgées de 18 à 85 ans résidant en métropole, et 6519 dans les départements et régions d’outre-mer), les chiffres restent plutôt stables: en 2021, 4,2% des 18-85 ans disaient avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois, 6,8% déclaraient une tentative au cours de leur vie et 0,5% au cours de l'année écoulée.

Les résultats sont relativement semblables d’une région à l’autre, excepté pour la Guadeloupe et la Réunion qui déclaraient moins de pensées suicidaires (respectivement 2,4 et 2,9%).

Cette étude «confirme la détérioration de la santé mentale des jeunes adultes observée par ailleurs à partir des données de passage aux urgences et d'hospitalisation», écrivent les auteurs. Ils ont mené leur étude à partir de l’édition 2021 du Baromètre santé de Santé publique France, qui interroge à intervalles réguliers depuis vingt-cinq ans des échantillons représentatifs de Français pour «mieux connaître et comprendre les attitudes et comportements de santé». Des numéros de téléphone (fixe et mobile) sont générés au hasard, la méthodologie permettant d’obtenir un échantillon représentatif de la population, soumis à un questionnaire d’une trentaine de minutes.

Pour cette enquête, les auteurs se sont intéressés à quatre éléments principaux: la présence de pensées suicidaires dans les 12 derniers mois (et le fait d’en avoir ou non parlé autour de soi), les tentatives de suicide (au cours de la vie et dans l’année écoulée), le recours aux soins après la dernière tentative, et enfin l’intentionnalité de l’auteur (pour savoir s’il était décidé à mourir, ou considère que sa tentative était un appel à l’aide).

«Une ouverture de la parole sur les questions de santé mentale»

«Les prévalences élevées de tentatives de suicide et d'idées suicidaires observées chez les jeunes adultes constituent un changement important puisqu'elles étaient inférieures ou comparables aux autres tranches d'âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19» , alertent les auteurs. Des données qui font écho au constat largement fait d'une «détérioration plus importante de la santé mentale des plus jeunes à la suite de la pandémie de Covid-19» et aux données recueillies dans les services d’urgence.

Ces dernières «témoignent du fait que cette détérioration s'inscrit dans la durée, avec un nombre de passages aux urgences pour idées et gestes suicidaires encore plus élevé en 2022 et 2023 qu'en 2021». L’enquête Escapad, menée auprès de jeunes de 17 ans, avait montré le même schéma chez les adolescents, rappellent les auteurs, avec «une forte hausse des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois (18,0% des jeunes en 2022 contre 11,4% en 2017), ainsi qu'une légère hausse des tentatives de suicide ayant amené à une hospitalisation (3,3% des jeunes en 2022 contre 2,9% en 2017)» .
Cependant, ces hausses pourraient également être partiellement attribuables à une «ouverture de la parole sur les questions de santé mentale». L’étude montre en effet, «ce qui est un résultat très positif du point de vue des comportements de prévention» , une hausse significative du pourcentage de personnes disant avoir parlé de leurs pensées suicidaires: c’était le cas de moins de la moitié des personnes concernées en 2017, mais de plus de 65% d’entre elles en 2021.

Des progrès restent cependant à faire dans la prise en charge: tous âges confondus, «un peu moins de six personnes ayant tenté de se suicider sur dix (57%) estimaient avoir reçu le soutien nécessaire pour s'en sortir lors de leur dernière tentative de suicide» .

Lancé le 1er octobre 2021, le numéro de téléphone 31.14 permet, 24h/24 et 7j/7, de trouver de l’aide auprès de professionnels de santé formés à l'évaluation et à la prise en charge de la crise suicidaire, de façon gratuite et confidentielle.




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Depuis 2017, deux fois plus de pensées suicidaires chez les 18-24 ans, révèle un baromètre de Santé publique France

  Les 18-24 ans sont de plus en plus exposés au risque suicidaire. PHOTO PIXABAY

Publié le 05/02/2024 à 06:01  Sophie Guiraud

À l'occasion de la journée nationale de prévention du suicide, ce lundi 5 février, Santé publique France publie un baromètre de la prévalence des pensées suicidaires chez les adultes. Si les chiffres sont stables, avec 4,2 % de pensées suicidaires au cours de l'année écoulée, l'étude confirme une tendance de fond : une augmentation importante des pensées suicidaires, qui ont doublé depuis 2014, et des tentatives de suicide chez les 18-24 ans, sous l'effet d'un mal-être accentué pendant les années Covid.


C'est une "tendance de fond", observe Santé publique France (SPF). À l'occasion de la journée nationale de prévention du suicide, ce lundi 5 février, l'organisme relève l'augmentation persistance, depuis dix ans, des pensées suicidaires et des tentatives de suicides chez les 18-24 ans.


Les jeunes adultes sont, manifestement, les plus exposés au risque : 7,2 % d'entre eux ont eu des pensées ou des actes suicidaires, alors que les chiffres de la population générale sont stables en 2021, avec 4,2 % d'adultes exposés. Plus précisément, il est établi que chez les 18-85 ans, 6,8 % des personnes ont déclaré "une tentative de suicide au cours de leur vie et 0,5 % au cours de l’année écoulée", indique SPF.

Toujours selon SPF, "les pensées suicidaires ont ainsi été multipliées par plus de deux depuis 2014 chez les 18-24 ans (passant de 3,3% à 7,2% en 2021), les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50% par rapport à 2017 (passant de 6,1% à 9,2% en 2021) et celles déclarées au cours des 12 derniers mois, de plus de 60% (passant de 0,7% en 2017 à 1,1% en 2021)."


Les années Covid ont été un tournant : "Les prévalences élevées de tentatives de suicide et d’idées suicidaires observées chez les jeunes adultes constituent un changement important puisqu’elles étaient inférieures ou comparables aux autres tranches d’âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19".

Pour parvenir à ces résultats, SPF a interrogé un échantillon aléatoire de 24 514 personnes âgées de 18 à 85 ans résidant en France métropolitaine et 6 519 résidant dans les départements et régions d’outre-mer.
Peu de différences selon les régions

Plus précisément, il est établi que chez les 18-85 ans, 6,8 % des personnes ont déclaré "une tentative de suicide au cours de leur vie et 0,5 % au cours de l’année écoulée".

Il n'y a pas de différence significative entre les régions. En Occitanie, 3,6 % de la population (2292 personnes) a eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, et 6,8 % a fait une tentative de suicide au cours de sa vie.

Dans un communiqué, SPF demande aux pouvoirs publics de réagir : "Cette étude confirme la détérioration de la santé mentale des jeunes adultes observée par ailleurs à partir des données de passage aux urgences et d’hospitalisation. En parallèle de la mise en œuvre de la stratégie nationale de prévention du suicide et du renforcement des dispositifs de prise en charge, une meilleure compréhension des mécanismes qui affectent la santé mentale des plus jeunes depuis la pandémie de Covid-19 s’avère nécessaire en vue de renforcer les politiques de prévention".

"Parmi les personnes ayant fait une tentative de suicide, un peu plus de la moitié seulement déclaraient avoir bénéficié d’un suivi après leur sortie de l’hôpital", note SPF, qui rappelle l"intérêt du dispositif de suivi VigilanS, "déployé en France depuis quelques années", et initié de manière pilote à Nimes et Montpellier.
Un numéro d'urgence : le 31 14

En France, les derniers chiffres consolidés (2017) font état de 8 366 enregistrements de décès par suicide par an. Si "le taux global de décès par suicide est en baisse depuis 2001", il reste un des plus élevés d'Europe.

En cas de pensées suicidaires, un numéro d'urgence, gratuit et confidentiel, est ouvert 24 h/24 h et 7j/7 : il s'agit du 31 14.

https://www.midilibre.fr/2024/02/05/depuis-2017-deux-fois-plus-de-pensees-suicidaires-chez-les-18-24-ans-revele-un-barometre-de-sante-publique-france-11740148.php


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Ouest-France (site web)
economie, dimanche 4 février 2024

ENTRETIEN. « Ceux qui se suicident le plus au travail, sont ceux qui s’investissent le plus »

François SCHOCKWEILLER.

Christian Baudelot est sociologue et auteur de plusieurs ouvrages sur les conditions de travail, dont Travailler pour être heureux ? et Suicide, L’envers de notre monde. Il sera le 16 février 2024 au cinéville de Concarneau pour débattre, après la projection du film Par la fenêtre ou par la porte, qui aborde la vague de suicide chez France Telecom - Orange. Rencontre à l’occasion de la journée nationale de prévention du suicide, organisée le 5 février.

Le 5 février 2024 est la journée nationale de prévention du suicide. Sociologue et auteur de plusieurs ouvrages sur les conditions de travail, Christian Baudelot nous parle du suicide en milieu professionnel , à quelques jours de son retour à Concarneau (Finistère), où il possède une résidence. Le 16 février 2024, il participera à un débat au cinéville, après la diffusion du film Par la fenêtre ou par la porte, qui aborde la vague de suicide chez France Telecom - Orange, à la fin des années 2000.

Quel regard portez-vous sur la mobilisation agricole de ce début 2024 ?

On redécouvre, par cette mobilisation, les conditions dans lesquelles travaillent les agriculteurs et les difficultés à tirer un revenu. La presse a fait un travail qualitatif en essayant de comprendre et d’expliquer l’ensemble des déterminations qui ont conduit à ce mouvement. De toutes les professions, ce sont les agriculteurs qui se suicident le plus souvent .

Les crises économiques influencent-elles le recours au suicide ?

Il est difficile de s’en rendre compte, les statistiques sur le suicide arrivent tardivement. On attend une réforme sur le bulletin de décès, informatisé, qui permettra des retours plus rapides. Je ne peux pas vous dire si la crise actuelle a impacté le nombre de suicide. Mais il est évident que les crises économiques, de manière générale, favorisent les suicides.

Cela dit, depuis les années 1985, en France et dans la plupart des pays, le taux de suicide est en baisse et ce n’est pas suffisamment dit. Cette courbe a énormément augmenté avec le début du chômage et la fin des Trente glorieuses, puis il y a une baisse très forte et qui se poursuit même après l’épisode du Covid .

Si les facteurs qui conduisent au suicide sont toujours là, la réaction de la société a changé. Notamment par l’apparition de nouvelles molécules qui ont permis d’apaiser les gens. Je pense notamment au Prozac. L’autorisation accordée au médecin généraliste, d’en prescrire, a conduit à une baisse du suicide.

Il y a aussi eu un énorme progrès de la psychiatrie et des prises en charge. Maintenant quand quelqu’un dit « je suis déprimé, je vais voir un psy », personne ne le prend pour un fou. C’est entré dans les mœurs. Auparavant, cela était associé à un trouble mental grave.

Ces approches traitent les conséquences, mais pas les causes… Qu’est ce qui est fait pour soulager la souffrance au travail ?

C’est une bonne remarque. Les situations sont compliquées et dépendent du secteur professionnel et des entreprises. Mais ce qui est sûr, c’est que le procès des responsables de France Telecom a permis la constitution d’un nouveau délit : la reconnaissance du harcèlement managérial. Il peut être détecté factuellement et puni.

La souffrance au travail semble différemment ressentie par les salariés d’une même entreprise. Pourquoi ?

Avec Michel Gollac et nos étudiants, nous avons écrit Faut-il travailler pour être heureux ? Nous avons constaté à ce moment-là, qu’il y avait trois attitudes à l’égard du travail.Un investissement total, accompagné de joie, qui allait souvent avec un salaire élevé et un investissement complet de la personne qui peut se réaliser dans son travail.

Il y avait d’autre part des gens profondément malheureux, qui souffraient, maltraités. Une souffrance dure, dans la relation avec les collègues, avec les supérieurs, vis-à-vis des horaires et avec des pics de fatigue.

Et une troisième position, une sorte de neutralité : je ne m’investis pas, je fais le minimum, juste ce qu’il faut faire. Et à ce moment-là, on souffre moins, mais on n’a pas non plus de joie particulière. Cette dernière tendance a beaucoup progressé. L’attitude à l’égard du travail s’est modifiée. Le Covid et le télétravail y ont beaucoup contribué, donnant l’idée que le travail n’est pas l’alpha et l’omega. C’est une tendance nouvelle.

Le salarié, en prenant de la distance vis-à-vis de son travail, en quelque sorte, se protège ?

Tout à fait. Ce qui est très intéressant dans les études faites par les psychiatres, psychanalystes et sociologues, à la suite des suicides chez France Telecom - Orange, c’est que l’on s’est aperçu que ceux qui se suicidaient le plus, étaient ceux qui s’investissaient le plus. Ce phénomène a été appelé « le drame de la conscience professionnelle ».

C’est-à-dire que les conditions absolument terribles qui ont été imposées par le plan de licenciements de milliers de salariés, avec des objectifs impossibles à remplir, avec des mutations à l’autre bout de la France, ceux qui en ont le plus souffert au point de passer à l’acte, ce sont les personnes pour qui leur travail était leur vie. C’est eux, qui ont le plus craqué, car ils étaient entièrement investis.

Pendant longtemps, le suicide lié aux conditions de travail a été occulté. Comment la situation a-t-elle changé avec l’affaire France Telecom ?

Ces suicides ne ressemblent pas à d’autres suicides. Ils ont lieu en public, dans l’entreprise : sur le parking, en se défenestrant d’un bureau. Et donc on essaye de montrer qu’il y a un lien entre la souffrance au travail et le suicide, ce qui évite que l’employeur ne se défausse en invoquant une maladie mentale chez le salarié, ou des problèmes familiaux.

C’est un nouveau type de suicide, qu’un ethnologue anglais, dans les années 1920, avait découvert dans les îles Trobriand, et qu’il appelait le suicide vindicatif. Le suicide vengeur. Tout le village se réunissait, quand quelqu’un se suicidait. Il se rendait sur l’arbre le plus haut et, avant de sauter, il désignait le responsable de son acte.

Dans cette même logique, ce qui s’est passé chez France Telecom a permis de lier la cause du suicide, au management dans l’entreprise.

Pratique : si vous avez besoin d’aide, ou de conseils pour accompagner un proche, appelez gratuitement le 3114, numéro national pour la prévention du suicide. Des structures peuvent vous accompagner pour lutter contre les causes de votre souffrance, en plus des accompagnements pour soulager les effets.

 

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Un forum au CHU de Reims pour prévenir le suicide lundi 5 février

La Communauté Psychiatrique de Territoire, l’Établissement Public de Santé Mentale de la Marne et le Centre Hospitalier Universitaire de Reims s’associent pour la prévention du suicide. Le forum consacré à laprévention du suicide a lieu ce lundi à l’hôpital Robert-Debré. - Remi Wafflart 
Publié: 4 février 2024 à 12h39 Temps de lecture: 1 min Partage :

Dans le cadre de la Journée nationale de prévention du suicide, la Communauté Psychiatrique de Territoire, l’Établissement Public de Santé Mentale (EPSM) de la Marne et le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Reims organisent un forum ce lundi 5 février, de 8 à 16 heures, dans le hall de Robert-Debré.

À cette occasion, les dispositifs de prévention de la récidive suicidaire – VigilanS et le dernier-né VigiteenS – seront présentés aux patients, aux familles et aux professionnels de santé.

Seront aussi mis en avant le numéro national de prévention du suicide (3114); le service d’écoute nocturne pour les étudiants (Nightline); la formation aux premiers secours en santé mentale par l’association L’Amitié de Reims; la formation Sentinelle qui vise à consolider le premier maillon de la chaîne de prévention pour les personnes en souffrance en facilitant leur accès aux soins etc.

Plusieurs structures et institutions tiendront un stand. Entrée libre.

https://www.lunion.fr/id565456/article/2024-02-04/un-forum-au-chu-de-reims-pour-prevenir-le-suicide-lundi-5-fevrier

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On vous explique le dispositif VigiteenS présenté au forum sur la prévention du suicide à Reims ce lundi 5 février

Un forum consacré à la prévention du suicide se tiendra ce lundi 5 février à l’hôpital Robert-Debré à Reims. L’occasion notamment de présenter le dispositif de prévention de la récidive suicidaire pour les enfants et les adolescents – VigiteenS – qui vient d’être lancé. On vous explique ce que c’est.
 
Publié: 4 février 2024 à 13h00 Temps de lecture: 2 min Partage :

Trois ans après le lancement de VigilanS Champagne-Ardenne, l’EPSM de la Marne et le CHU de Reims déploient, depuis le 27 novembre 2023, VigiteenS pour les enfants et les adolescents. Comme pour les adultes, mais après accord parental, une carte ressources avec un numéro de téléphone à contacter en cas de besoin est remise au jeune patient à sa sortie du service des urgences. À l’autre bout du téléphone, deux vigilanseurs installés à la clinique Henri-Ey de l’EPSM de la Marne, à Reims. Ils prennent en charge les appels émanant aussi bien d’adultes que de mineurs du lundi au vendredi, de 9heures à 16h45.

«Toute l’équipe a bénéficié préalablement d’une formation, par un pédopsychiatre du CHU de Reims, sur la spécificité de la crise suicidaire chez les adolescents, souligne le Dr Louise Pimpaud, médecin psychiatre à l’EPSM de la Marne. Sa supervision est par ailleurs assurée pardeux pédopsychiatres du CHU de Reims, les Dr Cécile Delahaigue et Harold Naman.»

Chaque patient est ainsi contacté par téléphone par l’équipe de VigilanS tout d’abord entre 10 et 21 jours après sa tentative de suicide, puis 3 et 6 mois plus tard. «Le but est de prendre des nouvelles. C’est l’occasion de faire le point sur l’évolution de la situation et le cas échéant, de proposer différentes possibilités d’aide et de prise en charge», explique le médecin psychiatre. Comme pour les adultes, des cartes postales sont expédiées systématiquement 2 mois après l’acte, puis 3, 4 et 5 mois plus tard. En parallèle, des SMS sont envoyés aux enfants et adolescents une semaine après leur tentative de suicide, puis 1, 2, 4 et 6 mois plus tard. À 6 mois, un point est également réalisé avec les parents ou l’adulte référent.

Pour rappel, le numéro national de prévention du suicide est le 3114. Le forum se tient ce lundi 5 février, de 8 à 16 heures, dans le hall de Robert-Debré.

https://www.lunion.fr/id565459/article/2024-02-04/vous-explique-le-dispositif-vigiteens-presente-au-forum-sur-la-prevention-du

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 Forte hausse des pensées et des tentatives de suicide des jeunes adultes français, selon une étude


Dans cette enquête menée en 2021, 4,2 % des répondants déclaraient avoir pensé à se suicider au cours des douze derniers mois.

Le Monde avec AFP Publié 5/02/24

Les pensées suicidaires ou les tentatives de suicide des jeunes adultes ont fortement augmenté depuis le Covid, montre lundi le dernier baromètre de Santé publique France, nouvelle illustration d’une détérioration de la santé mentale des 18-24 ans.

Dans cette enquête, menée en 2021 par téléphone auprès d’un échantillon de plus de 24 000 personnes âgées de 18 à 85 ans en France métropolitaine et de 6 500 dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), 4,2 % des répondants déclaraient avoir pensé à se suicider au cours des douze derniers mois.


Au total, 6,8 % déclaraient une tentative de suicide au cours de leur vie et 0,5 % dans l’année écoulée, selon ces données publiées lors de la Journée nationale de prévention du suicide.

Parmi les 18-75 ans, la prévalence des pensées suicidaires et des tentatives de suicide déclarées dans l’année était en légère baisse depuis 2014, tandis que celle des tentatives de suicide au cours de la vie s’était stabilisée (les évolutions ont été établies sur les 18-75 ans grâce aux baromètres santé réalisés à partir de l’an 2000, dont la méthodologie était comparable).

Selon Santé publique France, « le résultat principal » de cette enquête est « une augmentation importante des pensées suicidaires et des tentatives de suicide au cours de la vie chez les 18-24 ans, observée depuis une dizaine d’années ».
Les jeunes femmes particulièrement touchées par le phénomène

Les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de deux depuis 2014 chez les 18-24 ans (passant de 3,3 % à 7,2 % en 2021), les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50 % par rapport à 2017 (passant de 6,1 % à 9,2 %) et celles déclarées les douze derniers mois de plus de 60 % (de 0,7 % en 2017 à 1,1 % en 2021).


Ces résultats « constituent un changement important, puisque [les pensées suicidaires] étaient inférieures ou comparables [là celles des] autres tranches d’âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19 », rappelle l’agence de santé publique. Cette inversion de tendance vient « confirmer la progression importante du mal-être chez les plus jeunes ».

Dans cette tranche d’âge, la santé mentale des jeunes femmes semble particulièrement affectée : la prévalence des pensées suicidaires atteint 9,4 % des femmes de 18-24 ans ; celle des tentatives de suicide au cours de la vie, 12,8 % ; et celle des tentatives de suicide au cours des douze derniers mois, 2 %.

Autres enseignements de l’enquête : d’autres catégories, comme les personnes vulnérables sur le plan socio-économique, celles vivant seules ou celles élevant seules leurs enfants, sont davantage touchées par les gestes et idées suicidaires.

Le Monde avec AFP
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/05/forte-hausse-des-pensees-et-tentatives-de-suicide-des-jeunes-adultes-francais-selon-une-etude_6214813_3224.html

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La prévalence des pensées suicidaires chez ces derniers a ainsi connu une hausse entre 2014 et 2021 avec une accélération entre 2017 et 2020
.
Cette détérioration est d'autant plus marquée chez les jeunes femmes.

La tendance était déjà connue d'après les données de passage aux urgences et d’hospitalisation. Une étude de Santé publique France, publiée ce lundi 5 février, confirme la détérioration de la santé mentale des jeunes adultes et notamment une augmentation importante des pensées suicidaires et des tentatives de suicide au cours de la vie chez les 18-24 ans, depuis une dizaine d’années.

En 2021, 4,2% des 18-85 ans ont déclaré avoir pensé à se suicider au cours des douze derniers mois. Au total, 6,8% ont déclaré une tentative de suicide au cours de leur vie et 0,5% au cours de l’année écoulée. Parmi les 18-75 ans, la prévalence des pensées suicidaires et des tentatives de suicide déclarées dans l’année était en légère baisse depuis 2014, tandis que celle des tentatives de suicide au cours de la vie s’était stabilisée aux alentours de 7%.
Vers une meilleure compréhension des causes

Des évolutions spécifiques ont été observées chez les jeunes adultes, par rapport à l'ensemble de la population, souligne l'étude. Parmi les 18 à 24 ans, la prévalence des pensées suicidaires dans l’année est ainsi apparue stable entre 2010 et 2014 avant de connaitre une augmentation entre 2014 et 2021 (passant de 3,3% à 7,2%), avec une accélération entre 2017 et 2020 (passant de 4,6% à 7,4%,). Dans le détail, la prévalence des pensées suicidaires survenues dans l’année a ainsi été multipliée par trois chez les jeunes femmes de 18-24 ans entre 2014 et 2021 (passant de 3,3% à 9,4%) tandis que chez les jeunes hommes, elle a significativement augmenté entre 2017 et 2020 (passant de 3,6% à 7,1%).

Face à ce constat, Santé Publique France prône une meilleure compréhension des mécanismes qui affectent la santé mentale des plus jeunes, en particulier depuis la pandémie de Covid-19. Une réflexion qui s'inscrit dans la cadre de la stratégie nationale de prévention du suicide et du renforcement des dispositifs de prise en charge.

Pour rappel, la France présente, au sein des pays européens, un des taux de suicide les plus élevés. Comme à l’étranger, la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19 a eu un impact important sur la santé mentale de la population.

Méthodologie : en 2021, le Baromètre de Santé publique France a interrogé un échantillon aléatoire de 24.514 personnes âgées de 18 à 85 ans, résidant en France métropolitaine, et 6 519 résidant dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), par collecte assistée par téléphone et informatique (Cati).


Audrey LE GUELLEC 

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Les pensées suicidaires et tentatives de suicide des jeunes adultes en augmentation
Dans son dernier baromètre, publié lundi, Santé publique France indique que les jeunes adultes, âgés de 18 à 24 ans, sont les plus touchés par le suicide.
Article rédigé par France Info
Radio France

Publié le 05/02/2024 06:00 Mis à jour le 05/02/2024 06:23
  Santé publique France appelle à "renforcer les politiques de prévention",
Les pensées suicidaires et tentatives de suicide des jeunes adultes sont en augmentation, indique Santé publique France dans son dernier baromètre publié lundi 5 février, et que franceinfo a pu consulter à l'occasion de la Journée nationale de prévention du suicide.
à lire aussi ENQUETE. Les antidépresseurs dans le collimateur de la justice après le suicide d'un adolescent

Les jeunes adultes, soit la tranche d'âge 18-24 ans dans cette étude, sont de loin les plus touchés par le suicide, que ce soit par les pensées suicidaires que les sondés ont reconnues, ou bien les tentatives de suicide. Ainsi, selon Santé publique France, si 4,2% des sondés de tout l'échantillon (18-85 ans) disent qu'ils ont eu des pensées suicidaires en 2021, ils sont 7,2% de jeunes adultes (18-24 ans) à reconnaître avoir songé au suicide cette année-là, les femmes (4,8%) étant plus touchées que les hommes (3,5%).
L'impact du Covid-19 sur la santé mentale

Santé publique France met en relief une hausse de ces pensées suicidaires au regard des années précédentes : en 2017, toujours chez les 18-24 ans, 4,6% des sondés confiaient des idées suicidaires, quand en 2020 ils étaient 7,4%. L'épidémie de Covid-19 semble également avoir accéléré les tentatives de suicide chez les 18-24 ans, selon les chiffres fournis par Santé publique France. Ainsi, si en 2017 la part de jeunes adultes qui déclaraient avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie était de 6,1%, en 2020 elle était de 8,9% puis de 10,8% en 2021.

À ce sujet, Santé publique France note un "impact important de l'épidémie de Covid-19 sur la santé mentale de la population" et fait le "constat d'une détérioration plus importante de la santé mentale des plus jeunes à la suite de la pandémie". D'ailleurs, Santé publique France rappelle que l'âge médian de la dernière tentative de suicide est de 24 ans pour les hommes et les femmes. Santé publique France alerte sur "l'augmentation des passages aux urgences pour troubles de l'humeur et gestes suicidaires", citant "les données de recours aux urgences du réseau Oscour", un dispositif de Santé publique France qui existe depuis 2004.

La tendance à la hausse des pensées suicidaires et tentatives de suicide s'observe sur une période plus large que 2017-2021, relève l'organisme public, qui précise que "depuis 2014, les pensées suicidaires ont été multipliées par 2 chez les 18-24 ans".
Renforcer les politiques de prévention

Pour remédier à ce problème sanitaire, et à cette "progression importante du mal-être chez les plus jeunes", Santé publique France appelle à "renforcer les politiques de prévention et à une meilleure compréhension des mécanismes qui affectent la santé mentale des plus jeunes depuis la pandémie de Covid-19".

À ce titre, Santé publique France fait remarquer que parmi les personnes qui ont fait une tentative de suicide, "un peu plus de la moitié seulement dit avoir bénéficié d'un suivi après leur sortie de l'hôpital". Or, poursuit Santé publique France, des dispositifs existent, comme "VigilanS, déployé en France depuis quelques années", et qui met en place une "veille" ainsi que le "maintien du contact post-hospitalier" afin de "réduire le risque de récidive".

Santé publique France pose une limite à son baromètre : les adolescents. Ils n'ont pas été interrogés, alors que "l'enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la défense (Escapad) menée auprès de tous les jeunes de 17 ans montre une forte hausse des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois (18% des jeunes en 2022, contre 11,4% en 2017)".
Un des taux de suicide les plus élevés d'Europe

Santé publique France écrit que la tendance au suicide est à la "hausse générale depuis 2005", et que les tranches davantage touchées par les gestes et pensées suicidaires sont les personnes sans emploi, qui n'ont pas le baccalauréat, qui vivent seules, dans un cadre monoparental, vulnérables sur le plan socio-économique. Il n'y a pas de différence notable entre les régions métropolitaines et d'outre-mer.

En guise de perspective, Santé publique France rappelle que "la France présente au sein des pays européens un des taux de suicide les plus élevés", 8 666 décès en 2017 d'après les dernières données fournies par le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc). D'après l'Organisation mondiale de la santé, 700 000 personnes se suicident chaque année dans le monde.


*Méthodologie : en 2021, le Baromètre de Santé publique France a interrogé un échantillon aléatoire de 24 514 personnes âgées de 18 à 85 ans résidant en France métropolitaine et 6 519 résidents dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) par collecte assistée par téléphone et informatique (Cati). Les variables d’intérêt de cette étude sont les pensées suicidaires et les tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois, ainsi que les tentatives de suicide au cours de la vie. Les évolutions des prévalences ont été établies sur les 18-75 ans grâce aux baromètres santé 2000, 2005, 2010, 2014, 2017, 2020 et 2021 dont la méthodologie était comparable.
https://www.francetvinfo.fr/sante/enfant-ado/les-pensees-suicidaires-et-tentatives-de-suicide-des-jeunes-adultes-en-augmentation-selon-un-barometre-de-sante-publique-france_6344992.html


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TEMOIGNAGE. Journée nationale de prévention du suicide : "il ne faut pas éviter le sujet, le suicide et la mort restent encore trop tabou"


Journée nationale de prévention du suicide •
Écrit par Cécile Poure Publié le 04/02/2024

Chaque année, en France, 200 000 tentatives de suicide sont recensées pour près de 9000 décès. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité "évitable" chez les 18-25 ans, et la première chez les 25-34 ans. À l'occasion de la journée nationale de prévention du suicide le lundi 5 février, entretien avec le président de Sos Amitié Strasbourg.

Jacques a la voix de l'emploi. Douce et hypnotique. Ses mots, choisis sans que rien y paraisse, invitent à la confidence. Jacques travaille à SOS amitié depuis dix ans. Dernier rempart anonyme aux pensées suicidaires, siphonneur d'idées noires. "Écouter la souffrance, c'est prévenir le suicide". Aujourd'hui c'est lui qui parle.
Apprendre à écouter

Jacques, comme la soixantaine de bénévoles de Sos Amitié Strasbourg, a appris à écouter et à se taire. "Il faut comprendre que les gens qui nous appellent sont en grande souffrance. Parfois, on les arrête au dernier moment. Il faut s'y préparer. On écoute des gens qui sont découragés, révoltés, souffrants. Certains n'ont pas forcément envie de mettre fin à leurs jours à ce moment-là mais ça peut venir. Nous sommes alors dans une prévention plus en amont. Et si on ne prononce pas évidemment ce mot, nous le gardons en tête."

L'antenne de Strasbourg a comptabilisé l'année dernière 13.000 appels, venus de toute la France. La détresse ne connaît pas de frontière administrative. "Notre réseau n'est plus départemental ce qui permet de mieux préserver l'anonymat et d'être plus efficace en termes de prise en charge". 7000 heures de permanence d'écoute.

On écoute des gens qui sont découragés, révoltés, souffrants. Certains n'ont pas forcément envie de mettre fin à leurs jours à ce moment-là mais ça peut venir
Jacques T, pdt Sos Amitié Strasbourg

"Surtout nous ne sommes pas là pour donner des conseils mais dans une réelle interaction de paroles. Il s'agit dans un premier temps surtout de les prendre au sérieux, de les respecter, ce qui n'est le cas de leur entourage, sinon ils n'en seraient pas là. Ils ont besoin de retrouver de l'estime."

Soutenir tout en faisant un petit bout de chemin. Une performance d'équilibriste. "Il nous faut être attentifs à ce qu'ils disent tout en leur faisant prendre conscience de la situation. Les faire verbaliser leurs souffrances pour mieux les mettre à distance si vous voulez. Tout en délicatesse, sans questions trop embarrassantes genre interrogatoire, sans jugement, sinon la communication se rompt et c'est fini. J'aime cette image de résonance. Nous sommes en confiance, c'est la clé."
Burn-out, rupture amoureuse, isolement

Les bénévoles se relaient toutes les trois heures sur deux postes téléphoniques. La charge est lourde et la peine immense. Pour alléger les épaules de ces écoutants bénévoles, des groupes de parole sont organisés tous les mois, encadrés par un psychologue. L'écoute suppose l'équilibre. "On donne autant qu'on peut, 20h, 30h par mois, c'est très éprouvant parfois; il nous faut échanger régulièrement c'est primordial."

Nous sommes souvent les seuls vers qui se tourner pour ces personnes. Elles savent qu'avec nous il n'y aura pas ce sentiment de culpabilité d'être mal, de parler, qu'on est fait pour ça en quelque sorte
Jacques T, pdt Sos amitié Strasbourg

Seul derrière son téléphone, l'écoutant est un phare dans la nuit. Il évite le naufrage d'autrui. "Nous sommes souvent les seuls vers qui se tourner pour ces personnes. Quand elles se retrouvent face à une rupture familiale, un burn-out, elles savent qu'avec nous il n'y aura pas ce sentiment de culpabilité d'être mal, de parler, qu'on est fait pour ça en quelque sorte. Ça réduit la pression et les angoisses, on peut alors avancer."

Et les écueils sont nombreux. Chez les plus jeunes, moins de 14 ans, dont le nombre d'appelants a augmenté de 40% de 2020 à 2022, les problématiques sont surtout relationnelles. "C'est le développement de l'adolescence, le besoin de s'affirmer, le sentiment d'être incompris, d'être différent, beaucoup de conflits familiaux en découlent. Il y a aussi les relations amoureuses qui commencent, c'est une période très compliquée."

Chez les adultes, les relations amoureuses, les relations familiales, le travail qui fait souffrir, l'argent, la perte de contact avec les enfants. "On retrouve aussi et, c'est frappant, une part importante de personnes suivies psychiatriquement, qui se retrouvent hors du champ de l'activité professionnelle, isolée, comme exclue de la société. Cet isolement fait terriblement souffrir. C'est la double peine."
685 tentatives de suicide par jour

Selon les chiffres de l'Observatoire national du suicide, publiés en septembre 2022, 9000 personnes se suicident chaque année en France. Chaque jour, 685 personnes feraient une tentative de suicide.

Face à ces chiffres, ahurissants, que peut bien une association, si volontaires soient ses bénévoles ? "Nous, on s'inspire d'une démarche pensée de façon thérapeutique mais on ne doit pas se prendre pour des thérapeutes, nous ne sommes que des bénévoles. Une partie de notre travail consiste à les convaincre d'aller voir un professionnel de santé. Parfois ces personnes sont déjà suivies, et ça ne se passe pas bien, on les rassure, on les oriente différemment."

Dans le bureau de Sos amitié, placardée sur les murs comme des issues de secours, une liste d'associations relais. "Nous pouvons orienter les gens en fonction de leurs problématiques : associations pour la prise en charge des femmes battues, urgences psychiatriques, addictions. On les accompagne en douceur vers une prise en charge, quand le plus fort de la crise est passé."
Le suicide ce grand tabou

Ceci étant dit, Jacques a bien conscience que le bénévolat a des limites dans cette histoire mortifère. "Le suicide demeure un enjeu de santé publique majeur mais l'Etat a mis du temps à s'en saisir. Des dispositifs ont été mis en place comme le 3114 en 2022, numéro de prévention du suicide, ou VigilanS crée en 2015, pour le suivi post-tentative de suicides, mais l'état de la psychiatrie en France est déplorable."

Jacques l'altruiste, nous met aussi face à nos responsabilités. Nous individus d'une société qui ne fait plus corps et dont les membres fragiles tombent ou se pendent.

" On ne peut pas se reposer seulement sur des associations comme la nôtre, chacun peut et doit avoir ces attitudes-là vis-à-vis de ses proches ou de ses connaissances. La première chose qui paraît évidente c'est de ne pas éviter le sujet. Le suicide, la mort ça reste tabou. Il y a cette idée erronée de penser que parler du suicide donne des idées... On l'entend beaucoup chez les adolescents qui se posent beaucoup de questions sur la mort y compris la mort volontaire, parfois de façon obsessionnelle, et que les parents refusent d'entendre, refusent d'envoyer chez un psy."


Le risque suicidaire est accentué par notre société très individualisée, où justement l'individualisme est valorisé
Jacques T, pdt Sos Amitié Strasbourg


"Il faut également être conscient que le risque suicidaire est aussi risque social. Il est accentué par notre société très individualisée, où justement l'individualisme est valorisé. Les appartenances y sont fluides, flexibles, il n'y a plus d'attache, moins de liens et donc davantage d'isolement. Un risque majeur pour la santé mentale."

Jacques poursuit. J'en sourirais presque si le sujet n'était pas si grave. Jacques, l'écoutant, a besoin de s'épancher. "Le Covid nous a donné envie de croire à des lendemains plus solidaires, collectivement, cela ne s'est pas traduit dans les faits. Vous savez, les gens qui songent au suicide pensent tous que leur disparition passera inaperçue, ça signifie quelque chose. Qu'ils n'existent déjà plus aux yeux des autres ou du moins qu'ils en ont le sentiment."

Alors, ce lundi 4 février, Jacques se postera derrière le combiné. Pour écouter, tendre une main et doucement hisser ces spectres à lui, vers la lumière de sa lampe de bureau et peut-être aussi l'existence.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/temoignage-journee-nationale-de-prevention-du-suicide-il-ne-faut-pas-eviter-le-sujet-le-suicide-et-la-mort-restent-encore-trop-tabou-2918544.html

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Des rendez-vous à Clermont-Ferrand pour parler du suicide
Publié le 31/01/2024 https://www.lamontagne.fr

 Le suicide fait plus de victimes que les accidents de la route. Douze structures du Puy-de-Dôme de la prévention ou de la prise en charge se fédèrent pour proposer dès le 3 février 2024 des actions d’information.

La France présente toujours un des taux les plus élevés de décès par suicide en Europe, avec environ 200.000 tentatives de suicide par an et 12,5 suicides pour 100.000 habitants (contre une moyenne européenne de 10,8). Cette année, à l’occasion des 28e Journées nationales de prévention du suicide, une douzaine de structures (1) de la prévention ou de la prise en charge dans le Puy-de-Dôme ont décidé d’unir leurs forces afin d’informer le public. Le point avec Jean-Luc Mariot, président de l’association SOS suicide Phénix, Magalie Gonichon, écoutante et Jacques Coudray, président de SOS Amitié.

La situation en région et dans le Puy-de-Dôme

Si d’une manière générale, on constate depuis les années 2000 une baisse des suicides en France, le taux reste élevé (12,5 %). Cette situation se vérifie en Auvergne-Rhône-Alpes qui se situe en dessous du taux national (- 15 %). Néanmoins, celui du Puy-de-Dôme pour 100.000 habitants est plus élevé : 14,9 % (en 2017). Cette année-là, 89 personnes se sont suicidées dans le département. 902 en AuRa, soit 2,2 fois plus que les décès par accident de la route en région (2).
Les catégories d’âge concernées

En AuRA, en 2017, 33 décès par suicide sont intervenus chez les 10-24 ans ; 218 chez les 25-44 ans ; 362 chez les 45-64 ans et 289 chez les plus de 65 ans. En revanche, pour les tentatives de suicides, ce sont les 10-24 ans les plus concernés avec 2.713 passages aux urgences en AuRa ; 2.112 pour les 25-44 ans ; 1.886 pour les 45-64 ans et 743 pour les plus de 65 ans.


Plus d’hommes que de femmes

Toujours en 2017, il y a eu 3,5 fois plus d’hommes décédés par suicide que de femmes (24,9 % /6,2 %).
La donne change avec la pandémie

"Oui elle a changé la donne car le mal-être des jeunes s’est accru. Cela a généré plus d’hospitalisations notamment de très jeunes pour des problèmes de tentatives de suicide ou de mal-être profonds." Pendant la crise sanitaire de 2020 et 2021, en France, 37 % des 15-24 ans ont connu au moins un syndrome dépressif, et 25 % pour l’ensemble de la population.
Quels signes peuvent alerter l’entourage ?

"Souvent, les personnes se referment sur elles-mêmes, changent de comportement, s’isolent, parlent de moins en moins. Elles ont aussi de moins en moins d’envies, voire ne se projettent plus. On peut parfois aussi être confronté à une personne qui allait mal et soudain devient sereine. On constate que 80 % des personnes qui voulaient passer à l’acte en ont parlé à l’entourage."

Rejoindre l’équipe d’écoutants de SOS Suicide Phénix : contact 04.73.29.15.15. Un numéro : 3114 pour une écoute professionnelle et confidentielle 24 h/24 7j/7. Appel gratuit.
Comment s’est organisée cette action commune ?

"C’est Annie Florentin, membre de SOS Suicide Phénix qui a eu l’idée d’une journée d’information unissant les associations, les professionnels de santé, les structures de prise en charge, etc. Pratiquement tous ont répondu positivement. Le besoin de se fédérer s’est réellement fait sentir afin de faire vivre un réseau local de prévention."

(1) Les associations impliquées : SOS Suicide Phénix 63 ; SOS Amitié Clermont ; Jonathan Pierres vivantes, Astree. Des professionnels : des urgences psychiatriques du CHU, de la Maison des adolescents, de l’Ireps, du CLSM, Unicité et le service de santé universitaire.
(2) Sources pour les chiffres : Inserm-CépiDc, Santé publique France), Dress.

Des rendez-vous lors de la Journée de prévention du suicide

Ces 28e Journées nationales pour la prévention du suicide auront pour thème : lien social et prévention, partager, comprendre, entretenir, créer.

Des stands d’information et de prévention seront tenus par les différents acteurs de la prévention ou de la prise en charge du suicide : Lundi 5 février de 10 heures à 18 heures dans le hall du CHU Estaing à Clermont-Ferrand, place Lucie-et-Raymond-Aubrac ; un stand interassociatif de 10 heures à 18 heures dans la galerie marchande de Géant Casino. Vendredi 9 février, de 11 h 30 à 17 heures, dans le hall de la fac de Lettres, 29 boulevard Gergovia.

Du 3 au 10 février, participation au forum des associations pendant le Festival du court métrage, hall de la Maison de la culture. Un ciné-débat lors de la sortie nationale du film Débâcle ; au cinéma CGR les Ambiances, le 27 février à 20 heures.

Michèle Gardette

https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/des-rendez-vous-a-clermont-ferrand-pour-parler-du-suicide_14443195/

 

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SOS Suicide Polynésie : plus de 1 500 appels par an


Crédit photo : Thibault Segalard.

Tahiti, le 29 janvier 2024 - Alors que la Journée nationale de la prévention du suicide se tiendra le 5 février, SOS Suicide Polynésie s'apprête à organiser plusieurs événements dans les jours à venir pour former des “sentinelles” contre le suicide, ainsi que des personnes aptes à prendre en charge les appels sur la ligne de crise, dans l'optique de renouveler une équipe actuelle vieillissante qui souhaite passer le relais. Chaque année, SOS Suicide répond à environ 1 500 appels et a mis en place des suivis psychologiques pour 600 personnes en 2023.

Ce dimanche encore, un jeune de moins de 21 ans s'est suicidé. Depuis novembre, c'est le cinquième jeune à s'être ôté la vie. Au total au Fenua, “plus de 300 tentatives de suicide” sont recensées chaque année selon SOS Suicide Polynésie. Un chiffre alarmant, qui ne cesse de croître, et qui est souvent la conséquence d'un “sentiment de désespoir, d'un profond sentiment de solitude et d'isolement, souvent dû à des conflits familiaux”, a précisé ce lundi Annie Tuheiava, la présidente de l'association, lors d'une conférence de presse organisée en vue de la Journée nationale de prévention du suicide, qui se déroulera le 5 février prochain. “La différence, c'est qu'avant, on avait des tentatives de suicide de personnes entre 16 et 60 ans. Maintenant, les bords s'élargissent, on a des parents qui nous appellent car leur enfant de 7-8 ans parle déjà de suicide.” Chez les jeunes, les principales causes de suicide sont le harcèlement scolaire et l'isolement. “C'est d'ailleurs dans ce sens que l'on propose des actions dans les établissements scolaires”, a poursuivi Annie Tuheiava.
 
Ainsi, année après année, SOS Suicide Polynésie, fondée en 2001, continue inlassablement de prendre en charge les personnes aux idées suicidaires. En moyenne, elle répond à environ 1 500 appels par an. En 2023, elle a même suivi plus de 600 personnes suicidaires avec des psychothérapies.
 
“On va tenter d'évaluer son risque suicide”
 
Pour mémoire, SOS Suicide est une ligne d'écoute gratuite, accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Elle permet de prendre en charge des personnes ayant des idées suicidaires, depuis les premières idées de mort jusqu'au cas extrême de la crise suicidaire. C'est une porte d'entrée vers l'ensemble des dispositifs d'aide psychologique. Et si en France, cette ligne est assurée par des professionnels de soins, infirmiers ou psychologues, au Fenua, c'est une toute petite poignée de bénévoles (2) qui est à pied d'œuvre pour tenter d'aider ces personnes en détresse. “On n'est pas médecins, on ne pose pas de questionnaire long sur la santé de la personne, on considère que si elle appelle la ligne, c'est qu'elle souhaite rester anonyme”, nous a expliqué Germaine Vanquin, membre de l'association, qui s'occupe de répondre au téléphone et est en contact direct avec les appelants. “On va tenter d'évaluer son risque suicide. Heureusement, la plupart du temps, il est léger. À ce moment-là, on va lui proposer de participer à des psychothérapies, des thérapies corporelles, des aides... Elles sont entièrement financées par l'association grâce aux subventions du Pays et de la CPS.” Et en cas de risque suicidaire élevé, l'association fait alors appel aux services de secours habituels, le Samu et la gendarmerie.
 
Créer des “sentinelles” contre le suicide
 
“L'association ne peut pas se battre seule, heureusement que les Églises et d'autres associations nous soutiennent”, a également regretté Annie Tuheiava. “Nous ne sommes que quatre membres actifs et on est âgés et fatigués. Il faut rajeunir l'équipe. C'est pour ça qu'on essaie d'intéresser les plus jeunes, peu importe où ils se trouvent et leur âge.” C'est dans cette optique que l'association va organiser ce lundi 5 février, à la mairie de Pirae, une formation pour de nouveaux bénévoles souhaitant devenir “écoutants” pour qu'ils puissent prendre la ligne de crise et soulager Germaine et Annie, qui s'occupent à elles seules de répondre au numéro d'aide. Par ailleurs, le samedi 3 février, un atelier de prévention contre le suicide sera également organisé à la mairie de Pirae. “On attend près de 200 jeunes. On souhaite qu'ils soient nos sentinelles. Que quand ils voient des signes précurseurs de quelqu'un qui vit un mal-être, ils puissent l'orienter vers nous. Il faut que les jeunes soient notre réseau”, a-t-elle expliqué, avant d'ajouter, “on est reconnu d'utilité publique et on est donc aidé par le Pays. Nous n'avons pas forcément besoin de moyens financiers, mais nous avons besoin de moyens humains”, a ajouté la présidente de l'association.
 
À noter que ces deux formations sont gratuites et ouvertes à tous. Les inscriptions se font sur place le jour J ou par mail (sossuicide444767@gmail.com). Une conférence sur “le suicide d'antan, d'aujourd'hui et de demain” sera, elle organisée, ce vendredi à 18 heures, toujours à la mairie de Pirae.
 
​ Germaine Vanquin, membre de SOS Suicide : “Il faut savoir rassurer sa conscience”
Quand et comment avez-vous intégré SOS Suicide ?

“Je l'ai intégré en 2006. J'avais vu une annonce passer qui disait qu'ils avaient besoin de personnel. Et quand tu mets le doigt dedans, c'est dur d'en ressortir. Je me suis beaucoup formée un peu partout avec les années dans des séminaires et des conférences, j'ai aussi fait beaucoup d'enquêtes dans le Pacifique, comme à Tonga... À ce stade, disons que j'aimerais bien passer la main, qu'on me remplace. Mais personne ne veut prendre ce rôle, car les gens ne souhaitent pas être dérangés le week-end, la nuit... alors que les appels tard le soir sont rares.”
 
Vous êtes la personne qui répond aux appels sur le numéro de crise. Est-ce dur psychologiquement ?

“C'est vrai que durant ma carrière, j'ai eu des suicides. Ça fait mal et c'est dur psychologiquement à encaisser. On se demande alors toujours “Qu'est-ce que je n'ai pas fait ?” On nous apprend à faire en sorte de rassurer la personne et de la calmer au téléphone. Mais malheureusement, on ne sait pas ce qui se passe quand elle raccroche... Il faut savoir rassurer sa conscience.”

Rédigé par Thibault Segalard le Lundi 29 Janvier 2024

https://www.tahiti-infos.com/SOS-Suicide-Polynesie-plus-de-1-500-appels-par-an_a221995.html

 

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La prévention du suicide à la médiathèque Falala et au CHU de Reims

Le CHU de Reims.
Le CHU de Reims. (© l'Hebdo du Vendredi)
Dans le cadre de la Journée nationale de prévention du suicide, la médiathèque Jean-Falala propose à ses visiteurs, samedi 3 février, une présentation de l'association SOS Amitié (à 14 h), la projection du film « Oslo, 31 août » (à 14 h 30), suivie d"un débat avec le public animé par le directeur du Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie. De son côté, la Communauté psychiatrique de territoire, l’Établissement public de santé mentale (EPSM) de la Marne et le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims organisent un forum, lundi 5 février, de 8 à 16 h, dans le hall de l'hôpital Robert-Debré. À cette occasion, les dispositifs de prévention de la récidive suicidaire, VigilanS et Vigiteens, seront présentés aux patients, aux familles et aux professionnels de santé. Entrée libre.

http://www.lhebdoduvendredi.com/article/48256/la-prevention-du-suicide-a-la-mediatheque-falala-et-au-chu-de-reims

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"La prévention du suicide, c'est l'affaire de tous"

durée de la vidéo : 00h02mn54s

Une coproduction Beau comme une image et France Télévisions • ©Un film de Léa Ménard

Écrit par Marie du Mesnil-Adelée Publié le 31/01/2024 à 17h30

La Normandie est une région particulièrement touchée par le suicide. Difficile d'expliquer pourquoi, même si certaines données sont avancées : une population assez rurale, isolée, la désertification médicale, la consommation d'alcool ou le taux de chômage. Mais une chose est sûre : des initiatives de prévention ont été mises en place, comme le 31 14.

Le 31 14, c'est un numéro national, gratuit, accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ce service propose une écoute professionnelle et confidentielle, par des infirmiers et psychologues spécifiquement formés.


Télephone affichant le logo du 3114, la ligne nationale de prévention du suicide. La ligne d'appel est gratuite, confidentielle et accessible 24h/24. Une évaluation, une orientation et des conseils pour les personnes concernées, les proches comme les professionnels, y sont prodigués par des professionnels de santé. • © ELOISE BAJOU

Ces cellules d'écoute sont réparties un peu partout en France. L'une d'elles est au CHU de Rouen.

Je voudrais vous féliciter de nous avoir appelé. Parce que je pense que ça a pas dû être facile pour vous de composer le numéro, d'admettre que là ça ne va vraiment pas au point d'avoir besoin d'aide. Et j'aimerais vous rassurer aussi : vous n'êtes pas toute seule. Nous, on est là.
Thomas, infirmier au 31 14

Documentaire "A l'écoute" de Léa Ménard


Cette ligne d'écoute a été lancée le 1ᵉʳ octobre 2021. Au bout du fil, des professionnels de santé (infirmiers ou psychologues) formés à l’évaluation de la crise suicidaire et pouvant si nécessaire déclencher des interventions en urgence (Samu) ou proposer des stratégies de prise en charge.

Le suicide est un sujet tabou alors qu’il s’agit d’une mortalité évitable. Il représente plus de 9 200 décès par an, soit trois fois plus de décès que les accidents de la route.
La Normandie durement touchée

Il y a un an, Santé Publique France dévoilait un rapport sur la santé mentale et les conduites suicidaires en France. Et les chiffres normands étaient inquiétants : la mortalité par suicide était en baisse en Normandie par rapport à 2017, mais se situait toujours parmi les régions présentant un taux supérieur au taux de la France métropolitaine pour les deux sexes.

La répartition par âge montre un pic de mortalité chez les hommes à 40-49 ans et chez les femmes à 50-59 ans.

Le département de la Manche figurait parmi les départements présentant les taux d’hospitalisations pour tentative de suicide les plus élevés de France chez les hommes et les femmes. La Seine-Maritime est également l’un des départements affichant l’un des taux d’hospitalisations les plus importants chez les femmes.

Difficile d'expliquer pourquoi, même si certaines données sont avancées : une population assez rurale, isolée, la désertification médicale, la consommation d'alcool ou le taux de chômage.

Briser le tabou, créer du lien

Le dispositif VigilanS, créé en 2015 dans les Hauts-de-France, a pour objectif de contribuer à faire baisser le nombre de suicides et le nombre de récidives de tentative de suicide. C'est un système de recontact et d’alerte.

VigilanS est déployé dans 17 régions dont la Normandie.

Toute personne hospitalisée pour une tentative de suicide se voit proposer son inclusion dans VigilanS au moment de sa sortie. À sa sortie de l’hôpital, le patient reçoit une carte avec le numéro de téléphone de VigilanS, qu’il peut contacter à tout instant afin de maintenir le dialogue.

Les vigilanseurs la contactent par téléphone entre dix et vingt jours après sa sortie de l’hôpital pour s’informer de son état de santé. S’il ne répond pas, le médecin traitant et le psychiatre sont contactés. Quant au patient, il reçoit une carte postale personnalisée ou un SMS tous les mois durant quatre mois.

L’évaluation de Santé publique France de 2023 montre que le risque de réitération suicidaire est réduit de près de 40% pour les patients inclus dans VigilanS comparativement à un groupe de patients non inclus dans ce dispositif.
Le rôle des associations

En plus des dispositifs gouvernementaux, localement, des associations œuvrent au quotidien pour apaiser la souffrance des Normands. Comme SOS Amitié Le Havre joignable au 09 72 39 40 50 ou par chat ou messagerie 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Dans son documentaire "A l'écoute", la réalisatrice Léa Ménard montre les solutions développées en Normandie pour lutter contre le suicide et donne à entendre la parole de proches endeuillés.

Un documentaire à découvrir ce jeudi 1er février 2024 à 22h50 sur France 3 Normandie. Une programmation spéciale à l'occasion de la Journée Nationale de Prévention du Suicide le 9 février.

Ce documentaire sera également disponible sur notre plateforme de replay pendant un mois.

Si vous êtes inquiet pour un proche ou si vous avez des idées suicidaires, vous pouvez appeler le 31 14. Gratuit, ce service propose une écoute professionnelle et confidentielle, 24h/24 et 7j/7, par des infirmiers et psychologues spécifiquement formés.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/seine-maritime/rouen/temoignage-la-prevention-du-suicide-c-est-l-affaire-de-tous-2916168.html



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Un documentaire inédit de Léa Ménard 
A  l'écoute   Jeudi 1er février à 22.55
Comment prévenir le suicide et y faire face ? En Normandie, plusieurs initiatives existent et se complètent pour briser le tabou et rompre le silence. Des personnes ayant perdu un proche et/ou ayant eu des idées suicidaires témoignent avec sensibilité. Soignants et bénévoles sont également présents pour recueillir la parole des personnes en souffrance.

Ils sont « à l’écoute ».

 La Normandie est particulièrement touchée par le suicide. Derrière cet acte, les personnes concernées par des pensées et conduites suicidaires cherchent à mettre fin à leurs souffrances, devenues insupportables. Comment l’expliquer ? Et surtout, quelles sont les solutions pour y faire face ? Le suicide reste un enjeu majeur pour la région.

Ce documentaire permet d’entendre la parole de proches de personnes décédées par suicide et plus largement de personnes qui souhaitent pouvoir parler sans tabou du suicide et de ses problématiques. En ce sens, il propose de découvrir les solutions développées en Normandie pour lutter contre le suicide et promouvoir des actions de prévention et de postvention, notamment lors de la journée mondiale de la prévention du suicide. Le partage d'expérience, aussi bien des familles, soignants, experts et bénévoles, apporte des clés de compréhension. Une main tendue pour prévenir le suicide et en parler sans tabou.
À l’écoute  Un documentaire de Léa Ménard
Une coproduction Beau comme une image et France Télévisions  Directeur de France 3 Normandie
Laurent Le Mouillour   Déléguée à l'antenne et aux contenus
Maud de Bohan
Durée : 52 min 

https://www.francetvpro.fr/contenu-de-presse/64697142




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Nouveau communiqué de presse : Journée Nationale de Prévention du Suicide le 9 février Communiqué de presse – lundi 22 janvier 2024

Vendredi 9 février 2024 :
27e Journée Nationale pour la Prévention du Suicide
Lien social et prévention partagée :
Comprendre, Entretenir, Recréer

Le vendredi 9 février 2024 se tiendra la 28e Journée Nationale pour la Prévention du Suicide. Organisée par l’UNPS (Union Nationale de la Prévention du Suicide) et des associations affiliées dont S.O.S Amitié, membre fondateur.

Cette journée aura pour thème « Lien social et prévention partagée : Comprendre, Entretenir, Recréer » et se tiendra au Ministère de la Santé et de la Prévention, 14 avenue Duquesne 75007 PARIS – Amphithéâtre Laroque (Métro : Ecole militaire (ligne 8) / Saint François Xavier (ligne 13)

L’UNPS, qui regroupe une quarantaine de structures sur le territoire français, œuvre à la sensibilisation et à l’information sur la prévention du suicide. Parmi celles-ci, SOS Amitié se place en tant qu’acteur majeur de la prévention du suicide en France et la lutte contre l’isolement, avec ses 63 ans de pratique de l’écoute active et bienveillante, 24h/24h et 7 jours sur 7.

S.O.S Amitié est à l’origine de la démarche pour que le lien social devienne une grande cause nationale. L’association se joint à la communauté engagée pour la prévention du suicide à l’occasion des Journées Nationales de Prévention du Suicide 2024 et réaffirme l’importance cruciale du lien social et de la santé mentale dans la prévention du suicide.

Une journée pour réévaluer l’état du lien social au sein de notre société
Ces travaux de réflexion sur le lien social sont essentiels face à la montée des individualismes, du sentiment d’isolement et à l’augmentation des chiffres du suicide. Le contexte actuel peut être perçu comme alarmant, avec une augmentation significative des états dépressifs et des pensées suicidaires en France, notamment chez les jeunes.

Le suicide demeure un enjeu de santé publique majeur. Pendant la crise sanitaire de 2020 et 2021, 37 % des 15-24 ans ont connu au moins un syndrome dépressif, et 25 % pour l’ensemble de la population. 9 210 suicides ont été enregistrés en France de mars 2020 à mars 2021 (source : Inserm-CépiDc ; Santé publique France). A ce chiffre s’ajoutent près de 80 000 hospitalisations pour tentatives de suicide en 2021 (source : DRESS).

Taux de décès par suicide et part des suicides dans la mortalité par âge
Champ : France entière (hors Mayotte) 2017 Source : Inserm-CépiDc

En 2017, le taux de décès par suicide pour les jeunes de 15 à 24 ans est de 4,2 pour 100 000 contre 30,1 pour les personnes de 75 ans et plus. Le suicide représente ainsi 13,5 % du total des décès entre 15 et 24 ans, et 0,4 % pour les 75 ans ou plus.

La journée du 9 février 2024 permet de revenir sur cet enjeu de société, les moyens de prévention et le rôle majeur du lien social. Elle mettra aussi en lumière ceux qui œuvrent au quotidien pour prévenir le suicide.

Cette année, Ghislaine Desseigne, présidente de S.O.S Amitié, interviendra lors de cet événement le vendredi 19 janvier à 14h30, sur le thème : « 2025 : une grande cause nationale autour du lien social ? » aux côtés de Fabrice Jollant, professeur de psychiatrie à l’université de Paris-Saclay.
Cette intervention sera suivie, à 15h15, d’un temps de partage et d’échange, permettant aux participants de discuter et de réfléchir ensemble sur les moyens de renforcer le lien social dans notre société.

Voir le programme complet (lien vers le PDF)
L’événement sera retransmis en ligne et est ouvert à tous.

Un appel à la mobilisation de bénévoles
Depuis le début des épisodes de Covid en 2020, le nombre des personnes ayant recours à des lignes d’écoute s’est multiplié et leur profil s’est diversifié. Face à l’augmentation toujours croissante des appels reçus en 2023, S.O.S Amitié souligne l’importance d’accroître son réseau de bénévoles. L’association est en recherche constante « d’écoutants » pour apporter leur aide dans cette mission majeure pour la prévention du suicide et la lutte contre la solitude. Les bénévoles, au nombre de 1900 en ce début d’année 2024, représentent une ressource indispensable.
S.O.S Amitié fait aussi un appel aux dons car elle est confrontée à des difficultés dues à un manque de moyens, alors que les besoins en matériels et en ressources humaines augmentent.

Consulter le dossier de presse S.O.S Amitié (lien vers le flipbook)

A propos de S.O.S Amitié

S.O.S Amitié est une association d’aide par l’écoute, labellisée par le Ministère de la Santé (PADS) et reconnue d’utilité publique depuis 1967. Son objectif premier, mais non exclusif, est la prévention du suicide. S.O.S Amitié répond à près de 2 000 appels par jour.

L’association a mis en place un numéro d’appel commun : 09 72 39 40 50. Cette écoute anonyme, gratuite et confidentielle des personnes en souffrance est assurée 24h/24 et 7j/7. La Fédération S.O.S Amitié réunit 44 associations régionales, regroupant près de 1 900 bénévoles répartis en 60 postes d’écoute multimédia (téléphone, messagerie et chat).

Contact Presse
40 degrés sur la banquise
Jean-Luc Boncenne
Tél. : 01 40 92 11 40
info@banquise.com



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Prévenir la crise suicidaire chez l'adulte
Écouter (48 min)
Diffusion du 24 janvier 2024
À retrouver dans l'émission
Du lundi au vendredi à 9h05
De Frédérique Gissot
France Bleu Poitou
Poitiers
De Frédérique Gissot
Mercredi 24 janvier 2024 Par France Bleu Poitou

En France, plus de 200 000 personnes portent atteinte à leur vie. Les dispositifs mis en place ces dernières années contribuent à faire baisse le nombre de passages à l'acte.


Tous les âges sont concernés par le suicide. Mais une tranche est plus vulnérable : les 45 - 60 ans, souligne
Jean-Jacques Chavagnat, psychiatre au Centre hospitalier Henri-Laborit de Poitiers et responsable du centre de prévention du suicide et coordinateur du 31-14 pour le Poitou-Charentes et le Limousin, "c'est à ce moment-là qu'il y a à peu près 40 % de décès. Chez les hommes de plus de 70 ans, il y a beaucoup plus de suicides en pourcentage, puisque les personnes âgées vont décéder d'autres raisons que le suicide. Mais pour 100 000 habitants, c'est le monsieur âgé de 70 ans qui va malheureusement passer à l'acte." Un état dépressif n'implique pas un éventuel passage à l'acte, même si le chemin est commun, mais il doit être soigné par un professionnel compétent.

La période Covid avec les différents confinements a mis à mal les liens sociaux et familiaux. Les réseaux sociaux ont beaucoup servi pendant cette période, mais ils n'ont pas compensé le manque de vrais liens. Cela a créé beaucoup de souffrance et a amplifié des problèmes psychologiques déjà présents. "Il y a eu une augmentation significative, autour de 15 à 20 %, des suicides tentés, notamment chez les plus jeunes, chez les adolescents et les adultes jeunes, plutôt des filles, puisque les suicides tentés concernent plutôt les jeunes femmes."
20 % de suicides en moins en France depuis 20 ans

"Depuis 20 ans, il y a à peu près 20 % de suicides en moins en France, se réjouit Jean-Jacques Chavagnat, on en parle beaucoup plus et c'est peut-être pour ça que les personnes qui souffrent nous contactent davantage et de ce fait, nous pouvons intervenir de manière plus pertinente." Il faut dire que le discours ambiant était : moins, on en parle, moins il y a de passages à l'acte. Ce qui s'est révélé complètement faux. "En parler fait exactement le contraire, permet aux gens d'exprimer de leur souffrance psychique et de ce fait, on espère, diminue le risque de passage à l'acte et limite la souffrance psychique pour la personne et son entourage."

Est-ce qu'un état dépressif est lié à une sorte de "bouillon de culture", d'imprégnation ? Jean-Jacques Chavagnat explique un long processus dépendant souvent de plusieurs facteurs : "cela ne vient pas de ce qui s'est passé la veille. Quand on va mal, c'est en lien avec toute son histoire personnelle, voire son histoire familiale, avec des événements de vie, des agressions, des humiliations, que ce soit à la maison, au travail, à l'école, etc. Mais toutes les histoires familiales compliquées n'aboutissent pas non plus." Les suicides pour harcèlement scolaire ne sont plus ignorés. Prévenir le suicide est un problème de santé publique et "doit être une préoccupation constante, aussi bien à l'école, que sur lieu de travail". Car le travail est de plus en plus source de souffrance. Certaines professions sont particulièrement touchées, c'est le cas des agriculteurs, les professions de la santé, du médico-social, de l'administration, les BTP et l'immobilier.
Les formations sentinelles permettent de sensibiliser divers publics, éducation nationale, police, gendarmerie, agriculteurs et milieu de la santé au risque suicidaire. Le dispositif assure un suivi des personnes ayant fait une tentative de suicide.

"Quand on est en crise suicidaire, on a l'impression qu'on est seul, incompris et qu'on manque de liens. D'où l'importance de ces numéros d'urgence, de l'accompagnement et de l'aller vers." "Aller vers "consiste à prendre contact avec les personnes ayant déjà fait une tentative de suicide avec un effet très positif, puisqu'une étude récente a prouvé que cet accompagnement réduit de 38% la réitération suicidaire. " Nous les appelons régulièrement , explique Jean-Jacques Chavagnat, nous leur envoyons des cartes postales. Elles peuvent nous appeler, les familles aussi, comme les professionnels. Cela forme un filet de sécurité important. "
"Ce n'est pas eux que j'ai envie de quitter, c'est moi"

Anne-Marie a perdu sa fille à 36 ans. Mariée, mère de six enfants, elle a mis fin à ses jours. "Je lui posais la question : "comment tu peux envisager de quitter ton mari ?" Elle dit :"ce n'est pas eux que j'ai envie de quitter, c'est moi*".* Une phrase qui résume tout ce que peuvent ressentir les personnes suicidaires et que Jean-Jacques Chavagnat comprend parfaitement. "Elle savait bien qu'il y avait tout cet amour autour d'elle. Mais ça ne rentrait pas. C'était comme l'eau sur les plumes du canard, ça glissait. Elle en souffrait aussi. Malheureusement, à un moment donné, cela n'a pas été possible de supporter cette souffrance interne".
Des consultations, au nombre de cinq gratuites, et des groupes de paroles spécifiques peuvent accompagner ces deuils complexes pour les familles et les proches.

Pour Jean-Jacques Chavagnat, il faut oser parler à quelqu'un qui nous semble aller mal. "Il faut avancer tranquillement et lui dire : "il me semble que, en ce moment, ça ne va pas bien. Peut-être que je me trompe, mais en tout cas ça me préoccupe", c'est une façon d'exprimer son attachement à l'autre."
La responsabilité des proches est réelle, mais limitée, pour Jean-Jacques Chavagnat : "leur responsabilité tourne autour de l'amour qu'ils ont pour cette personne, l'affection qu'ils ont pour elle. Je suis ton frère, ta sœur, ta mère, ton père, ton ami, je te donne mon affection, mon amour, mais je ne peux pas être ton thérapeute. Par contre, je peux t'accompagner vers le thérapeute adéquat".

Le 3114 : numéro national de prévention du suicide, accessible 24h/24 et 7j/7, gratuitement, en Métropole & Outre-mer
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Frédérique Gissot

France Bleu https://www.francebleu.fr/emissions/a-votre-service-par-france-bleu-poitou/prevenir-la-crise-suicidaire-chez-l-adulte-4175070


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Dr Matthieu Lustman (UNPS) : médecin et sociologue
Podcast diffusé le 19/01 à 08h00.


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Dans l'invité du 7/9, Lucas Lecharpentier recevait le docteur Matthieu Lustman, médecin et sociologue, et membre du comité éthique et scientifique à l'UNPS (l'union nationale de prévention du suicide), pour parler de la journée nationale de la prévention du suicide, le 9 février au Ministère de la Santé et de la Prévention,14 Avenue Duquesne, 75 350 Paris.
https://www.vivrefm.com/posts/2024/01/dr-matthieu-lustman-unps-medecin-et-sociologue