Le Parlement indien a adopté
une loi qui modernise l'approche envers les personnes atteintes de
maladies mentales. Exemple symbolique de ce changement radical : la
tentative de suicide n'est plus considérée comme un crime, ce qui était
le cas jusqu'à présent. Après un débat parlementaire de plusieurs
années, de nombreux autres droits et mesures ont été ajoutés.
de notre correspondant en Inde,
Jusqu'à présent, une personne qui survivait à une tentative de suicide pouvait être poursuivie et condamnée à un an de prison. Le suicide était considéré comme un acte criminel – une disposition héritée de la colonie britannique et déclinée dans des pays africains comme le Rwanda, le Nigeria ou le Ghana. Dans les faits, il y a très peu de poursuites en Inde, mais ce changement législatif est significatif.
La loi votée par le Parlement considère maintenant une personne suicidaire comme souffrant d'une maladie mentale. C'est un début dans un pays où 100 000 personnes se suicident chaque année, et 20 fois plus tentent de le faire. Malgré l'augmentation de ce chiffre (+22% sur les dix dernières années), la maladie mentale fait l'object d'un terrible tabou. Beaucoup d'Indiens ne comprennent tout simplement pas ce qu'elle signifie : dans les villes moyennes, une personne qui fait l'effort d'aller voir un psychologue pourra être considérée comme folle.
Quels autres progrès apporte cette loi ?
Elle interdit les traitements à base de décharges électriques pour les enfants, et limite leur usage pour les adultes, empêche l'enfermement de malades mentaux dans des cellules isolées et oblige le gouvernement à créer des unités de soins psychologiques dans chaque prison. De manière générale, cette loi donne plus de droits au patient, face à des psychiatres qui, jusqu'à présent, pouvaient imposer leurs décisions, parfois violentes.
Toutefois, certains spécialistes considèrent que la loi ne suffira pas pour impulser un réel changement : il faudra que les patients soient informés de ces nouveaux droits. Pour cela plusieurs associations ont décidé de lancer des missions de sensibilisation sur le terrain, auprès de malades, pour s'assurer que la loi est appliquée. Et cela peut prendre du temps.
Le gouvernement devra mettre les moyens
L'Etat indien attribue moins de 0,1% de son budget de santé aux problèmes mentaux. C'est 7 fois moins que le Bangladesh voisin, et 40 fois moins que le Brésil. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a tiré la sonnette d'alarme il y a quelques années, en qualifiant l'Inde de pays le plus déprimé du monde. L'OMS se base sur son sondage selon lequel un Indien sur trois souffrirait de dépression. Cela a irrité New Delhi, qui a réagi en rédigeant cette loi.
Il y a une semaine, le Premier ministre a également brisé ce tabou en appelant ouvertement les Indiens à « parler de leur dépression à leurs proches, et d'arrêter de réprimer » cette maladie. Cette reconnaissance du mal est urgente, car l'Inde s'urbanise à grand pas, et les villes sont connues pour engendrer davantage de solitude et de troubles mentaux.
http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20170403-inde-sante-mentale-reconnaissance-suicide-d%C3%A9p%C3%A9nalisation
Autre article
d'après "A break for the despairing India decriminalises attempted suicide" economist.com* 30/03/2017 DELHI
L'Inde décriminalise la tentative de suicide
Mais le taux de suicide reste élevé, surtout chez les jeunes femmes
GORAV GUPTA a passé sa vie à aider les malades mentaux. Mais lorsque les patients suicidaires cherchent de l'aide à son hôpital psychiatrique à Delhi, il les éloigne. M. Gupta dit qu'il ne peut pas gérer les «tracas légales» qui pourraient s'ensuivre s'ils tentent de mettre fin à leur vie alors qu'ils sont à sa charge.
La tentative de suicide, ainsi que «tout acte à l'égard de la commission» du suicide, a été depuis des années un crime en Inde. Mais le 27 mars, Lok Sabha, la chambre parlementaire de l'Inde, a adopté un paquet de réformes en matière de santé mentale, dont une décriminalise la tentative de suicide. Le projet de loi déclare que l'accès aux soins psychiatriques est un droit pour tous les Indiens et promet un puissant coup de pouce pour financer l'aide.
Jusqu'à présent, une personne qui survivait à une tentative de suicide pouvait être poursuivie et condamnée à un an de prison. Le suicide était considéré comme un acte criminel – une disposition héritée de la colonie britannique et déclinée dans des pays africains comme le Rwanda, le Nigeria ou le Ghana. Dans les faits, il y a très peu de poursuites en Inde, mais ce changement législatif est significatif.
La loi votée par le Parlement considère maintenant une personne suicidaire comme souffrant d'une maladie mentale. C'est un début dans un pays où 100 000 personnes se suicident chaque année, et 20 fois plus tentent de le faire. Malgré l'augmentation de ce chiffre (+22% sur les dix dernières années), la maladie mentale fait l'object d'un terrible tabou. Beaucoup d'Indiens ne comprennent tout simplement pas ce qu'elle signifie : dans les villes moyennes, une personne qui fait l'effort d'aller voir un psychologue pourra être considérée comme folle.
Quels autres progrès apporte cette loi ?
Elle interdit les traitements à base de décharges électriques pour les enfants, et limite leur usage pour les adultes, empêche l'enfermement de malades mentaux dans des cellules isolées et oblige le gouvernement à créer des unités de soins psychologiques dans chaque prison. De manière générale, cette loi donne plus de droits au patient, face à des psychiatres qui, jusqu'à présent, pouvaient imposer leurs décisions, parfois violentes.
Toutefois, certains spécialistes considèrent que la loi ne suffira pas pour impulser un réel changement : il faudra que les patients soient informés de ces nouveaux droits. Pour cela plusieurs associations ont décidé de lancer des missions de sensibilisation sur le terrain, auprès de malades, pour s'assurer que la loi est appliquée. Et cela peut prendre du temps.
Le gouvernement devra mettre les moyens
L'Etat indien attribue moins de 0,1% de son budget de santé aux problèmes mentaux. C'est 7 fois moins que le Bangladesh voisin, et 40 fois moins que le Brésil. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a tiré la sonnette d'alarme il y a quelques années, en qualifiant l'Inde de pays le plus déprimé du monde. L'OMS se base sur son sondage selon lequel un Indien sur trois souffrirait de dépression. Cela a irrité New Delhi, qui a réagi en rédigeant cette loi.
Il y a une semaine, le Premier ministre a également brisé ce tabou en appelant ouvertement les Indiens à « parler de leur dépression à leurs proches, et d'arrêter de réprimer » cette maladie. Cette reconnaissance du mal est urgente, car l'Inde s'urbanise à grand pas, et les villes sont connues pour engendrer davantage de solitude et de troubles mentaux.
http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20170403-inde-sante-mentale-reconnaissance-suicide-d%C3%A9p%C3%A9nalisation
Autre article
d'après "A break for the despairing India decriminalises attempted suicide" economist.com* 30/03/2017 DELHI
L'Inde décriminalise la tentative de suicide
Mais le taux de suicide reste élevé, surtout chez les jeunes femmes
GORAV GUPTA a passé sa vie à aider les malades mentaux. Mais lorsque les patients suicidaires cherchent de l'aide à son hôpital psychiatrique à Delhi, il les éloigne. M. Gupta dit qu'il ne peut pas gérer les «tracas légales» qui pourraient s'ensuivre s'ils tentent de mettre fin à leur vie alors qu'ils sont à sa charge.
La tentative de suicide, ainsi que «tout acte à l'égard de la commission» du suicide, a été depuis des années un crime en Inde. Mais le 27 mars, Lok Sabha, la chambre parlementaire de l'Inde, a adopté un paquet de réformes en matière de santé mentale, dont une décriminalise la tentative de suicide. Le projet de loi déclare que l'accès aux soins psychiatriques est un droit pour tous les Indiens et promet un puissant coup de pouce pour financer l'aide.
Les décideurs politiques en Inde ont longtemps soutenu que les
personnes menées a tenter de se suicider ont besoin d'être réhabilitées. Mais en vertu de la loi antérieure, ils ont plutôt été punis: une amende et jusqu'à un an de prison.
L'accusation était rare, mais la menace pour l'obtention de pots-de-vin aux familles de ceux qui tentaient de se suicider n'était pas, a déclaré
Soumitra Pathare, qui a aidé à rédiger la nouvelle loi.
D'autres soulignent que le gouvernement a précédemment utilisé des lois
contre la tentative de suicide pour bloquer les militants qui
organisent des grèves de la faim.
La prochaine étape de la réforme de la santé mentale consiste à allouer
plus d'argent et à élargir la main-d'œuvre, explique M. Pathare. La santé mentale ne représentait que 0,06% du budget de santé de l'Inde en 2011; La médiane dans les pays de développement comparable est de 1,9%.
Malgré une population de plus de 50 fois plus grande que celle de
l'Australie, l'Inde compte environ le même nombre de psychiatres
(seulement 3 500).
Pourtant, il est peu probable que les réformes réduisent le taux de
suicide de l'Inde, ce qui, s'adaptant à l'âge, est presque le double de
celui de l'Amérique.
Les chercheurs attribuent souvent un grand nombre de suicides dans les
pays asiatiques à des actes «impulsifs» en cas de crise plutôt que de
troubles mentaux diagnostiqués.
Limiter l'accès aux pesticides, les poisons qui sont à portée de main
pour la plupart des Indiens ruraux, peuvent empêcher de tels décès,
comme c'est le cas au Sri Lanka. Contrairement à beaucoup de pays, l'Inde n'a pas de plan national de prévention du suicide. On peut faire plus pour briser les tabous qui empêchent les déprimés de s'ouvrir aux amis et aux médecins.
Le grand défi consiste à améliorer le sort des jeunes de l'Inde, dont le suicide est la principale cause de décès. Les taux de suicide en Asie ont tendance à se déclencher lorsque les personnes entrent dans la vieillesse; En Inde, le contraire est vrai.
Le taux de suicide chez les femmes âgées de 15 à 29 ans est plus du
double de celui de tout autre pays, à l'exception du Suriname (dont une
grande population indienne) et du Népal (qui partage de nombreuses
similitudes culturelles). À l'avenir, ils et d'autres Indiens trouveront plus facile de chercher de l'aide psychologique sans crainte. Mais le monde dans lequel ils vivent ne peut pas être réglé sur le champ
* http://www.economist.com/news/asia/21719808-suicide-rate-remains-high-especially-among-young-women-india-decriminalises-attempted
* http://www.economist.com/news/asia/21719808-suicide-rate-remains-high-especially-among-young-women-india-decriminalises-attempted