Le film Corporate est dans les salles depuis le 5 avril. Il s’intéresse à la thématique du suicide dans le monde du travail.
Dossier de présentation de Diaphana Distributions http://diaphana.fr/media/corporate-2/CORPORATE_DP_WEB.pdf
1er post 25/02/2017
Article sur le sujet
Comment le film Corporate traite du rôle du Responsable des Ressources humaines dans le suicide d'un salarié
Le film entraîne notre regard sur l’éthique des pratiques d’une entreprise et de la place des Ressources humaines comme main armée des objectifs opérationnels.
11/04/2017 www.huffingtonpost.fr Dans le film Corporate, la courte distance focale sur la Responsable des Ressources Humaines, Emilie Tesson-Hansen (Céline Sallette), nous ferait oublier le suicide d'un salarié, qui donne pourtant un relief tout particulier au personnage principal. Le film entraîne notre regard sur l'éthique des pratiques d'une entreprise et de la place des Ressources humaines comme main armée des objectifs opérationnels.
Cette RRH n'a aucun questionnement sur les conséquences de ses actes. Ces derniers répondent à un objectif donné par le Directeur des Ressources Humaines et la Direction Générale. Elle ne pense pas à un "au-delà", des effets produits sur les salariés. Stéphane Froncart (Lambert Wilson), le DRH, bien plus cynique qu'Emilie, la mettra en réflexion sur les risques engendrés par leurs pratiques. Ces séquelles humaines, il les a envisagées, mais qu'importe, le résultat attendu justifie les moyens. Il ne se sent pas responsable du "choix" que fera le salarié que l'entreprise pousse dehors. La résilience du salarié ou son effondrement n'est pas du registre de sa responsabilité. D'ailleurs, les fragilités personnelles, les difficultés de la vie privée seront mises en avant, afin de donner une cause à l'acte et tenter de décharger l'entreprise d'une éventuelle responsabilité.
Le suicide sur le lieu du travail est le plus souvent interprété comme un message adressé aux autres, chargés d'interpréter le sens d'une souffrance, qui n'a été ni entendue ou ni traitée ou qui n'a pas pu se "dire". En effet, M. Dalmat ne dit rien de son mal-être, il ne trouve personne à qui l'adresser, il est perceptible par son physique et son errance, particulièrement bien joué par l'acteur dont on ne trouve d'ailleurs nulle part le nom dans le casting sur internet, tant il colle au personnage!
Le traitement par la Responsable des Ressources Humaines de l'après suicide est d'une grande maladresse. Le suicide produit un arrêt. Les proches collègues n'ont de cesse de reconstituer "l'avant" du passage à l'acte, relevant les quelques incohérences de leur comportement qu'ils ne décryptent qu'a postériori. La culpabilité de ne pas avoir vu, de ne pas avoir répondu au désarroi de leur collègue, et enfin l'interrogation de leur conscience sur leur part de responsabilité, même si elle est envisagée comme infime. La scène dans l'open space est bouleversante de crédibilité.
La RRH veut aller vite et souhaite faire disparaître toute trace de M. Dalmat. Le rangement de ses affaires personnelles fera à nouveau l'objet d'un passage à l'acte, une altercation violente entre le manager et un collaborateur.
Là encore, ce passage à l'acte aurait pu être évité, si la RRH avait su qu'il faut du temps pour arriver à dépasser la perte brutale d'un collègue et qu'il est nécessaire de laisser au collectif le choix du rythme et de la manière la plus acceptable pour eux, de gérer cet après.
Ce film ne vient pas seulement interroger l'éthique d'une Direction et de la fonction des Ressources Humaines, mais aussi rappeler à l'employeur qu'il a l'obligation de protéger la santé et la sécurité des salariés quel que soit le contexte économique de l'entreprise et que son manquement relève de la faute inexcusable. Si la plupart des entreprises sont plus attentives aujourd'hui à leur pratiques et ont mis en place des préventions en matière de risques psychosociaux, il demeure néanmoins, ça et là, des situations dégradées de travail, des comportements déviants, des ambiances délétères, et des suicides.
Les raisons d'un suicide sont complexes et multifactorielles, les facteurs de déclenchement parfois surprenants et inattendus, les interprétations trop courtes et linéaires sont rarement justes. Face à ces situations complexes, les pratiques de prévention se heurtent encore trop souvent à un champ de connaissance du fait psychique trop restreint ou erroné dans son rapport au social et tout particulièrement en matière de suicide, où connaître les conditions qui rendent propices l'émergence d'un passage à l'acte est un enjeu crucial.
http://www.huffingtonpost.fr/sandrine-viallelenoel/comment-le-film-corporate-traite-du-role-du-responsable-des-ress_a_22035000/