Guyane: des parlementaires dénoncent "l'épidémie" de suicides d'Amérindiens
Par AFP le 15 décembre 2015 *
Deux parlementaires ont dénoncé mardi "l'épidémie" de suicides qui frappe les jeunes Amérindiens de Guyane, lors de la remise à la ministre des Outre-mer d'un rapport de mission sur ce "drame stupéfiant".
"Le drame stupéfiant du suicide chez les jeunes se déroule dans le silence le plus complet: il faut absolument mettre des moyens y compris sous forme dérogatoire", a déclaré Aline Archimbaud, sénatrice (EELV) de Seine-Saint-Denis.
La préface de son rapport, coécrit avec la députée (PS) d'Ille-et-Vilaine Marie-Anne Chapdelaine, souligne que "l'on peut parler sans exagération +d'épidémie de suicides+".
Les deux parlementaires se sont rendues en septembre en Guyane, remontant en pirogue les fleuves Maroni et Oyapock pour recueillir les témoignages des habitants des communes les plus reculées.
"Ces populations se sentent abandonnées, il y a une immense désespérance", a souligné Mme Archimbaud, rappelant que ces citoyens français "n'ont pas accès à des droits fondamentaux comme l'eau, l'électricité ou le téléphone", sans parler d'un accès à la santé ou à l'emploi.
L'"isolement" des villages, le "désoeuvrement" des jeunes victimes d'"échec scolaire ou du manque d'activité", leurs "troubles identitaires" entre tradition et modernité sont autant de facteurs alimentant un "mal-vivre", terreau d'un possible passage à l'acte.
Le population des Amérindiens est estimée à environ 10.000 personnes en Guyane française. Si le taux de suicide du département est moins élevé qu'en France métropolitaine (8 pour 100.000 habitants contre 16,2 pour 10.000), "il existe une forte concentration des suicides sur les zones peuplées par les Amérindiens", selon le rapport.
Parmi les 37 propositions énoncées par les parlementaires, 16 sont considérées comme "prioritaires".
Il s'agit du "renforcement immédiat" de la prise en charge psychiatrique des suicidaires et de leur famille, avec l'intervention (comme en métropole) d'une cellule d'urgence en mois de 24 heures, la mise en place d'antennes médicopsychologiques à Camopi et Maripasoula, communes très touchées.
Mais il s'agit aussi de réaliser les infrastructures élémentaires (eau, électricité, internet, téléphone) et de "répondre à la forte demande en termes d'éducation", a souligné Mme Chapdelaine, parlant de la nécessité de généraliser la "collation" pour les enfants, de permettre des retours en pirogue le week-end des collégiens scolarisés loin de chez eux, ou de garder ouverts les internat pour lycéens à Cayenne.
source : http://www.notretemps.com/sante/guyane-des-parlementaires-denoncent,i101269
autre info
Rapport parlementaire sur les suicides des jeunes Amérindiens en Guyane
11 décembre 2015 sur http://alinearchimbaud.fr/?p=5981
Je remets mardi matin, avec ma collègue Marie-Anne Chapdelaine, Députée d’Ille-et-Vilaine, le rapport « Suicides des jeunes Amérindiens en Guyane française : 37 propositions pour enrayer ces drames et créer les conditions d’un mieux-être » à Madame George Pau-Langevin, Ministre des Outre-mer.
Ce rapport est issu de la mission parlementaire qui nous a été confiée par le Premier ministre en mai dernier sur la situation des populations amérindiennes de Guyane.
Le lendemain, mercredi 16 décembre, à 11h, nous organisons une conférence de presse au Palais du Luxembourg afin de présenter ce rapport, fruit de notre réflexion, ainsi que nos propositions.
Pour tout contact :
Adriane DUBOIS
Collaboratrice d'Aline Archimbaud, Sénatrice de Seine-Saint-Denis
a.archimbaud@senat.fr
07 78 81 36 51
01 42 34 30 63