Les familles de patients atteints de pathologies psychiques ont besoin d’être accompagnées
Limoges 03/12/15 sur lepopulaire.fr *
Dans les soins psychiatriques, l’alliance thérapeutique qui associe l’équipe soignante, les patients et leurs familles est primordiale pour éviter les rechutes et les hospitalisations.?
Face à la maladie, en particulier psychiatrique, l’entourage est souvent seul. Le pôle des usagers du centre hospitalier Esquirol organise des formations pour l’aider dans l’accompagnement de son proche.
La schizophrénie, les troubles bipolaires, la dépression n'isolent pas seulement les malades. Cette solitude est aussi le lot des familles. C'est pourtant sur elles que repose en grande partie la prise en charge de ces patients. Aussi, le centre hospitalier Esquirol, à travers son pôle des usagers (voir ci-dessous), a lancé cet automne des sessions de formation pour leur venir en aide. L'une d'elles s'est achevée le 20 novembre, au sein de l'établissement.
« Il y a trente ans, quand ma fille a été diagnostiquée schizophrène, on ne disposait pas du tout des mêmes informations et je me suis souvent sentie démunie », témoigne Marie (*), une participante à la formation, mère de trois enfants, tous schizophrènes.
« Depuis une quinzaine d'années, des efforts ont été faits pour intégrer l'entourage dans les soins du patient, explique de son côté Benjamin Lavigne, psychiatre à Esquirol. C'est important car la famille a un rôle primordial d'accompagnement, aussi bien pour l'observance du traitement que les soins sans consentement quand ils s'avèrent nécessaires. » « Une équilibriste
sur un fil » »
Connaître les symptômes de la maladie et les manières adéquates de réagir, le vocabulaire médical utilisé dans les pathologies, la manière dont sont organisés les soins et les équipes permettent aux familles « de devenir expertes », poursuit le médecin.
« Cela m'aide à mieux comprendre le fonctionnement de mon beau-fils, à éviter des conduites inappropriées, selon Monique (*). J'avais par exemple l'impression que c'était un fainéant, mais en fait non, cela fait partie des symptômes de sa maladie. » Délires hallucinatoires, troubles de l'attention et de mémorisation, manque d'initiative font partie des attitudes qu'il faut apprendre à gérer, anticiper avec une personne atteinte de schizophrénie… « Le quotidien reste difficile », avoue Monique.
« J'ai appris à être diplomate, à ne pas brusquer mes enfants, mais la maladie ne s'est pas déclarée chez eux au même moment et n'a pas les mêmes signes de gravité », développe Marie, dont les trois enfants vivent chacun dans un appartement et sont suivis en hôpital de jour. « Leur état est stabilisé, ils respectent tous leur traitement, mais ma vie avec eux est celle d'une équilibriste sur un fil. »
Au total, une quinzaine de proches de malades, ainsi que deux patients inscrits dans une démarche de réinsertion, ont suivi cette formation sur différentes maladies psychiatriques de l'adulte. Le pôle des usagers espère étendre cette aide aux familles en pédopsychiatrie, addictologie et psychiatrie de la personne âgée.
(*) Les prénoms ont été modifiés.
Hélène Pommier
* http://www.lepopulaire.fr/limousin/actualite/departement/haute-vienne/2015/12/03/les-familles-de-patients-atteints-de-pathologies-psychiques-ont-besoin-detre-accompagnees_11689621.html