En Chine, une loi oblige les enfants à rendre visite à leurs parents âgés
Pékin espère faire face au problème de la solitude des
seniors, qui représentent une part de plus en plus importante de la société.
Source lefigaro.fr http://www.lefigaro.fr/international/2013/07/01/01003-20130701ARTFIG00555-en-chine-une-loi-oblige-les-enfants-a-rendre-visite-a-leurs-parents-ages.php?cmtpage=0
A partir de maintenant, tous les Chinois doivent rendre visite à leurs parents âgés régulièrement, ou au moins rester en contact avec eux. Ceci n'est pas un vœu pieux. «C'est la loi», comme l'intime un article du Shanghai Daily. Une version révisée de la «loi pour la protection des droits et des intérêts des plus âgés» est en effet entrée en application ce lundi: elle contraint les proches à répondre aux besoins quotidiens, financiers et spirituels des plus de 60 ans. Elle oblige aussi ceux qui vivent séparés de ces derniers à venir les voir de manière fréquente, sans quoi ils risquent une amende, voire la prison. Avec cette loi, les employeurs doivent également permettre l'absence de salariés qui auraient besoin de remplir leur devoir envers les proches dont ils s'occupent, selon l'agence officielle chinoise Xinhua.
Des scandales de négligences à répétition
Ce texte amendé avait été adopté en décembre dernier, suite
à des scandales de négligences à répétition. Car si le respect envers les
personnes âgées fait partie intégrante de la culture chinoise, la modernisation
de la société a entraîné une rupture du schéma familial traditionnel, désormais
plus disloqué. Et les histoires tragiques se multiplient. Le site de la BBC
rappelle celle d'une grand-mère de 91 ans frappée et jetée à la porte de chez
elle dans la province de Jiangsu, quand elle a demandé à sa belle-fille un bol
de porridge. L'an dernier, le cas d'un agriculteur qui enfermait sa mère de 100
ans dans une porcherie avait provoqué un tollé dans le pays.
Xiao Jinming, un professeur de droit qui a participé à la
rédaction de la loi, indique à l'agence AP que les cas de parents poursuivant
leurs enfants existaient avant cette loi; et la plupart du temps, ces
différends se règlent à l'amiable.
Cette loi servirait surtout à faire passer un message, mais,
en Chine, le texte passe mal: beaucoup se demandent notamment comment il pourra
être appliqué, étant donné qu'il n'indique pas clairement ce que veut dire
«rendre visite à un proche “régulièrement”» ni les peines réellement encourues.
«Un pays impose une loi pour respecter ses parents, vraiment? C'est une insulte
à la Nation», s'est ainsi insurgé un des 8 millions d'internautes qui ont
commenté cette information sur Weibo, la version chinoise de Twitter, selon
l'AFP. «Le gouvernement utilise des lois pour protéger les personnes âgées,
mais en réalité c'est juste un moyen de tout mettre sur le dos des enfants», a
commenté un autre.
Environ 185 millions de Chinois ont plus de 60 ans, et le
chiffre devrait grimper jusqu'à 487 millions, soit 35% de la population, d'ici
à 2053, selon des chiffres officiels. Un phénomène en partie dû à l'augmentation
de l'espérance de vie et à la politique de l'enfant unique. Cette nouvelle loi
met surtout en lumière l'inquiétude des autorités face à la gestion du
vieillissement de la population et de la solitude des plus âgés.
Les «nids vides» causent de la souffrance à un nombre croissant de personnes âgées en Chine
Écrit par Jane Lin et Li Zhen, Epoch Times 20.03.2013 http://www.epochtimes.fr/front/13/3/19/n3508078.htm
En Chine, la famille traditionnelle était un mélange
transgénérationnel qui habitait dans un même foyer, avec les enfants prenant en
charge leurs parents âgés. Cela est en train de changer depuis maintenant des
dizaines d’années, mais le problème atteint désormais un point critique, avec
les anciens de certaines zones rurales gardant une bouteille de pesticide toute
prête pour le cas où ils tomberaient malades et où il n’y aurait personne pour
s’occuper d’eux.
De nos jours le vieillissement de la société chinoise,
combiné à une progéniture absente, l’absence de structures sociales de prise en
charge pour personnes âgées, et le manque de revenus pour la retraite, se
cumulent pour donner un nombre de personnes âgées laissées à elles-mêmes qui
monte en flèche. On les a surnommées les «habitants de nids vides».
Les statistiques révèlent l’envergure et l’urgence du
problème. Le Comité National Chinois sur le Vieillissement déclarait à la fin
de 2012 que dans l’année qui vient les plus de 60 ans d’âge dépasseront 200
millions, et d’ici 2050, environ un tiers de la population sera âgée, a
rapporté l’agence d’État Xinhua.
La croissance du segment de population sénior en Chine est
le double de celle des pays développés, selon un rapport de l’organe d’État
People’s Daily. La proportion des personnes âgées comparée aux jeunes s’est
trouvée complètement faussée par la règle de l’enfant unique, avec pour
conséquences moins de jeunes et plus de vieux, par comparaison avec d’autres
pays.
En 2004 il y avait 23.4 millions de gens restant dans un nid
vide où les enfants, généralement partis travailler dans une autre région, n’étaient
plus là pour prendre soin d’eux, déclarait Xinhua. En Janvier 2013, People’s
Daily écrivit que sur les 178 millions de Chinois de plus de 60 ans, environ la
moitié se retrouve seule.
Les ruraux âgés durement touchés
Jason Ma, commentateur des affaires sociales chinoises, est
convaincu que le nombre des vieux abandonnés à des foyers vides dans les zones
rurales pourrait s’élever à 100 millions.
Il met ce problème sur le compte de la règle de l’enfant
unique imposée par le Parti Communiste. La Chine mit en œuvre la règle de
l’enfant unique en 1980 et d’ici cinq à dix ans les parents de ces enfants
uniques entameront leur vieillesse. «À ce moment, le taux de ‘nids vides’ en
Chine rurale dépassera les 70% et aura des conséquences sociales énormes», a déclaré
Ma à NTD.
Bien que 70 à 80% des Chinois âgés vivent en zone rurale,
d’après Ma, prise de retraite et plans de retraite ne sont accessibles qu’aux
résidents des villes. Les ruraux âgés ne sont pas intégrés dans le système
existant de protection sociale. «Leurs souffrances sont invisibles à la
société. Ils n’ont pas de voix et aucune perspective d’avenir», a indiqué Ma.
La recherche corrobore cette déclaration de Ma. Une étude
conjointe en 2012 entre l’Ecole de Finances de l’Université Anhui de Finance et
d’Economie et le Centre de Recherche pour l’Assurance et la Sécurité Sociale de
l’Université ouest-méridionale de Finance et d’Economie indiquait qu’en 2010,
seuls 32.17% des séniors ruraux se trouvaient couverts par une quelconque
assurance-retraite.
Pendant les années qui ont vu une croissance économique
annuelle de 20 à 30%, le régime a failli à mettre en place un système de
sécurité sociale qui aurait pu couvrir la totalité de la population, a déclaré
Ma.
Suicides
Ma nous a précisé que les nombreuses personnes âgées des
zones rurales, sans le soutien du moindre système de prise en charge, n’ont
d’autre choix que de mourir quand elles se voient affligées de problèmes aigus
de santé. Par exemple, dans la Province de Hunan, qui est relativement aisée, bien
des anciens des zones rurales mettent de côté une bouteille de pesticide prête
à avaler quand ils ne pourront plus payer leurs traitements médicaux, a indiqué
Ma.
Le taux de suicide parmi les Chinois âgés ruraux est cinq
fois plus élevé que celui de leurs homologues urbains, selon Fei Lipeng,
directeur général du Centre de Recherche et de Prévention contre le Suicide à
Pékin, qui s’adressait à l’agence chinoise de presse financière Caixin en 2010.
Li Baoku, président de la Fondation Chinoise pour le Développement
en faveur de la Vieillesse, indiquait que le taux de suicide parmi les séniors
ruraux est de quatre à cinq fois la moyenne mondiale.
Dans la région de Jingshan, Province de Hubei, il existe
même des maisons de suicide, ou caves, préparées pour ceux qui désirent se
tuer. «Un grand nombre de personnes âgées malades ne voulaient pas être une
charge supplémentaire pour leurs enfants, et ont choisi de mettre fin à leurs
jours», a déclaré Li.
Règle de l’enfant unique
Le démographe Yi Fuxian estime qu’il y avait 218 millions de
familles avec un seul enfant entre 1975 et 2010. Le recensement de 2000 a
montré que, sur 10.000 nouveau-nés, 463 meurent avant l’âge de 25 ans. Ceci
signifie que plus de 10 millions d’enfants uniques mourront avant d’atteindre 25
ans.
Le résultat alarmant est que: dans un futur proche, il y
aura plus de 10 millions de familles sans fils ou fille adulte pour prendre
soin de parents vieillissants, selon le Beijing Times.
Le vieillissement rapide de la société chinoise est la
résultante de la règle de l’enfant unique du Parti Communiste en application
depuis plus de 30 ans, a expliqué Ma. Le nombre de nouveau-nés en Chine ne
suffit plus à remplacer ceux qui meurent – chose que les planificateurs
centraux du Parti n’avaient pas prévue.
De nombreux économistes pensent que la Chine aurait dû
mettre fin à la règle de l’enfant unique il y a dix ans. «Si rien n’est fait
pour la changer maintenant», a indiqué Ma, «les Chinois auront à affronter des
conséquences désastreuses».
Version en anglais: Empty Nests Bring Pain to a Growing Number of Elderly in China
Informations signalées 14/08/2013 sur http://cavalierandonneur.blogspot.fr/2013/08/en-chine-une-loi-oblige-les-enfants.html
Informations signalées 14/08/2013 sur http://cavalierandonneur.blogspot.fr/2013/08/en-chine-une-loi-oblige-les-enfants.html