Deux-Sèvres
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Santé "Le suicide fait quatre fois plus de victimes chez les hommes"
Les femmes font plus de tentatives, mais
les décès masculins résultant d’un suicide sont bien plus nombreux.
Thierry Fouet explique pourquoi.
Onze mille décès par suicide par an, en moyenne, ont été
comptabilisés en France entre 2007 et 2010 (*). Trois fois plus d'hommes
que de femmes. Dans notre région, cette proportion est de 3,5 et elle
est même de quatre hommes pour une femme dans les Deux-Sèvres ! Pourquoi
une telle différence entre les sexes ? Thierry Fouet, cadre de santé à
l'hôpital de Niort et coordinateur de la Prévention suicide, apporte des
éléments de compréhension à ce phénomène.
Comment analysez-vous une telle disparité ?
Thierry Fouet. « Pour bien la comprendre, il faut d'abord livrer une autre donnée inquiétante : l'augmentation significative du nombre des tentatives de suicides non abouties. Le nombre enregistré par l'hôpital de Niort entre 2008 et 2011 a progressé de 20 % et 2012 devrait confirmer cette tendance. Or 62 % de ces tentatives sont le fait de femmes. Dans une tentative, la femme exprime l'espoir que les choses peuvent s'arranger, une recherche de possible changement. »
Les hommes seraient donc plus désespérés ?
« Le nombre plus important de morts chez les hommes montre une plus grande détermination de mettre fin à leur vie. C'est pourquoi ils utilisent souvent des moyens plus radicaux, comme la pendaison ou les armes à feu. Même si 80 % des suicides ou tentatives sont des intoxications médicamenteuses volontaires. Quand elles sont déterminées à en finir, les femmes optent plutôt pour la précipitation dans le vide. Les hommes ont une plus grande tendance à l'impulsivité alors que les femmes prennent le temps de la réflexion. Les hommes verbalisent beaucoup moins, cachent leurs sentiments. Ils capitalisent leur souffrance et ne trouvent pas le moyen de l'exprimer. »
Pas même auprès d'un psy ?
« Un homme en détresse consulte bien moins qu'une femme. Il dissimule sa douleur psychologique, alors qu'une femme en souffrance, cela se voit. Pour tenter d'apaiser ses tourments, l'homme ira plus facilement vers la prise de substances, drogue ou alcool, qui lui donneront l'illusion d'aller mieux, mais, en fait, vont majorer les effets dépressifs et donc le risque de suicide. Les hommes souffrent de perte de repère vis-à-vis de leur rôle de père et également dans le travail, une valeur refuge qui est encore plus forte pour eux. Une mise au chômage, c'est la déconsidération et, parfois, l'effondrement. »
On dit que la période des fêtes, notamment Noël, est propice au suicide. Est-ce fondé ?
« Que l'on se rassure : absolument pas ! On prétend en effet que ce serait une période de nostalgie, de souffrance liée à la solitude, mais il n'y a aucune donnée scientifique attestant d'une hausse des suicides à Noël. C'est même le contraire ! »
nr.niort@nrco.fr
(*) Source données INSERM ('Institut national de la santé et de la recherche médicale).
chiffres clés
> 300 décès par suicide ont été enregistrés dans les Deux-Sèvres entre 2007 et 2010 (63, 83, 77, 77), avec une augmentation très nette de 31,7 % en 2008, à mettre en relation avec le début de la crise.
> 627 tentatives de suicides ont été enregistrées par les urgences du centre hospitalier de Niort en 2011. Le chiffre départemental avoisine le millier en intégrant les tentatives comptabilisées par l'hôpital Nord Deux-Sèvres.
> 48 % des tentatives sont le fait de 35/55 ans. 6 % sont des mineurs.
Comment analysez-vous une telle disparité ?
Thierry Fouet. « Pour bien la comprendre, il faut d'abord livrer une autre donnée inquiétante : l'augmentation significative du nombre des tentatives de suicides non abouties. Le nombre enregistré par l'hôpital de Niort entre 2008 et 2011 a progressé de 20 % et 2012 devrait confirmer cette tendance. Or 62 % de ces tentatives sont le fait de femmes. Dans une tentative, la femme exprime l'espoir que les choses peuvent s'arranger, une recherche de possible changement. »
Les hommes seraient donc plus désespérés ?
« Le nombre plus important de morts chez les hommes montre une plus grande détermination de mettre fin à leur vie. C'est pourquoi ils utilisent souvent des moyens plus radicaux, comme la pendaison ou les armes à feu. Même si 80 % des suicides ou tentatives sont des intoxications médicamenteuses volontaires. Quand elles sont déterminées à en finir, les femmes optent plutôt pour la précipitation dans le vide. Les hommes ont une plus grande tendance à l'impulsivité alors que les femmes prennent le temps de la réflexion. Les hommes verbalisent beaucoup moins, cachent leurs sentiments. Ils capitalisent leur souffrance et ne trouvent pas le moyen de l'exprimer. »
Pas même auprès d'un psy ?
« Un homme en détresse consulte bien moins qu'une femme. Il dissimule sa douleur psychologique, alors qu'une femme en souffrance, cela se voit. Pour tenter d'apaiser ses tourments, l'homme ira plus facilement vers la prise de substances, drogue ou alcool, qui lui donneront l'illusion d'aller mieux, mais, en fait, vont majorer les effets dépressifs et donc le risque de suicide. Les hommes souffrent de perte de repère vis-à-vis de leur rôle de père et également dans le travail, une valeur refuge qui est encore plus forte pour eux. Une mise au chômage, c'est la déconsidération et, parfois, l'effondrement. »
On dit que la période des fêtes, notamment Noël, est propice au suicide. Est-ce fondé ?
« Que l'on se rassure : absolument pas ! On prétend en effet que ce serait une période de nostalgie, de souffrance liée à la solitude, mais il n'y a aucune donnée scientifique attestant d'une hausse des suicides à Noël. C'est même le contraire ! »
nr.niort@nrco.fr
(*) Source données INSERM ('Institut national de la santé et de la recherche médicale).
chiffres clés
> 300 décès par suicide ont été enregistrés dans les Deux-Sèvres entre 2007 et 2010 (63, 83, 77, 77), avec une augmentation très nette de 31,7 % en 2008, à mettre en relation avec le début de la crise.
> 627 tentatives de suicides ont été enregistrées par les urgences du centre hospitalier de Niort en 2011. Le chiffre départemental avoisine le millier en intégrant les tentatives comptabilisées par l'hôpital Nord Deux-Sèvres.
> 48 % des tentatives sont le fait de 35/55 ans. 6 % sont des mineurs.
Propos recueillis par Fabien Bonnet