11.12.11
à 18h02 Article sur estrepublicain.fr
Lorraine : un plan de prévention
contre le suicide chez les agriculteurs
La Mutualité sociale agricole met en place un plan de
prévention contre le suicide des agriculteurs. Les chiffres explosent !
La
spéculation sur les marchés agricoles, les crises alimentaires à répétition, la
surproduction, la sécheresse ont eu raison des exploitations les plus fragiles.
On en parle peu. Pourtant, la
souffrance en milieu agricole est une réalité. Le mal-être, le stress, la
déprime voire le suicide sont monnaie courante dans les campagnes. Les chiffres
officiels n’existent pas. Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, parle
de 400 suicides par an. Plus de un par jour ! L’association des producteurs de
lait indépendants (Apli) donne de son côté le chiffre de 800 suicides en 2009 !
Seule certitude, le taux de suicide chez les agriculteurs est beaucoup plus
élevé que pour n’importe quelle autre catégorie socioprofessionnelle de
l’Hexagone.
« Nous sommes conscients que
le monde agricole vit dans un contexte bien particulier », explique Claude
Guglielmina, directeur de la Santé à la MSA Lorraine (Moselle, Meurthe-et-Moselle
et Vosges). « Aux difficultés purement professionnelles s’ajoutent d’autres
facteurs comme l’isolement, le célibat, l’éloignement des centres de décision,
des structures de soins, des lieux de loisir… »
On sait bien que le revenu
moyen des agriculteurs est en chute libre depuis de nombreuses années. La
spéculation sur les marchés agricoles, les crises alimentaires à répétition, la
surproduction, la sécheresse ont eu raison des exploitations les plus fragiles.
Derrière les chiffres, il y a
des familles en détresse. Beaucoup de paysans travaillent sans compter, ne
partent jamais en vacances. Sur 800.000 exploitants français, un tiers ne peut
pas s’offrir de revenu décent. « Les paysans sont souvent montrés du doigt à
cause des crises sanitaires », explique le Dr Patrick Allard, médecin-chef de
la MSA Lorraine. « On les accuse aussi de polluer les terres avec les engrais.
» Pas valorisant en effet.
Face à l’ampleur du
phénomène, le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire a demandé à la MSA, en
mars dernier, de mettre en place un plan de prévention contre le suicide des
agriculteurs. Organisé autour de trois axes :
1- mieux connaître la réalité
du suicide dans le monde agricole ;
2- mettre en place des
dispositifs d’écoute pour les agriculteurs en situation de détresse ;
3- créer des cellules de
prévention dans chaque caisse régionale de la MSA pour repérer les agriculteurs
en difficulté.
Claude Guglielmina a
participé, lundi, à une journée de travail organisée par la caisse nationale de
la MSA.
« En tant qu’organisme de
sécurité sociale protégeant le monde agricole, exploitants ou salariés, il est
de notre devoir de nous impliquer dans la prévention des risques », souligne le
directeur de la Santé de la MSA Lorraine. « Il s’agit de mettre en place des
cellules pluridisciplinaires pour suivre les populations à risque. Nous sommes
beaucoup sur le terrain avec des conseillers en protection sociale, des
travailleurs sociaux, des médecins du travail, des conseillers en prévention
des risques professionnels… Mais nous n’avons pas attendu le plan national de
lutte lancé par le ministre pour être vigilants. Nous sommes proches de nos
assurés (60.000 en Lorraine pour la seule Assurance Maladie). »
Marcel GAY