Prévention du suicide : les pharmaciens prêts à jouer un rôle clé
09 juillet 2025 par PM
Dans le cadre de l’extension des compétences des pharmaciens souhaitée par le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke, un dispositif de repérage des risques suicidaires est en train de se mettre en place. Une enquête récente menée auprès des pharmaciens en Flandre révèle à la fois une forte volonté d’agir et un besoin manifeste de soutien pour aborder ce sujet délicat.
Accessibles sans rendez-vous et en contact régulier avec des patients parfois en détresse, les pharmaciens se retrouvent fréquemment en première ligne. Or, dans 73,6 % des cas, ils ont déjà été confrontés à une personne exprimant des pensées ou des comportements suicidaires, selon les résultats publiés de cette enquête. Pourtant, seuls 9,7 % d’entre eux se sentent actuellement assez sûrs d’eux pour aborder spontanément le sujet avec leurs patients.
« La position du pharmacien en première ligne est idéale pour détecter les signaux d’alerte et orienter vers l’aide adéquate, mais nous constatons un besoin criant de formation », indique le Vlaams Apothekersnetwerk (VAN), qui a conduit l’étude avec le Centre flamand d’expertise en prévention du suicide (VLESP).
Les résultats confirment les obstacles rencontrés sur le terrain : 81,8 % des pharmaciens déclarent ne pas avoir reçu de formation suffisante pour identifier les troubles de santé mentale, 64,8 % ne savent pas quelles actions entreprendre en cas de suspicion de risque suicidaire, et 63,6 % ignorent comment ouvrir la discussion sur ce thème au comptoir.
Malgré cela, l’enthousiasme pour se former est massif : 91,3 % des participants souhaitent suivre une formation ciblée, et 97,1 % sont prêts à s’y inscrire. La préférence va à un format en ligne, axé sur la reconnaissance des signaux, la tenue d’un entretien et l’orientation vers des structures d’aide.
Pour répondre à cette demande, une e-learning a été développée par le VAN et le VLESP, avec le soutien du gouvernement flamand. « L’objectif est de donner aux pharmaciens les outils pour identifier la détresse psychologique, dialoguer avec les patients et les orienter efficacement », explique le VLESP. La formation traite notamment de la gestion sécurisée des médicaments, souvent utilisés lors de tentatives de suicide.
Les évaluations sont positives : avant la formation, seuls 26 % des participants savaient comment aborder une personne suicidaire. Après la formation, ils étaient 92 %. La connaissance des lignes d’aide et ressources disponibles est également passée de 33 % à 89 %.
« Grâce à cette formation, je me sens désormais capable de reconnaître les signaux et d’aborder le sujet avec empathie et assurance », témoigne une pharmacienne participante. Les supports visuels et les fiches de référence remis à l’issue du module renforcent ce sentiment de préparation.
Cette initiative s’inscrit dans une évolution plus large de la profession, voulue par le ministre Vandenbroucke, qui entend confier aux pharmaciens un rôle accru dans la prévention, le dépistage et l’orientation des patients au sein de la première ligne de soins. Une note de travail du Conseil fédéral des pharmaciens, que Medi-Sphère avait pu se procurer, avait à l’époque suscité une réaction vive du GBO et des médecins, qui insistent sur la nécessité de préserver le rôle central du généraliste dans le parcours de soins du patient, tout en délimitant clairement les compétences des pharmaciens.