Dans le cadre de
l’extension des compétences des pharmaciens souhaitée par le ministre de
la Santé publique Frank Vandenbroucke, un dispositif de repérage des
risques suicidaires est en train de se mettre en place. Une enquête
récente menée auprès des pharmaciens en Flandre révèle à la fois une
forte volonté d’agir et un besoin manifeste de soutien pour aborder ce
sujet délicat.
Accessibles sans rendez-vous et en
contact régulier avec des patients parfois en détresse, les pharmaciens
se retrouvent fréquemment en première ligne. Or, dans 73,6 % des cas,
ils ont déjà été confrontés à une personne exprimant des pensées ou des
comportements suicidaires, selon les résultats publiés de cette enquête.
Pourtant, seuls 9,7 % d’entre eux se sentent actuellement assez sûrs
d’eux pour aborder spontanément le sujet avec leurs patients.
« La position du pharmacien en
première ligne est idéale pour détecter les signaux d’alerte et orienter
vers l’aide adéquate, mais nous constatons un besoin criant de
formation », indique le Vlaams Apothekersnetwerk (VAN), qui a conduit
l’étude avec le Centre flamand d’expertise en prévention du suicide
(VLESP).
Les résultats confirment les
obstacles rencontrés sur le terrain : 81,8 % des pharmaciens déclarent
ne pas avoir reçu de formation suffisante pour identifier les troubles
de santé mentale, 64,8 % ne savent pas quelles actions entreprendre en
cas de suspicion de risque suicidaire, et 63,6 % ignorent comment ouvrir
la discussion sur ce thème au comptoir.
Malgré cela, l’enthousiasme pour se
former est massif : 91,3 % des participants souhaitent suivre une
formation ciblée, et 97,1 % sont prêts à s’y inscrire. La préférence va à
un format en ligne, axé sur la reconnaissance des signaux, la tenue
d’un entretien et l’orientation vers des structures d’aide.
Pour répondre à cette demande, une
e-learning a été développée par le VAN et le VLESP, avec le soutien du
gouvernement flamand. « L’objectif est de donner aux pharmaciens les
outils pour identifier la détresse psychologique, dialoguer avec les
patients et les orienter efficacement », explique le VLESP. La formation
traite notamment de la gestion sécurisée des médicaments, souvent
utilisés lors de tentatives de suicide.
Les évaluations sont positives :
avant la formation, seuls 26 % des participants savaient comment aborder
une personne suicidaire. Après la formation, ils étaient 92 %. La
connaissance des lignes d’aide et ressources disponibles est également
passée de 33 % à 89 %.
« Grâce à cette formation, je me
sens désormais capable de reconnaître les signaux et d’aborder le sujet
avec empathie et assurance », témoigne une pharmacienne participante.
Les supports visuels et les fiches de référence remis à l’issue du
module renforcent ce sentiment de préparation.
Cette
initiative s’inscrit dans une évolution plus large de la profession,
voulue par le ministre Vandenbroucke, qui entend confier aux pharmaciens
un rôle accru dans la prévention, le dépistage et l’orientation des
patients au sein de la première ligne de soins. Une note de travail du Conseil fédéral des pharmaciens, que Medi-Sphère
avait pu se procurer, avait à l’époque suscité une réaction vive du GBO
et des médecins, qui insistent sur la nécessité de préserver le rôle
central du généraliste dans le parcours de soins du patient, tout en
délimitant clairement les compétences des pharmaciens.
https://www.lespecialiste.be/fr/actualites/socio-professionnel/prevention-du-suicide-les-pharmaciens-prets-a-jouer-un-role-cle.html