Emotion Regulation Deficits among People at Risk for Suicide
La relation entre la dérégulation des émotions et les pensées suicidaires
La relation entre la dérégulation des émotions et les pensées suicidaires
Des déficits dans les stratégies efficaces de régulation des émotions existent chez les personnes exposées aux pensées suicidaires. Des preuves établissent un lien entre pensée suicidaire et difficulté autodéclarée à réguler ses émotions. Le projet ERDS, financé par l’UE, testera si les personnes ayant des pensées suicidaires présentent des différences dans les contrôles psychiatriques et non psychiatriques lorsqu’elles tentent de réduire leurs émotions négatives. Il explorera si et comment la régulation des émotions est altérée chez les personnes ayant des pensées suicidaires, en tenant également compte des variations entre hommes et femmes. Pour soutenir le traitement et la prévention, les résultats permettront de mettre en lumière les mécanismes sous-jacents à la régulation des émotions et à leur dérégulation.
Nouvelles connaissances sur la régulation des émotions et le risque de suicide
La régulation des émotions décrit la capacité d’un individu à gérer efficacement ses expériences émotionnelles et à y répondre. Au cours d’une journée normale, nous utilisons diverses stratégies pour faire face à des situations difficiles. «Il est largement admis que les personnes présentant un risque de suicide ont des difficultés à réguler leurs émotions», explique Yael Millgram, collaboratrice du projet ERDS, rattachée à l’université de Tel Aviv en Israël. «Les pensées suicidaires sont parfois une tentative d’échapper à des émotions intensément négatives, parce que la personne qui les éprouve se sent incapable de les contrôler d’une autre manière.»
Mieux comprendre les difficultés émotionnelles
En tant qu’experte de la régulation des émotions et de la dépression, Yael Millgram a noté que très peu de recherches se sont concentrées sur la nature réelle de ces difficultés chez les individus aux prises avec des pensées suicidaires. En outre, la plupart des données antérieures ont été recueillies à l’aide de questionnaires, qui sont rétrospectifs et ne permettent pas de rendre compte de l’expérience quotidienne vécue par les personnes présentant un risque de suicide. Le projet ERDS, soutenu par le programme Actions Marie Skłodowska-Curie, a adopté une nouvelle approche pour mieux comprendre les difficultés émotionnelles associées au risque de suicide. Yael Millgram a appliqué une théorie en trois étapes de la régulation des émotions et a cherché à examiner ce qui se passe à chacune de ces étapes. «La première étape consiste à identifier le besoin de réguler ses émotions», explique-t-elle. «L’étape suivante consiste à choisir la stratégie de régulation des émotions à utiliser. Il peut s’agir de se distraire ou de se tourner vers quelqu’un d’autre. La dernière étape est celle de la mise en œuvre, qui peut donner lieu à différents niveaux de réussite et d’effort.» Yael Millgram s’est également intéressée à la découverte des mécanismes qui conduisent aux difficultés de régulation des émotions, telles que la capacité des individus à identifier leur cause. «Lorsque vous éprouvez des sentiments négatifs sans savoir pourquoi, il est beaucoup plus difficile de les modifier», ajoute-t-elle.
Détecter les déficits de régulation émotionnelle
Avec ses superviseurs, Matt Nock de l’université de Harvard et Gal Sheppes de l’université de Tel Aviv, Yael Millgram a mené deux études s’appuyant sur la théorie des trois étapes. Un groupe de personnes ayant déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours de la semaine écoulée a été recruté, ainsi que deux groupes de contrôle - une cohorte de participants en bonne santé présentant peu de symptômes et un groupe de psychiatres ne déclarant pas avoir eu de pensées suicidaires. Chaque groupe a téléchargé une application sur son téléphone, qui lui a envoyé six questionnaires par jour pendant sept jours, l’interrogeant sur la régulation de ses émotions en temps réel. Ces études ont abouti à un certain nombre de conclusions intéressantes. Par exemple, Yael Millgram a constaté que les participants ayant des idées suicidaires choisissaient des stratégies plus néfastes, telles que l’alcool et les drogues, pour gérer leurs émotions, et qu’ils faisaient plus d’efforts pour les réguler, par rapport aux deux groupes de contrôle. «Cela permet de différencier les personnes souffrant de psychopathologies des personnes ayant des pensées suicidaires», explique-t-elle.
Comprendre les causes des émotions
Yael Millgram a également constaté que les individus présentant un risque de suicide ont tendance à moins bien connaître les causes de leurs émotions. «Ce groupe en savait moins sur les raisons de ses sentiments négatifs que les deux groupes de contrôle», précise-t-elle. «En outre, les personnes présentant un risque étaient plus susceptibles de penser au suicide lorsqu’elles n’étaient pas en mesure d’identifier la source de leurs émotions.» Pour Yael Millgram, ces informations soulignent l’importance de découvrir exactement pourquoi les gens ressentent des émotions négatives. C’est un domaine d’étude sur lequel elle a l’intention de se concentrer à l’avenir. «Si nous pouvions aider les gens à identifier la source des émotions négatives, nous pourrions peut-être améliorer leurs capacités de régulation émotionnelle», ajoute-t-elle. «Nous pourrions alors potentiellement rendre les stratégies d’adaptation plus faciles à appliquer.»
https://cordis.europa.eu/article/id/457199-new-insights-into-emotion-regulation-and-suicide-risk/fr