Surmortalité due au suicide dans l’Orne : la gendarmerie et le 3411 passent à l’action
Ouest-France (site web)
normandie, vendredi 10 janvier 2025
Églantine FEREY.
Le dispositif 3411, une ligne de prévention et d’urgence contre le suicide, a signé une convention avec la gendarmerie de l’Orne, jeudi 9 janvier 2025. Ce partenariat normand, déjà mis à l’œuvre en Seine-Maritime (76), est unique en France et devrait être élargi au reste de la région. L’objectif est de profiter des ressources des militaires pour géolocaliser les appelants notamment. Les chiffres du département en matière de suicide sont particulièrement alarmants.
« Nous recevons des appels de personnes qui ne souhaitent pas nous dire où elles sont. Elles veulent souvent mourir en parlant à quelqu’un mais ne pas être secourues. » Marie-Noëlle Leplomb, coordinatrice du 3114 en Normandie, est à l’origine de la signature d’une convention entre la gendarmerie de l’Orne et la ligne téléphonique de prévention du suicide.
Les gendarmes reçoivent aussi des appels de personnes suicidaires
« De cette façon, nous pouvons par exemple bénéficier de la géolocalisation des gendarmes et déclencher les secours si besoin. » Le dispositif permet aussi aux militaires de renvoyer les appels reçus au centre d’opération de gendarmerie d’Alençon vers le 3114.
« Nous ne tenons pas de statistiques sur le sujet mais nous avons des appels, non pas quotidiens mais relativement fréquents. Même si les opérateurs savent faire preuve d’écoute active et bienveillante, c’est aussi un gain de temps pour nous de pouvoir orienter ces gens vers du personnel qualifié » , précise Pierre-Olivier Benech, commandant du groupement de l’Orne.
« Les proches, comme les parents peuvent aussi nous contacter »
Les répondants sont en effet des infirmières et des infirmiers rompus à l’exercice. La plateforme normande est basée à Rouen et s’appuie sur le centre hospitalier du Rouvray. Elle fonctionne sept jours sur sept, de 9 h à 21 h, en dehors de ces horaires, les appels sont rebasculés sur d’autres opérateurs dans d’autres régions, le service est donc accessible 24 heures sur 24. « Nos répondants savent comment contourner l’idée fixe de la personne suicidaire. Ils peuvent aussi orienter les individus en détresse vers des structures d’accueil, dans l’Orne il s’agit du Centre psychothérapique par exemple. Les proches, comme les parents, peuvent aussi nous contacter pour prendre conseil. »
L’Orne compte 65 % de suicide en plus que le reste de la France
608 suicides par an, en moyenne, ont été dénombrés en Normandie, sur la période 2019-2021. Cela en fait la deuxième région de France hexagonale présentant le plus fort taux de mortalité par suicide, derrière la Bretagne.
L’Orne est plus particulièrement touchée. Selon des chiffres de l’agence régionale de santé sur la période 2020-2021, le département compte 65 % de suicides en plus que le reste de la France. « En revanche, il est difficile d’établir un portrait de la population concernée car la profession n’est pas indiquée sur les avis de décès » , ajoute Anne-Catherine Sudre, directrice déléguée départementale de l’ARS.
Selon les chiffres, les hommes sont largement les plus représentés, notamment ceux de plus de 75 ans. « Au niveau national, le taux de suicide baisse depuis quarante ans, en réalité, il baisse beaucoup moins rapidement qu’ailleurs dans l’Orne. »
Cette convention entre la gendarmerie et le 3114 a vocation à prévenir et à sensibiliser la population sur les risques suicidaires. Elle vise aussi à soutenir les gendarmes eux-mêmes. « Il s’agit aussi d’une population à risque, nous souhaitons aussi leur apporter un soutien. »
En cas de détresse psychique, contactez le 3114, l’appel est gratuit.
Illustration(s) :
Franck Estève, directeur du CHS de Saint-Étienne-du-Rouvray, et le colonel Pierre-Olivier Benech, commandant du groupement de l’Orne, ont officialisé le partenariat entre la plateforme 3114 et la gendarmerie. .
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