lundi 6 janvier 2025

ETUDE RECHERCHE Conduites suicidaires en France : des tendances inquiétantes chez les jeunes et de fortes inégalités sociales

Conduites suicidaires : des tendances inquiétantes chez les jeunes

Une étude de santé publique pointe de fortes inégalités sociales dans les conduites suicidaires en France et des tendances inquiétantes chez les jeunes : ainsi le jeune âge, considéré jusqu’en 2015 comme un facteur de protection devient un facteur de risque après 2020. Points clés.

Élaboré dans le cadre de l’Observatoire national du suicide, ce numéro de Questions de santé publique présente une
synthèse des données épidémiologiques et réflexions sociologiques sur les comportements suicidaires en France et en Europe ainsi que leurs principaux déterminants sociaux. Pour approcher les conduites suicidaires, très intriquées à la thématique de la santé mentale, plusieurs types d’indicateurs statistiques peuvent être mobilisés qui ne répondent pas tous aux mêmes dynamiques : nombres et proportions de suicides, tentatives de suicide, automutilations non suicidaires et pensées suicidaires. Ces phénomènes sont des faits sociaux autant qu’ils répondent à une grande souffrance subjective. La surveillance épidémiologique dont ils font l’objet permet de dégager des tendances et de pointer des populations particulièrement à risque car ils varient singulièrement selon différentes caractéristiques démographiques et socioéconomiques.

Parmi les évolutions récentes, on relève une tendance globale de la mortalité par suicide à la baisse au cours des quarante dernières années, avec un taux qui baisse entre 1993 et 1999 puis à nouveau entre 2009 et 2017 pour se stabiliser. La littérature scientifique propose différentes pistes pour expliquer cette tendance de long terme qui concerne également d’autres pays occidentaux : la restriction progressive de l’accès « aux moyens létaux » ; l’amélioration de la prise en charge des troubles psychiatriques ; la mise en place de plans de prévention nationaux
déployant notamment des lignes d’appel d’urgence et des dispositifs de rappels pour les personnes ayant fait une
tentative de suicide.

L’article s’intéresse ensuite plus largement aux conduites suicidaires, tentatives de suicide et pensées suicidaires, marquées par de fortes inégalités sociales. Sont pointés les facteurs de risques liés à l’âge et au genre, avec des fortes augmentations depuis 2010 chez les jeunes et les femmes, les contextes de difficultés socio-économiques et le rôle des violences subies et des discriminations.

Dans leur conclusion, les chercheurs soulignent que « le phénomène le plus marquant des dix dernières années est l’inversion du lien entre la santé mentale et le jeune âge, qui passe de facteur de protection avant 2015 à facteur de risque après 2020. » Si la crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur, la progressive dégradation de la santé mentale des jeunes, particulièrement des adolescentes et jeunes femmes, a commencé avant celle-ci. Par ailleurs, au-delà de ce phénomène préoccupent, les auteurs rappellent que « les personnes âgées restent de loin les principales concernées par les suicides. En 2021, 35 % des personnes suicidées sont âgées de 65 ans ou plus et 38 % d’entre elles avaient entre 45 et 64 ans ».

Conduites suicidaires en France : des tendances inquiétantes chez les jeunes et de fortes inégalités sociales, H. Guichard, L. Troy, C. De Champs, J.-B. Hazo, Questions de santé publique, n°50, décembre 2024, Iresp, en pdf.

https://www.santementale.fr/2025/01/conduites-suicidaires-des-tendances-inquietantes-chez-les-jeunes/