À Saint-Nazaire, une cellule d’urgence psy pour les marins en mer
L’expérience menée à Saint-Nazaire a montré son utilité pendant le Covid. Des locaux sont ouverts et quatre personnes ont été recrutées.
Des mois en mer sans savoir quand on va débarquer. Au plus fort de la crise du Covid, avec des ports qui fermaient les uns après les autres, des centaines de milliers de marins dans le monde se sont retrouvés coincés au milieu des océans. Comme ce mécanicien de 28 ans qui frôlé une crise suicidaire après 150 jours en mer, deux mois de plus de prévu.
C’était l’une des personnes prises en charge par le centre ressource d’aide psychologique en mer, qui s’était créé à Saint-Nazaire juste avant le premier confinement. Il a vite vu affluer les appels d’urgence.
« La crise a montré son utilité », confirme Camille Jego, qui en a eu l’idée après avoir mené des recherches sur cette question. Depuis, elle a obtenu des crédits pour se développer de la part du ministère de la Santé et de l’ARS dans le cadre du fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie.
Le centre, qui se trouvait dans une petite pièce de l’hôpital de Saint-Nazaire, s’est installé au rez-de-chaussée d’un ancien château, sur le site de psychiatrie d’Heinlex, à quelques encablures. Des recrutements sont en cours, outre son poste de responsable : deux infirmiers à temps plein, une secrétaire, un médecin et une psychologue, chacun à mi-temps.
Numéro d’urgence
C’est le seul centre de ce type en France. « Il s’adresse aux 42 000 marins professionnels de la pêche et du commerce », résume Camille Jégo. Une assistance d’urgence 24 heures sur 24 par téléphone est créée.
Elle peut être appelée directement ou déclenchée par les services de secours lors d’une intervention. Une crise suicidaire, un grave événement à bord d’un navire qui nécessite une prise en charge psychologique. « C’est le même principe qu’une cellule lors d’un accident de la route ou un attentat. Une aide rapide peut permettre de limiter le choc post-traumatique. Quand on voit un marin être gravement blessé ou décéder, que parfois il faut rester plusieurs jours isolés dans cette situation, c’est compliqué à gérer… »
Le centre propose aussi des consultations classiques, physiques ou par téléphone, avec des personnels formés aux problématiques du milieu de la mer. Un colloque est organisé début octobre à Saint-Nazaire. « Les réseaux existent. D’un côté, le monde de la mer, de l’autre celui de la psychologie. Il s’agit de les mettre en relation pour une meilleure efficacité. »