L'université catholique de l'Ouest de Guingamp a
organisé les 24 et 25 juin 2021 un colloque international sur le suicide
des femmes. Interview de l'organisatrice.
Le suicide des femmes. L’Université catholique de l’Ouest (UCO) de Guingamp a organisé un colloque les 24 et 25 juin 2021 sur les vulnérabilités et passages à l’acte des femmes aux différents âges de la vie, avec le soutien et les contributions de deux universités québécoises. L’événement a été conduit par Virginie Jacob Alby, responsable scientifique de ce colloque, enseignante, chercheure en psychopathologie clinique. Rencontre.
L’écho : Pourquoi avoir organisé ce colloque international sur le suicide des femmes ?
Virginie Jacob Alby : Il y a une recherche qui se met en place sur le thème de la prévention du suicide des femmes à l’université. Il faut savoir que la Bretagne est la région la plus touchée par le suicide, comparée aux autres régions : beaucoup de dépressions soignées, des problèmes d’addiction, la précarité. Un ensemble de facteurs associés de vulnérabilités. C’est très complexe.
Pourquoi avoir fait intervenir deux universités québécoises dans votre programme ?
Les chercheurs les plus expérimentés sur le thème du suicide sont au Québec. En discutant avec les universités québécoises, on a réalisé que, comme il y a quatre fois plus d’hommes que de femmes qui se suicident, on a surtout orienté la recherche sur le suicide des hommes mais pas sur celui des femmes.
Pourquoi y a-t-il plus de suicides chez les hommes que chez les femmes ?
Parce qu’ils utilisent plus de moyens létaux, la pendaison, les armes à feu… On dit que les femmes tentent de se suicider, mais que les hommes meurent.
« Tout cumulé, à un moment donné il y a un passage à l’acte »Depuis quand vous penchez-vous sur la question ?
Depuis que je suis arrivée en poste en septembre 2019. On a mis en place une recherche spécifique sur le suicide avec l’aide du Département à l’UCO. C’est un programme de recherche à long terme (10 à 15 ans), sur la prévention du suicide des femmes, la prévention du suicide et les addictions.
Quel est le motif récurrent qui fait qu’une femme passe à l’acte ?
Il y a beaucoup de motifs, c’est souvent des facteurs de vulnérabilités associés : la dimension économique, la pathologie mentale non soignée, les violences intrafamiliales, les addictions. Tout cumulé, à un moment donné il y a un passage à l’acte.
Quelle est la tranche d’âge la plus vulnérable, constatée chez les femmes ?
Étonnamment on a réalisé que des femmes passaient à l’acte autour de la cinquantaine au moment où les enfants partent. Les femmes sont en capacité de supporter beaucoup de souffrance pour leurs enfants mais quand les enfants s’en vont, c’est à ce moment-là qu’il y a des risques de passage à l’acte. On constate aussi en Bretagne beaucoup de suicides chez les femmes âgées seules, dans le veuvage.
Que mettez-vous en place exactement dans ce programme de recherche et dans quel but ?
Nous mettons en place plusieurs doctorats dans ce programme de recherche, des thèses pour essayer de travailler à une meilleure compréhension de la psychopathologie du suicide et du passage à l’acte. Le but c’est d’améliorer la prévention, l’accompagnement des femmes. Il y a un manque de psychologues pour accompagner ces femmes-là sur le territoire des Côtes-d’Armor. Le but est de montrer aussi qu’il est nécessaire de créer davantage de postes de psychologues pour mieux accompagner ces femmes en détresse.
ANNONCE du 26/02/2021 :
COLLOQUE international
VULNÉRABILITÉS ET PASSAGES À L’ACTE DES FEMMES AUX DIFFÉRENTS ÂGES DE LA VIE
23 & 24 JUIN 2021
Université Catholique de l’Ouest, Bretagne Nord37, Rue Maréchal Foch, 22200 GUINGAMP
02 96 44 46 46 //vulnerabilitesdesfemmes@gmail.com