mardi 19 août 2014

Prévention du suicide et média

Après la mort de Robin Williams, questions sur la médiatisation d’un suicide 

Du 13 aout sur http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2014/08/13/apres-la-mort-de-robin-williams-questions-sur-la-mediatisation-dun-suicide/


"Génie, tu es libre." L'assertion minimaliste de l'Académie des arts et techniques du cinéma, en réaction à la mort de Robin Williams et à son travail de doubleur dans Aladdin, a été retweeté plus de 300 000 fois sur Twitter, atteignant ainsi quelque 69 millions de personnes selon le site d'analyse Topsy. Un succès qui a dérangé la Fondation américaine pour la prévention du suicide (AFSP), qui a considéré cette phrase comme une "formule pouvant provoquer un phénomène de contagion".
Le Washington Post, qui relaie ces questionnements autour du traitement médiatique du suicide de l'acteur, rappelle que de tels hommages "brisent le cadre traditionnel dans lequel la société évoque le suicide". "Si la ligne rouge n'a pas été franchie, on s'en est fortement approchée", explique ainsi au quotidien américain une responsable de l'AFSP, redoutant une lecture incitative du salut de l'académie à l'acteur. "Le ciel étoilé du film de Disney et la formulation présentant le suicide comme une option libératoire jette un éclairage bien trop positif du suicide", note le Washington Post.
La préoccupation n'est pas nouvelle. Baptisé en anglais le facteur "copycat", à savoir la reproduction d'un geste largement médiatisé, l'effet sur des esprits vulnérables est ravageur, notamment chez les adolescents. Depuis quelques années, l'AFSP est ainsi particulièrement attentive au risque de "romancer les morts de gens célèbres" et donne des consignes précises aux journalistes pour éviter tout éloge du suicide dans la manière de relayer une information.
"L'importance du phénomène de contagion est lié à l'importance, la durée et la mise en valeur de la couverture d'un suicide, peut-on ainsi lire dans cette notice. Le risque de suicides supplémentaires augmente lorsque l'article décrit précisément la méthode de suicide, fait usage d'images ou de titres racoleurs, et lorsque la médiatisation rend sensationnelle l'annonce d'un suicide."
Ainsi, la fondation préconise de titrer : "Kurt Cobain meurt à 27 ans" plutôt que "Kurt Cobain a utilisé une arme à feu pour se suicider", ou encore de préférer la formulation : "Une note laissée par la personne décédée a été trouvée et est examinée par l'équipe médicale" à l'assertion courante "X a laissé une note de suicide expliquant son geste...". L'AFSP proscrit encore l'utilisation de l'expression tentative de suicide "réussie" ou "ratée", introduisant une notion de succès lorsque la personne meurt.
Des nuances d'autant plus cruciales que la viralité des informations sur les réseaux sociaux implique la multiplication des prises de parole sur le sujet. Dans le cas du tweet de l'Académie des arts et techniques du cinéma, qui organise notamment la cérémonie des Oscars, l'institution n'a pas donné d'information sur la personne qui avait posté l'hommage à Robin Williams. L'académie n'a pas non plus précisé si la formulation avait fait l'objet d'une réflexion interne avant de connaître un tel succès.
Pour Robin Williams, l'AFSP insiste ainsi sur l'importance de rappeler à quel point la vie de l'acteur fut riche, plutôt que de mettre en lumière ses difficultés. Et souligne par ce biais que si des personnes sont "en proie à des idéations suicidaires" ou présentent des "comportements suicidaires", l'important est d'en parler. Et les dispositifs développés pour aider cette prise de parole sont nombreux, que ce soit SOS Amitié, Suicide Ecoute ou encore SOS Suicide Phénix.


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Pour en savoir plus sur la question de la prévention du suicide et média voir aussi http://papageno-suicide.com/Le programme Papageno est un programme français visant à améliorer la qualité du traitement médiatique du suicide en vue de sa prévention. La méthodologie déployée vise à faire naître et entretenir chez les étudiants en journalisme la conscience de leur responsabilité sur cette problématique. Il s’agit, à terme, d’inciter les professionnels qu’ils deviendront à mobiliser les ressources disponibles, mises en valeur par le programme.

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Sur le Meme sujet Psycom fais une revue de presse
Le décès de l'acteur Robin Williams interroge sur la dépression, la bipolarité et le suicide ainsi que leur gestion médiatique. Revue de presse
le 18 août 2014


Les réactions qui ont suivies le décès de Robin Williams ont donné lieu à de nombreux articles sur le suicide, la dépression, les addictions, les troubles bipolaires, le lien artiste/dépression...mais aussi sur le traitement de ces thèmes par les medias. Le Psycom propose une revue de presse.
Lire la suite sur http://www.psycom.org/Actualites/A-lire-a-voir-a-ecouter/Le-deces-de-l-acteur-Robin-Williams-interroge-sur-la-depression-la-bipolarite-et-le-suicide-ainsi-que-leur-gestion-mediatique.-Revue-de-presse 



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CANADA  : Parce que la prévention du suicide est à la portée de tous
Caroline Mireault  sur http://www.hebdorivenord.com/Actualites/2014-08-19/article-3840199/Parce-que-la-prevention-du-suicide-est-a-la-portee-de-tous/1




Le suicide n'est pas une option et avec l’aide disponible, il est possible de s’en sortir. Vous pouvez faire la différence en appelant le Centre de prévention du suicide de Lanaudière au 1 866-APPELLE (277-3553).

Le rôle des médias est primordial

SUICIDE. Le décès de l’acteur Robin Williams a suscité une onde de choc à travers le monde et le nombre d’articles de journaux écrits et partagés à ce sujet ne se compte plus. À cela s’ajoute un nombre record de « posts » sur les médias sociaux, si bien que Zelda, la fille de l’acteur, a décidé de quitter Internet pour un moment. L’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) croit que cette nouvelle, mais surtout la façon dont elle est traitée pourrait avoir pour conséquence de fragiliser des personnes vulnérables au suicide.



En entrevue avec TC Media Hebdo Rive Nord, Sylvie G., intervenante au Centre de prévention du suicide de Lanaudière explique : « Il est difficile de se prononcer sur la recrudescence d’appels. Cependant, le centre a reçu des appels en lien avec le suicide de Robin Williams, mais nous sommes fiers que ces personnes aient téléphoné pour demander de l’aide parce que le décès et la couverture médiatique ont touché des gens vulnérables. »
Le rôle des médias
Contrairement à ce que plusieurs pensent, parler du suicide dans les médias n’encourage pas le passage à l’acte, car tout dépend de la façon dont il est traité mentionne l’AQPS dans son ouvrage <@Ri>Prévention du suicide et traitement médiatique<@$p>. L’AQPS a donc partagé un document conçu pour les médias sur la façon de traiter le suicide puisque leurs recherches ont démontré qu’un traitement médiatique adéquat du sujet permet de sauver des vies.
De plus, l’AQPS appelle les journalistes à la prudence en mentionnant que le « suicide est un phénomène complexe. Il est souvent mieux de ne pas donner d'explications simplistes ou de l'associer à un seul facteur ».
Selon l'association, un média qui dit qu’une personne n’avait pas d’antécédent suicidaire devrait aussi prendre le temps d’informer le lecteur que « s’il n’y a eu aucun signe, c’est un cas plutôt atypique ». L'intervenante Sylvie G. renchérit : « Le suicide est une situation compliquée, il n’est pas causé par un seul événement. Il faut éviter de dire : “il s’est suicidé à cause de… [séparation, intimidation, etc.]" »
Aussi, les médias ne devraient pas tenter de chercher un responsable et éviter de donner des informations sur le moyen utilisé par la personne qui vient de s'enlever la vie en publiant, par exemple, des photos ou des lettres d'adieu du suicidé.
L'AQPS recommande également d'exposer des faits sans toutefois qualifier le geste. Louanger le suicide d’une personnalité ou qualifier son geste d’héroïque pourrait créer une vague d’imitation. Dans un même ordre d'idée, Sylvie G. indique : « Il est important d'éviter de parler du suicide d’une personne en particulier sur une longue période, car cela peut avoir des effets néfastes sur les personnes déjà vulnérables. Par exemple, l’année du suicide de Gaétan Girouard, il y a eu augmentation des suicides. »
Avec le pouvoir de diffuser l'information vient aussi un devoir de responsabilisation. Pour l'intervenante au Centre de prévention du suicide de Lanaudière, Sylvie G., il est primordial que les médias ne tombent pas dans la simplification et le sensationnalisme, mais qu'ils fassent comprendre aux personnes à risque que le suicide n'est pas une option, et qu’avec l’aide disponible, il est possible de s’en sortir.
Vous êtes inquiets pour quelqu’un de votre entourage, vous pouvez faire la différence en appelant le Centre de prévention du suicide de Lanaudière au 1 866-APPELLE (277-3553).