mardi 18 novembre 2025

Témoignage portrait "Un jour, c'était trop pour moi, j'ai fait une tentative de suicide", Miel a créé Lyynk, une appli pour aider les jeunes en détresse psychologique

Témoignage "Un jour, c'était trop pour moi, j'ai fait une tentative de suicide", Miel a créé Lyynk, une appli pour aider les jeunes en détresse psychologique

L'influenceuse Miel Abitbol a connu un parcours compliqué et fait de la santé mentale son combat. À 18 ans, elle est la co-fondatrice de Lyynk, une application "de confiance dédiée au bien-être des jeunes".

Son visage aujourd'hui n'est que sourire. Pendant des années pourtant, Miel a enchaîné les dépressions. Harcèlement, agression sexuelle, revenge porn, l'adolescente a vécu l'enfer jusqu'à vouloir disparaître.


Miel, son histoire, sa force

"Un jour, c'était trop pour moi et j'ai fait une tentative de suicide, confie-t-elle, mes parents ont tout appris justement sur un lit d'hôpital et c'est parti pour des années très compliquées en termes de santé mentale, entre les hospitalisations, les traitements, les rendez-vous psy".

J'ai été confrontée assez tôt à ces problématiques-là et c'est pour ça que ça en fait un peu mon engagement aujourd'hui.  Miel Abitbol Co-fondatrice de Lyynk

La part douloureuse de son histoire, la jeune influenceuse en a fait une force. En septembre 2024, accompagnée par sa psychiatre, elle lance une application dédiée à la santé mentale des jeunes, un projet soutenu financièrement par son père qui a fait fortune dans la tech aux États-Unis.

Une application comme une "safe place"

"Lyynk, L-Y-Y-N-K, donc Link qui est en anglais, le lien. En gros, le jeune, il a toute une safe place. Par exemple, il va pouvoir noter son humeur, son sommeil, son alimentation pour garder un suivi de comment il va au jour le jour".

"On a aussi rajouté, là récemment, des exercices de respiration, pour une montée de crise d'angoisse, avoir un examen pour s'endormir le soir. Ça, c'est très important, c'est beaucoup utilisé en psychiatrie, en psychologie".

C'est le kit de secours : qu'est-ce que je fais quand ça ne va pas ?  Miel Abitbol Co-fondatrice de Lyynk

"Les jeunes, sur l'application, peuvent aussi se connecter avec leurs parents ou leurs adultes de confiance. Ça permet vraiment de recréer du lien de façon indirecte, pas dans la vraie vie, parce que ce n'est pas nécessairement facile de dire à ses parents, dans la vraie vie, ça ne va pas".

"À travers un téléphone, c'est beaucoup plus simple. Et d'ailleurs, il y en a beaucoup qui font ça, qui envoient des messages pour dire à leurs parents que ça ne va pas, qui se livrent à eux, juste à travers leur téléphone".

L'application LYYNK, une "safe place" pour les jeunes © France Télévisions

La peur d'aller vers l'adulte

Lyynk emploie aujourd'hui 15 salariés, moyenne d'âge, moins de 25 ans.

"Parmi nos utilisateurs, beaucoup ont peur, tout simplement, parce qu'ils se disent, et ils en sont convaincus, que les parents ne sont pas du tout sensibilisés à ça, explique Ryan Baazia, 23 ans, directeur produit Lyynk. Et ils se disent, mais ils ne vont pas comprendre, ils sont trop stricts, ils trouvent que ce sont des problèmes futiles".

"C'est toujours ce type de réponse, ils ont toujours peur d'aller vers l'adulte. Quand on voit que la grande cause nationale de 2025, c'est la santé mentale, est-ce que vous pouvez me citer un truc qui a été fait en faveur de la santé mentale de cette année ? Je n'ai rien vu, nous, on n'a rien vu chez Lyynk".

Ryan Baazia et Miel Abitbol © France 3 Pays de la Loire

"Donc nous, on essaye de faire du lobbying auprès des pouvoirs publics pour essayer de faire bouger les choses, parce que malheureusement, c'est qu'avec eux, c'est avec les textes de loi qu'on va réussir à faire bouger des choses au niveau constitutionnel, poursuit Ryan Baazia. Mais on n'attend pas le côté politique pour avancer, parce qu'il n'y a rien qui se fait de ce côté-là".


"C'est un travail collectif qui résoudra le problème"

Le père de Miel, jamais très loin, attend, lui aussi, que les autorités se saisissent de cette question de santé publique.

"Si les jeunes sont comme ça aujourd'hui, c'est parce qu'ils sont ce qu'on en a fait", témoigne Guirchaume Abitbol, co-fondateur de Lyynk.

On doit tous travailler ensemble pour que les jeunes soient mieux. Y compris les adultes, les jeunes, les politiques, les médecins, l'école, tout le monde.  C'est un travail collectif qui résoudra le problème. On en est persuadés.  Guirchaume Abitbol Co-fondateur de Lyynk

"Ce n'est pas une question de mauvaise volonté des parents, c'est qu'on a le sentiment qu'il peut se passer des petites choses chez son ado, mais on met ça un peu sur le dos de l'adolescence".

"Ces difficultés qui nous semblent, pour nous, légères et anodines représentent pour eux énormément de choses et ils se sentent, du coup, incompris par leurs parents et, de fait, ils ne vont pas aller parler de leurs difficultés avec leurs parents".

Il faut laisser une ouverture maximale à ces jeunes en leur disant "tous les sujets sont ouverts, tu peux me parler de tout, même si tu fais quelque chose de pas bien, quoi qu'il arrive, je serai toujours là pour t'aider à trouver une solution"

Guirchaume Abitbol -Co-fondateur de Lyynk
Guirchaume Abitbol - Co-fondateur de Lyynk © France Télévisions

Une émission en ligne en préparation

Miel, dans son combat, a eu beaucoup de chances d'avoir son père à ses côtés. Elle en a hérité au moins un trait de caractère.

"Moi, je suis un peu une insatisfaite éternelle, un peu comme mon père, raconte Miel. Mais je suis du style où il faut toujours aller plus loin, plus haut, plus haut, toujours plus. Et on a tellement plus de choses à faire pour la santé mentale des jeunes que pour moi, on n'en est qu'au début".

Miel Abitbol a fait de la santé mentale son combat © France Télévisions

Avec 300 000 téléchargements en un an, l'appli cartonne, Miel prépare désormais une nouvelle émission sur les réseaux sociaux. Elle pourrait être en ligne dès la fin de l'année.

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