Suicides des agriculteurs : une application pour les soutenir
https://www.courrier-picard.fr/ mardi 5 août 2025
Oise. Pour rassembler et offrir plus de transparence aux différents dispositifs de soutien mis à disposition des agriculteurs, une plate-forme a été mise en ligne en Picardie. Elle vise à simplifier les démarches pour les agriculteurs comme pour leurs proches.
Ils ont la réputation d’avoir le cuir épais, solide et robuste. Mais parfois poreux quand les difficultés deviennent insurmontables. Occulté par fierté et par orgueil, lemal-être des agriculteurs est un fléau aujourd’hui pris à sa juste mesure. Et même érigé en cheval de bataille par la profession qui souhaite mettre un terme à un sujet trop souvent banalisé ou refoulé. « Avant, quand il y avait des difficultés, l’idée était de travailler plus et de baisser la tête mais ce n’est pas une solution. C’est un sujet dont on parle peu et on fait partie de ces gens qui pensent qu’il faut en parler. Le suicide ne doit pas être un sujet tabou», martèle Luc Smessaert, président de la chambre d’agriculture de l’Oise.
75 sentinelles dans l’Oise pour détecter les signes précurseurs
Une problématique prise très au sérieux par les autorités. En témoignent les nombreux dispositifs de soutien mis en place depuis plusieurs années. À l’image des « Sentinelles » de plus en plus répandues depuis leur création en 2021. Y compris en Picardie où 300 personnes, dont 75 pour le seul département de l’Oise, ont été formées pour détecter les signes précurseurs d’un mal-être chez les agriculteurs. Si le chiffre du nombre de suicides dans l’Oise est aussi occulte que le sujet, le nombre d’alertes adressées à la Mutuelle sociale agricole (MSA) en dit long sur l’ampleur du phénomène. « 54 % des signalements qui ont été faits émanaient des sentinelles pour des problèmes de mal-être. Ça représente entre 170 et 180 signalements en Picardie pour l’année 2024 », précise Sylvie Douchet, directrice de Réagir, une association au soutien des agriculteurs.
Pour compléter le dispositif déjà existant, le département de l’Oise s’est doté d’une toute nouvelle plate-forme « Ma Boussole Agricole ». Loin d’être un simple gadget, cet outil - conçu par la DDT de l’Oise, la MSA, la chambre d’agriculture et Réagir - recense l’ensemble des dispositifs de soutien mis au profit des agriculteurs en difficulté. En seulement quelques clics, une solution idoine est proposée en fonction des problèmes rencontrés par les agriculteurs. « Aujourd’hui, notre difficulté est que nous avons de très nombreux dispositifs de soutien mais il fallait les centraliser », juge Frédéric Bovet, secrétaire général de la préfecture de l’Oise.
Autre avantage, la plate-forme peut également être utilisée par des proches pour alerter d’une situation délicate. Un outil complet dont s’est félicité le coordinateur national du plan de prévention du mal-être en agriculture. « C’est la plate-forme la plus aboutie que j’ai vue jusqu’à présent. J’ai d’ailleurs proposé à madame la ministre de rencontrer les personnes qui ont travaillé sur ce site », indique Olivier Damaisin.
Un nouveau pas dans la lutte contre le fléau qui gangrène la profession. « Dans notre milieu, on connaît tous quelqu’un qui s’est suicidé », déplore le président de la chambre de l’agriculture de l’Oise.