Une nouvelle stratégie pour la santé mentale et la prévention du suicide en Suède
La Suède lance une stratégie nationale pour la santé mentale et la prévention du suicide, couvrant la période 2025-2034. L’intention est de créer une société où personne ne se sent obligé de recourir au suicide.Écrit par Charlotte Pardal Publié le 11 février 2025https://lepetitjournal.com/*
La stratégie nationale sur la santé mentale et la prévention du suicide en Suède recouvre la période entre 2025 et 2034. D’après les Chroniques nordiques de l’Ambassade de France en Suède, cette mesure comprend quatre axes principaux : garantir le bien-être mental, anticiper les troubles mentaux, prévenir les suicides et améliorer le quotidien des personnes atteintes de troubles psychiatriques.
La méthode veut notamment donner la priorité aux enfants et aux jeunes, en faisant participer acteurs locaux et nationaux ensemble. Le Conseil national de la santé et de la protection sociale et l’Agence suédoise de santé publique sont chargés de permettre la mise en place de cette stratégie, avec l’aide de vingt cinq autres administrations. L’objectif est de construire une société « dans laquelle personne ne devrait se retrouver dans une situation où la seule issue est perçue comme étant le suicide ». Source https://lepetitjournal.com/stockholm/nouvelle-strategie-sante-mentale-prevention-suicide-suede-404838
DOSSIER DE PRESSE Enquête Bien-être des étudiant.e.s infirmier.e.s
Cette enquête fait suite à un constat que la FNESI dénonce depuis maintenant 25 ans. Déjà en 2009, une première Enquête Bien-Être avait établi un état des lieux de la santé des étudiant·e·s en sciences infirmières (ESI). Cette enquête avait alors mis en évidence une réalité connue et pourtant jamais quantifiée : la santé des étudiant·e·s infirmier·ère·s, soignant·e·s de demain, est dégradée.
Extraits " 20,33 % des ESI ont déjà eu des idées suicidaires en lien avec la formation. 1 ESI sur 10 a déjà tenté de se suicider."
Un étudiant infirmier sur cinq a déjà eu des idées suicidaires, alerte leur Fédération nationale
https://www.francebleu.fr Cyrille Ardaud Publié le jeudi 27 mars 2025
71% des étudiants en sciences infirmières déclarent que leur santé mentale s'est dégradée depuis leur entrée en formation, affirme la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières. Ces élèves infirmiers sont au nombre de 120 000, dispersés dans environ 350 établissements en France.
Un étudiant en sciences infirmières (ESI) sur cinq a déjà eu des idées suicidaires depuis le début de sa formation, et un étudiant sur dix a tenté de mettre fin à ses jours. Dans un communiqué de presse diffusé ce jeudi, la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI) tire la sonnette d'alarme autour de la santé mentale des quelques 120 000 étudiants dispersés dans près de 350 établissements à travers toute la France.
Selon la FNESI, 93% de ces futurs infirmiers et infirmières se disent épuisés mentalement par leur cursus universitaire. 38% des ESI ont déjà consulté un professionnel de santé mentale depuis le début de leur formation, alors qu'en 2022, cette part s'élevait à 23%. Un sur trois prend un traitement (anxiolytiques, antidépresseurs). Selon la Fédération, l'ampleur de cette souffrance puise son origine dans la crise du Covid-19, il y a cinq ans. Les étudiants en question ont subi les conséquences de la crise sanitaire : "isolement social, précarité", avec un "système de santé brutalement fragilisé". Étude à l'appui, elle rapporte que 71% des ESI déclarent que leur santé mentale s'est dégradée depuis leur entrée en formation, alors qu'en 2022, lors de sa précédente enquête, cette part s'élevait à 61%. Des étudiants plongés dans une grande précarité
Une autre explication avancée est que les conditions de stage "n'ont jamais été aussi dégradées". 39% des ESI déclarent être en stage avec d'autres ESI, dans des "conditions qui impactent directement la qualité de l'encadrement", écrit la FNESI, avec un "encadrement qui ne peut plus être personnalisé". 61% des sondés considèrent qu'ils ne sont pas écoutés lorsqu'ils font remonter des problématiques sur leur formation et 7,5% assurent qu'ils n'ont pas de tuteur.
La Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières évoque également la précarité de ces étudiants, indemnisés 1,03 euro de l'heure en première année, 1,71 euro de l'heure en dernière année. Or, "le montant minimal pour les indemnités de stage est de 15% du plafond horaire de la Sécurité sociale, soit 4,35 euros de l'heure à ce jour. Une fois de plus, les ESI sont marginalisés", déplore la FNESI. Elle assure ainsi qu'en 2025, plus d'un étudiant sur trois est contraint de sauter au moins un repas chaque semaine, par manque d'argent. La Fédération réclame donc l'accès au repas à un euro pour tous les étudiants. La drogue face à la souffrance
Face au mal-être, de plus en plus d'étudiants en sciences infirmières ont recours à la drogue. Un étudiant sur cinq reconnaît avoir pris du cannabis, de la cocaïne, du LSD ou de l'ecstasy depuis le début de sa formation. En 2022, c'était un sur huit. "Je ne peux plus dormir sans un joint, le stress de la formation m'a fait augmenter ma consommation d'alcool, anxiolytiques, protoxyde d'azote, cannabis, surtout à l'approche et en sortie de stage au point où j'ai été en danger plusieurs fois", raconte un étudiant, sous couvert d'anonymat. En 2025, pour trouver du soutien, chaque mois, plus de 100 étudiants contactent la FNESI par mail. Chaque jour, ils sont 10 à joindre la ligne téléphonique de la Fédération.
Infirmier en pratique avancée en psychiatrie et santé mentale
comme support aux équipes infirmières confrontées à la crise
suicidaire : une recherche qualitative exploratoire
- 24/03/25
Doi : 10.1016/j.refiri.2024.100345
Adriana Palminha Dias, APRN, MSca, ⁎, b, c : Infirmière en pratique avancée mention psychiatrie et santé mentale, Jonathan Biglietto, APRN, PhD-ca, d : Infirmier en pratique avancée mention psychiatrie et santé mentale, Doctorant en sciences de la santé et de la vie
a GHU Paris psychiatrie et neurosciences, 1, rue Cabanis, 75014 Paris, France
b Université Paris Cité, UFR médecine Paris Nord, 85, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris, France
c GHU Paris psychiatrie et neurosciences, site Hauteville, 24–26, rue d’Hauteville, 75010 Paris, France
d Laboratoire
Interpsy (EA4432), axe prisme, campus lettres et sciences humaines et
sociales, université de Lorraine, Bâtiment J, 23, boulevard Albert-1er, 54015 Nancy cedex, France
⁎Auteur correspondant.
dans Revue francophone internationale de recherche infirmière
Résumé
Le
phénomène suicidaire est un enjeu actuel et préoccupant des politiques
de santé française. L’objectif de cette étude qualitative exploratoire
est de comprendre le rôle et le positionnement de l’infirmier en
pratique avancée (IPA) en psychiatrie et santé mentale auprès des
équipes de soins, confrontées à la prise en charge de la crise
suicidaire. Dix-huit de ces professionnels ont participé à des
entretiens semi-directifs portés sur trois axes : difficultés
rencontrées, besoins énoncés des équipes et apports de l’exercice de
l’IPA. Les résultats indiquent que la polycompétence de l’IPA lui permet
d’intervenir à plusieurs niveaux : institutionnel, en fluidifiant et
sécurisant le parcours de soins ; auprès des équipes de soins, en
apportant des outils d’évaluation et en améliorant le jugement
clinique ; enfin auprès du patient, en favorisant l’éducation à la santé
et la prévention. La littérature appuie ces résultats. Pour améliorer
la qualité des soins, il sera nécessaire de suivre l’évolution de
l’implantation du métier de l’IPA.
Mots clés : Crise, Formation, Pratique avancée infirmière, Prévention, Suicide
Formation Sentinelles : détecter/aider les personnes en souffrance psychique
19/03/2025 https://www.ch-morlaix.fr*
Le vendredi 13 juin 2025, le CHPM organisera une troisième session de formation Sentinelles, un programme essentiel visant à repérer et à orienter les personnes en détresse psychologique ou à risque suicidaire.
Cette formation gratuite d’une journée a pour objectif d’enseigner aux participants comment identifier les signaux d’alerte, interpréter les signes de détresse et orienter les personnes vers des structures adaptées, comme les services de soins psychiatriques du CHPM.
"Tout le monde peut participer à Sentinelles !", souligne Isabelle de Andrade, infirmière au CHPM. "Il suffit d’être volontaire, majeur, d’avoir une bonne capacité d’écoute, d’être animé par l’envie d’aider et de connaître ses limites." Cette formation est un moment privilégié d’information et d’échange, où chaque participant apprend à devenir un maillon essentiel du réseau de vigilance face à la souffrance psychique.
Inscrivez-vous dès maintenant pour rejoindre le réseau des Sentinelles et contribuer à sauver des vies !
Vendredi 13 juin 2025 de 9h à 17h Centre hospitalier des Pays de Morlaix Nombre de places : 12 personnes (sur inscription)
Pourquoi les hommes ont-ils plus de mal à consulter un psy ?
Les études montrent que les hommes ont plus de mal à exprimer leur
mal-être. Décryptage de ce phénomène social avec Vincent Lapierre,
directeur du Centre de prévention du suicide.
Propos recueillis par Nathan Tacchi
En France, le taux de suicide des hommes est presque quatre fois supérieur aux femmes.
20,8 pour 100 000. C'est le taux de suicide des hommes en France en 2024, selon l'Observatoire national du suicide (ONS). En comparaison, ce taux s'élève à 6,4 chez les femmes. Si la souffrance psychique des femmes est plus élevée
selon des études, les hommes aussi souffrent de problèmes de santé
mentale. Or, cette détresse masculine est sous-diagnostiquée et
sous-évaluée. Autour de cette question règne un tabou, alimenté par les
stéréotypes de genre.
Au cœur de cette problématique : la virilité.
Ce mélange de fierté et de compétition va à l'encontre de l'expression
de sa vulnérabilité, de ses angoisses. Décryptage de la prise en charge
de la santé mentale des hommes et comment changer la donne avec Vincent
Lapierre, psychologue, directeur du Centre de prévention du suicide à
Paris et ambassadeur de la fondation Movember.
Le Point : Quels sont les freins psychologiques qui empêchent les hommes de demander de l'aide ?
Vincent Lapierre :
C'est un des rares domaines où la construction sociale genrée
désavantage le masculin. L'appel à l'aide est généralement plus ardu
pour les hommes. J'évoque souvent l'exemple du couple mixte en voiture :
les femmes demandent leur chemin avec bien plus d'aisance.
Cette
réticence s'intensifie face aux enjeux de santé, particulièrement
mentale. Les hommes s'acharnent à résoudre leurs difficultés en
solitaire. Confrontés à la détresse psychique, ils élaborent des
mécanismes compensatoires souvent nocifs. Le recours aux substances,
l'alcool en tête, est fréquent. Ce schéma domine dans l'univers
masculin, bien que présent chez les deux sexes.
Cette attitude
entrave significativement le soin. Les hommes tardent à admettre leur
vulnérabilité. Certains ne se l'avouent jamais. Ou alors, leur lucidité
survient quand ils envisagent déjà des solutions extrêmes. Parfois
fatales.
Au CPS Paris, spécialisé dans la problématique
suicidaire, notre ratio est éloquent. 70 % de femmes contre seulement
30 % d'hommes consultent.
Est-ce une construction sociale selon vous ?
Absolument.
Ni les gènes ni l'épigénétique n'expliquent ce phénomène. Cette réserve
s'enracine profondément dans l'identité masculine. Face à l'adversité,
l'homme recherche instantanément une issue par lui-même. Les femmes
aussi, mais elles intègrent naturellement autrui dans leur démarche.
Dans
le domaine de la santé mentale, nous touchons à l'intime. C'est un
territoire où les hommes évoluent différemment. Un homme avec un
problème urologique consultera bien plus tardivement, une femme
confrontée à un souci gynécologique hésitera moins.
Nos
collègues québécois proposent une lecture peu consensuelle en France.
Dans leur conception du masculin, l'intime se confond avec le sexuel. Un
homme se confiera sur sa vie affective principalement à sa partenaire
sexuelle. Rarement à d'autres, et encore moins à un inconnu.
La
« pression sociale positive par les pairs » est évoquée par certains
comme levier d'action. Pouvez-vous développer ce concept ?
Cette
stratégie émerge d'un constat simple : les campagnes de prévention
sanitaire échouent auprès des hommes. Leur résistance s'explique par
leur vision particulière de la santé. Elle requiert souvent un proche
partageant cette préoccupation.
Un exemple révélateur : les femmes
célibataires restent bien soignées, pas moins que celles en couple. Les
hommes célibataires, eux, sont nettement moins suivis que leurs
homologues en couple.
La pression sociale positive repose sur
l'influence de figures identificatoires : quelqu'un qui vous ressemble,
attentif à sa santé, qui consulte un médecin ou un psychologue quand
nécessaire. Par son exemple, il légitime ces comportements.
Cette
figure peut être un partenaire sportif. Un collègue apprécié. Un ami de
longue date. Son témoignage authentique surpasse toute campagne
institutionnelle. « J'ai traversé une période difficile après ma
séparation. J'ai consulté un psy. Aujourd'hui, ça va mieux. »
Avez-vous observé une différence générationnelle entre les hommes concernant la santé mentale ?
Indéniablement.
Depuis 2021, notre patientèle masculine rajeunit considérablement.
Parmi les 30 % d'hommes reçus, deux groupes prédominent. Les plus de
70 ans et les moins de 30 ans. La tranche intermédiaire demeure quasi
absente.
La présence des seniors s'explique facilement : nous
avons un programme historique de prévention du suicide des aînés. Le
phénomène nouveau concerne les jeunes hommes. Même ceux de moins de
25 ans. Nous y voyons l'émergence d'une génération différente. Pour eux,
consulter un psychologue est socialement plus accepté. La santé mentale
s'affirme comme préoccupation légitime.
Vous avez
mentionné l'alcool comme facteur masquant les problèmes de santé chez
les hommes. Y a-t-il d'autres formes d'automédication ou comportements
d'évitement spécifiques aux hommes ?
L'alcool reste
l'échappatoire privilégiée. Les anxiolytiques classiques demeurent
davantage féminins chez les plus de 30 ans. Les jeunes générations
s'orientent vers divers psychotropes. Mais après 30 ans, alcool et
cannabis conservent leur primauté.
Fait crucial : l'alcool
amplifie le risque suicidaire chez les personnes vulnérables. De
nombreux patients admis aux urgences après une tentative de suicide
avaient bu. Tous genres confondus. Cette substance agit comme
déclencheur. Elle catalyse le passage à l'acte.
Avez-vous observé des différences socioculturelles dans les profils qui viennent vous consulter ?
Le
dernier rapport de l'ONS est clair. Il souligne une disparité sociale
manifeste, l'accès aux soins psychiques s'avère plus aisé pour les
catégories professionnelles supérieures. Au CPS, nous offrons des
consultations gratuites, financées par l'ARS. L'obstacle financier
disparaît. Persiste néanmoins le frein culturel, lié à la familiarité
avec le système de santé.
Y a-t-il des approches thérapeutiques qui semblent mieux fonctionner spécifiquement chez les hommes ?
La
psychothérapie traditionnelle rebute souvent les hommes. Précisément
par son rapport à l'intime. Une démarche médicalisée rencontre
généralement moins de résistance. Le psychiatre est mieux accepté.
L'invitation
à « s'asseoir et raconter sa vie » suscite des réticences. En revanche,
l'approche clinique trouve plus d'écho. « Vous souffrez de dépression,
c'est une pathologie traitable. » Les solutions médicamenteuses sont
mieux reçues.
Lors de détresses psychologiques, les hommes ont-ils un discours différent des femmes ?
Notre
vigilance s'accentue face à un consultant masculin. Cette démarche,
socialement moins évidente, suggère une souffrance significative. En
épidémiologie, être homme et exprimer des idées suicidaires constitue un
risque majeur.
Une expérience éclairante au CPS : nous
interrogions davantage les femmes sur les violences sexuelles subies.
Nous avons changé d'approche. En posant systématiquement cette question
aux hommes, nous avons découvert un fait inquiétant. Un sur quatre
rapportait de telles violences. Cette proportion dépasse largement les
statistiques générales. Beaucoup confiaient que c'était leur première
évocation du sujet. La première fois qu'on les questionnait.
Y a-t-il des moments de vie identifiés qui sont à risque pour la santé mentale, notamment chez les hommes ?
Essentiellement
tout ce qui crée une rupture : séparation sentimentale, divorce,
déménagement, licenciement, perte d'emploi. Ces transitions exigent une
vigilance accrue. Un handicap soudain peut également fragiliser. Pensez
au sportif contraint à l'inactivité.
Toute discontinuité dans le
mode de vie fragilise. Le déménagement illustre parfaitement ces
événements déstabilisants. Tout change. Le corps subit. Cette période
critique mobilise d'importantes ressources. Si d'autres difficultés
surviennent simultanément, notre résilience s'effondre.
Quels sont pour vous les prochains défis concernant la santé mentale des hommes ?
Le
paradoxe actuel réside dans l'engorgement du système de santé. On est
gêné de dire aux gens « consultez, consultez » quand ils vont nous
répondre qu'ils ont du mal à trouver des rendez-vous.
Je participe
au déploiement du plan national de prévention du suicide. Notre module
« Sentinelle » vise à créer des réseaux efficaces. Des personnes formées
au repérage des individus en souffrance sont capables d'orientation
aussi. Nous avons implanté ce dispositif dans plusieurs milieux : les
universités, la police nationale, le monde agricole via la MSA…
Notre objectif est clair : forger une culture commune autour de
la santé mentale. Dépasser les tabous. Il ne s'agit pas d'imposer des
confidences aux hommes. Plutôt d'instaurer une vigilance bienveillante,
comme quand un collègue est en pleine séparation : celui-ci affirmera
gérer la situation, surtout dans le contexte professionnel, mais en
réalité, ses ressources s'épuisent.
L'idée
n'est pas de traiter tout le monde comme un « flocon fragile », mais de
ne pas s'arrêter à ce qui est dit et d'essayer de voir un peu derrière.
Mon aspiration serait qu'on ait les moyens de créer des environnements
bienveillants sur les questions de santé mentale au masculin dans le
plus d'endroits possible.
Research article Réitération suicidaire chez les adolescents et les jeunes adultes après une première tentative de suicide. Résultats de l’étude de cohorte prospective SURAYA
Nadine Barakat a b, Jérôme Brunelin a b, Erika Abrial b c, Cécilia Neige a b, Benoît Chalancon a, Jacqueline Scholl a b, Anthony Fourier d, Julie Brossaud e, Marianne Hermand f, Vincent Besch g h, Louis Simon c, Charline Magnin c, Edouard Leaune a b i, Emmanuel Poulet a b c
a Le Vinatier, Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole, 69500 Bron, France b Université
Claude-Bernard Lyon 1, Centre National de la Recherche Scientifique,
Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, Centre de
Recherche en Neurosciences de Lyon U1028 UMR5292, PSYR2, 69500 Bron,
France c University Hospital Édouard-Herriot, Hospices Civils de Lyon, 69000 Lyon, France d Laboratory of Medical Biology and Anatomo-Pathology, Hospices Civils de Lyon, Groupement Hospitalier Est, 69500 Bron, France e University of Bordeaux, NutriNeurO, UMR 1286, CHU de Bordeaux, Laboratory of hormonology, Bordeaux, France f Louis-Mourier Hospital, Assistance publique–Hôpitaux de Paris, 92700 Colombes, France g Department of Psychiatry, Geneva University Hospitals, Geneva, Switzerland h University of Geneva, Geneva, Switzerland i Université Claude-Bernard Lyon 1, Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale U1290, Lyon, France L'Encéphale Available online 14 March 2025
Received 5 September 2024, Accepted 18 December 2024, Available online 14 March 2025.
Introduction Le suicide est un problème de santé publique particulièrement important chez les jeunes, puisqu’il est la quatrième cause de décès chez ceux âgés de 15 à 29 ans. Malgré diverses stratégies et efforts de prévention, le taux de tentatives de suicide chez les jeunes a augmenté au fil du temps et s’est encore accru depuis la pandémie de COVID-19.
Objectifs L’objectif de cette étude était de déterminer le taux de réitération suicidaire précoce dans une cohorte de jeunes, âgés de 16 à 25 ans, ayant fait une première tentative de suicide. Les objectifs exploratoires étaient d’étudier les facteurs de risque potentiels associés à la réitération suicidaire dans cette population.
Méthodes Nous avons mené une étude monocentrique prospective naturalistique incluant 182 patients hospitalisés en psychiatrie d’urgence pour une première tentative de suicide. Des données sur 31 facteurs sociodémographiques, cliniques et biologiques connus pour être associés au suicide ont été recueillies à l’inclusion.
Résultats Sur les 182 patients inclus, 146 participants sont restés dans l’analyse de suivi à 3 mois (âge moyen : 19,71 ± 2,5 ans, 71,9 % de femmes). Parmi ces patients, 20 ont refait une tentative de suicide : soit une prévalence de 13,7 % (14,3 % des femmes et 12,2 % des hommes). Seuls 4 facteurs cliniques et biologiques étudiés étaient significativement associés à la réitération suicidaire.
Conclusion Nos résultats soulignent le besoin critique de stratégies de prévention ciblées pour les adolescents et les jeunes adultes, car ils constituent un groupe à haut risque de réitération suicidaire précoce. Il est essentiel de poursuivre les recherches sur les facteurs de risque afin de caractériser plus précisément les profils des jeunes qui font une nouvelle tentative de suicide, ce qui permettra d’élaborer des interventions préventives efficaces et d’éviter les conséquences négatives.
Un collectif de professionnels s'est réuni pour rédiger un manifeste
et réunir suffisament de signataire pour donner lui donner un écho
national
RDV est donné le 10 septembre prochain pour la journée journée
mondiale de prévention du suicide. Des témoignages de personnes ayant
traversé une crise suicidaire et de professionnels seront diffusés
pour lever les tabous, donner de l'espoir et faciliter la diffusion
des moyens de prévention.
La relation entre la dérégulation des émotions et les pensées suicidaires
Des
déficits dans les stratégies efficaces de régulation des émotions
existent chez les personnes exposées aux pensées suicidaires. Des
preuves établissent un lien entre pensée suicidaire et difficulté
autodéclarée à réguler ses émotions. Le projet ERDS, financé par l’UE,
testera si les personnes ayant des pensées suicidaires présentent des
différences dans les contrôles psychiatriques et non psychiatriques
lorsqu’elles tentent de réduire leurs émotions négatives. Il explorera
si et comment la régulation des émotions est altérée chez les personnes
ayant des pensées suicidaires, en tenant également compte des variations
entre hommes et femmes. Pour soutenir le traitement et la prévention,
les résultats permettront de mettre en lumière les mécanismes
sous-jacents à la régulation des émotions et à leur dérégulation.
Nouvelles connaissances sur la régulation des émotions et le risque de suicide
Pour élaborer des stratégies de prévention
efficaces, il est essentiel de comprendre pourquoi les personnes
présentant un risque de suicide éprouvent des difficultés à réguler
leurs émotions.
La régulation des émotions décrit la capacité d’un individu à gérer efficacement ses expériences émotionnelles et à y répondre. Au cours d’une journée normale, nous utilisons diverses stratégies pour faire face à des situations difficiles.
«Il est largement admis que les personnes présentant un risque de suicide ont des difficultés à réguler leurs émotions», explique Yael Millgram, collaboratrice du projet ERDS, rattachée à l’université de Tel Aviv en Israël. «Les pensées suicidaires sont parfois une tentative d’échapper à des émotions intensément négatives, parce que la personne qui les éprouve se sent incapable de les contrôler d’une autre manière.»
Mieux comprendre les difficultés émotionnelles
En tant qu’experte de la régulation des émotions et de la dépression, Yael Millgram a noté que très peu de recherches se sont concentrées sur la nature réelle de ces difficultés chez les individus aux prises avec des pensées suicidaires. En outre, la plupart des données antérieures ont été recueillies à l’aide de questionnaires, qui sont rétrospectifs et ne permettent pas de rendre compte de l’expérience quotidienne vécue par les personnes présentant un risque de suicide.
Le projet ERDS, soutenu par le programme Actions Marie Skłodowska-Curie, a adopté une nouvelle approche pour mieux comprendre les difficultés émotionnelles associées au risque de suicide. Yael Millgram a appliqué une théorie en trois étapes de la régulation des émotions et a cherché à examiner ce qui se passe à chacune de ces étapes.
«La première étape consiste à identifier le besoin de réguler ses émotions», explique-t-elle. «L’étape suivante consiste à choisir la stratégie de régulation des émotions à utiliser. Il peut s’agir de se distraire ou de se tourner vers quelqu’un d’autre. La dernière étape est celle de la mise en œuvre, qui peut donner lieu à différents niveaux de réussite et d’effort.»
Yael Millgram s’est également intéressée à la découverte des mécanismes qui conduisent aux difficultés de régulation des émotions, telles que la capacité des individus à identifier leur cause. «Lorsque vous éprouvez des sentiments négatifs sans savoir pourquoi, il est beaucoup plus difficile de les modifier», ajoute-t-elle.
Détecter les déficits de régulation émotionnelle
Avec ses superviseurs, Matt Nock de l’université de Harvard et Gal Sheppes de l’université de Tel Aviv, Yael Millgram a mené deux études s’appuyant sur la théorie des trois étapes. Un groupe de personnes ayant déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours de la semaine écoulée a été recruté, ainsi que deux groupes de contrôle - une cohorte de participants en bonne santé présentant peu de symptômes et un groupe de psychiatres ne déclarant pas avoir eu de pensées suicidaires.
Chaque groupe a téléchargé une application sur son téléphone, qui lui a envoyé six questionnaires par jour pendant sept jours, l’interrogeant sur la régulation de ses émotions en temps réel. Ces études ont abouti à un certain nombre de conclusions intéressantes.
Par exemple, Yael Millgram a constaté que les participants ayant des idées suicidaires choisissaient des stratégies plus néfastes, telles que l’alcool et les drogues, pour gérer leurs émotions, et qu’ils faisaient plus d’efforts pour les réguler, par rapport aux deux groupes de contrôle. «Cela permet de différencier les personnes souffrant de psychopathologies des personnes ayant des pensées suicidaires», explique-t-elle.
Comprendre les causes des émotions
Yael Millgram a également constaté que les individus présentant un risque de suicide ont tendance à moins bien connaître les causes de leurs émotions.
«Ce groupe en savait moins sur les raisons de ses sentiments négatifs que les deux groupes de contrôle», précise-t-elle. «En outre, les personnes présentant un risque étaient plus susceptibles de penser au suicide lorsqu’elles n’étaient pas en mesure d’identifier la source de leurs émotions.»
Pour Yael Millgram, ces informations soulignent l’importance de découvrir exactement pourquoi les gens ressentent des émotions négatives. C’est un domaine d’étude sur lequel elle a l’intention de se concentrer à l’avenir.
«Si nous pouvions aider les gens à identifier la source des émotions négatives, nous pourrions peut-être améliorer leurs capacités de régulation émotionnelle», ajoute-t-elle. «Nous pourrions alors potentiellement rendre les stratégies d’adaptation plus faciles à appliquer.»
Parler de suicide ne doit pas être un tabou, rencontre Santé en LSF à la Cité des Sciences et de l’Industrie.
« Que faire et à qui s’adresser face à une crise suicidaire ?
Recommandations de bonnes pratiques. Intervenant : Éric Verdier,
psychologue communautaire, Mouvement d’Action Social (MAS) » Lieu :
Universcience, Salle Jean Painlevé, niveau -2 de la bibliothèque des
sciences et de l’industrie (entrée au niveau -1), 30 avenue Corentin
Cariou à Paris (19e). Durée 2h.
Webinaire gratuit - Prévenir le suicide chez l'enfant : l'expérience de VigilanS Cette session aura lieu le mardi 11 mars 2025 Lieu : En ligne (Zoom) Mardi 11 mars 2025 à 18h00 (durée 1h)
Intervenants Mehdi AminiInfirmier coordinateur adjoint du dispositif VigilanS Paris /
Seine Saint-Denis, diplômé en suicidologie, formateur de formateur ARS
Prévention du suicide : Évaluation / Orientation et Intervention de
crise.
Thomas Dubois Infirmier vigilanseur sur le dispositif VigilanS Paris / Seine Saint-Denis, diplômé suicidologie
Les hospitalisations de filles âgées de 10 à 14 ans pour tentatives de suicide ou gestes auto-infligés enregistrent une augmentation inédite depuis 2020 [1]. Cette situation soulève plusieurs questions, notamment sur les conséquences de la pandémie de la COVID 19, la dégradation de la santé mentale des jeunes ou encore le harcèlement scolaire.
Face à cette situation inquiétante, la France peut s’appuyer sur sa feuille de route santé mentale et psychiatrie initiée en 2018 [2] et particulièrement sur sa stratégie multimodale de prévention du suicide [3] avec le déploiement du numéro 3114 et les dispositifs de suivi post-hospitaliers VigilanS.
Au cours de ce webinaire, nous examinerons certaines notions de suicidologie afin de mieux définir et de cerner ensemble le phénomène du passage à l’acte suicidaire chez l’enfant. Un consensus professionnel sur les définitions semble être une des clés pour aborder ce sujet.
Nous aborderons également la clinique du suicide chez l'enfant. Les signes peuvent être subtils et parfois masqués par des comportements d'opposition ou de mutisme. Une vigilance accrue est nécessaire pour en identifier certains parmi des changements de comportement ou des discours évoquant la mort.
Replay du webinaire gratuit - Prévenir le suicide chez l'enfant : l'expérience de VigilanS
Pour approfondir ce webinaire, l'APPEA vous propose la formation Risque suicidaire chez l’enfant: prévenir, évaluer et orienter animé par Mehdi Amini et Thomas Dubois : https://appea.org/formation/risque-su...
Direction du webinaire : Robert Voyazopoulos
Technique : Vincent Amelot
Modération : Théodore de Mascarel & Vincent Amelot
Power Point de la présentation disponible sur la médiathèque de l'APPEA : www.appea.org
French translation and adaptation of the “safety planning
intervention” for the prevention of suicide attempts: A four-step method
- 02/03/25 Traduction et adaptation française du « safety plan » pour la
prévention des tentatives de suicide : une méthode en quatre étapes
Doi : 10.1016/j.encep.2024.11.018
Benoit Chalancon a, b, c, ⁎, Édouard Leaune a, b, c, Aurélie Vacher a, Tamara Vernet a, Maxime Vieux a, c, Pauline Lau-Taï a, Kushtrim Bislimi a, d, Emmanuel Poulet a, e
a Center for Suicide Prevention, Centre Hospitalier le Vinatier, 69500 Bron, France
b Research
on Healthcare Performance (RESHAPE), INSERM U1290, Université Claude
Bernard Lyon 1 - Domaine de Rockefeller, 69000 Lyon, France
c Groupement d’Etudes et de Prévention du Suicide, Saint-Benoit, France
d F2RSM Psy - Fédération Régionale de Recherche en Psychiatrie et Santé Mentale Hauts-de-France, 59350 Lille, France
e Hospices Civils de Lyon, 69002 Lyon, France
⁎Corresponding
author. Center for Suicide Prevention, Centre Hospitalier le Vinatier,
69500 Bron, France.Center for Suicide Prevention, Centre Hospitalier le
VinatierBron69500France
Sous presse. Épreuves corrigées par l'auteur.
Disponible en ligne depuis le Sunday 02 March 2025
Abstract
The World Health Organization (WHO) has identified suicide prevention as a significant concern, warranting further investigation and intervention. It has been demonstrated that brief interventions and contact can be an effective means of preventing suicide. Among these interventions, the safety plan has been identified in the scientific literature as an effective method for the prevention of suicidal behaviour. The objective was to produce a translation/adaptation of the safety plan in French that ensures a high level of fidelity with the original instrument and adaptation to the French clinical and cultural context. The four-step translation/adaptation method employed was in accordance with the guidelines set forth by Sousa & Rojjanasrirat (2011). A multidisciplinary committee comprising experts in suicidology, people with lived experience and professional translators was involved in the study. The authors of the original version of the safety plan provided their consent and one of them collaborated in the translation and adaptation stages. In accordance with the recommendations, an initial translation of the safety plan into French was carried out, after which the content was compared and adapted. A back-translation was employed to ascertain the discrepancy between the original and translated versions, thereby determining whether the item should be validated or a new cycle of adaptation, back-translation, and comparison initiated. The translation and adaptation process resulted in a consensus on all items in the safety plan. This version, adapted into French as part of the PROTECT study, recommends that, in the specific context of emergencies, the last stage of the plan, which concerns reasons for living, should not be carried out. The translation of the safety plan provides healthcare professionals with a novel instrument for the prevention of suicidal behaviour. Although it requires time to learn how to use it, the translation ensures that it can be distributed widely, faithful to the original version.Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
Résumé
La prévention du suicide est un enjeu majeur pour l’Organisation mondiale de la santé. Les interventions brèves de santé sont reconnues comme un moyen efficace dans les actions de préventions du suicide. Parmi ces interventions, le plan de protection est identifié dans la littérature scientifique comme efficace pour prévenir la réitération suicidaire. L’objectif était de réaliser une traduction – adaptation du plan de protection en français garantissant un haut niveau de fidélité avec l’outil original et une adaptation au contexte clinique et culturel français. La méthode de traduction – adaptation a suivi les recommandations de Sousa & Rojjanasrirat (2011) en 4 étapes. Un comité pluridisciplinaire expert en suicidologie, des personnes concernées et des traducteurs professionnels ont participé à l’étude. Les auteurs de l’outil ont donné leurs accords et l’un d’eux a collaboré aux étapes de traduction – adaptation. Suivant les recommandations, nous avons réalisé une première traduction de l’outil vers le français puis nous avons comparé et adapté le contenu. Une rétrotraduction a permis de mesurer l’écart avec la version originale et de statuer sur la validation de l’item ou le lancement d’un nouveau cycle d’adaptation–retro traduction–comparaison. Les résultats du processus de traduction – adaptation de l’outil nous ont amené à un consensus global de l’ensemble des items du plan de protection. Cette version adaptée en français dans le cadre de l’étude PROTECT recommande dans le contexte spécifique de l’urgence de s’abstenir de réaliser la dernière étape du plan faisant référence aux raisons de vivre. La traduction du plan de protection offre un nouvel outil de prévention du passage à l’acte suicidaire pour les professionnels de santé. Bien que son utilisation requière un temps de formation, sa traduction permet une diffusion large et fidèle à la version originale.Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
Mots clés : Plan de protection, Suicide, Prévention, Traduction-adaptation
Plan Introduction Method First step: The French translation of the original instrument Second step: Comparison of the two versions of the instrument Third step: blind back-translation of the preliminary version of the instrument Fourth step: comparison of the two back-translated versions of the instrument Results Discussion Conclusion Ethical approval and consent to participate Funding sources Role and contribution
CONTEXTE : le suicide est une cause de mortalité importante
en France et dans le monde. Les compétences psychosociales (CPS) sont
définies selon trois axes : émotionnel (conscience et gestion du stress
et des émotions, estime de soi, coping), cognitif (impulsivité,
conscience de soi, autoévaluation positive, pensée critique et prise de
décision constructive) et social (empathie, communication et relations
interpersonnelles efficaces). Des études ont déjà montré qu’un défaut
d’adaptation et une faible estime de soi sont liés à un surrisque
d'événements suicidaires chez les jeunes. L’évaluation des CPS en
population adulte est très peu étudiée. Établir et comprendre le lien
entre CPS et suicide permettrait de repérer le risque suicidaire en
soins primaires.
OBJECTIF : évaluer et comparer les CPS entre 3 groupes : patients sans
antécédents suicidaires (sans risque ni tentative), suicidaires
(patients ayant un risque suicidaire), suicidants (patients ayant fait
une tentative de suicide).
MÉTHODE : cette étude transversale visait à comparer les CPS au sein des
trois groupes. Ces CPS étaient mesurées par un score validé, qui
explorait 4 axes : émotionnel, cognitif, social et assertivité. Pour
avoir une puissance satisfaisante 150 entretiens (50 par groupe) étaient
nécessaires. Ils ont été menés par trois évaluateurs par le biais d’un
questionnaire unique. Tous les résultats ont été tirés d’une analyse
univariée, multivariée et factorielle.
RÉSULTATS : notre analyse principale a montré que les groupes de
patients suicidaires et suicidants avaient des CPS émotionnelles moins
fonctionnelles que les patients sans antécédents suicidaires (p <
0,01). Aucune différence a été retrouvée entre les groupes de patients
suicidaires et suicidants. On retrouvait plus de précarité, de
dépression, d’anxiété et de faible estime de soi dans les groupes
suicidaire et suicidant que chez les patients sans antécédents
suicidaires. À travers les différentes analyses, nous avons donc mis en
évidence que les profils des suicidaires et des suicidants étaient assez
comparables, et bien distincts du profil des patients sans antécédents
suicidaires.
CONCLUSION : notre étude était un état des lieux des CPS en population
adulte : les CPS émotionnelles des groupes de suicidaires et suicidants
étaient significativement moins fonctionnelles que celles du groupe de
patients sans antécédents suicidaires, ce qui encourage à développer des
programmes de renforcement des CPS sur la prévention du risque
suicidaire en soins primaires.
Élise Auriat, Lise Bouscary. Évaluation et étude des compétences
psychosociales chez des patients suicidaires et suicidants comparés à
des patients sans antécédents suicidaires. Médecine humaine et
pathologie. 2024. ⟨dumas-04979801⟩
Les morts par suicide en forte baisse dans le monde
Quentin Haroche | 21 Février 2025
Selon une étude parue dans The Lancet, le nombre de morts par suicide dans le monde a diminué de près de 40 % depuis 1990.
Les
psychiatres français et de la plupart des pays occidentaux alertent
régulièrement sur une crise de la santé mentale qui toucherait notamment
les jeunes. Plusieurs données indiquent ainsi que les troubles
dépressifs ou anxieux et les idées suicidaires sont en hausse chez les
adolescents et les jeunes adultes.
Une étude parue ce mercredi dans la revue The Lancet vient quelque peu relativiser ce tableau très sombre : le nombre de décès par suicide serait en forte baisse sur la planète.
Une fois n’est pas coutume, les auteurs de cette étude se sont appuyés sur les données du Global Burden of Disease
(GBD), vaste programme de recherche analysant la mortalité et la
morbidité dans le monde. L’objectif à travers cette étude est de mieux
identifier « les populations les plus exposées au risque de suicide
pour mieux informer les décideurs, stimuler la discussion et susciter
l’innovation autour d’efforts ciblés de prévention du suicide » expliquent les auteurs.
Forte baisse du taux de suicide en Extrême-Asie et en Europe
Selon
cette base de données, ce sont 746 000 personnes qui se sont donnés la
mort en 2021 sur la planète, dont 519 000 hommes et 227 000 femmes. Le
nombre de morts par suicide est ainsi passé de 14,9 morts pour 100 000
habitants en 1990 à 9 morts en 2021, soit une baisse de 39,5 % de la
mortalité par suicide en trente ans.
Les
auteurs notent d’ailleurs que la pandémie de Covid-19 n’a, pour
l’instant, pas affecté cette longue tendance à la baisse, puisque le
taux de mortalité par suicide est passé de 9,2 morts pour 100 000
habitants en 2019 à 9 morts pour 100 000 habitants en 2021.
Cette
diminution de la mortalité par suicide au niveau mondial cache des
disparités régionales. Sur le continent américain, le nombre de morts
par suicide a ainsi augmenté : on observe par exemple une hausse de 60 %
de la mortalité par suicide chez les femmes d’Amérique centrale et de
19 % chez les femmes d’Amérique du Nord.
La chute la plus
vertigineuse concerne l’Extrême-Orient, où le taux de mortalité par
suicide est passé en trois décennies de 21,1 pour 100 000 habitants en
1990 à 7,2 en 2021, soit une baisse de 66 %. La mortalité par suicide
recule également en Europe : en France, elle a été divisée par deux en
trente ans.
Les
régions avec les plus forts taux de suicide restent l’Europe de l’Est
pour les hommes (34,2 morts pour 100 000 habitants) et l’Asie du Sud
pour les femmes (8,7 pour 100 000 habitants) : une étude de 2018 avait
conclu que 37 % des femmes qui se suicident dans le monde sont
indiennes.
L’étude confirme une donnée bien connue sur les
différences hommes/femmes, à savoir que les femmes tentent plus souvent
de se suicider mais que les hommes meurent plus, car ils utilisent des
méthodes plus violentes (arme à feu, pendaison…). Par exemple, en
Amérique du Nord, on compte un décès toutes les trente tentatives de
suicide chez les femmes contre un décès toutes les six tentatives chez
les hommes.
Le suicide, troisième cause de mortalité chez les jeunes
Les
auteurs de l’étude se sont également intéressés à l’épidémiologie des
suicides par arme à feu. Dans le monde, 9,7 % des hommes qui meurent par
suicide et 2,9 % des femmes utilisent une arme à feu pour se donner la
mort. Fort logiquement, plus l’accès aux armes à feu est facile dans un
pays, plus le taux de suicide par arme à feu y est important.
Aux
Etats-Unis, où l’accès aux armes à feu est garanti par la Constitution,
52 % des hommes et 28 % des femmes qui se donnent la mort le font en
utilisant une arme à feu ; en Extrême-Asie, c’est moins de 0,1 %.
Enfin,
l’étude relève une hausse de l’âge moyen des personnes décédées par
suicide, qui est passé de 42,6 ans en 1990 à 47 ans en 2021. Il a
notamment augmenté de quatre ans chez les hommes et de cinq ans chez les
femmes.
Ceci pourrait être la conséquence « des efforts axés
sur la prévention du suicide chez les jeunes, tels que l’accès à des
services de dépistage essentiels ou le développement de programmes de
santé mentale » avancent les auteurs, qui préfèrent cependant rester prudent quant aux causes de ce phénomène.
Les
personnes âgées de plus de 70 ans restent ceux qui se suicident le
plus, avec un taux de mortalité de 37,9 morts pour 100 000 habitants
chez les hommes et de 15,6 morts pour les femmes. Le suicide est en
revanche la troisième cause de mortalité chez les jeunes âgés de 10 à 29
ans et même la première en Australie, chez les jeunes hommes en Europe
de l’Est et chez les jeunes femmes en Asie centrale.
« Malgré
l’amélioration globale du taux de mortalité (...), certains groupes
démographiques affichent des taux de suicide en hausse, révélant des
lieux et des groupes d’âge spécifiques qui ont besoin d’urgence d’un
soutien et de stratégies d’intervention renforcées en matière de santé
publique » conclut l’étude.
References
Davis
Weaver, Nicole et al. Global, regional, and national burden of suicide,
1990–2021: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study
2021. GBD 2021 Suicide Collaborators. The Lancet Public Health, feb 19, 2025. DOI: 10.1016/S2468-2667(25)00006-4
Le #CTS de la #Meuse & @ars_grand_est s’engagent contre le mal-être & suicide ds jeunes 2 représentations de théâtre ouvertes à tous & gratuites compagnie Les Petites Griottes Débat avec professionnels des dispositifs #prévention #suicide @3114_appel VigilanS & VigiteenS
le 20/03/25 à la MJC de Belleville sur Meuse 19h30
la prévention du suicide et des souffrances psychiques – Salle multimédia Valence-en-Poitou
Salle multimédia Valence-en-Poitou jeudi 13 mars 2025.
la prévention du suicide et des souffrances psychiques Salle multimédia 8 rue Hemmoor Valence-en-Poitou Vienne
Date : jour – année – mois – jour et horaire :
Début : 2025-03-13 18:30:00
fin : 2025-03-13 20:00:00
Dates :
2025-03-13
Cet événement sera animé par Bill McKellar, Psychologue et
Coordinateur régional du 3114 (numéro national de prévention des
suicides).
Au programme
✅ Présentation du 3114, la ligne nationale de prévention du suicide
✅ Stratégies globales de lutte contre la souffrance psychique
✅ Échanges avec Monsieur McKellar
Encéphale 2025 Suicides en milieu hospitalier : épidémiologie, facteurs de risque et prévention Stéphanie Lavaud Auteurs et déclarations 10 mars 2025 https://francais.medscape.com*
À la
fois évitables, tout en étant parfois imprévisibles, les suicides en
milieu hospitalier sont la hantise des professionnels de santé, chez qui
ces évènements génèrent souvent un sentiment d’échec et de culpabilité.
Que sait-on de la fréquence et de la survenue de ces événements ? Le Dr Pierre-Emmanuel Michels, psychiatre aux CHU d’Angers et de Laval, a fait le point lors d’une session du congrès de l’Encéphale 2025 consacrée à cette thématique [1].
Aucun secteur hospitalier n’échappe à ce risque
« Tous
les secteurs délivrant des soins sont concernés par la survenue de
suicides et tentatives de suicide : les établissements de santé, les
institutions médico-sociales et la ville. Aucun n’échappe à ce risque,
même si les services de psychiatrie sont les premiers déclarants de
suicides et tentatives de suicide », écrit la Haute Autorité de santé (HAS) dans un document consacré à ce sujet.
« La
nature intentionnelle du geste conduit souvent à considérer la
prévention du risque de suicide comme quasi-impossible. Pourtant le
suicide est classé de façon universelle dans les morts évitables ou,
tout du moins, partiellement évitables », poursuit-elle.
De fait les établissements sont fortement incités à la
mise en œuvre d’un programme (ou projet) d’établissement, de moyens et
de formations et une meilleure connaissance des contextes de survenue
des suicides afin de prévenir au mieux ces événements.
Il n’y a pas de patients à bas risque suicidaire à l’hôpital psychiatrique
Dr Pierre-Emmanuel Michels
En termes d’épidémiologie, les chercheurs se sont penchés
sur le risque de suicide en hôpital psychiatrique dans deux cohortes,
l’une aux États-Unis, l’autre en Suède [2,4]. Celles-ci retrouvent un taux de suicide nettement plus élevé que dans la population générale (multiplié par 50 à 72).
« Les
facteurs de risque retrouvés sont des antécédents familiaux de suicide,
des antécédents personnels de tentative de suicide et/ou
d’autoagressivité, le désespoir, la culpabilité et la dépression », a
listé le Dr Pierre-Emmanuel Michels. Ces deux cohortes ont aussi
retrouvé un taux très important de suicide à la sortie
d’hospitalisation, lors de la première semaine. « Sachant que d’un point
de vue médico-légal, un décès intervenant dans les 10 jours suivant la
sortie d’hôpital est considéré comme un décès à l’hôpital », a précisé
le psychiatre.
Ces travaux montrent aussi un grand danger de passage à
l’acte en tout début d’hospitalisation (77 %). « Cela pointe le risque
éventuel à accorder des permissions en début de séjour hospitalier et la
nécessité d’établir un roulement aléatoire lors de la surveillance du
patient dans sa chambre. L’autre conclusion de ces papiers est qu’il n’y
a pas de patients à bas risque suicidaire à l’hôpital psychiatrique », a
spécifié le Dr Michels.
Début et fin d’hospitalisation : 2 périodes à risque
Une
cohorte rétrospective aux États-Unis qui s’est intéressée aux décès par
suicide à l’hôpital en général sur la période 2014-2015 montre que 73 %
des TS hospitalières ont lieu en unités psychiatriques [5]
et, tout lieu confondu, il s’agit très souvent (70 %) de décès par
pendaison. « À noter que le risque d’aboutissement est plus important en
cas de verbalisation d’idées suicidaires, avec un risque de
2,35 (1,43-3, 87) si les personnes présentent un trouble de l’humeur
(dépression, trouble bipolaire) et de 8,0 (5,46-11,7) dans les
populations non psychiatriques [5]. »
Les semaines après la sortie d’hospitalisation sont à haut risque.
En ce qui concerne plus précisément les périodes à risque
de passage à l’acte, l’orateur s’est appuyé sur deux revues
systématiques de la littérature à 3 ans d’intervalle [6,7].
« Les deux vont dans le même sens et montrent que les semaines après la
sortie d’hospitalisation sont à haut risque, notamment les premières
semaines. Les patients ont donc besoin d’un suivi attentif », insiste le
psychiatre.
La conclusion de ces deux revues est que le risque
suicidaire reste élevé pendant plusieurs mois et qu’il est donc
nécessaire que les patients aient un accès aux soins sur une longue
durée.
Quid
du décès par suicide aux urgences ? « On ne trouve quasiment rien dans
la littérature sur ce sujet si ce n’est récemment une analyse
qualitative aux États-Unis portant sur 184 TS pour 118 patients [8] »,
a indiqué l’orateur. Celle-ci montre une grande hétérogénéité des
profils de patients, la plupart ne présentaient pas d’intentionnalité
suicidaire à l’entrée aux urgences.
Les
motifs récurrents retrouvés étaient la présence d’une psychose,
l’intoxication, la gestion de la détresse et la manipulation.
« L’article insiste sur la nécessité d’un plan à objectif 0 suicide, et
si le risque zéro n’existe pas, d’aller le plus possible dans cette
direction. »
Sécuriser les hôpitaux, psychiatrique ou non
Concernant plus spécifiquement la France, « rien de nouveau depuis une revue de 2010 [9],
laquelle montrait que 5 % des tentatives de suicide ont lieu en milieu
hospitalier, dont 3 % en psychiatrie et 2 % en hôpital général, donc
environ 70-75 % des TS qui ont lieu en psychiatrie, comme évoqué
précédemment », a rappelé le Dr Michels. Là encore, les risques majeurs
sont pendant la première semaine d’hospitalisation et les deux semaines
qui suivent la sortie. « L’article pointait déjà à l’époque la nécessité
de sécuriser les hôpitaux, psychiatrique ou non. »
Dans un travail réalisé à la Haute Autorité de santé
(HAS) dans le cadre de son Master 2, le Dr Michels s’est penché sur les
TS et décès par suicide de la base de données nationale des événements
indésirables graves liés aux soins (EIGS). Il s’avère que 20 % de ces
EIGS étaient des suicides et des tentatives de suicide. De façon
intéressante, sur une période de 4 ans, le Dr Michels a recensé
3 917 déclarations – un chiffre très inférieur aux estimations de
150 000 à 200 000 EIGS. Sur la base des 795 cas déclarés de suicide ou
tentative de suicide entre mars 2017 et juin 2021, l’analyse qualitative
a établi cinq grandes caractéristiques susceptibles d’expliquer ou de
favoriser la TS ou le décès par suicide, à savoir :
le défaut de sécurisation – des locaux ou des meubles de la chambre ;
le manque de transmissions – intrahospitalier, inter-hôpitaux et au sein de la famille ;
la catégorie de personnel soignant – manque de formation des soignants, surcharge de travail ;
l’organisation des services – absence de protocole clair
d’évaluation du risque suicidaire, absence de référence psychiatrique
accessible, manque de personnel ;
des éléments liés au patient – le refus de soin, l’isolement social.
Quel impact chez les psychiatres ?
Sachant
que l’exposition aux suicides de patients est une expérience fréquente
et difficile pour les professionnels de la santé mentale, le Dr Michels a
terminé son exposé en évoquant une enquête la prévalence et l’impact du
suicide d’un patient chez les psychiatres français [11].
Un
total de 764 psychiatres a entièrement rempli le questionnaire. Parmi
les répondants, 9 sur 10 (87,3 %) ont dit avoir été exposés au suicide
d’un patient au cours de leur carrière et 13,7 % ont rapporté des
symptômes de stress post-traumatique dans les suites de l’exposition,
avec de la culpabilité, de la tristesse et un sentiment de choc.
L’orateur
s’est étonné que, parmi les participants à l’enquête, un nombre non
négligeable (37,1 %) a dit n’avoir reçu aucun soutien après l’exposition
au suicide du patient. Par ailleurs, 15,1 % des psychiatres exposés au
suicide d’un patient ont envisagé de changer de carrière, sachant que le
sentiment de responsabilité vis-à-vis du suicide était le prédicteur le
plus important pour l’impact négatif du suicide d’un patient.
Ce qu’il faut retenir:
Tout patient est à risque ;
MAIS le premier facteur de risque est la dépression ;
Les périodes charnières : tout début de l’hospitalisation et la sortie ;
Pas de profil type aux urgences mais nécessité de lutter contre l’accessibilité aux moyens létaux ;
Nécessité de prendre soin des soignants impliqués dans l’événement ;
Nécessité d’une stratégie nationale contre les TS en milieu hospitalier.
Les suicides en intra-hospitalier : une hantise. L’encéphale 2025.
Gupta M, Esang M, Moll J et al. Inpatient suicide: epidemiology, risks, and evidence-based strategies. CNS Spectrums 2022 DOI: https://doi.org/10.1017/S1092852922000918
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