Quand l’architecture aide à soigner: visite d’une clinique psychiatrique
Par Jean-Bernard Litzler Mis à jour le 25/01/17 immobilier.lefigaro.fr
EN IMAGES - Installée récemment, la clinique psychiatrique Jeanne d’Arc à Saint-Mandé (94), a ouvert ses portes au Figaro Immobilier. Découvrez comment la conception des locaux et les aménagements participent au bien-être des malades.
Pour la grande majorité de la population qui n’y a jamais été confrontée, l’hôpital psychiatrique est un univers qui fait peur. On l’imagine volontiers fermé et sinistre et les cinéphiles ne peuvent s’empêcher d’y associer des images de Vol au-dessus
d’un nid de coucou. Alors quand un de ces établissements vous propose de franchir le seuil de sa porte, l’occasion est belle de voir ce qui se passe derrière ces murs. Précisons tout de suite que la clinique Jeanne d’Arc à Saint-Mandé (94) est un établissement privé et ouvert où les tarifs d’hébergement peuvent s’envoler jusqu’à 500 euros la nuit. Alors forcément, mieux vaut soigner le cadre et l’aménagement.
«En psychiatrie, 40% de la prise en charge réside dans l’environnement, précise immédiatement Philippe Pouget, directeur de la clinique. Nous devons donc créer le cadre le plus agréable possible et tentons de créer une atmosphère d’hôtel 4-étoiles plus que d’hôpital.» Ouvert l’an dernier, l’établissement repris par le groupe Inicea disposant de 10 cliniques psychiatriques à travers le pays, vient remplacer la clinique historique du même nom, installée depuis 1860 dans un parc de la ville.
«On fume beaucoup en psychiatrie»
Lorsque l’on vise une clientèle plutôt haut de gamme et que l’on échange une localisation bucolique contre un terrain urbain beaucoup plus dense, il faut soigner l’architecture et les matériaux. Avec ses 6200 m² en R+4 et ses 120 chambres, l’établissement se fond discrètement dans le voisinage. Une grille d’entrée mais pas de hauts murs, ni d’affichage de l’activité exacte des lieux, juste la mention «Hôpital privé parisien».
On remarque immédiatement les claustras en bois sur la façade avant du bâtiment. Chaque étage dispose de son coin café avec terrasse, car «on fume beaucoup en psychiatrie», comme le souligne Philippe Pouget. Alors pour concilier sécurité et esthétique, les ouvertures sont grillagées mais habilement recouverte de bois, un «matériau rassurant», selon Hervé Cornou l’un des architectes de l’agence Palissad, qui s’est occupée des lieux. L’occasion aussi d’apporter un maximum de lumière dans le bâtiment et de rester ouvert sur la ville.
Une salle d’eau évoquant la cabine d’un paquebot
À chaque niveau, on retrouve ce soin apporté à la lumière. Les fameuses salles à café avec terrasse disposent par exemple d’une vitre donnant sur le couloir. «L’intérêt est double, explique Hervé Cornou, cela diffuse de l’éclairage naturel vers le couloir tout en permettant aux malades de s’assurer avant d’entrer qu’il n’y a personne qu’ils n’apprécient pas, à l’intérieur.» Une idée à importer dans les salles à café des bureaux?
Quant au mini-jardin de l’hôpital, il a aussi été optimisé. Bon nombre de chambres donnent sur cet espace de verdure tout en longueur prolongé par des plantes grimpantes, et en rez-de-jardin, la petite allée fait office de banc sur toute sa longueur. Dans les chambres enfin, d’une vingtaine de mètres carrés en moyenne, tout a été fait pour entretenir un état d’esprit d’hôtel: un lit qui semble le moins «médical possible» et une salle d’eau monobloc, facile d’entretien, mais «ressemblant plus à une cabine de paquebot qu’à autre chose», selon Hervé Cornou. La télévision qui diffuse les messages internes finit d’entretenir l’illusion hôtelière.
Côté aménagement des chambres, les téléphones sont sans fil pour éviter les pendaisons tandis que les crochets pour les vêtements sont prévus pour ne pas supporter le poids d’un homme.
Mais on est bien dans un hôpital psychiatrique: tous les accès sont sécurisés par badge, permettant de définir des autorisations et interdictions de circuler pour chaque patient, des veilleuses dans chaque chambre facilitent les passages nocturnes du personnel médical et l’insonorisation a été particulièrement renforcée pour ne pas perturber le sommeil.
Côté aménagement des chambres, les téléphones sont sans fil pour éviter les pendaisons tandis que les crochets pour les vêtements sont prévus pour ne pas supporter le poids d’un homme. Du côté du mobilier, il est soit très lourd pour éviter tout déplacement ou alors très léger (comme les chaises) pour que l’on ne puisse blesser personne avec. Les fenêtres sont bien spécifiques: on peut les ouvrir de l’extérieur (une nécessité pour les pompiers) mais de l’intérieur, il faut se contenter d’un volet étroit permettant d’aérer.
Pour ce qui est des soins à proprement parler, l’établissement dispose de plusieurs salles pour des thérapies de groupe: sophrologie, danse-thérapie, art-thérapie, repas thérapeutiques, etc. Moins rassurant, mais toujours d’actualité, on découvre le plateau technique où se pratique l’électro-convulso thérapie, appellation high-tech des électrochocs. «Cette technique se pratique sous anesthésie générale et reste très efficace pour traiter les dépressions sévères, dans 5 à 10% des cas», estime Philippe Pouget. Des méthodes qui peuvent désormais être relayées par la stimulation magnétique transcrânienne (RTMS), une technique à base d’ondes électromagnétique, moins violente et moins invasive.
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