Publié le 27/10/2015 sur http://www.jim.fr/
Le suicide figure parmi les causes importantes de mortalité
parmi les femmes d’âge mûr (la cinquantaine environ). On pourrait
penser a priori qu’une meilleure intégration sociale constitue, de
toute évidence, un facteur de protection contre le suicide, mais il
existe une « tradition historique » sur les déterminants sociaux du
suicide (remontant à Durkheim) qui postule, de façon
contre-intuitive, que « le suicide varie en raison inverse de
l’intégration sociale. » Mais l’intuition d’une protection
liée à l’intégration sociale se retrouve au contraire renforcée par
une enquête réalisée aux États-Unis et exploitant les données d’une
étude prospective (Nurses’ Health Study) sur plus de 72
000 infirmières âgées de 46 à 71 ans, pour évaluer «
l’association entre l’intégration sociale et le suicide.
»
Cette intégration sociale est estimée à partir de 7 items précisant notamment le statut matrimonial, l’importance du réseau de connaissances, la fréquence des contacts avec ces relations, et la participation à une communauté religieuse ou à d’autres formes de groupes sociaux. Compilant le nombre de suicides survenus durant les 18 années (1992–2010) de ce suivi, lequel porte ainsi sur près de 1,3 million de personnes-années (72 000 x 18), cette étude en recense 43. Les auteurs constatent que l’incidence du suicide « diminue avec l’accroissement de l’intégration sociale » : le risque de suicide se révèle minimal dans la catégorie de personnes ayant l’intégration sociale la plus élevée (rapport de cotes = 0,23 intervalle de confiance à 95 %, IC95, [0,09–0,58] ) et pour la catégorie où cette intégration sociale se situe juste au-dessous (rapport de cotes = 0,26 IC95 [0,09–0,74]). Ces constats persistent même en tenant compte d’autres facteurs (comme une éventuelle problématique psychiatrique ou une grave affection somatique).
En définitive, les femmes les mieux intégrées socialement présentent un risque de suicide « au moins trois fois plus faible » sur la période de leur vie considérée (entre 46 et 71 ans, pendant 0 à 18 ans, donc entre 46 et 89 ans). Les auteurs insistent donc sur l’intérêt des interventions visant à préserver ou à renforcer les liens sociaux déjà en place, ou à en créer de nouveaux, car ces interventions peuvent constituer « des outils précieux pour la politique de prévention primaire du suicide » dans cette population.
Dr Alain Cohen
Cette intégration sociale est estimée à partir de 7 items précisant notamment le statut matrimonial, l’importance du réseau de connaissances, la fréquence des contacts avec ces relations, et la participation à une communauté religieuse ou à d’autres formes de groupes sociaux. Compilant le nombre de suicides survenus durant les 18 années (1992–2010) de ce suivi, lequel porte ainsi sur près de 1,3 million de personnes-années (72 000 x 18), cette étude en recense 43. Les auteurs constatent que l’incidence du suicide « diminue avec l’accroissement de l’intégration sociale » : le risque de suicide se révèle minimal dans la catégorie de personnes ayant l’intégration sociale la plus élevée (rapport de cotes = 0,23 intervalle de confiance à 95 %, IC95, [0,09–0,58] ) et pour la catégorie où cette intégration sociale se situe juste au-dessous (rapport de cotes = 0,26 IC95 [0,09–0,74]). Ces constats persistent même en tenant compte d’autres facteurs (comme une éventuelle problématique psychiatrique ou une grave affection somatique).
En définitive, les femmes les mieux intégrées socialement présentent un risque de suicide « au moins trois fois plus faible » sur la période de leur vie considérée (entre 46 et 71 ans, pendant 0 à 18 ans, donc entre 46 et 89 ans). Les auteurs insistent donc sur l’intérêt des interventions visant à préserver ou à renforcer les liens sociaux déjà en place, ou à en créer de nouveaux, car ces interventions peuvent constituer « des outils précieux pour la politique de prévention primaire du suicide » dans cette population.
Dr Alain Cohen