jeudi 19 juin 2014

SONDAGE : Les Français et leur santé mentale : comment améliorer la prévention ?

Les Français et leur santé mentale : comment améliorer la prévention ?
12 juin 2014 - http://www.20minutes.fr/sante/1397930-maladies-mentales-pourquoi-les-francais-en-ont-il-si-peur


Enjeu majeur de santé publique, les maladies mentales touchent 1 personne sur 5 en France. Elles représenteront, à l’horizon 2020, la 1ère cause de handicap dans le monde. Aujourd’hui, comment les Français les perçoivent-elles ? Peurs et idées reçues prédominent-elles ? Ont-ils le sentiment d’être bien informés sur les facteurs de risques, les comportements à tenir, les possibilités de prise en charge ? Ipsos Santé a réalisé pour la Fondation FondaMental et Klesia une enquête exclusive sur le rapport des Français à la santé mentale.


En bref, l’étude témoigne d’une réalité contrastée :
  1. Un paradoxe : les maladies mentales représentent un sujet important pour un Français sur 2, puisque affectés eux-mêmes ou concernés via leur entourage mais demeurent un champ de méconnaissance manifeste.
  2. Des représentations qui demeurent négatives malgré une légère inflexion : la comparaison des résultats avec une précédente enquête de 2009 témoigne d’une légère inflexion des représentations les plus stéréotypées et négatives des maladies mentales, même si les peurs et idées reçues continuent de s’exprimer à des niveaux élevés. 
  3. Au final, des besoins de repères sont adressés sur tous les sujets : de la prévention de la survenue, aux conduites à tenir en cas de troubles suspectés, et aux traitements post diagnostic. Le médecin généraliste s’impose comme un interlocuteur de référence.
« Si la photographie prise en 2014 est moins noire qu’en 2009 sur l’image sociale des maladies mentales (En 2009, 47% des Français associaient les maladies psychiatriques à des représentations négatives), les conditions d’une prévention optimale ne sont pas réunies. Une mobilisation est aujourd’hui nécessaire pour apporter des repères aux Français. Méconnaissance des facteurs de risques et des moyens de prévention, crainte de la désocialisation et de la stigmatisation, difficultés à s’orienter etc., autant de freins profonds restent à surmonter encore aujourd’hui. » Laïla Idtaleb

Un paradoxe sur les maladies mentales : un sujet d’importance mais peu de connaissances

Les Français sont une majorité à se sentir concernés par le sujet

>> 58% des Français sont affectés de près ou de loin par les maladies mentales
  • 53% des Français ont un ou des proches affectés (en augmentation de 19 pts vs. 2009, symptôme d’une normalisation de l’image)
  • et 13% se déclarent affectés personnellement (en augmentation de 8 pts vs. 2009). 
La dépression est la maladie mentale la plus répandue en France puisque 47% des Français déclarent y être confrontés : 8% personnellement et 41% disent avoir un ou plusieurs dépressifs dans leur entourage. Ces chiffres paraissent cohérents avec ceux publiés par l’INPES dans leur Baromètre Santé de 2005 où 3 millions de personnes avaient déjà vécu une dépression au cours des douze mois précédant l’enquête (8% de la population Française).
>> Les Français sont nombreux à s’être déjà interrogés sur leur santé mentale ou celle de leurs proches
  • 28% de la population indique s’être déjà posé des questions sur sa propre santé mentale,
  • Et 4 Français sur 10 se sont décrits comme ayant été préoccupés par la santé mentale d’un proche (39%), ce qui au total nourrit presque une moitié des Français (45%) ayant déjà eu des doutes sur une possible maladie mentale pour soi ou un proche.

Pourtant, on constate une méconnaissance manifeste du sujet

  • Une identification relativement floue des maladies mentales
    Les maladies mentales les plus citées spontanément sont la schizophrénie (56%), les maladies maniacodépressives/troubles bipolaires (26%) et la dépression (18%). Néanmoins, un Français sur 5 associe spontanément les maladies mentales à des maladies neurologiques comme l’Alzheimer, 10% d’entre eux citent la trisomie, 6% Parkinson et 6% ne savent pas citer de maladies mentales.
  • Les ¾ des Français sous-estiment la prévalence des maladies mentales
Hommes et séniors
Les hommes se disent moins concernés que les femmes par la dépression (41% contre 52%) et d’une manière plus générale par les maladies mentales (49% pas concernés contre 37%).
A noter également que les séniors de 60 ans et plus ont moins tendance à s’interroger sur leur propre santé mentale (79% d’entre eux affirment ne pas se poser de question sur leur santé mentale contre 72% de la population française).
Si les ¾ des Français sous-estiment la prévalence des maladies mentales, cette tendance est renforcée chez les hommes (81%) et les 60 ans et plus (80%).

 Des représentations moins négatives des maladies mentales, mais les stéréotypes ont la vie dure

Des représentations négatives des malades atteints de problèmes mentaux

Les maladies mentales spontanément présentes à l’esprit des Français sont la schizophrénie (56%), les maladies maniacodépressives/troubles bipolaires (26%) et la dépression (18%).
Les représentations dans l’imaginaire collectif restent très connotées négativement :
  1. à la folie d’une part puisque 42% des Français associent spontanément les termes maladies mentales à la folie (baisse de 5pts vs 2009) et 7% d’entre eux vont même jusqu’à les qualifier de « tarés », « cinglés » (baisse de 7pts vs 2009).
  2. à la dangerosité d’autre part : 45% pensent qu’ils sont dangereux pour les autres, et 71% envisagent un danger pour soi.
  3. à la dépendance enfin et son impact sur la socialisation : 54% jugent que les personnes atteintes de troubles mentaux doivent être assistés dans leur vie de tous les jours. Les Français émettent aussi par exemple des réserves sur la capacité des malades mentaux à pouvoir assumer la responsabilité d’une famille (42% pensent qu’ils ne peuvent pas le faire, et 32% ne se prononcent pas), 21% qu’ils doivent prendre un traitement qui les rendent apathiques, 14% d’entre eux estiment que les personnes atteintes de troubles mentaux ne peuvent pas exercer de travail, 9% pensent qu’elles ne peuvent pas vivre en couple et 8% affirment qu’elles doivent vivre isolées.

Des malades peu fréquentables ?

La moitié de la population se sentirait gênée de vivre sous le même toit qu’un malade mentale et un tiers n’aimerait pas travailler (35%) ni même partager un repas (30%) avec une personne atteinte d’une maladie mentale quelle qu’elle soit.  Les plus jeunes (18-24 ans) ont un degré d’acceptation beaucoup plus élevé que la population française puisque seulement 20% d’entre eux se disent gênés à l’idée de partager un repas ou travailler avec une personne atteinte de troubles mentaux.

Face à cet enjeu, les Français reconnaissent ne pas disposer d’éléments de réponse ou d’action

Les Français se décrivent assez peu ou pas informés sur la santé mentale dans ses différentes dimensions.

Comment prévenir et limiter les risques de survenue d’une maladie mentale ?
84% des Français ne se sentent pas assez informés au sujet de la prévention des maladies mentales, et pour 78% qui s’estiment mal informés sur leurs facteurs de risques. Ce sentiment de manque d’information est beaucoup plus fort versus d’autres pathologies. Selon une étude menée par Ipsos en 2013, 76% des Français se sentent bien informés au sujet des AVC.
Pas évident non plus de savoir si l’on est à risque ou non compte tenu du flou sur l’origine des maladies : 54% des Français sont catégoriques sur la non hérédité, tandis que 26% ne savent pas se prononcer sur cette question.
  • Et que faire en cas de suspicion d’un problème ?
    79% ne se sentent pas assez informés au sujet des conduites à tenir en cas de problèmes de santé mentale. Les Français expriment en particulier un désarroi sur l’orientation : seulement 45% d’entre eux se sentent assez informés au sujet des professionnels de santé à consulter en cas de problèmes mentaux et 70% disent manquer d’information sur les structures disponibles en cas de problèmes de santé mentale.
  • Quid des traitements ? 78% se décrivent insuffisamment informés sur les traitements pour soigner les maladies mentales.  Et seulement un tiers par exemple considèrent les psychothérapies comme vraiment efficaces (part des notes >7/10 sur l’efficacité).

Le médecin généraliste reste le premier interlocuteur des Français sur le sujet et est de fait un acteur de choix pour toute politique de prévention :

En cas de problème de santé mentale, les Français se dirigeraient en premier vers:
  • Leur médecin traitant (81%)
  • Leur famille (41%)
Améliorer la prévention et la prise en charge des maladies mentales en France :  les priorités vues par les Français
- Agir en faveur du dépistage grâce à la connaissance des signaux d’alertes et des ressources adaptées (67%)

- Informer sur les facteurs de risques et moyens de prévention (66%)

- Mieux faire connaître les moyens disponibles pour traiter les maladies mentales (63%)

- Changer le regard sur les maladies mentales (58%)

Fiche technique Ipsos a interrogé pour FondaMental 1002 Français âgés de 18 ans et plus, par Internet via le panel d’Ipsos, constituant un échantillon national représentatif selon la méthode des quotas (sexe, âge, région, catégorie d’agglomération et profession du chef de famille - Source INSEE), du 17 au 23 Avril 2014.

Céline Talon
Chargée d'études senior, Ipsos Santé Ipsos Public Affairs

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AUTRE ARTICLE 

Maladies mentales : sondage Ipsos-FondaMental-KLESIA

source : https://www.klesia.fr/web/groupe/-/maladies-mentales-sondage-ipsos-fondamental-klesia

La Fondation FondaMental souligne la méconnaissance des maladies mentales en France et alerte sur l'urgence de leur prévention
La Fondation FondaMental alerte sur l'urgence de la prévention en psychiatrie à l'occasion d'un colloque organisé le jeudi 12 juin au Palais d'Iéna autour d'expériences prometteuses nationales et internationales. Ce colloque est organisé en partenariat avec le groupe de protection sociale KLESIA, qui a fait de la prévention en santé un axe prioritaire du développement de son action, et le Conseil économique social et environnemental.
En amont de ce colloque et à l'heure où les progrès de la science offrent une lecture nouvelle des maladies mentales, comment les Français perçoivent-­ils ces pathologies aujourd'hui ? Une enquête Ipsos-FondaMental-KLESIA apporte des éléments de réponse sur le rapport des Français à la santé mentale (1), miroir d'une 1ère enquête menée en 2009 (2). Principaux enseignements :
  • Les Français se sentent majoritairement touchés par les maladies mentales mais leurs connaissances sur le sujet restent faibles. Les peurs et les idées reçues persistent, malgré une évolution légère des perceptions.
  • Les Français expriment un besoin très fort d'information perçue comme une priorité pour améliorer la prise en charge et la prévention !
Ces résultats font écho à l'un des trois leviers d'action préconisés par la Fondation FondaMental pour relever le défi de la prévention en psychiatrie :
  • Déstigmatiser et informer le grand public sur les troubles psychiatriques,
  • Promouvoir une spécialisation accrue de la prise en charge des maladies mentales, sur le modèle des Centres Experts qu'elle a mis en place,
  • Soutenir l'effort de recherche en psychiatrie pour améliorer nos connaissances et nos stratégies d'action.


Les maladies mentales : mal connues et sous‐estimées des Français, qui se sentent pourtant très concernés par le sujet

Les maladies mentales touchent de près ou de loin une majorité de Français. Aujourd'hui, plus d'1 Français sur 2 (58%) déclare être concerné par les maladies mentales, dont 13% personnellement (+8 points vs 2009). La dépression apparaît comme la maladie la plus répandue : près d'un Français sur deux (47%) se dit concerné, dont 8% personnellement.
4 Français sur 10 (39%) soulignent également s'être posés des questions sur la santé mentale d'un proche.
Pourtant, la méconnaissance est flagrante : si les maladies mentales les plus citées spontanément sont la schizophrénie (56%), les maladies maniacodépressives/troubles bipolaires (26%) et la dépression (18%), 46% des Français associent spontanément les maladies mentales à des maladies pourtant neurologiques comme la maladie d'Alzheimer (38%) ou la maladie de Parkinson ! A noter que 6% ne savent pas citer de maladies mentales !


Le regard sur les maladies mentales n'a pas évolué : peurs et idées reçues persistent

Si les représentations des maladies mentales restent marquées par les craintes qu'elles suscitent, les perceptions tendent à s'améliorer par rapport à 2009 (3), notamment sur les dénominations les plus péjoratives :
  • 2 Français sur 5 (42%) associent spontanément la maladie mentale à la folie (vs 47% en 2009)
  • 7% d'entre eux utilisent des termes tels que « cinglés », « tarés ». Ils étaient le double, soit 14%, en 2009.
Pour autant, l'image sociale des personnes atteintes de maladies mentales reste liée à la dangerosité, à la dépendance et aux difficultés de socialisation :
  • 42% des Français pensent que les malades mentaux ne peuvent pas assumer la responsabilité d'une famille et la moitié d'entre eux déclarent qu'ils se sentiraient gênés de vivre sous le même toit qu'une personne atteinte de troubles mentaux,
  • 21% des Français pensent qu'ils doivent prendre des traitements qui les rendent apathiques ­ 20% ne savent pas répondre.
  • 35% des Français (un tiers) seraient gênés de travailler et 30% de partager un repas avec un malade mental.
« Si l'image sociale des maladies mentales apparaît aujourd'hui moins négative, tout reste à faire pour informer le « grand public » sur les facteurs de risque, les signaux d'alerte, les prises en charge disponibles », souligne Marion Leboyer, Directeur de la Fondation FondaMental.


Un besoin d'informations manifeste

Près de 9 Français sur 10 ne se sentent pas assez informés au sujet de la prévention des maladies mentales, ce qui en fait l'une des pathologies où le besoin d'informations est le plus criant (selon une étude Ipsos-­‐Boerhinger Ingelheim en 2013, 76% des Français se sentent bien informés au sujet des AVC).
Prévention, conduites à tenir en cas de troubles suspectés, ou encore prise en charge post-diagnostic, les besoins d'information sont ainsi largement exprimés :
  • 70% disent se sentir faiblement ou pas informés sur les structures disponibles en cas de problème de santé mentale,
  • 55% se disent mal ou pas informés sur le professionnel de santé à consulter en cas de problèmes mentaux,
  • 78% se déclarent mal ou pas informés sur les traitements existants. 67% des Français considèrent également comme prioritaire d'agir en faveur du dépistage précoce.
En cas de problèmes mentaux, 81% des Français en parleraient à leur médecin traitant contre 51% à un spécialiste et 41% à leur famille.


Aujourd'hui, pour la Fondation FondaMental, un maître mot : PREVENTION !

Mieux comprendre, intervenir précocement et mieux soigner les maladies mentales les plus invalidantes (les troubles bipolaires, la schizophrénie, l'autisme de haut niveau ou syndrome d'Asperger, les dépressions résistantes, les conduites suicidaires, les TOC résistants et le stress post­‐traumatique) tels sont les défis que la Fondation FondaMental relève au quotidien.
Parce que la prévention en psychiatrie est possible, efficace et rentable, la Fondation FondaMental en appelle à la mise en oeuvre d'une politique volontariste qui aurait pour triple ambition de : 
  • Prévention primaire : diminuer le risque d'entrée dans la maladie,
  • Prévention secondaire : dépister et prendre en charge le plus tôt possible les maladies qui n'ont pu être évitées,
  • Prévention tertiaire : réduire les risques de rechutes et d'apparition de handicaps à plus long terme.
Pour les années à venir, la Fondation FondaMental entend privilégier trois leviers d'actions :
  • Déstigmatiser et faire connaître les maladies mentales et leurs facteurs de risque (hygiène de vie, traumatismes infantiles, cannabis…)
  • Encourager une spécialisation accrue, à l'instar de ce qui s'est fait pour les autres pathologies médicales (cancer, obésité, Alzheimer). La Fondation FondaMental a mis en place un dispositif, complémentaire de la psychiatrie généraliste existante et s'inscrivant dans le cadre de l'offre de soins sectorisée : les Centres Experts (troubles bipolaires, schizophrénie, syndrome d'Asperger, dépression résistante), qui sont des plateformes de diagnostic et de recherche. Après évaluation, ceux-­ci devraient être labellisés avec comme perspective leur renforcement et leur généralisation en tant que maillon indispensable du parcours de soin.
  • Renforcer la recherche sur les maladies mentales afin d'améliorer la connaissance sur les facteurs de risque, les mécanismes physiopathologiques et les biomarqueurs de ces pathologies, identifier de nouvelles voies thérapeutiques, mieux évaluer les coûts et l'efficacité des prises en charge, etc.
« Pour des raisons à la fois éthiques, médicales et financières, il y a urgence à soutenir les innovations et améliorer la prise en charge de ces pathologies. Nous avons la chance au sein de la Fondation FondaMental de réunir les expertises et les talents de médecins, psychiatres, psychologues, chercheurs pour mieux comprendre les mécanismes de ces maladies, et mieux soigner les patients en repensant les modèles de prise en charge. Mais pour relever ces défis, il faut donner aux médecins et aux chercheurs les moyens d'agir. En France, l'effort de recherche en psychiatrie doit être soutenu à la hauteur des défis qui restent à relever » souligne Marion Leboyer, Directeur de la Fondation FondaMental.
Programme du colloque sur le communiqué de presse ci-dessous.
(1) Sondage réalisée sur Internet auprès d'un échantillon représentatif de 1002 Français âgés de 18 ans et plus du 17 au 23 avril 2014.
(2) Durand Zaleski et al., A first national survey of knowledge, attitudes and behaviours towards schizophrenia, bipolar, disorders and autism in France, BMC Psychiatry, 2012
(3) Durand Zaleski et al., A first national survey of knowledge, attitudes and behaviours towards schizophrenia, bipolar, disorders and autism in France, BMC Psychiatry, 2012

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