Davantage de suicides chez les jeunes chômeurs…
Publié le 27/05/2014 sur http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/davantage_de_suicides_chez_les_jeunes_chomeurs_145554/document_actu_med.phtml
Comme c’était prévisible, une étude australienne confirme que le risque de suicide peut s’intégrer aux suites (parfois dramatiques) d’une perte d’emploi.
Portant sur de jeunes adultes (âgés de 18 à 34 ans), cette étude inclut à la fois 84 cas de personnes décédées par suicide (les informations ont alors été recueillies auprès de leurs proches) et 101 sujets ayant réalisé une « simple » tentative d’autolyse. Comparant ces populations à des sujets-contrôles appariés pour l’âge et le sexe, les auteurs se sont « principalement intéressés à la perte involontaire d’un emploi dans les douze mois précédant le suicide ou la tentative » et leur analyse statistique s’appuie sur un modèle de régression logistique conditionnelle, avec un ajustement des données pour le statut matrimonial, le niveau socioéconomique, et l’existence éventuelle d’un « trouble affectif ou anxieux. »
Après ajustement pour ces variables, on vérifie effectivement qu’un licenciement préalable se trouve associé quasiment à un doublement du risque de suicide : Odds Ratio = 1,82 [0,98–3,37] (IC= 95% ; p=0,058). Ce risque de tentative de suicide (ou/et de suicide accompli) est presque quadruplé en cas de « faible niveau socioéconomique » : OR = 3,80 [2,16–6,67] (IC= 95% ; p < 0,001), comparativement à un « statut socioéconomique élevé. » Et, sans surprise, un diagnostic de trouble mental concomitant augmente encore davantage ce même risque : OR = 7,87 [5,16–12,10] (IC= 95 % ; p<0,001), par rapport aux sujets sans diagnostic psychiatrique.
Si une perte d’emploi involontaire se trouve ainsi associée à une « probabilité accrue de tentatives de suicide ou de suicide », les auteurs précisent que la « force de cette relation » statistique est cependant « atténuée après ajustement » par d’autres variables (statut socioéconomique et contexte de troubles mentaux). En pratique, dans cette tranche d’âge, le licenciement pourrait surtout révéler ou accentuer des difficultés antérieures ayant une « influence plus forte que le chômage » sur un passage à l’acte suicidaire (qu’il s’agisse d’une tentative ou de sa réalisation effective). Bien entendu, cette étude confirme l’intérêt de traiter aussi l’aspect psychologique (voire psychiatrique), souvent méconnu des structures dédiées à l’accompagnement social du jeune chômeur.
Dr Alain Cohen