Geste suicidaire et travail : enquête aux urgences psychiatriques du CHU de Caen (France)
source info : http://www.camip.info/Geste-suicidaire-et-travail.html
M. Géhin, M. Raoult-Monestel Archives des maladies professionnelles et de l’environnement, 2013, vol.74, n°4, pp. 359-368. Références
Le travail était
plutôt considéré comme moyen de stabilisation sociale depuis le XIXe
siècle. Mais à partir des années 2000, des études ont confirmé la notion
de centralité du travail comme facteur d’équilibre collectif social et
individuel majeurs, mais aussi comme élément d’atteinte à la santé
mentale.
Une enquête transversale descriptive monocentrique par entretiens individuels a été réalisée de février 2010 à septembre 2011 auprès de 70 salariés hospitalisés ou admis aux urgences psychiatriques du CHU de Caen pour un geste suicidaire. 44,3% d’entre eux avaient déjà été hospitalisés en psychiatrie et 82,9% avaient pris ou prenaient des médicaments psychotropes.
Des idées suicidaires précédant le geste sont décrites par les patients dans 74% des cas, et un événement déclenchant est retrouvé das 70% des cas avec un passage à l’acte immédiat dans les 24h suivantes pour 38,6% des sujets.
Pour 60% des suidicants , le geste n’est pas lié au travail ou alors comme "décompensateur accessoire" ; mais pour 40% des suicidants, le geste est décrit une fois sur deux comme exclusivement lié au travail.
L’importance de la valeur travail dans l’équilibre psychique est de 60% pour la population des suicidants.
Lorsque le geste est principalement lié au travail, le vécu global du travail est négatif et les mots utilisés par le salarié sont l’absence d’épanouissement, la déshumanisation, l’absence de respect, l’absence d’écoute, l’injustice, la dévalorisation, la perte de la valeur du travail. L’estime de soi n’existe plus et l’ambiance de travail est perçue dégradée. L’identité est atteinte par la perte de sens de la situation de travail elle-même. Le ressenti de cette situation au moment du geste suicidaire est ainsi décrit dans un registre éprouvant le plus profond de l’identité (pertes de valeur, injustice, trahison, dévalorisation, abandon, culpabilité)...
Des problèmes de santé sont décrits par tous les salariés, mais souvent banalisés et non mis en perspective avec le travail (angoisses, troubles du sommeil, troubles musculosquelettiques, gastralgies, précordialgies, peurs ou états d’alerte permanente, irritabilité, agressivité, omniprésence du travail dans la pensée, malaises ou pertes de connaissance au travail).
" L’enquête montre que le geste suicidaire est le résultat d’une longue histoire de souffrance au travail et que la prévention du geste passe entre autres par l’interrogatoire du travail, le plus précoce possible afin d’analyser le ou les liens entre la situation de travail et les symptômes présentés. Le seul traitement symptomatique médicamenteux n’est pas suffisant si la souffrance ne trouve pas d’issue verbale. C’est la compréhension de son histoire en particulier de travail, qui va permettre au salarié, dans la plupart des cas, de modifier son état psychique et ainsi, peut-être celle de sa future trajectoire de vie".
(publié le 2 janvier 2014Une enquête transversale descriptive monocentrique par entretiens individuels a été réalisée de février 2010 à septembre 2011 auprès de 70 salariés hospitalisés ou admis aux urgences psychiatriques du CHU de Caen pour un geste suicidaire. 44,3% d’entre eux avaient déjà été hospitalisés en psychiatrie et 82,9% avaient pris ou prenaient des médicaments psychotropes.
Des idées suicidaires précédant le geste sont décrites par les patients dans 74% des cas, et un événement déclenchant est retrouvé das 70% des cas avec un passage à l’acte immédiat dans les 24h suivantes pour 38,6% des sujets.
Pour 60% des suidicants , le geste n’est pas lié au travail ou alors comme "décompensateur accessoire" ; mais pour 40% des suicidants, le geste est décrit une fois sur deux comme exclusivement lié au travail.
L’importance de la valeur travail dans l’équilibre psychique est de 60% pour la population des suicidants.
Lorsque le geste est principalement lié au travail, le vécu global du travail est négatif et les mots utilisés par le salarié sont l’absence d’épanouissement, la déshumanisation, l’absence de respect, l’absence d’écoute, l’injustice, la dévalorisation, la perte de la valeur du travail. L’estime de soi n’existe plus et l’ambiance de travail est perçue dégradée. L’identité est atteinte par la perte de sens de la situation de travail elle-même. Le ressenti de cette situation au moment du geste suicidaire est ainsi décrit dans un registre éprouvant le plus profond de l’identité (pertes de valeur, injustice, trahison, dévalorisation, abandon, culpabilité)...
Des problèmes de santé sont décrits par tous les salariés, mais souvent banalisés et non mis en perspective avec le travail (angoisses, troubles du sommeil, troubles musculosquelettiques, gastralgies, précordialgies, peurs ou états d’alerte permanente, irritabilité, agressivité, omniprésence du travail dans la pensée, malaises ou pertes de connaissance au travail).
" L’enquête montre que le geste suicidaire est le résultat d’une longue histoire de souffrance au travail et que la prévention du geste passe entre autres par l’interrogatoire du travail, le plus précoce possible afin d’analyser le ou les liens entre la situation de travail et les symptômes présentés. Le seul traitement symptomatique médicamenteux n’est pas suffisant si la souffrance ne trouve pas d’issue verbale. C’est la compréhension de son histoire en particulier de travail, qui va permettre au salarié, dans la plupart des cas, de modifier son état psychique et ainsi, peut-être celle de sa future trajectoire de vie".
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http://blogdinfosuicide.blogspot.fr/2012/10/revue-de-presse-geste-suicidaire-et.html