L'opéra, un art qui incite au suicide?
le 09 Janvier 2014 à 17:55
Tatiana Monogarova dans le rôle
de Madame Butterfly de Puccini au moment où elle met fin à ses jours. (©
Sumaya Hisham/Demotix/Corbis)
Dans une étude du Journal médical australien, des psychiatres s'inquiètent de l'influence néfaste que pourrait avoir l'opéra sur les personnes fragiles. En cause, le nombre important de suicides ou de pensées suicidaires dans les oeuvres.
L'opéra pourrait-il être dangereux pour notre santé mentale? C'est ce que tend à démontrer une étude publiée dans le Journal médical australien et qui inquiète certains psychiatres de l'Université de Tasmanie. Les chercheurs ont analysé quatre siècles d'opéras occidentaux et les statistiques sont assez renversantes. Sur 337 ouvrages examinés, 33% d'entre eux contiennent un suicide "réussi", une tentative de suicide ou des pensées suicidaires.Selon l'étude "durant plusieurs siècles, le suicide dans l'opéra est très fréquemment représenté comme un option lorsque les personnages sont confrontés à des situations de détresse". Les chercheurs vont encore plus loin en estimant que les amateurs d'opéra pourraient être tentés de trop s'identifier à cette façon d'agir dans les oeuvres.
L'étude s'intéresse également à l'effet Papageno, un terme psychiatrique qui décrit une intervention préventive du suicide par l'entourage de la personne en détresse. Un terme qui provient directement de La Flûte enchantée de Mozart et qui se réfère au moment où Papageno envisage de se pendre alors qu'il croit avoir perdu son amour. Au moment de passer à l'acte, il est sauvé par trois jeunes garçons qui l'aident à retrouver ses moyens.
Parmi les 337 oeuvres analysées, 112 présentent une scène de suicide ou s'y référant, 74 opéras contiennent un suicide "réussi". Et pour ce qui est des méthodes employées, c'est le couteau qui remporte les faveurs des librettistes puisque celui-ci est utilisé dans 26 ouvrages. Ensuite viennent l'empoisennement, la noyade, la pendaison, l'asphyxie, l'immolation, etc. Dans la vraie vie, c'est également le couteau qui est la méthode la plus employée par les personnes suicidaires, les chercheurs y voient donc là une dramatisation de la réalité.
Et comme dans la vraie vie, à l'opéra aussi hommes et femmes ne sont pas traités de la même façon. Les personnages féminins sont ceux qui réussisent le plus leur suicide à hauteur de 56%, alors que les hommes commettent à 57% des tentatives ou des pensées suicidaires. Uns statistique paradoxale puisqu'il y a plus de suicides chez les hommes que chez les femmes dans la réalité.
REFERENCE ARTICLE ETUDE
Four centuries of suicide in opera
Four centuries of suicide in opera