Personnes âgées : rompre l'isolement, simple comme un coup de fil - www.metrofrance.com 09-08-2012
Selon un récent rapport de la Fondation
de France, 21 % des plus de 75 ans avouent souffrir de solitude. Ils
étaient 16 % en 2010. Photo : DUCLOS ALEXIS/SIPA/DUCLOS/SIPA
Née à Paris en 2007, l'association "Au bout du fil" lutte contre l'isolement qui frappe les personnes âgées en entretenant grâce au bénévolat un contact téléphonique hebdomadaire. Un échange parfois vital qui obéit à un certain nombre de règles bien précises.
Les plus de 65 ans plus vulnérables face au suicide
Selon un récent rapport de la
Fondation de France, 21 % des plus de 75 ans avouent souffrir de
solitude. Ils étaient 16 % en 2010. Plus inquiétant, les plus de 65 ans
représentaient en 2009 le tiers des décès par suicide en France. "Les
personnes avec qui nous sommes en contact ne sont en général pas
désespérées, tempère Monique Caubet. Elles ont besoin de parler et
surtout d'être écoutées. Mais si nos bénévoles décèlent un mal être
important, ils préviendront les services sociaux." L'association
s'entretient chaque semaine quelques dizaines de minutes avec environ un
millier de personnes. Certaines se sont inscrites en ligne sur le site, d'autres ont été signalées par les caisses de retraite.
Les rapports entre les bénévoles et
leurs interlocuteurs obéissent à un certain de principes intangibles.
"Savoir écouter, déjà ça s'apprend, poursuit Monique Caubet.
"L'appelant" n'est pas un psychologue et il n'a pas à poser de
questions. Il faut laisser l'autre parler et partager avec lui ce qu'il
ressent en étant le plus positif possible." Les bénévoles ne sont donc
recrutés qu'après entretien et ils bénéficient ensuite de formations
gratuites tout au long de l'année. L'autre grande règle est
l'anonymisation des échanges. Chaque partie ne connaît de l'autre que
son prénom. "Les bénévoles peuvent arrêter du jour au lendemain,
explique Monique Caubet. Et leurs interlocuteurs peuvent aussi être très
âgés et disparaître subitement. Il n'est donc pas souhaitable de créer
des binômes."
Une crise du bénévolat
Après cinq ans d'existence,
l'association peut compter sur 150 bénévoles, âgés de 23 à 92 ans. Elle
espère en recruter une cinquantaine supplémentaires d'ici la fin de
l'année mais les temps sont durs. "Il y a un peu une crise du bénévolat,
regrette Monique Caubet. Nous ne nous occupons que d'une goutte d'eau
dans un océan de solitude. Pourtant, il y a peu de contraintes. Les
bénévoles appellent de chez eux et nous ne leur demandons d'être
disponible deux fois une heure dans la semaine de façon à s'occuper de
six personnes. Et ils bénéficient sur la durée de formations sur la
communication téléphonique."
En attendant, le sujet est devenu gouvernemental après trois suicides de retraités en deux jours. Michèle Delaunay, la ministre déléguée chargée des personnes âgées, prépare une loi "d'anticipation et d'accompagnement de la perte d'autonomie" dans laquelle elle compte inscrire comme priorité "la lutte contre l'isolement des âgés et le rétablissement de liens intergénérationnels".
En attendant, le sujet est devenu gouvernemental après trois suicides de retraités en deux jours. Michèle Delaunay, la ministre déléguée chargée des personnes âgées, prépare une loi "d'anticipation et d'accompagnement de la perte d'autonomie" dans laquelle elle compte inscrire comme priorité "la lutte contre l'isolement des âgés et le rétablissement de liens intergénérationnels".
Pour en savoir plus : auboutdufil.org