Le suicide chez les ados : une prévention nécessaire
Source article http://www.lunion.presse.fr/article/societe/le-suicide-chez-les-ados-une-prevention-necessaire
Publié le lundi 20 février 2012.
Catherine Vannereux : « On fait porter des situations trop lourdes à nos jeunes. »
LAON (Aisne) Aujourd'hui et demain, la psychanalyste Catherine Vannereux va intervenir auprès des lycéens de Claudel. Le thème est délicat : le suicide et les moyens de le prévenir.
AUCUN lycée du département n'a été épargné par le suicide, tenté ou « réussi ». Des faits qui ne baissent pas et qui ont incité l'éducation nationale, sur le Laonnois, à faire intervenir Catherine Vannereux, psychanalyste et enseignante de formation, à intervenir dans les lycées du secteur. Aujourd'hui et demain, elle est à Paul-Claudel pour sensibiliser les lycéens sur la prévention du suicide. Pas simple.
l'union : Plusieurs cas de suicide « spectaculaire » ont eu leu ces dernières années dans notre secteur. Est-ce un phénomène qui se tasse, ou qui est hélas toujours présent ?
Catherine Vannereux : Je voudrais vous dire le contraire, mais ce chiffre est constant et a tendance à augmenter. À tel point que l'éducation nationale, du moins en Picardie, a choisi de pratiquer de plus en plus de présentions dans ce domaine. Nous sommes assez en avance dans ce secteur, mais cela reste insuffisant. L'année dernière il y a eu 12 000 suicides en France, tous âges confondus. C'est la seconde cause de mortalité en France ! Et encore une fois, le suicide et sa prévention restent un sujet encore tabou. Alors que par exemple, en Picardie l'année passée, nous avons encore plusieurs morts par suicide.
Un passage à l'acte très rapide
Est ce difficile de détecter les signes avant coureur d'un adolescent qui se sent mal dans sa peau au point de passer à l'acte ?
Ce qui rend les choses compliquées, notamment pour détecter des jeunes à risque, est qu'il n'y a pas de prévention faîte auprès des enseignants lors de leur cursus. Il est même très délicat d'aborder le sujet quand on n'est pas formé. On peut appréhender de faire plus de mal que de bien. Pourtant, il y a une demande, de la part des jeunes professeurs notamment. Ceux qui peuvent le plus détecter les signes, sont les copains ou copines. Il y a des indices pour les parents aussi comme un mauvais sommeil, du stress, de la perte d'intérêt pour les passions, des plaies corporelles aussi. Des jeunes qui s'isolent, se mettent en retrait…
Comment se passe une intervention dans ce public sensible que sont les lycéens ?
Pour les ados, le passage à l'acte est très rapide, violent, surtout chez les garçons. On souffre, on arrête, la préparation dure une semaine, au maximum 15 jours. Avec eux, le langage doit être clair, pas trop direct. Il est très rare qu'il n'y ait pas, dans la volonté du passage à l'acte, une source dans le milieu familial. Parfois l'enfant, notamment dans une séparation, devient le confident d'adulte alors que ce n'est pas son rôle. À leur âge, il est déjà difficile de parler et donc, je fais la moitié du chemin en venant faire de la prévention. Après, ils n'ont plus qu'à faire un petit pas, notamment pour les jeunes en terminale. Heureusement, nous avons de plus en plus de personnes relais dans les lycées, comme les infirmières scolaires. Mais nous sommes encore loin du compte.
Informations : Suicide écoute 01.45.39.40.00 (7j/7, 24h/24). Catherine Vannereux : 06.20.75.20.92/mail : vannereux75@aol.com
Propos recueillis par Stéphane MASSÉ smasse@journal-lunion.fr