Étude et cartographie des hotspots suicidaires dans la région Auvergne-Rhône-Alpes
Fort Amandine Fonction : Auteur
Université Grenoble Alpes - UFR Médecine
Résumé
Tous les suicides ne se produisent pas dans l'intimité du domicile ; un nombre significatif se produit dans des lieux publics. Certains de ces lieux, caractérisés par leur fréquence d'utilisation, leur isolement et leur médiatisation, sont appelés « hotspots suicidaires ». La prévention du suicide dans ces sites est une composante essentielle de la stratégie nationale de prévention du suicide. Les deux premières étapes consistent à identifier ces hotspots et à intervenir spécifiquement sur chacun d'eux. Cependant, il n'existe actuellement pas d'outil exploitable en routine pour recenser ces lieux à risque. L'objectif principal de cette étude est d'identifier les hotspots suicidaires de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à partir des actes médico-légaux des personnes décédées par suicide découvertes dans cette région. Elle a également pour objectif d'étudier les caractéristiques épidémiologiques des personnes suicidées, les lieux et scénarios choisis, ainsi que l'implication de l'entourage. Les données ont été recueillies rétrospectivement à partir des rapports médico-légaux des institut-médico-légaux (IML) de Grenoble, Clermont-Ferrand et Saint-Etienne, de 2016 à 2022 inclus. Elle a été menée en collaboration avec le programme Papageno. Sur une période de 7 ans, 26 hotspots suicidaires représentant 90 suicides, ont été identifiés. Les deux principaux hotspots concentrent à eux seuls environ un quart des suicides survenus dans ces lieux. Les suicides dans les lieux publics concernent principalement des hommes d'âge moyen et des individus présentant des facteurs de risque de passage à l'acte. Les modes opératoires les plus fréquents sont la submersion volontaire et la pendaison. Les principaux types de lieux identifiés incluent des rivières, barrages, ponts, bois et forêt, ces lieux, parfois à des dizaines de kilomètres du domicile des victimes. L'identification des hotspots suicidaires à partir des données des IML s'avère fiable et précise. Le grand nombre d'événements recensés soulève des questions sur la définition et la priorisation de ces hotspots. L'exhaustivité de ce recueil pourrait être améliorée par une collecte plus systématique des lieux de découverte et de passage à l'acte dans les rapports médico-légaux. Cette étude souligne l'importance de la mission de santé publique des médecins légistes, qui participent à la collecte d'informations d'intérêt collectif. L'extension de cette méthode à d'autres régions, de manière prospective, permettrait de créer un système de veille national et continu, tel que recommandé dans les plans de prévention du suicide.