Pontorson, pilote en prévention du suicide
Depuis le mois de mars 2016, une plateforme d'écoute téléphonique est en place à Pontorson. Elle répond aux appels des personnes en récidive de crise suicidaire.
29/09/2016 à 16:26 par pascalebrassinne lagazettedelamanche.fr*
Le Dr Gérard Boittiaux est président du Collectif de prévention du suicide dans la Manche. Psychiatre, chef de pôle du centre hospitalier de l'Estran, il conduit cette expérimentation de la plateforme d'écoute et d'appel des personnes tentées par le suicide. -
La Basse-Normandie est la deuxième région de France la plus touchée par le suicide de ses habitants.
Dans le département de la Manche, avec 140 passages à l’acte par an, c’est trois fois plus que la cause de décès par accident de la route. C’est un vrai problème de santé publique », indique Gérard Boittiaux, le psychiatre, chef du pôle au centre hospitalier de l’Estran à Pontorson.
Dix ans de travail en commun
Il est aussi président du Collectif départemental de prévention du suicide, né il y a dix ans de la volonté des professionnels de mutualiser leurs moyens et de coordonner les actions de prévention.
Depuis dix ans, entre 1 200 et 1 300 personnes – des professionnels des secteurs sanitaires, sociaux et éducatifs, mais aussi des gendarmes ou des pompiers – ont été formées à détecter le risque de suicide, mais aussi à accompagner les personnes dans leur démarche d’aide.
Tendre la main
Quand on croise une personne en grande détresse ou difficulté psychosociale, qui amène beaucoup d’expression émotionnelle, il ne faut pas hésiter à lui demander si elle souffre au point de vouloir mourir. Ça ne facilitera pas son passage à l’acte. Lui tendre la main en parlant va permettre de lui proposer une aide plus spécialisée. Il ne faut pas la quitter avant d’avoir trouvé une démarche d’aide pour apaiser sa tension. C’est un comportement citoyen. Il faut éviter l’isolement et maintenir le lien social », poursuit le médecin.
Un dispositif expérimental
Référent de l’unité VigilanS, étendue à la région Normandie, Gérard Boittiaux pilote la plateforme installée depuis mars dernier au centre hospitalier de l’Estran à Pontorson. Cinq expériences similaires sont menées en France, par le ministère de la santé et les agences régionales de santé. Le Nord-Pas-de-Calais a été la première région, la Haute-Normandie sera concernée en 2017, la Bretagne et le Languedoc-Roussillon le sont aussi.
Du lundi au vendredi de 10 h à 18 h, l’équipe VigilanS : deux infirmier et psychologue, aguerris aux techniques d’entretien et au repérage du suicide, une secrétaire à mi-temps et un médecin (une demi-journée par semaine), sont à l’écoute.
Au bout du fil des personnes qui ont déjà fait des tentatives de suicide. En dehors de ces créneaux horaires, elles sont orientées vers le 15 et le Samu.
Après leur passage par les urgences de l’hôpital, où elles ont été soignées pour les conséquences de leur acte. Une équipe psychologique aura proposé des soins avec ou sans hospitalisation en établissement spécialisé. A la sortie, elles reçoivent une carte plastifiée. Un format carte bancaire qui renseigne le numéro vert d’appel de la plateforme, qu’elles pourront contacter en cas de besoin.
Ne pas rompre le lien
Si ces personnes ont déjà fait une tentative de suicide et sont des « réitérantes », le service les rappellera dans les dix à vingt jours qui suivent leur sortie de l’hôpital et pendant six mois. « Si nous n’avons pas à joindre ces personnes, nous leur envoyons une carte postale personnalisée en leur demandant de leurs nouvelles ». Chaque appel et démarche de la sorte sont accompagnés d’un compte rendu au soignant qui suit la personne et au médecin traitant. « C’est un système de veille qui repose sur le principe de la philosophie de l’inquiétude : s’inquiéter de ce que l’autre devient pour éviter la rupture des soins. C’est un lien plus souple et plus facile, une veille auprès de la personne qui permet de renforcer l’engagement dans les soins ».
Ce dispositif travaille déjà avec les centres hospitaliers d’Avranches, Granville et Saint-Hilaire, Coutances et Saint-Lô. Dès octobre, il le sera avec Bayeux, Caen et avant d’être étendu progressivement à l’Orne et au Calvados. 1 500 personnes par an devraient être suivies à terme dans la région.
Un colloque anniversaire
Le Collectif de prévention du suicide fêtera son 10e anniversaire les 29 et 30 septembre, à Saint-Lô.
Jeudi 29 septembre à 20 h, le film Le combat ordinaire avec Nicolas Duvauchelle sera projeté au Cinémoviking de Saint-Lô, en partenariat avec l’association L’Ecume des films. La présentation sera suivie d’un débat sur la prévention du suicide, animé par le Dr Françoise Chastang.
Vendredi 30 septembre à partir de 8 h 30, toujours au cinéma saint-lois, un colloque accueillera professionnels et bénévoles autour d’interventions de nombreux professionnels, dont le Dr Christophe Debien, référent du dispositif VigilanS dans le Nord-Pas-de-Calais. 50170 Pontorson
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