Mieux comprendre la pensée du candidat au suicide Publié le 03/05/2014
sur http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/21_psy/e-docs/mieux_comprendre_la_pensee_du_candidat_au_suicide__145112/document_actu_med.phtml
Une question intéressante est posée par Erkki Isometsä (professeur de psychiatrie à l’Université d’Helsinki)[2], cité par l’auteur : « Comment expliquer que tous les sujets dépressifs ne se suicident pas ? » Dans l’esprit du psychiatre, cette incertitude sur la résilience ou l’effondrement plane toujours, « face à des patients qui souffrent profondément dans leur maladie dépressive et sont embourbés dans une situation immuable. » Pour le Pr. Isometsä, on peut admettre que les troubles de l’humeur, si graves soient-ils, ne suffisent pas toujours à expliquer toute la mécanique du comportement suicidaire : d’autres facteurs interviennent sans doute, « non seulement l’impulsivité ou l’agressivité » du sujet (retournées ici contre lui-même), mais aussi sa « vulnérabilité psychologique », découlant peut-être des aléas biographiques, en particulier dans l’enfance, et pouvant conduire (« éventuellement par le truchement de mécanismes épigénétiques ») à ce qu’on pourrait appeler des « cicatrices de développement » dans le « tissu » existentiel du sujet. Cette métaphore de la biographie assimilable à un tissu rappelle d’ailleurs un adage inscrit jadis sur les cadrans solaires pour inciter à respecter le temps, en rejetant notamment la procrastination : « Ne gaspillons pas le temps, car c’est l’étoffe dont est faite notre vie. » Pour mieux prévenir le suicide, l’auteur estime que nous devons encore accomplir de « grands progrès pour comprendre la façon de penser des candidats au suicide. »
[1] http://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2005-4-page-1071.htm
[2] https://tuhat.halvi.helsinki.fi/portal/en/persons/erkki-tapio-isometsa(f61a799b-3177-4321-9287-4eb19d20b588).html
Dr Alain Cohen