mardi 17 juin 2025

Dispositif VigilanS : une indispensable mutation ?

Dispositif VigilanS : une indispensable mutation ?


Pour les 10 ans de sa création, le dispositif VigilanS a organisé en mai dernier à Lille, des journées de travail sur le thème « VigilanS, une indispensable mutation ? ». L’occasion de mettre à l’honneur les équipes qui œuvrent chaque jour pour la prévention du suicide et de dégager des perspectives.

Le dispositif VigilanS est né d’une expérimentation menée à Lille en 2015. Son objectif est d’éviter la réitération suicidaire, en proposant une veille téléphonique et épistolaire. Une initiative basée sur le souci de l’autre, l’aller vers, et le maintien du lien autour des personnes ayant réalisé une tentative de suicide à la sortie d’un séjour hospitalier. Ce dispositif consiste à maintenir le lien avec le suicidant et à partager la veille avec les professionnels de santé du sujet et son entourage. 

La veille VigilanS c’est quoi ?

Le dispositif VigilanS, est issu des résultats de plusieurs recherches qui ont testé l’efficacité de différents dispositifs de maintien du lien auprès des suicidants. VigilanS est directement inspiré de la recherche Algos qui propose une étude multicentrique randomisée et contrôlée pour tester l’efficacité d’un dispositif de veille sur les conduites suicidaires et reprend plusieurs stratégies de contact simple : la remise d’une carte ressources à la sortie des urgences, des recontacts téléphoniques (avec un nombre de recontacts plus important pour les sujets réitérants), et l’envoi de cartes postales personnalisées lorsque le sujet est injoignable, et enfin un partage de la veille par courrier auprès des professionnels qui entourent le sujet (à minima le médecin généraliste).

Un dispositif national

Sous l’impulsion et le soutien du Ministère de la santé, dès 2019, ce dispositif s’étend sur toute la France. Dix ans plus tard, VigilanS c’est 33 équipes (environ 360 professionnels), réparties sur l’ensemble du territoire, 200 000 veilles, avec une efficacité démontrée (38% de réitérations évitées (2)). Chaque équipe fait preuve d’un professionnalisme et d’un enthousiasme qui ne faiblit pas au fil des années. Être Vigilanseur.seuse, c’est partager des valeurs humanistes et soignantes.

Une veille élargie et de nouveaux outils

A l’occasion du 10eme anniversaire de la création du dispositif VigilanS, ces journées ont rassemblé près de 230 professionnels, autour de nombreux experts (soignants, philosophes, informaticiens, statisticiens, chercheurs, sociologues, artistes, religieux, historiens, suicidants, endeuillés par suicide et cinéastes) qui avaient pour ambition de répondre à une question essentielle : VigilanS, une indispensable mutation ?Plusieurs axes ont été dépliés :

  • Les philosophes ont interrogés la question du “souci de l’autre” dans le contexte de l’utilisation de Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) ou de l’Intelligence Artificielle (IA) et leurs limites éthiques notamment avec le risque de « bien surveillance ».
  • La proposition d’une veille typologisée en fonction du degré de souffrance plutôt que sur le seul critère de réitération suicidaire a été évoqué. Cette veille pourrait permettre de cibler plus finement les sous-populations à risques et ainsi de gagner en efficacité.
  • Les philosophes ont également mis au centre de la réflexion le soignant, comme un « autre » dont il faut aussi prendre soin, notamment en termes de qualité de vie au travail, ce qui influerait directement la qualité de la veille. Ils ont également incité les participants à évoluer vers une veille élargie, qui prenne en compte toute l’écologie du suicidant pour s’appuyer sur l’ensemble des ressources de proximité du sujet avec en toile de fond un élargissement socio-politique et la notion de vigilance collective.
  • Ces propositions d’ouvertures ont notamment été validée par les experts de médecine légale et de psychotraumatisme qui ont mis en lumière la notion essentielle d’interdisciplinarité pour être efficient. La session portée par les cinéastes et les endeuillés par suicide a confirmé l’importance d’évoluer vers une veille élargie afin que tout contact dans VigilanS devienne une opportunité de prévention.

L’importance du lien social

La notion de lien social et « d’aller vers » ont été éprouvés. La Lila, une troupe de théâtre d’impro nous a aidé à imaginer le Vigilanseur de demain, accompagné des nouvelles technologies, en interrogeant leurs forces et leurs limites. Des informaticiens nous ont exposé les outils déjà accessible et ceux à venir. Un chercheur, une sociologue et une infirmière ont par ailleurs ouvert des perspectives sur les réseaux numériques comme nouveau territoire social.

Le lien social a été questionné sous d’autres prismes : suicide et spiritualité, douleur sociale versus douleur physique (neuroanatomie et sensibilité partagée) ou encore la transition suicidaire où nous avons appris que l’alcool majore jusqu’à trois fois le risque de développer des idées ou des conduites suicidaires (3) et les troubles du sommeil sont reconnus comme un facteur de risque de suicide (4).

Le lien social passe aussi par l’art, un vecteur mis à l’honneur pendant ces journées sous forme de fil rouge, avec un danseur contemporain, une aquarelliste, une poète compositrice, une exposition et une plénière sur la question de l’art comme lien social. De quoi stimuler la réflexion des équipes notamment sur le pouvoir de la voix, l’outil quotidien du Vigilanseur, mais aussi la création d’une fresque collective qui servira de visuel pour de futures cartes postales.

* Avec le soutien de la Direction Générale de la Santé, de l’Agence Régionale de Santé des Hauts de France, du CHU de Lille, du GEPS (Groupement d’Etude et de Prévention du suicide), de la MEL (Métropole Européenne de Lille), de la Mairie de Lille et de la Fondation du Crédit Agricole

(1)Vaiva, G., Walter, M., Al Arab, A.S. et al. ALGOS: The development of a randomized controlled trial testing a case management algorithm designed to reduce suicide risk among suicide attempters. BMC Psychiatry 11, 1 (2011).

(2)Prévention du suicide : VigilanS, un dispositif efficace face au risque de récidives des tentatives de suicide | Santé publique France (2023)

(3) Suicidal Behavior: Links Between Alcohol Use Disorder and Acute Use of Alcohol Conner & Bagge 2019

(4) L’encéphale : Saisons, rythmes circadiens, sommeil et vulnérabilité aux conduites suicidaires. V.Bernard, P.A. Goeffroy, F. Bellivier. (2015) Le dispositif VigilanS est né d’une expérimentation menée à Lille en 2015. Son objectif afin d’éviter la réitération suicidaire, en proposant une veille téléphonique et épistolaire.

Elise Cleva, Infirmière, coordinatrice adjointe, Mission Nationale d’appui à la coordination du dispositif VigilanS

https://www.santementale.fr/2025/06/dispositif-vigilans-une-indispensable-mutation/ 

vendredi 13 juin 2025

Santé mentale : un état des lieux au regard de la situation financière, de l’orientation sexuelle et des discriminations subies

Santé mentale : un état des lieux au regard de la situation financière, de l’orientation sexuelle et des discriminations subies

Études et résultats

N° 1340

Paru le 04/06/2025

Jean-Baptiste Hazo (DREES) 
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude dédiée à la santé mentale à partir des données les plus récentes de l’enquête EpiCov. L’enquête couvre la période 2020-2022 à l’aide d’un panel d’environ 64 000 participants représentatif de la population vivant en France et âgée de 15 ou plus au démarrage de l’enquête. L’étude rend compte de l’évolution de certains indicateurs de santé mentale tels que les syndromes dépressifs et les pensées suicidaires dans cette population ainsi que les difficultés psychosociales chez les mineurs. Des données sur le recours aux soins de santé mentale, les inégalités sociales, l’expérience de discriminations, l’orientation sexuelle ainsi que l’usage des écrans et des réseaux sociaux sont également analysées. L’étude met en exergue certains facteurs liés à la santé mentale dégradée qui se retrouvent notamment chez les femmes âgées de moins de trente ans.

L’enquête EpiCov a été élaborée par la DREES et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), en collaboration avec Santé publique France et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans le contexte de la pandémie de Covid-19. L’objectif de cette enquête était d’estimer la dynamique de l’épidémie et d’étudier les répercussions des confinements et de l’épidémie sur les conditions de vie et sur la santé. Quatre vagues d’interrogations se sont succédées entre mai 2020 et décembre 2022 permettant de constituer un panel de 64 423 personnes.


Une progression des pensées suicidaires dans l’ensemble de la population entre 2020 et 2022, plus marquée chez les moins de 25 ans

Les pensées suicidaires déclarées sont plus fréquentes à l’automne 2022 (3,4 % des adultes) qu’elles ne l’étaient à l’automne 2020 (2,8 %). Une progression qui concerne pratiquement tous les âges mais qui est particulièrement marquée chez les femmes âgées de 18 à 25 ans : près de 9 % d’entre elles déclarent à l’automne 2022 avoir pensé à se suicider au cours des douze derniers mois, une proportion en progression de +2,4 points par rapport à 2020. Alors qu’ils paraissaient relativement protégés jusqu’alors, les jeunes hommes commencent également à montrer des signes de vulnérabilité : plus de 5 % d’entre eux sont concernés par des pensées suicidaires à cette même période, une proportion en hausse de 1,3 point par rapport à 2020.
 

Un léger recul des syndromes dépressifs entre 2021 et 2022, mais des populations toujours vulnérables

Pour autant, la prévalence des syndromes dépressifs dans la population diminue entre l’été 2021 et 2022 (9,6 %, - 1 point), principalement sous l’effet d’une décrue des syndromes légers chez les personnes de 25 ans ou plus. Les syndromes majeurs, évocateurs d’une dépression caractérisée, se maintiennent quant à eux chez 5,3 % de la population.


Soins de santé mentale : une baisse du recours chez le médecin généraliste mais une hausse du recours chez les psychiatres et les psychologues

L’étude des différents types de recours aux soins de santé mentale montre de fortes hausses de recours aux spécialistes de santé mentale que sont les psychiatres (3 % de la population adulte y ont recouru, +1 point par rapport à l’été 2021) et des psychologues (6 %, +2 points) avec, en regard, une décrue du recours au généraliste pour un motif psychologique (5 %, -2 points). Les psychologues deviennent ainsi le premier recours pour raisons de santé mentale. Au total, 11,4 % de la population déclarent avoir recouru à un professionnel de santé pour motif psychologique entre juillet 2021 et l’automne 2022.


Une progression des difficultés émotionnelles chez les enfants et les adolescents entre 2021 et 2022, davantage marquée chez les filles

L’enquête EpiCov comporte un module spécifique de questions qui concernent l’un des enfants mineurs vivant avec l’adulte répondant au questionnaire. En comparant les réponses apportées à l’été 2021 (troisième vague de l’enquête) et celles à l’automne 2022 (quatrième vague), aucune amélioration n’est constatée sur les difficultés psychosociales des enfants âgés de 5 à 17 ans. Au contraire, la proportion d’enfants avec des difficultés d’ordre émotionnel (tristesse ou anxiété) augmente sur la période, passant de 12 à 16 %. Ici encore, cette augmentation concerne plus particulièrement les filles, bien qu’elle concerne également les garçons.

 

Les difficultés financières, un faible soutien social et les discriminations subies sont très associées à la présence d’un syndrome dépressif

La situation financière est très associée à la prévalence des syndromes dépressifs. Parmi les personnes déclarant une situation financière difficile, plus d’une sur cinq présente un syndrome dépressif, contre 6 % parmi les personnes sans difficultés (graphique). Autre facteur, le soutien social, approché dans l’enquête par le nombre de proches sur qui l’on peut compter, l’intérêt que l’entourage porte à ce que l’on fait et la facilité à obtenir de l’aide de ses voisins. Moins le soutien social est important, plus le risque de présenter un syndrome dépressif est élevé. 

Les victimes de discriminations et les minorités sexuelles sont également plus vulnérables vis-à-vis des syndromes dépressifs. Parmi les 16 % de la population qui déclarent avoir subi, au cours des cinq dernières années, des traitements discriminatoires (18 % des femmes et 14 % des hommes), la prévalence des syndromes dépressifs est doublée par rapport au reste de la population. De même, les personnes qui se définissent homosexuelles ou bisexuelles sont près de deux fois plus fréquemment atteint d’un syndrome dépressif que celles se définissant comme hétérosexuelles (16 % contre 9 %). Comme constaté dans les précédents volets de l’enquête EpiCov, une exposition aux écrans plus de six heures par jour, hors raisons professionnelles ou scolaires, et la consultation des réseaux sociaux au moins une fois par heure sont associées à une plus forte prévalence du syndrome dépressif.

 

Dégradation de la santé mentale d’une part importante des jeunes femmes et adolescentes, le rôle des discriminations et des réseaux sociaux

Il apparait que les femmes de moins de trente ans sont plus exposées à certains facteurs de risque du syndrome dépressif. Par exemple, elles sont près de 50 % à compulser les réseaux sociaux au moins une fois par heure contre 16 % en population générale, elles sont également plus nombreuses à déclarer appartenir à une minorité sexuelle et à subir des discriminations (28 % contre 16 %). L’étude suggère que la concentration de ces facteurs de risque dans cette population pourrait partiellement expliquer leur surrisque de dépression.

 

Sources, outils & enquêtes

Source https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/250604_ER_sante-mentale-etat-des-lieux 

CANADA Prévention du suicide en contexte scolaire : agir dans une perspective de santé publique - Synthèse des connaissances

Prévention du suicide en contexte scolaire : agir dans une perspective de santé publique


Faits saillants

La présente synthèse de connaissances identifie les types d’actions de promotion de la santé et de prévention en contexte scolaire contribuant à prévenir le suicide des élèves du primaire et du secondaire. Elle s’appuie sur une recension de la littérature internationale.

La littérature consultée permet de dégager des types d’actions, regroupés selon quatre axes d’intervention, sur lesquels peut reposer la prévention du suicide en contexte scolaire. Les deux premiers axes s’inscrivent dans le cadre plus large de la promotion de la santé et du bien-être des élèves : 1) créer des milieux de vie favorables à la santé et au bien-être; 2) soutenir l’apprentissage socioémotionnel des élèves. Les deux derniers axes sont spécifiques à la prévention du suicide : 3) identifier et soutenir les élèves à risque de comportements suicidaires; 4) intervenir après un suicide (postvention).

Les principaux constats qui en ressortent sont les suivants :

  • Ces axes d’intervention et les types d’actions qui y sont rattachés, sont en complète cohérence avec le référent ÉKIP et le cadre de référence du projet Épanouir, qui soutiennent les actions de promotion de la santé et de prévention, incluant la santé mentale, auprès des élèves au Québec.
  • La création de milieux de vie favorables à la santé et au bien-être, qui renvoie à l’établissement d’un climat de sécurité et de bienveillance, est la base de la prévention du suicide à l’école. Un tel climat favorise des relations de qualité entre les acteurs en milieu scolaire et contribue à réduire les préjugés en matière de santé mentale et de demandes d’aide. Il encourage l’entraide et la prévention de diverses autres situations pouvant aussi être associées aux comportements suicidaires, comme l’intimidation. Un climat de sécurité et de bienveillance permet également de maximiser les effets des interventions auprès des élèves, comme celles visant à soutenir l’apprentissage socioémotionnel.
  • Les effets positifs des interventions de soutien à l’apprentissage socioémotionnel sont largement documentés. Ces interventions favorisent le développement de compétences qui aident les élèves à composer avec les difficultés émotionnelles et sociales. En ce sens, elles pourraient contribuer à la prévention des problèmes de santé mentale, y compris des comportements suicidaires.
  • La capacité des adultes en contexte scolaire (p. ex. : personnel, bénévoles) à reconnaître les élèves en détresse, assurer leur sécurité et les diriger vers les bonnes ressources serait essentielle pour prévenir le suicide. L’identification et le soutien des élèves présentant des risques de comportements suicidaires peuvent être envisagés par le biais de la formation de sentinelles, ainsi que l’analyse du risque suicidaire et la référence vers des services appropriés.
  • Il est également crucial d’intervenir en postvention, c’est-à-dire après qu’un suicide ait touché la communauté scolaire. C’est pourquoi il serait important de développer des protocoles qui soutiennent la capacité d’action des écoles dans le cadre de la postvention.

Auteur(-trice)s
Mouctar Sow
Marie-Claude Roberge
Collection État des connaissances
Type de publication Synthèse des connaissances

ISBN (électronique)
978-2-555-01336-0

Date de publication
9 juin 2025
 

SANTE MENTALE ET PSYCHIATRIE Mise en œuvre de la feuille de route Etat d’avancement au 1er mai 2025

Plan psychiatrie : repérer, soigner, reconstruire

Publication du dossier de presse "Plan psychiatrie : repérer, soigner, reconstruire" en 3 axes et 26 mesures, le 11 juin 2025.

Editorial de M. Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins :

" Nous devons à la psychiatrie une réparation. Et aux Français une promesse : celle de ne plus laisser la souffrance psychique sans réponse.

La santé mentale est l’affaire de tous. Elle traverse nos vies, nos familles, nos écoles, nos lieux de travail. Depuis trop longtemps, elle a été reléguée au second plan de nos politiques de santé. Ce déni collectif, nous le payons cher : dans la détresse des jeunes, dans l’isolement des personnes fragiles, dans l’épuisement des soignants, dans l’angoisse de celles et ceux qui ne savent plus à quelle porte frapper.

Ce plan psychiatrie est un plan de sursaut et de refondation. Il n’ajoute pas quelques mesures à une liste déjà longue. Il change de logique. Il part de la crise de sens et de moyens que connaît la psychiatrie. Il l’écoute, il la regarde en face, et il répond. Il choisit de la reconstruire non pas autour de la seule urgence ou de l’hôpital, mais depuis la base : l’école, les médecins généralistes, les CMP, les soignants du quotidien.

Nous avons collectivement une dette envers la psychiatrie publique. Et une ambition : faire en sorte que chacun, quelle que soit son histoire, puisse trouver à temps un soutien, un soin, un chemin de rétablissement.

Nous allons mieux repérer, mieux soigner, mieux accompagner. Nous allons remettre de l’humain, de la cohérence, de la confiance. Ce plan n’est pas un aboutissement : c’est un point de départ. Celui d’un engagement durable, à la hauteur de ce que nous devons à celles et ceux qui vivent avec un trouble psychique, et à celles et ceux qui les soignent".


  • Consulter le Bilan 
    https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/bilan_feuille_de_route.pdf 

    AXE 1 : PROMOUVOIR LE BIEN ÊTRE MENTAL, PRÉVENIR ET REPÉRER PRÉCOCEMENT LA SOUFFRANCE PSYCHIQUE ET PRÉVENIR LE SUICIDE 

     Article sur le sujet

    FEUILLE DE ROUTE SANTÉ MENTALE ET PSYCHIATRIE: LE BILAN À FIN AVRIL 2025, À REBOURS DU "CATASTROPHISME"
    source https://www.sfmu.org/*
    PARIS, 11 juin 2025 (APMnews) - L'"état d'avancement au 1er mai 2025" de la feuille de route santé mentale et psychiatrie se veut à rebours du "catastrophisme" évoqué par certains pour la discipline, défend le délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, Frank Bellivier, dans ce document transmis à APMnews.

    Ce document de 154 pages présente la septième actualisation de l'état d'avancement des actions décrites dans la feuille de route santé mentale et psychiatrie présentée en 2018 (cf dépêche du 28/06/2018 à 11:00, dépêche du 26/01/2018 à 16:32 et dépêche du 28/06/2018 à 14:36). Elle a été enrichie en 2021 avec des mesures issues des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie (cf dépêche du 28/09/2021 à 19:37), ou encore du Ségur.

    Un bilan des plus de 50 actions est établi tous les ans (cf dépêche du 21/01/2022 à 12:00, dépêche du 03/02/2021 à 16:00, dépêche du 03/03/2023 à 13:00, dépêche du 02/05/2024 à 09:47). Pour rappel, la feuille de route est censée s'achever en 2026.

    Elle présente trois axes: "Promouvoir le bien-être mental, prévenir et repérer précocement la souffrance psychique et prévenir le suicide"; "Garantir des parcours de soins coordonnés et soutenus par une offre en psychiatrie accessible, diversifiée et de qualité"; "Améliorer les conditions de vie et d'inclusion sociale et la citoyenneté des personnes en situation de handicap psychique".

    Comme il l'avait fait valoir lors de la webconférence organisée par APMnews fin avril (cf dépêche du 29/04/2025 à 16:37), Frank Bellivier souligne en préambule du document que "ce bilan de l'année 2024, mais plus globalement des six années de déploiement de la feuille de route, confirme un engagement politique, financier et des différentes parties prenantes dans la durée" et que "la feuille de route est […] alignée avec les standards internationaux".

    Mais il alerte ainsi aussi sur "les risques auxquels sont exposées ces réformes" transcrites dans la feuille de route. "Les débats contradictoires, s'ils sont nécessaires, cessent d'être vertueux lorsqu'ils versent dans l'opposition systématique et le catastrophisme", estime-t-il, sans nier pour autant les difficultés actuelles. "'Le catastrophisme n'est pas le plus sûr moyen de comprendre la complexité du présent pour tracer avec lucidité les directions à prendre', écrivait Alain Lopez dans son livre 'La Psychiatrie dans la tourmente'", cite-t-il (cf dépêche du 17/10/2023 à 19:43, dépêche du 04/01/2024 à 18:00 et dépêche du 12/05/2025 à 10:00). "Les jalons déjà atteints, ainsi qu'un engagement résolu en faveur de l'évaluation des actions permettant de corriger le cap, nourrissent l'espoir et nous incitent à redoubler d'effort", encourage-t-il. De fait, chaque action est assortie d'indicateurs de moyens et de résultats, note-t-on.

    Une feuille de route sommeil au "deuxième trimestre 2025"

    Le premier axe, piloté par la direction générale de la santé (DGS), met notamment en avant "la poursuite du déploiement de la stratégie nationale de prévention du suicide", avec notamment "le lancement d'un appel à projets pour renouveler la coordination nationale du dispositif VigilanS [cf dépêche du 16/04/2025 à 11:00]", confiée au CHU de Lille. "Fin 2024, VigilanS est déployé dans 17 régions et 100 départements, et 41.548 entrées dans le dispositif ont été réalisées en 2024."

    Est aussi cité le début du déploiement du 3114 en prison, sur cinq sites. Plus généralement concernant ce numéro national de prévention du suicide, "on compte 18 centres répondants actifs (versus 15 en 2023) qui ont répondu à 338.876 appels sur l'année 2024, soit 26% de plus que l'année précédente. Depuis son ouverture, plus de 800.000 appels ont sollicité le 3114" (cf dépêche du 14/04/2025 à 11:00).

    De plus, "un projet de feuille de route 'pour la promotion d'un sommeil de qualité et la prévention de ses troubles' a été préparé, dans une logique interministérielle […] et pluri-partenariale". Elle "devrait être publiée au cours du deuxième trimestre 2025".

    Pour renforcer les compétences psychosociales (CPS), "la finalisation et la parution de l'ensemble des cinq feuilles de route sectorielles sont attendues au deuxième trimestre", et "l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté s'est portée volontaire pour mener une expérimentation du déploiement accéléré de la stratégie CPS sur trois ans".

    Par ailleurs, "un travail de territorialisation de la santé des enfants face aux écrans a été lancé pour 2025 avec pour objectif de mieux recenser les actions existantes dans les territoires", ainsi que "des travaux sur le renforcement de la résilience collective de la population", avec notamment l'"élaboration d'un état des lieux en France, […] puis [la] constitution d'un groupe de travail pour préfigurer une expérimentation (peut-être dans le cadre de l'article 51)".

    A noter qu'un chapitre sur le thème "agir pour la santé mentale des femmes et la prévention des violences sexistes et sexuelles" a été ajouté à la feuille de route, recensant des mesures déjà existantes par ailleurs.

    Difficulté à tracer les créations de postes en CMP

    Dans le deuxième axe, "garantir des parcours de soins coordonnés", piloté par la direction générale de l'offre de soins (DGOS), est évoqué le début des inclusions d'enfants et de familles dans le cadre de l'expérimentation des maisons de l'enfant et la famille (MEF), dans les trois territoires pilotes que sont la Corse, le territoire métropolitain de Lyon et le département de la Vienne.

    Si le site du Vinatier-Psychiatrie universitaire Lyon Métropole "a commencé à inclure les enfants et leurs familles en décembre 2023", "les sites en Corse et de Poitiers ont commencé respectivement à inclure des enfants en mars et avril 2024", mais "la montée en charge se fait plus lentement que prévu du fait de difficultés rencontrées par les sites (recrutement de professionnels, mise en place de partenariats, contraintes du modèle économique du cahier des charges …)", est-il précisé.

    Par ailleurs, 125 maisons des adolescents (MDA) "sont en activité à ce jour" avec "l'ensemble des départements couvert". Un groupe de travail national piloté par la DGOS a été mis en place en novembre 2024 afin de rénover leur cahier des charges de 2016. "L'objectif est de parvenir à un cahier des charges rénové d'ici la fin de l'année 2025/début 2026."

    Les renforts de la pédopsychiatrie dans le cadre de l'appel à projets psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent ont permis en 2024 le financement de "116 projets", dont 27 au titre de la psychiatrie périnatale et 89 projets orientés vers les enfants et adolescents, est-il précisé.

    En matière de coordination territoriale, 104 projets territoriaux de santé mentale (PTSM) "sont actifs". "Au 31 décembre 2024, 13 PTSM sont arrivés à échéance; 15 PTSM arriveront à échéance courant 2025, puis la totalité avant 2027."

    Concernant les créations de postes en centres médico-psychologiques (CMP) pour adultes, "la mise en œuvre de cette mesure rencontre deux freins dans sa déclinaison qui reste confrontée à la lenteur actuelle des recrutements en lien avec la démographie des professionnels et le coût moyen des recrutements supérieurs au coût initial prévu par la mesure", est-il noté. Sont également avancés "de nombreux freins dans son suivi exact" dus à la "disparité d'usage" et "au turn-over ne permettent pas de renseigner précisément les indicateurs choisis pour le suivi de cette mesure". Mais "l'impact attendu étant celui du renfort des possibilités de suivi ambulatoire peut être appréhendé autrement en regardant l'augmentation globale des files actives adultes suivies en CMP et la réaugmentation des effectifs de professionnels en psychiatrie adulte."

    Bientôt un cahier des charges pour les SAS "psy"

    Sur le développement de la réhabilitation psychosociale, "un bilan de cette première vague de déploiement […] reste à réaliser en considérant que cette offre n'a pas vocation à se déployer par ajout, mais doit s'appuyer sur une transformation de l'offre existante, en ce que la réhabilitation psychosociale implique avant tout une évolution des pratiques et postures soignantes", est-il souligné.

    Pour les dispositifs de prise en charge globale du psychotraumatisme, "ce sont 716.000 € au total par centre qui sont délégués en 2024 (contre 400.000 € à l'origine)".

    Concernant les services d'accès aux soins psychiatriques (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45), un "groupe de travail a été lancé en janvier 2025, en lien avec les représentants des urgentistes, des psychiatres, des ARS et des filières psychiatriques du SAS existantes [cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45] afin de travailler à un cahier des charges", qui "sera publié prochainement" et favorisera "le déploiement national et le recueil standardisé d'indicateurs permettant le meilleur suivi du service rendu".

    Sur l'apport des psychologues, outre le bilan sur le dispositif Mon soutien psy (cf dépêche du 01/04/2025 à 17:58), il est noté une "augmentation soutenue du nombre des psychologues en établissement de santé (+41% au total, +73% en pédopsychiatrie)", mais "qui ne pourra être réussie sans interroger les freins actuels à l'attractivité de ces postes dont le statut et les conditions d'exercice et de rémunération n'ont pas été réévaluées récemment".

    Mise en œuvre de la feuille de route santé mentale et psychiatrie, état d'avancement au 1er mai 2025

    vl/nc/APMnews

    https://www.sfmu.org/fr/actualites/actualites-de-l-urgences/feuille-de-route-sante-mentale-et-psychiatrie-le-bilan-a-fin-avril-2025-a-rebours-du-catastrophisme-/new_id/70500 

     

     

    mardi 10 juin 2025

    NOUVEAUTE INFOSUICIDE.ORG GUIDE Après la tentative de suicide d'un.e proche

    NOUVEAUTÉ INFOSUICIDE.ORG 
    LE GUIDE Après la tentative de suicide d'un.e proche

     

    Pourquoi ce guide ?

    Au vu du peu d’informations sur la façon de prendre soin d’un·e proche après une tentative de suicide, ce guide aspire à proposer des repères de compréhension et des propositions pour faire face à un tel événement. Comment être présent·e tout en ménageant l’autre et soi-même ? Quand s’inquiéter ? Comment aider ? Comment en parler ? Tant de questions auxquelles ce guide tentera de répondre.

    Ce guide a pour but de vous aider lorsqu’un·e de vos proches a fait une tentative de suicide (TS) ou a manifesté des comportements suicidaires. Il fournit :

    • Une compréhension de ce qui se passe pour une personne aux prises avec des pensées suicidaires.
    • Des informations sur ce qui se passe à l’hôpital.
    • Des repères sur les impacts d’une tentative de suicide d’un·e proche sur vous et sur la relation avec elle·lui·iel.
    • Des recommandations sur la manière d’aider et de soutenir votre proche, sans s’oublier soi-même.
    • Des questions à se poser avant d’aborder le geste suicidaire avec l’entourage.

    Une tentative de suicide impacte tout l’entourage, qu’il soit familial, amical, et professionnel.

    https://www.infosuicide.org/urgences-aide-ressources/apres-la-tentative-de-suicide-dun-e-proche/