Plan psychiatrie : repérer, soigner, reconstruire
Communiqués et dossiers de presse Dossier de presse de Yannick Neuder Santé Santé mentale
Publication du dossier de presse "Plan psychiatrie : repérer, soigner, reconstruire" en 3 axes et 26 mesures, le 11 juin 2025.
Editorial de M. Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins :
" Nous devons à la psychiatrie une réparation. Et aux Français une
promesse : celle de ne plus laisser la souffrance psychique sans
réponse.
La santé mentale est l’affaire de tous. Elle traverse nos vies, nos
familles, nos écoles, nos lieux de travail. Depuis trop longtemps, elle a
été reléguée au second plan de nos politiques de santé. Ce déni
collectif, nous le payons cher : dans la détresse des jeunes, dans
l’isolement des personnes fragiles, dans l’épuisement des soignants,
dans l’angoisse de celles et ceux qui ne savent plus à quelle porte
frapper.
Ce plan psychiatrie est un plan de sursaut et de refondation. Il
n’ajoute pas quelques mesures à une liste déjà longue. Il change de
logique. Il part de la crise de sens et de moyens que connaît la
psychiatrie. Il l’écoute, il la regarde en face, et il répond. Il
choisit de la reconstruire non pas autour de la seule urgence ou de
l’hôpital, mais depuis la base : l’école, les médecins généralistes, les
CMP, les soignants du quotidien.
Nous avons collectivement une dette envers la psychiatrie publique.
Et une ambition : faire en sorte que chacun, quelle que soit son
histoire, puisse trouver à temps un soutien, un soin, un chemin de
rétablissement.
Nous allons mieux repérer, mieux soigner, mieux accompagner. Nous
allons remettre de l’humain, de la cohérence, de la confiance. Ce plan
n’est pas un aboutissement : c’est un point de départ. Celui d’un
engagement durable, à la hauteur de ce que nous devons à celles et ceux
qui vivent avec un trouble psychique, et à celles et ceux qui les
soignent".
Consulter le Bilan
https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/bilan_feuille_de_route.pdf
AXE 1 : PROMOUVOIR LE BIEN ÊTRE MENTAL, PRÉVENIR ET REPÉRER PRÉCOCEMENT LA SOUFFRANCE PSYCHIQUE ET PRÉVENIR LE SUICIDE
Article sur le sujet
FEUILLE DE ROUTE SANTÉ MENTALE ET PSYCHIATRIE: LE BILAN À FIN AVRIL 2025, À REBOURS DU "CATASTROPHISME"source https://www.sfmu.org/*
PARIS, 11 juin 2025 (APMnews) - L'"état d'avancement au 1er mai 2025"
de la feuille de route santé mentale et psychiatrie se veut à rebours
du "catastrophisme" évoqué par certains pour la discipline, défend le
délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, Frank
Bellivier, dans ce document transmis à APMnews.
Ce document de 154 pages présente la septième actualisation de
l'état d'avancement des actions décrites dans la feuille de route santé
mentale et psychiatrie présentée en 2018 (cf dépêche du 28/06/2018 à 11:00, dépêche du 26/01/2018 à 16:32 et dépêche du 28/06/2018 à 14:36). Elle a été enrichie en 2021 avec des mesures issues des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie (cf dépêche du 28/09/2021 à 19:37), ou encore du Ségur.
Un bilan des plus de 50 actions est établi tous les ans (cf dépêche du 21/01/2022 à 12:00, dépêche du 03/02/2021 à 16:00, dépêche du 03/03/2023 à 13:00, dépêche du 02/05/2024 à 09:47). Pour rappel, la feuille de route est censée s'achever en 2026.
Elle présente trois axes: "Promouvoir le bien-être mental, prévenir
et repérer précocement la souffrance psychique et prévenir le suicide";
"Garantir des parcours de soins coordonnés et soutenus par une offre en
psychiatrie accessible, diversifiée et de qualité"; "Améliorer les
conditions de vie et d'inclusion sociale et la citoyenneté des personnes
en situation de handicap psychique".
Comme il l'avait fait valoir lors de la webconférence organisée par APMnews fin avril (cf dépêche du 29/04/2025 à 16:37),
Frank Bellivier souligne en préambule du document que "ce bilan de
l'année 2024, mais plus globalement des six années de déploiement de la
feuille de route, confirme un engagement politique, financier et des
différentes parties prenantes dans la durée" et que "la feuille de route
est […] alignée avec les standards internationaux".
Mais il alerte ainsi aussi sur "les risques auxquels sont exposées
ces réformes" transcrites dans la feuille de route. "Les débats
contradictoires, s'ils sont nécessaires, cessent d'être vertueux
lorsqu'ils versent dans l'opposition systématique et le catastrophisme",
estime-t-il, sans nier pour autant les difficultés actuelles. "'Le
catastrophisme n'est pas le plus sûr moyen de comprendre la complexité
du présent pour tracer avec lucidité les directions à prendre', écrivait
Alain Lopez dans son livre 'La Psychiatrie dans la tourmente'",
cite-t-il (cf dépêche du 17/10/2023 à 19:43, dépêche du 04/01/2024 à 18:00 et dépêche du 12/05/2025 à 10:00).
"Les jalons déjà atteints, ainsi qu'un engagement résolu en faveur de
l'évaluation des actions permettant de corriger le cap, nourrissent
l'espoir et nous incitent à redoubler d'effort", encourage-t-il. De
fait, chaque action est assortie d'indicateurs de moyens et de
résultats, note-t-on.
Une feuille de route sommeil au "deuxième trimestre 2025"
Le premier axe, piloté par la direction générale de la santé (DGS), met notamment en avant "la poursuite du déploiement de la stratégie nationale de prévention du suicide", avec notamment "le lancement d'un appel à projets pour renouveler la coordination nationale du dispositif VigilanS [cf dépêche du 16/04/2025 à 11:00]",
confiée au CHU de Lille. "Fin 2024, VigilanS est déployé dans 17
régions et 100 départements, et 41.548 entrées dans le dispositif ont
été réalisées en 2024."
Est aussi cité le début du déploiement du 3114 en prison, sur cinq
sites. Plus généralement concernant ce numéro national de prévention du
suicide, "on compte 18 centres répondants actifs (versus 15 en 2023) qui
ont répondu à 338.876 appels sur l'année 2024, soit 26% de plus que
l'année précédente. Depuis son ouverture, plus de 800.000 appels ont
sollicité le 3114" (cf dépêche du 14/04/2025 à 11:00).
De plus, "un projet de feuille de route 'pour la promotion d'un sommeil de qualité et la prévention de ses troubles'
a été préparé, dans une logique interministérielle […] et
pluri-partenariale". Elle "devrait être publiée au cours du deuxième
trimestre 2025".
Pour renforcer les compétences psychosociales (CPS), "la
finalisation et la parution de l'ensemble des cinq feuilles de route
sectorielles sont attendues au deuxième trimestre", et "l'agence
régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté s'est portée volontaire
pour mener une expérimentation du déploiement accéléré de la stratégie
CPS sur trois ans".
Par ailleurs, "un travail de territorialisation de la santé des enfants face aux écrans
a été lancé pour 2025 avec pour objectif de mieux recenser les actions
existantes dans les territoires", ainsi que "des travaux sur le
renforcement de la résilience collective de la population", avec
notamment l'"élaboration d'un état des lieux en France, […] puis [la]
constitution d'un groupe de travail pour préfigurer une expérimentation
(peut-être dans le cadre de l'article 51)".
A noter qu'un chapitre sur le thème "agir pour la santé mentale des femmes
et la prévention des violences sexistes et sexuelles" a été ajouté à la
feuille de route, recensant des mesures déjà existantes par ailleurs.
Difficulté à tracer les créations de postes en CMP
Dans le deuxième axe, "garantir des parcours de soins coordonnés",
piloté par la direction générale de l'offre de soins (DGOS), est évoqué
le début des inclusions d'enfants et de familles dans le cadre de
l'expérimentation des maisons de l'enfant et la famille (MEF), dans les trois territoires pilotes que sont la Corse, le territoire métropolitain de Lyon et le département de la Vienne.
Si le site du Vinatier-Psychiatrie universitaire Lyon Métropole "a
commencé à inclure les enfants et leurs familles en décembre 2023", "les
sites en Corse et de Poitiers ont commencé respectivement à inclure des
enfants en mars et avril 2024", mais "la montée en charge se fait plus
lentement que prévu du fait de difficultés rencontrées par les sites
(recrutement de professionnels, mise en place de partenariats,
contraintes du modèle économique du cahier des charges …)", est-il
précisé.
Par ailleurs, 125 maisons des adolescents (MDA) "sont en
activité à ce jour" avec "l'ensemble des départements couvert". Un
groupe de travail national piloté par la DGOS a été mis en place
en novembre 2024 afin de rénover leur cahier des charges de 2016.
"L'objectif est de parvenir à un cahier des charges rénové d'ici la fin
de l'année 2025/début 2026."
Les renforts de la pédopsychiatrie dans le cadre de l'appel à
projets psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent ont permis en 2024 le
financement de "116 projets", dont 27 au titre de la psychiatrie
périnatale et 89 projets orientés vers les enfants et adolescents,
est-il précisé.
En matière de coordination territoriale, 104 projets territoriaux de santé mentale
(PTSM) "sont actifs". "Au 31 décembre 2024, 13 PTSM sont arrivés à
échéance; 15 PTSM arriveront à échéance courant 2025, puis la totalité
avant 2027."
Concernant les créations de postes en centres médico-psychologiques (CMP) pour adultes,
"la mise en œuvre de cette mesure rencontre deux freins dans sa
déclinaison qui reste confrontée à la lenteur actuelle des recrutements
en lien avec la démographie des professionnels et le coût moyen des
recrutements supérieurs au coût initial prévu par la mesure", est-il
noté. Sont également avancés "de nombreux freins dans son suivi exact"
dus à la "disparité d'usage" et "au turn-over ne permettent pas de
renseigner précisément les indicateurs choisis pour le suivi de cette
mesure". Mais "l'impact attendu étant celui du renfort des possibilités
de suivi ambulatoire peut être appréhendé autrement en regardant
l'augmentation globale des files actives adultes suivies en CMP et la
réaugmentation des effectifs de professionnels en psychiatrie adulte."
Bientôt un cahier des charges pour les SAS "psy"
Sur le développement de la réhabilitation psychosociale, "un
bilan de cette première vague de déploiement […] reste à réaliser en
considérant que cette offre n'a pas vocation à se déployer par ajout,
mais doit s'appuyer sur une transformation de l'offre existante, en ce
que la réhabilitation psychosociale implique avant tout une évolution
des pratiques et postures soignantes", est-il souligné.
Pour les dispositifs de prise en charge globale du psychotraumatisme, "ce sont 716.000 € au total par centre qui sont délégués en 2024 (contre 400.000 € à l'origine)".
Concernant les services d'accès aux soins psychiatriques (cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45),
un "groupe de travail a été lancé en janvier 2025, en lien avec les
représentants des urgentistes, des psychiatres, des ARS et des filières
psychiatriques du SAS existantes [cf dépêche du 12/12/2024 à 09:45]
afin de travailler à un cahier des charges", qui "sera publié
prochainement" et favorisera "le déploiement national et le recueil
standardisé d'indicateurs permettant le meilleur suivi du service
rendu".
Sur l'apport des psychologues, outre le bilan sur le dispositif Mon soutien psy (cf dépêche du 01/04/2025 à 17:58),
il est noté une "augmentation soutenue du nombre des psychologues en
établissement de santé (+41% au total, +73% en pédopsychiatrie)", mais
"qui ne pourra être réussie sans interroger les freins actuels à
l'attractivité de ces postes dont le statut et les conditions d'exercice
et de rémunération n'ont pas été réévaluées récemment".
Mise en œuvre de la feuille de route santé mentale et psychiatrie, état d'avancement au 1er mai 2025
vl/nc/APMnews
https://www.sfmu.org/fr/actualites/actualites-de-l-urgences/feuille-de-route-sante-mentale-et-psychiatrie-le-bilan-a-fin-avril-2025-a-rebours-du-catastrophisme-/new_id/70500