vendredi 12 mai 2023

AUTOUR DE LA QUESTION Toujours aussi préoccupés par leur santé mentale, les Français consultent pourtant très peu

Toujours aussi préoccupés par leur santé mentale, les Français consultent pourtant très peu
Par Victor Dhollande  Publié le jeudi 11 mai 2023 https://www.radiofrance.fr/*

Trois ans après la pandémie, les Français sont toujours préoccupés par leur santé mentale mais ne vont pas pour autant consulter. Selon un sondage Ipsos, 61% se disent ainsi concernés par une problématique de santé mentale. Pourtant, seuls 19% ont franchi le cap de consulter un spécialiste.

La santé mentale des Français est au plus mal depuis l’épidémie de Covid-19. Selon l’étude CoviPrev, dirigée par Santé Publique France, 24% des Français montrent des signes d’un état anxieux (+11 points par rapport au niveau hors épidémie) et 17% ont présenté des signes d’un état dépressif au cours de l’année (+7 points par rapport au niveau hors épidémie). Et pourtant, ils sont encore très peu nombreux à pousser la porte d’un spécialiste. Selon une étude Ipsos dévoilée jeudi, 80% des Français concernés par une problématique de santé mentale ne consultent pas.

Chez ces Français, deux freins majeurs émergent : l’autocensure et le prix. 43% pensent en effet que leurs problèmes ne sont pas assez graves ou pensent pouvoir y faire face seuls. "Très souvent, je vois des patients qui arrivent avec une chronicité des troubles, c’est-à-dire qu’ils présentent des épisodes dépressifs depuis plusieurs mois", assure Chantal Henry, professeure de psychiatrie à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. "Mais ils avaient une résistance car ils n’osaient pas venir en disant 'ça va passer'. La représentation des troubles psychiques est vécue par les patients comme s’ils avaient une faiblesse de caractère. Ils ont donc beaucoup de mal à reconnaître que c’est une vraie maladie qui nécessite une prise en charge".

Le coût, un frein important

Le prix reste aussi un frein considérable pour les Français : 34% ne consultent pas pour raison financière selon l’étude Ipsos. "Non seulement, les centres médico-psychologiques qui proposent des soins gratuits sont totalement embouteillés et l’activité libérale a un certain coût", avance la professeure Chantal Henry. "Et contrairement aux autres pathologies où on va aller voir un spécialiste une fois par an, pour des troubles psychiques, on peut devoir consulter une fois par semaine pendant plusieurs mois. Donc le coût est forcément conséquent et c’est un frein considérable à l’accès aux soins."
La téléconsultation, un moyen pour mettre en confiance le patient

Autre frein, la peur de confier son intimité. Des obstacles qui peuvent être levés partiellement grâce à la téléconsultation. "Quand il est chez lui, le patient est dans un environnement favorable pour se confier", estime Julie Salomon, directrice médicale de Qare, plateforme de téléconsultation. "L’écran peut aussi être vécu comme une sorte de protection. Sur des problématiques qui sont assez intimes, cette distance est une forme de protection, que le patient va considérer comme une sorte de sas entre la sécurité de son intérieur et le soignant qui est de l’autre côté de l’écran."

Dans le cabinet d’un psychiatre ou en visioconférence sur son smartphone, tous les spécialistes s’accordent sur un point : il est nécessaire de consulter dès l’apparition des premiers symptômes pour ne pas laisser s’installer des troubles anxieux. 

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