lundi 29 octobre 2012

REVUE DE PRESSE Geste suicidaire et travail : enquête aux urgences psychiatriques du CHU de Caen


Concernant une étude sur le travail et suicide menée en Basse Normandie
Geste suicidaire et travail : enquête aux urgences psychiatriques du CHU de Caen

  
Archives des Maladies Professionnelles et de l'Environnement
Volume 73, numéro 3
page 251 (juin 2012)
Communications orales




Geste suicidaire et travail : enquête aux urgences psychiatriques du CHU de Caen


M. Gehin a,  M. Raoult-Monestel b

a CMAIC, Hérouville Saint-Clair, France 

b DIRECCTE, Hérouville Saint-Clair, France 




Cette étude a pour objectif de mettre en évidence les facteurs protecteurs ou décompensateurs du travail en lien avec l’acte suicidaire de salariés. La méthode utilisée est une enquête transversale descriptive monocentrique par entretiens individuels de salariés ayant fait un geste suicidaire, interrogés lors de leur séjour à l’unité d’hospitalisation de courte durée du CHU de Caen. L’entretien est basé sur un questionnaire comportant des variables quantitatives par échelle analogique, en lien avec des données qualitatives (données générales, données du travail, liens travail-hors travail, données sur le geste suicidaire) et une reconstruction du parcours professionnel ayant précédé la TS.

Les résultats sur 70 patients montrent une population en CDI à 81,4 % dont l’ancienneté dans l’entreprise et au poste de travail est importante (10ans). Pour ces salariés, la valeur du travail dans l’équilibre psychique est majeure ainsi que les attentes du travail et l’estime de soi au travail est plutôt bonne. Pour 61 % de la population, la part du travail supérieure à 10 % dans le geste suicidaire et pour 18,5 % le travail est l’origine unique du geste. Des idées suicidaires précédant le geste sont retrouvées dans 74 % des cas et un événement déclenchant existe pour 70 % des patients avec un passage à l’acte immédiat dans les 24h pour plus de 1/3 des cas.

La comparaison statistique de la population « part du travail dans le geste50 % » vs « part du travail dans le geste< 50 % » ne montre pas de différences significatives pour l’âge, le sexe, les antécédents psychiatriques, l’antériorité de geste suicidaire, l’âge de la première TS ou la présence d’un événement déclenchant. Au travail, les attentes, l’estime de soi, l’intensité et les responsabilités ne sont pas différents. Les différences apparaissent dans le vécu global du travail, les difficultés au travail, les relations avec les hiérarchies et le passage à l’acte dans les 24h quand la TS est liée principalement au travail.
L’analyse qualitative identifie des facteurs professionnels protecteurs du passage à l’acte et des facteurs décompensateurs.
L’étude des parcours professionnels quand la situation de travail est le facteur principal du geste suicidaire permet de visualiser la dynamique de ces parcours et de les séquencer en termes de phases et de durée entre ces différentes phases.
L’enquête montre ainsi la place centrale du travail en tant que protecteur ou décompensateur de la santé mentale. Pour les salariés interrogés, leur geste suicidaire a un lien avec le travail pour 3 patients sur 5 ; 2 patients sur 5 estiment que leur travail est l’élément principal du geste suicidaire et pour 1 patient sur 5, le geste suicidaire est lié uniquement au travail.


On en parle dans la presse


- Libération du 29 octobre 2012 - Didier Arnaud
Au boulot L'étude est inédite. Conduite auprès de 70 personnes de 18 à 65 ans, en Basse-Normandie, ses conclusions sont éloquentes : le travail apparaît comme l'élément principal du passage à l'acte dans près de la moitié des tentatives de suicide. Et 20% des personnes interrogées estiment que leur geste est «uniquement» de nature professionnelle. La France est l'un des pays européens qui a le plus fort taux de mortalité par suicide, avec plus de 10 000 décès par an pour plus de 200 000 tentatives. L'enquête, qui n'a pas encore été publiée officiellement, a été présentée au congrès du Groupe d'étude et de prévention pour le suicide, en novembre dernier et révélée par le magazine Santé et Travail d'octobre. ...lien article : http://www.liberation.fr/economie/2012/10/28/le-travail-au-coeur-du-suicide_856622  (accès reservé)

- La part du travail dans les suicides -   Joëlle Maraschin   Santé & Travail n° 080 - octobre 2012
Une étude inédite conduite en Basse-Normandie auprès de personnes salariées ayant tenté de se suicider révèle que, pour 40 % d'entre elles, le travail serait le facteur déterminant dans leur passage à l'acte. Le travail peut-il amener des personnes à attenter à leurs jours ?
D'après les résultats d'une étude conduite par deux médecins du travail auprès de 70 personnes, le travail apparaît être l'élément principal du passage à l'acte dans près de la moitié des tentatives de suicide !  Si ces résultats doivent être confirmés par des études de plus grande ampleur, ils n'en sont pas moins éloquents.
Bien que les suicides en série dans certaines entreprises françaises aient mis en lumière le rôle du travail dans ces actes désespérés, rares sont les études qui se sont intéressées aux liens entre gestes suicidaires et travail.
La France est pourtant l'un des pays européens qui a le plus fort taux de mortalité par suicide, avec plus de 10 000 décès chaque année.
lien http://www.sante-et-travail.fr/la-part-du-travail-dans-les-suicides_fr_art_1167_60489.html (accès réservé)

voir également le  post http://blogdinfosuicide.blogspot.fr/2012/06/etude-exploratoire-des-determinants_28.html