vendredi 28 juillet 2023

ROYAUME UNI De nouvelles directives fondées sur des données probantes visent à améliorer le soutien au personnel du NHS (National Health Service) touché par le suicide d'un collègue.

Conseils de postvention pour le personnel touché par le suicide
D'apres article
Postvention guidance for staff impacted by suicide https://www.nhsemployers.org*

De nouvelles directives fondées sur des données probantes visent à améliorer le soutien au personnel du NHS (National Health Service)  touché par le suicide d'un collègue.

25 juillet 2023

De nouvelles directives sur la postvention du suicide ont été élaborées avec la contribution du personnel du NHS touché par le décès d'un collègue par suicide et de ceux qui ont fourni un soutien au personnel touché par le suicide.

Les membres du personnel à travers un large éventail de postes et de niveaux d'ancienneté ont partagé leurs expériences et leurs idées dans le cadre d'une  étude nationale  de l'Université de Surrey qui a été financée par le  National Institute for Health Research, Health Service and Delivery Research .

L'étude visait à comprendre l'impact du suicide d'un collègue sur le personnel du NHS et à en savoir plus sur leurs besoins de soutien pour aider à éclairer  les nouvelles directives de postvention .

Trois participants à l'étude ont également partagé leurs histoires dans After Them, un court métrage qui décrit les défis et le bilan émotionnel qu'ils ont vécu.

Le taux de suicide chez les professionnels de la santé est supérieur de 24 % à la moyenne nationale, tandis que les personnes touchées par le suicide courent un plus grand risque de maladie mentale et de tentative de suicide elles-mêmes.

Des recherches antérieures montrent que si les personnes touchées par le suicide reçoivent un soutien suffisamment tôt, cela peut les aider à accepter leur perte et à réduire le risque de problèmes de santé mentale et de suicide. Il est donc essentiel que le personnel du NHS reçoive le meilleur soutien au bon moment.

Les nouvelles orientations s'adressent à toutes les personnes qui travaillent pour le NHS et qui sont touchées par le suicide, ainsi qu'aux dirigeants, aux décideurs et aux responsables politiques du NHS.

Il invite les organismes de tutelle et les OIP à mettre en place une équipe de postvention spécialisée et formée, capable de répondre rapidement, en toute sécurité et avec fermeté aux besoins du personnel et des responsables en cas de suicide d'un collègue. 

Vous pouvez accéder et télécharger le guide complet ci-dessous.

Assistance et ressources supplémentaires

Ces nouvelles directives s'appuient sur le travail déjà effectué pour soutenir les employeurs sur ce sujet important. Le suicide est évitable et les employeurs jouent un rôle crucial dans la prévention du suicide. 

Les ressources suivantes peuvent vous être utiles.

  • Le réseau de santé mentale de la Confédération du NHS a travaillé avec les Samaritains pour produire une  boîte à outils complète  pour aider les organisations du NHS à développer et à mettre en œuvre un processus pour gérer l'impact du suicide des employés sur les collègues.
  • L'Association of Ambulance Chief Executives (AACE) et le Bureau du Chief Allied Health Professions Officer (AHP) ont élaboré  des publications  visant à soutenir la santé et le bien-être de la main-d'œuvre du secteur ambulancier et à prévenir le suicide dans ce service.
  • Notre  page Web sur la  prévention et la postvention du suicide offre de plus amples informations sur l'impact du suicide et sur la meilleure façon pour les employeurs de soutenir le personnel par des mesures préventives et postventives.
  • Notre  étude de cas sur l'habilitation du personnel pour évaluer le risque de suicide chez les collègues  montre comment le groupe NHS des hôpitaux universitaires du Northamptonshire a  soutenu le personnel qui présentait un risque sérieux de suicide.

https://www.nhsemployers.org/news/postvention-guidance-staff-impacted-suicide

JMPS 2023 CINE DEBAT autour du film "Au nom de la terre" d’Edouard BERGEON 10/09/23 Nancy (54)

Dans le cadre de la Journée Internationale de Prévention du Suicide, le Centre de Prévention du Suicide Grand Est en partenariat avec l’Association "Dites JE SUIS LÀ" organise un CINE DEBAT autour du film "Au nom de la terre" d’Edouard BERGEON
Dimanche 10 septembre 2023 à 20h00
au Cinéma Caméo Commanderie 16 rue de la Commanderie à Nancy
Entrée libre et gratuite.
La projection débutera à 20h et sera suivie d’un temps d’échanges avec le public

AFFICHE 


 

JMPS 2023 Représentations d’improvisation / débat suivies d’une conférence sur la prévention du risque suicidaire le 21/09/23 St André de Corcy (01).

Dans le cadre de la Journée Mondiale de Prévention du Suicide, la Cellule de prévention des situations de détresse de la personne âgée et d’autres partenaires organisent deux représentations d’improvisation / débat suivies d’une conférence sur la prévention du risque suicidaire pour tout public le 21/09 à St André de Corcy (Ain).

AFFICHE

 JEUDI 21 SEPTEMBRE 2023

Atelier 208
167, allée des Sports
01390 Saint-André-de-Corcy
Avec la participation de la « Compagnie Les Désaxés Théâtre » et Arnaud PIRODON, psychologue

Entrée libre et gratuite

Une représentation de 15 h à 17 h
Ouverture des portes dès 14 h 30

ou

Une représentation de 19 h 30 à 21 h 30
Ouverture des portes dès 19 h 00

 Information :
Cellule de prévention des situations de détresse de la personne âgée
Siège : 11 rue Aristide Briand - 01000 Bourg-en-Bresse – 04 74 22 11 11 (standard)

jeudi 27 juillet 2023

USA Gérer votre deuil après le suicide d'un patient

Gérer votre deuil après le suicide d'un patient
D'apres article 
Handling Your Grief After a Patient's Suicide
Batya Swift Yasgur, MA, LSW  18 juillet 2023 sur https://www.medscape.com/*

Quand Elena Tuskenis, MD, était dans sa première année de résidence, elle a entendu parler du suicide d'un patient qu'elle avait vu brièvement dans une unité d'hospitalisation. Le patient décédé avait été soigné à la clinique externe de l'hôpital par un autre résident.

Tuskenis, un psychiatre basé à Chicago, a approché le résident pour exprimer son empathie et son soutien. Elle a été choquée par la réponse: "Je ne vais pas en parler", a déclaré le résident. "S'il vous plaît, ne le mentionnez plus jamais."

La réaction de son collègue "illustre les problèmes que nous avons en tant que médecins ou médecins en formation qui nous amènent à éviter de discuter du suicide des patients", a déclaré Tuskenis à Medscape. "C'est terrifiant, c'est douloureux et cela peut évoquer le chagrin, la stigmatisation et la honte."

Julie Cerel, PhD, professeure au Collège de travail social de l'Université du Kentucky et directrice du laboratoire britannique de prévention et d'exposition au suicide, a ajouté que la plupart des médecins « ne sont pas formés pour s'attendre au suicide chez un patient et ils le considèrent souvent comme un échec personnel. Cela peut même amener certains cliniciens à s'interroger sur leur capacité à être un prestataire de soins efficace".

Relecture et remise en question

"Le suicide peut être traumatisant pour quiconque y est confronté", a déclaré M. Cerel, qui a également étudié l'impact du suicide sur la police, les pompiers et le personnel paramédical. "Ils ont du mal à se remettre de ces scènes.

C'est particulièrement vrai pour les médecins, dont la plupart "repassent en boucle les dernières séances ou rencontres avec le patient qui s'est suicidé. Qu'est-ce que j'aurais pu manquer ? Qu'aurais-je pu faire différemment ? Même s'ils ne peuvent penser à rien qu'ils auraient pu ou dû faire différemment, ils continuent à se remettre en question", a déclaré Cerel, co-éditeur d'un recueil de 14 récits à la première personne intitulé Seeking Hope : Stories of the Suicide Bereaved (À la recherche de l'espoir : récits des personnes endeuillées par le suicide).

Michael F. Myers, professeur de psychiatrie clinique à l'université SUNY Downstate Health Sciences de Brooklyn (New York), connaît bien ce sentiment de culpabilité. Il a perdu deux patients par suicide au cours de son internat - l'un pendant sa formation en médecine interne et l'autre pendant sa formation en médecine d'urgence. "Je me suis dit que si je suivais une formation de psychiatre, je pourrais peut-être aider les gens à ne pas se suicider", a-t-il déclaré.

Myers, coauteur de The Physician as Patient : A Clinical Handbook for Mental Health Professionals, traite aujourd'hui d'autres médecins, dont beaucoup ont perdu des patients par suicide. Selon lui, l'autoaccusation et la culpabilité sont des réactions naturelles, mais nous n'avons pas toujours le pouvoir d'empêcher un suicide.

Le suicide est "un acte d'humilité" car, "quoi que nous fassions, nous ne pouvons pas nécessairement transférer notre force vitale et notre volonté de vivre à quelqu'un d'autre dont la vie peut être remplie de traumatismes, d'abus, de maladies chroniques - médicales ou psychiatriques", a déclaré Myers. "Nous ne pouvons pas être arrogants à ce sujet, car nous sommes confrontés à la douleur de quelqu'un d'autre, et nous sommes peut-être impuissants à la soulager.

Mais les médecins sont habitués à penser que leur rôle est d'éviter à tout prix la mort du patient, et le suicide est donc ce que Tuskenis appelle une "rupture des attentes".

"Dans le contexte des soins médicaux, tout type de décès peut être perçu par le médecin comme un échec ; et dans le cas du suicide, il est particulièrement difficile de s'y faire", a déclaré M. Tuskenis. Mais la tragédie du suicide d'un patient ne fait pas de vous un "raté" en tant que médecin.

Un deuil privé de droits

Même lorsque les médecins "acceptent qu'ils ont fait de leur mieux, ils éprouvent toujours un sentiment de tristesse", a déclaré Myers.

Vanessa McGann, psychologue à New York, parle de "chagrin privé de droits" car "vous avez eu une relation avec le patient, mais vous n'êtes pas sa famille ni un membre de sa communauté et il n'y a pas d'espace ou de contexte formel pour votre chagrin".

En outre, les médecins perçoivent parfois un message implicite selon lequel il n'est pas acceptable de faire son deuil. "On attend de nous que nous continuions à vivre sans nous préoccuper de nos propres émotions, mais ce n'est ni réaliste ni sain", a déclaré Tuskenis, qui a vécu le suicide d'un patient en tant que clinicien ambulatoire. Le décès a été un choc à la fois pour Tuskenis et pour le médecin traitant du patient, que ce dernier avait vu récemment.

"Bien que nous soyons tous deux en deuil, en tant que psychiatre, on attendait de moi que je soutienne le médecin de premier recours", explique le docteur Tuskenis. "Dans l'idéal, nous aurions pu nous soutenir mutuellement, mais l'organisation de l'époque ne structurait pas notre interaction de cette manière. Dans cette situation, je n'ai pas donné la priorité à la gestion de ma propre réaction personnelle à la perte".

Après le suicide d'un patient, il est courant de s'isoler et de se renfermer sur soi-même. Mais les experts encouragent les cliniciens à trouver quelqu'un à qui parler - un ami proche, un membre de la famille, un collègue, un superviseur, un thérapeute ou un forum de soutien.

"Trouvez ou créez des espaces anonymes sûrs pour obtenir du soutien", conseille Tuskenis.

Mme McGann a été coprésidente du groupe de travail des cliniciens-survivants de l'Association américaine de suicidologie. En 2021, elle a cofondé la  Coalition of Clinician-Survivors (CCS), dont elle est aujourd'hui coprésidente. L'organisation sert non seulement les cliniciens qui ont perdu des patients par suicide, mais aussi les cliniciens qui ont perdu des membres de leur famille et des proches par suicide.

Mme McGann a elle-même perdu une sœur par suicide et a constaté qu'"il n'y avait pas d'espace ou de système de soutien pour les cliniciens qui avaient subi ce type de perte et qui luttaient contre le chagrin, la stigmatisation et d'autres émotions associées".

L'organisation est conçue pour créer cet "espace sûr" vers lequel les cliniciens peuvent se tourner. Le site web comprend du matériel éducatif, des témoignages, une liste de discussion et un nom de cliniciens qui ont perdu des patients par suicide et qui se rendent disponibles pour offrir leur soutien et leurs conseils à d'autres.

Relations avec la famille survivante

De nombreux cliniciens se demandent comment se comporter avec la famille du patient décédé à la suite d'un suicide. Doivent-ils tendre la main ? Doivent-ils assister à une commémoration ou à des funérailles ?

Tuskenis aborde la question non seulement en tant que médecin mais aussi en tant que membre de la famille qui a elle-même perdu un frère par suicide lorsqu'elle était à l'école de médecine. "Il avait 40 ans et suivait un traitement psychiatrique. Il avait un rendez-vous avec son psychiatre, puis s'est immédiatement rendu dans un motel, s'est enregistré et s'est suicidé."

Quelques jours après cet événement, le psychiatre a invité la famille à une réunion dans son bureau. Tuskenis se souvient que le psychiatre "nous a rassurés sur le fait qu'au moment du dernier rendez-vous, mon frère était calme, son humeur était stable, il ne semblait pas anxieux et n'exprimait aucune pensée de vouloir mettre fin à ses jours".

Le psychiatre a montré à la famille ses propres notes manuscrites, que Tuskenis considérait comme un "geste de compassion". Elle pense maintenant que le psychiatre voulait probablement aussi "nous montrer qu'il avait mis tous les points sur les i et barré tous les t et qu'il n'avait pas commis d'erreur d'une manière ou d'une autre".

Pour Tuskenis, "c'est un excellent exemple de la complexité de la relation médecin-patient et, par extension, de la famille, lorsqu'une tragédie comme celle-ci se produit".

Elle a noté qu'aucun des membres de sa famille n'avait jamais pensé à blâmer le médecin. "Mais nous avons tous été traumatisés par le fait que mon frère a décidé de faire ce qu'il a fait juste après son rendez-vous. Je ne doute pas que le médecin ait également été très surpris." 

Skip Simpson, JD, un avocat texan spécialisé dans les fautes professionnelles liées au suicide, encourage également les médecins à prendre contact avec la famille.

"C'est une chose très humaine à faire", a déclaré Simpson à Medscape. Les familles reconnaissent que le professionnel se soucie vraiment d'elles et de l'être cher qui est décédé et qu'il agit comme un être humain normal au lieu de se mettre dans une situation de "cache-cache". Elles sont beaucoup moins susceptibles d'intenter un procès si vous agissez normalement".

Matthew Turner, JD, avocat spécialisé dans les fautes professionnelles et établi à Southfield, dans la banlieue de Detroit, partage cet avis. "Il peut y avoir un petit risque à tendre la main à la famille - certains pourraient penser qu'une expression de compassion peut être interprétée comme une sorte d'aveu d'erreur - mais je suis d'avis que les avantages de tendre la main et de faire preuve d'attention et de sollicitude l'emportent sur les risques potentiels", a-t-il déclaré à Medscape.

Se rendre à un service commémoratif, à une veillée funèbre ou à des funérailles peut être délicat, mais peut être bénéfique, tant pour le médecin que pour la famille. "Assurez-vous d'être invité et bienvenu, afin de ne pas être perçu comme un intrus dans l'intimité familiale", conseille le Dr Myers. "N'oubliez pas non plus que la loi HIPAA continue de s'appliquer même après le décès d'une personne. Ne révélez donc pas aux autres participants que vous traitiez le patient, ni aucune information confidentielle à son sujet.
Myers décrit un patient qu'il traitait depuis longtemps - un médecin souffrant d'une grave maladie dépressive et de troubles liés à la consommation d'alcool - qui s'est suicidé alors que Myers était absent pour participer à une conférence.

"À mon retour, j'ai appris qu'il était aux urgences. J'étais là quand ils l'ont mis sous assistance respiratoire, ce qui a été très bref car ses parents avaient clairement indiqué qu'ils ne voulaient pas qu'il soit placé sous assistance respiratoire prolongée en raison de ses convictions sur la qualité de vie", a déclaré Myers, qui était également présent quand le patient a été débranché de l'assistance respiratoire.

La famille a demandé à Myers de prendre la parole lors des funérailles du patient. De nombreux collègues l'ont incité à refuser, mais il a accepté parce que c'était la mère du patient qui l'avait demandé. "J'ai également reçu un mot du patient qu'il avait écrit juste avant de mettre fin à ses jours pour me remercier des soins qu'il avait reçus, s'excuser de n'avoir pas eu d'autre choix que de mettre fin à ses jours et me demander de prendre soin de sa mère.

La note a "cristallisé" la décision de Myers de parler pour honorer la dernière volonté du patient et réconforter sa mère. "Cela m'a également aidé à surmonter cette épreuve", se souvient-il.

"Un traumatisme en plus d'un traumatisme

Parfois, les familles décident de poursuivre le médecin, l'établissement ou l'organisation pour le suicide d'un patient. Cela peut conduire à ce que Tuskenis appelle "un traumatisme en plus d'un autre traumatisme" - un résultat qui peut certainement compliquer le deuil et renforcer le sentiment d'échec et de honte.

Simpson et Myers conseillent vivement aux médecins de suivre les protocoles de leur organisation, car de nombreux systèmes de soins de santé ont (ou devraient avoir) des procédures en place si un tel événement se produit. Les internes doivent s'adresser à leurs superviseurs. Enfin, les médecins exerçant en cabinet privé doivent contacter leur assureur en cas de faute professionnelle immédiatement après le suicide d'un patient.

"Je sais que cela semble très pragmatique et technique, et que la grande majorité des membres de la famille ne poursuivent pas le médecin après le suicide d'un patient ; mais juste au cas où cela se produirait, l'assureur voudra savoir dès le départ que vous avez perdu quelqu'un à la suite d'un suicide", a déclaré Myers.

"Mais il faut savoir que les organisations sont généralement plus préoccupées par les litiges que par l'aide aux cliniciens", a déclaré Mme Cerel.

M. Simpson a fait remarquer que si un litige a été engagé, l'avocat peut refuser que vous parliez du suicide à qui que ce soit, ce qui aggrave le sentiment d'isolement et de stigmatisation et supprime les sources potentielles de soutien émotionnel. En revanche, il est possible de parler à un collègue, à un ami proche ou à un membre de la famille sans divulguer de détails sur le patient, et il est permis et sain d'en parler à un thérapeute.

Mme Myers conseille de conserver le dossier médical du patient, mais de ne rien y modifier. "Il est possible de faire des ajouts, comme un addendum au cas où le dossier serait cité à comparaître, qui peut être rédigé après le décès du patient. Vous pouvez écrire : "Il y a trois semaines, j'ai fait telle ou telle chose, mais je ne l'ai pas inscrite dans le dossier du patient". Mais ne revenez jamais en arrière et n'apportez aucune modification à ce que vous avez déjà écrit".

Évolution des pratiques, développement professionnel

Bien que le suicide d'un patient puisse bouleverser la carrière d'un médecin, il peut également avoir un impact bénéfique, selon Cerel. Par exemple, certains médecins sont motivés pour mieux documenter leurs interactions avec les patients. Certains suivent des cours supplémentaires pour approfondir leurs connaissances en matière de prévention du suicide. Cela vaut non seulement pour les psychiatres et les professionnels de la santé mentale, mais aussi pour les médecins de différentes spécialités, telles que l'oncologie, la médecine d'urgence et les soins primaires.

"Il faut savoir reconnaître les signes et savoir quand orienter un patient vers un praticien de la santé mentale", explique le Dr Turner. "Une formation supplémentaire peut être utile à cet égard.

Mme Cerel souligne qu'il est particulièrement important de se tenir au courant des dernières recherches et approches, car certains cliniciens utilisent encore des "pratiques dépassées" lorsqu'ils traitent des patients susceptibles d'être suicidaires. Par exemple, j'entends encore parler de cliniciens qui concluent des "contrats de non-suicide" avec les patients, mais il ne s'agit pas d'une intervention fondée sur des preuves et elle n'est pas recommandée", a-t-elle déclaré. Au lieu de cela, il existe des approches relativement nouvelles, telles que la planification de la sécurité, qui peuvent être utiles dans la prévention du suicide.

Par ailleurs, certains médecins ne procèdent pas à une évaluation approfondie des patients pour déterminer s'ils sont potentiellement suicidaires. "Parfois, je vois une brève note dans un dossier qui indique que le patient a nié être suicidaire, mais les questions que le clinicien a posées pour obtenir cette information ne sont pas claires", a déclaré Cerel. "Il existe des outils de dépistage ciblés, fondés sur des données probantes, qui permettent de déterminer le degré de suicidalité.

Si vous décidez d'hospitaliser un patient suicidaire, ne mettez pas en œuvre un protocole de "vérification en 15 minutes", a averti Simpson, ancien membre du groupe de travail de l'Association américaine de suicidologie sur l'amélioration de la compétence au sein de la santé mentale en ce qui concerne l'évaluation et le traitement du suicide. "La grande majorité des cas que je traite sont des familles qui poursuivent des professionnels ou des institutions pour des patients décédés par suicide alors qu'ils se trouvaient dans une unité d'hospitalisation, souvent dans le cadre d'un programme d'observation de 15 minutes.

Il précise que les patients suicidaires doivent être surveillés individuellement ou se trouver dans le champ de vision d'un poste de soins. "Bien que le protocole de 15 minutes soit très courant, il n'est pas fiable. Un patient qui a l'intention de s'automutiler peut le faire en 6 ou 7 minutes, dans sa chambre d'hôpital. Et des lésions cérébrales irréversibles peuvent survenir en moins de deux minutes si une personne se pend, par exemple".

Mme Simpson encourage également les professionnels à impliquer autant que possible la famille dans les soins du patient dès le début. "Demandez au patient d'accepter que vous partagiez certaines informations avec les membres de sa famille. Cela donne le sentiment que nous faisons tous partie de la même équipe et cela signifie également que vous pouvez révéler des informations à la famille sans violer la confidentialité". Il s'agit d'un moyen important de réduire la possibilité d'un procès futur, a-t-il expliqué, dans le cas où le patient décède par suicide.

Batya Swift Yasgur, MA, LSW, est rédactrice indépendante et travaille comme conseillère à Teaneck, dans le New Jersey. Elle collabore régulièrement à de nombreuses publications médicales, dont Medscape et WebMD, et est l'auteur de plusieurs livres sur la santé destinés aux consommateurs, ainsi que de Behind the Burqa : Our Lives in Afghanistan and How We Escaped to Freedom (les mémoires de deux courageuses sœurs afghanes qui lui ont raconté leur histoire).


https://www.medscape.com/viewarticle/994491

Messages suicidaires sur les réseaux sociaux : comment réagir et surmonter le choc

Messages suicidaires sur les réseaux sociaux : comment réagir et surmonter le choc

Dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 mai, un Cambrésien publiait un message sur sa page Facebook annonçant sa fin prochaine. Par le jeu des algorithmes, celui-ci est parvenu au-delà de ses contacts. Comment réagir à un appel à l’aide d’une personne désespérée, des déclarations écrites diffusées sur les réseaux sociaux ? Des professionnels délivrent leurs conseils.


1 Le jour où tout bascule

« Et si », se sont souvent répétées Audrey et Amandine L., deux sœurs de 26 et 23 ans. Cet après-midi du 19 mai, à 16 h 38 et 16 h 39, leur oncle Éric B., un Cambrésien de 42 ans, adresse à chacune un message personnalisé, mais similaire, via Snapchat, « Prends soin de toi. Je t’aime de toutes mes forces ».

À son travail, Audrey le remarque vers 17 heures, tente de l’appeler, mais la ligne de son parrain a été coupée un mois plus tôt. Elle lui envoie un message, auquel il répond par des smileys souriants. « J’ai vu qu’il y a réagi, ça m’a soulagée. ». Elle apprend son décès une heure plus tard, « je devais rester stoïque devant les gens, c’était horrible ».

La seconde, Amandine, lui demande «  "Ça va ?" . J’ai eu peur qu’il fasse une connerie ». Elle doit ramener sa petite sœur chez ses parents pour 18 heures. Sur la route, sa mère lui annonce qu’« Éric s’est suicidé ». Elle et son compagnon font demi-tour pour se rendre chez son oncle. Le Samu est déjà dans l’appartement. Une amie du quadragénaire lui interdit d’entrer.

Cette dernière était au café voisin, QG d’Éric et ses amis. Plusieurs d’entre eux ont vu le message d’adieu du Cambrésien publié sur Facebook. Elle et une copine « ont de suite couru à l’appartement » où elles l’ont découvert inanimé. Éric n’a pu être ramené à la vie. «  Sur la gazinière, il avait laissé ses papiers et clés de voiture et une lettre destinée à maman   », relate Amandine.

2 La crise suicidaire, un mécanisme réversible

L’enquête de police écarte toute intervention d’un tiers, mais l’histoire se révèle. Éric a été contraint de démissionner de son travail en novembre 2022, peu après avoir contracté un important emprunt. Rien ne transparaissait de sa détresse, témoignent les deux sœurs. « Je jouais avec lui presque tous les soirs sur Discord. Il disait rarement ce qu’il ressentait », détaille Amandine. D’une grande écoute, « Éric absorbait le malheur et donnait des conseils à tout le monde. Mais il n’aimait pas qu’on lui dise ce qu’il fallait qu’il fasse ».

La crise suicidaire, c’est «  un mécanisme temporaire et réversible », décrypte la psychiatre Laure Rougegrez. Elle survient « lors d’une rupture de l’équilibre d’une personne en lien avec l’accumulation de facteurs de stress quels qu’ils soient ». Lorsque les solutions mise en place par la personne sont inefficaces, le suicide peut apparaître comme la seule issue envisageable. «  Comme dans un entonnoir, elle va se sentir de plus en plus isolée. ».

Le Dr Rougegrez poursuit : « La question du lien à l’autre dans la désescalade de la crise suicidaire est vraiment primordiale », pour aider à libérer la parole et les émotions, « rouvrir le champ des possibles ». D’où la nécessité, lorsqu’on le peut, de « contacter la personne par message si on la connaît, ou l’appeler. Lui dire qu’on s’inquiète pour elle et passer au domicile si l’on s’en sent capable ».

3 Agir dès la suspicion de la crise

Si l’on n’est pas en capacité de communiquer avec elle, le réflexe est de signaler la situation via les numéros d’urgence (15, 17 ou 18) en transmettant le «  maximum d’informations  : identité, téléphone, endroit et éléments de contexte pour trouver l’endroit où se trouverait potentiellement la personne, ainsi que des coordonnées de proches, le lien de la publication ».

Autre alternative : le 3114, numéro national Prévention suicide, ouvert H24 depuis octobre 2021. C’est une régulation téléphonique nichée dans les locaux du Samu de Lille où travaillent dix-huit répondants (infirmiers et psychologues) formés à évaluer la crise et les risques suicidaires, assistés de médecins psychiatres et une assistante sociale. « C’est pour toutes les personnes qui présentent des idées suicidaires, les personnes inquiètes pour un proche, les professionnels en demande de guidance ou toutes les personnes impactées par le suicide au sens large ». Quinze centres existent en France entière. En 2022, environ 220 000 appels ont été réceptionnés.

En l’absence d’informations pour orienter les secours, il faut envoyer la capture d’écran à Pharos, plateforme d’« harmonisation, d’analyse et d’orientation » (www.internet-signalement.gouv.fr). Elle est animée 24h/24 par une cinquantaine d’enquêteurs de la police nationale et de gendarmerie tous spécialisés en cybercriminalité. Ces professionnels réceptionnent tous types de contenus (terrorisme, pédopornographie, menaces ainsi que les messages d’appels à l’aide). En 2022, ils ont traité 758 alertes de personnes en difficulté sur 176 000 signalements reçus (en 2021, 603 pour 264 000 signalements)

« Une fois le signalement fait, les enquêteurs généralistes vont récupérer le signalement et constater ce qu’il se passe, que ce soit une infraction ou une mise en danger de la vie d’autrui », explique Pierre, brigadier de police et enquêteur de la plateforme Pharos depuis 2018. Ces captures deviennent «  des preuves numériques   », transmises ensuite aux services compétents en France ou à l’étranger, comme dans le cas de pédopornographie. En cas d’impossibilité, par exemple s’il s’agit d’un contenu anonyme, leur service interne ouvre une procédure.

Les urgences vitales envoyées dans la boîte de réception commune sont traitées en priorité, avec l’appui des plateformes de réseaux sociaux. La plupart, comme Facebook et Twitter « sont très réactives ». Elles fournissent les éléments du compte pour orienter l’enquête, telles que la géolocalisation, l’adresse IP, le mail ou le téléphone de l’usager, les opérateurs d’internet et de téléphone sont aussi sollicités. « Ça peut aller très vite et en moins de 20 minutes, les collègues sont envoyés sur place. »

Ces publications sur les réseaux sociaux sont souvent des « appels à l’aide », issus de mineurs ou jeunes majeurs confrontés à un problème « dont ils n’osaient pas parler. Souvent, quand ils voient un policier ou un gendarme, c’est un coup de pied dans la fourmilière ».

Audrey et Amandine ont eu connaissance du message public diffusé sur Facebook après publication. Elles n’y ont pas touché : Éric avait laissé comme consigne de le laisser en ligne pour que des proches puissent lui écrire. Amandine regarde parfois si des activités ont lieu sur le compte de son oncle, Audrey ne l’a pas relu depuis les funérailles : « Je fais comme si le message n’existait, je me préserve ». Toutes les familles ont toutefois la possibilité de faire disparaître ces publications en les signalant à la plateforme, indique Pierre.

4 Gérer l’après

Face à un tel contenu sur les réseaux sociaux, la psychiatre Laure Rougegrez recommande de « ne pas republier, ni commenter pour le respect de la famille et des proches, car ça va alimenter un débat stérile ». Une fois virale, une publication s’impose aux autres internautes, par le jeu des algorithmes. Comme pour Jérémy, dont la soirée a été douloureuse. Cette nuit du 19 mai, il s’est affolé en découvrant le message trois heures après sa diffusion, ignorant l’adresse et ne sachant que faire. Les pompiers, contactés par téléphone, l’ont rappelé pour lui apprendre le décès. Celui-ci avait aussi été annoncé par des commentaires, parfois sans filtre, des contacts d’Éric qui s’interpellaient ou précisaient la situation.

« Dans la mesure où il n’y a pas d’avertissement, c’est l’exposition de plein fouet », résume Nathalie Pauwels, chargée du déploiement de Papageno en France, programme de recherche-action spécialisé dans la prévention du suicide. « Est-ce que la culpabilité tombe sur un terrain sensible ? Les jours où on est un peu plus éponge, il faut se prémunir et ne pas aller sur les réseaux sociaux. Il faut toujours vérifier nos émotions avant. »

Gérer l’après, « Ça a été compliqué », confient les deux sœurs, œuvrant à resserrer leurs liens. Toutes deux ont été victimes de trous de mémoire. « J’ai la chance d’avoir un homme très ouvert ; il m’a raisonnée », enchaîne Audrey qui culpabilisait : « J’ai eu des remords, je me disais que peut-être j’aurais pu l’empêcher ». Tous, famille et amis, se sont entraidés pour surmonter le choc. En l’absence d’une oreille de confiance avec qui parler de son mal-être, le 3114 est le numéro tout indiqué, rappelle le Dr Rougegrez. La plateforme s’adresse « aussi aux personnes impactées et pas forcément endeuillées. Même si on n’a pas de proximité relationnelle, on peut être touchée par ce sentiment d’impuissance, l’horreur ».

« C’est son choix. Même si on avait été chez lui, il l’aurait peut-être fait après », se dit Amandine, qui pleurait en se répétant « J’aurais dû y aller ». Pour la psychiatre, le choix n’existe pas  : « s’il était très déterminé, c’est qu’il était très désespéré ». Le passage à l’acte étant une « possibilité de reprendre le contrôle » d’une situation face à un fort sentiment d’impuissance. Malheureusement, certaines personnes décèdent, « c’est comme apprendre un massage cardiaque, pour autant on ne va pas sauver tout le monde. Mais plus on forme de gens à l’entraide active et plus on va pouvoir récupérer des personnes et les amener aux soins. »

https://www.lavoixdunord.fr/1356016/article/2023-07-25/messages-suicidaires-sur-les-reseaux-sociaux-comment-reagir-et-surmonter-le-choc

OUTILS DE L'UNPS POUR LES ACTEURS DE LA PRÉVENTION DU SUICIDE pour la Journée Mondiale pour la Prevention du Suicide JMPS 2023

OUTILS DE L'UNPS POUR LES ACTEURS DE LA PRÉVENTION DU SUICIDE

Dans le cadre de la prochaine Journée Mondiale pour la Prevention du Suicide JMPS 2023, l'UNPS  transmet des supports qui peuvent vous servir lors de vos actions de terrain. Vous avez la liberté de les imprimer, de les compléter : 

N'hésitez pas à les utiliser, ils sont pour vous et votre public.

 Par ailleurs, faites-nous remonter les actions que vous métriez en place afin que nous les relayons sur nos réseaux.

UNPS 4, rue des Arènes 75005 Paris contact@unps.fr / unps.fr

vendredi 21 juillet 2023

Reportage Suicides forcés : à l’AP-HP, les soignants formés à réagir avant qu’il ne soit trop tard


A l'AP-HP, les soignants formés à réagir avant qu'il ne soit trop tard

Par MARLÈNE THOMAS mardi 18 juillet 2023 https://www.liberation.fr/*

Suicides forcés L'ancienne avocate Yael Mellul, qui a porté la reconnaissance du suicide forcé comme infraction, sensibilise le personnel de santé à la détection d'un harcèlement pouvant pousser une femme à se tuer. A la Pitié-Salpêtrière, en mai, l'échange a mis en lumière leur rôle central face à ces violences.

 suffit de compter les doigts timidement levés pour se rendre compte du chemin restant à parcourir. «Combien d'entre vous ont déjà entendu parler de suicide forcé?» amorce Yael Mellul, ex-avocate qui a porté la reconnaissance de cette nouvelle infraction dans le sillage du Grenelle des violences conjugales de 2019. Verdict, sur la vingtaine de personnes présentes en ce dernier jour de mai à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris: six personnes. «Si on en a entendu parler ce matin, ça compte?» tente dans un sourire Jacky Nizard, gynécologue obstétricien.

Depuis 2020, un nouvel article du code pénal compte deux circonstances aggravantes au délit de harcèlement moral sur conjoint ou ex : lorsque ces violences psychologiques ont conduit la victime -majoritairement des femmes- à se suicider ou à tenter de se suicider, la peine est désormais de dix ans d'emprisonnement et 150000 euros d'amende. Yael Mellul appuie comme pour l'ancrer dans les esprits : «Le suicide apparaît comme la seule façon pour les victimes de se libérer de leurs souffrances.» Morrigan Rives, interne en gynécologie à la Pitié-Salpêtrière, reconnaît : «J'avais une notion du suicide forcé, ça paraît assez logique quand on prend en charge des femmes victimes de violences, mais je ne savais pas qu'il y avait un cadre légal.» Une méconnaissance à laquelle Yael Mellul est habituée : «Il n'y a eu pas ou peu de communication des pouvoirs publics», embraye-t-elle, comme pour rassurer.

L'ancienne pénaliste organise depuis près de trois ans des sessions de prévention dans des commissariats ou hôpitaux en ne comptant que sur les bonnes volontés individuelles. Ce jour-ci, c'est celle de Sophie Duchesne, gynécologue obstétricienne à la Maison des femmes de la «Pitié», déjà formée lors d'une session antérieure, qui l'amène entre ses murs décorés de coupes anatomiques d'accouchement. Mine studieuse, bloc-notes en main, une bonne partie de l'assistance est ce jour-là «acquise» à cette cause, «experte même», anticipait l'intervenante avant cet échange de près de deux heures. En majorité, des médecins, aides soignantes, accueillantes, psychologues des trois Maisons des femmes de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) - trois structures qui proposent un accompagnement global aux victimes de violences - mais aussi de la maternité ou de centres médico-psychologiques (CMP). «Tous les services sont susceptibles d'accueillir des personnes victimes», remarque Sophie Duchesne. Former des soignants implique de s'accommoder à un va-et-vient régulier au gré des urgences médicales. Courant après l'horloge, l'intervenante débite un maximum d'informations. «Mon rôle est de vous ouvrir à une nouvelle approche. Quand une victime de violences conjugales vient vous voir, il y a deux risques importants : le risque de féminicide mais aussi le risque de passage à l'acte suicidaire.» En amont, elle développait : «On a surtout en tête le risque d'assassinat ou de meurtre.» Une tentative de suicide antérieure, une séparation ou un épisode de violence très récent constituent notamment des signes avant-coureurs à ne pas négliger.

Spirale mortifère Les services de police et de gendarmerie ont enregistré 684 victimes ayant tenté de se suicider ou s'étant suicidées à la suite du harcèlement de leur conjoint ou ex en 2021. Les conclusions d'un rapport du Projet européen sur les suicides forcés, remis en novembre à la Commission européenne, comptabilisaient, lui, 209 Françaises poussées au suicide en 2017. «Ça veut dire qu'au moins deux fois plus de femmes meurent de suicides forcés que de féminicides», interpelle Yael Mellul.

Le parallèle avec la mort par suicide de la jeune Lindsay, 13 ans, victime de harcèlement scolaire est rapidement dressé par les blouses blanches. En 2022, le harcèlement scolaire a été reconnu comme un délit pénal avec un texte inspiré de celui du suicide forcé comprenant les mêmes circonstances aggravantes. Le personnel des Maisons des femmes fait également face à des cas de suicides lors de «violences sexuelles, d'incestes, de violences en contexte migratoire», complète la gynécologue Sophie Duchesne. Des angles morts pour la justice.

Les soignants forment le premier rempart à cette spirale mortifère. «Vous êtes dans l'écrasante majorité des cas en première ligne, c'est vous que les victimes de violences conju- gales viennent voir en premier, c'est auprès de vous qu'elles viennent se faire soigner lorsqu'elles sont blessées ou qu'elles ont fait une tentative de suicide», déroule-t-elle tout en ayant conscience de leurs conditions d'exercice précaires. Le gynécologue Jacky Nizard rebondit: «Parfois, on reçoit ces paroles lors d'un suivi médical, pas forcément en urgence. Ce n'est pas facile de mettre en branle toute la machine au milieu de dizaines de consultations.» Le parallèle entre le manque de moyens pour la justice est vite dressé avec celui tout aussi criant pour l'hôpital public. «On a un grand manque de ressources en santé psychique», pointe le professeur Marc Dommergues, chef du service gynécologie de la Pitié-Salpêtrière. Le poste provisoire de psychiatre dévolu à la Maison des femmes -seulement présent à quart-temps- va disparaître dès la rentrée. Amélie Glading, sage-femme coordinatrice de la Maison des femmes de Bichat, indique: «On ne peut pas créer de postes pendant deux ans.» «On est un petit maillon de la chaîne. Même s'il y a peu de psychologues ou psychiatres, on fait ce qu'on peut » lâche une soignante depuis le fond de la salle. Le personnel médical avance avec cette crainte de ne pas réagir assez vite, de ne pas trouver les mots, de ne pas pouvoir fournir les soins adéquats au moment approprié. «On a cette charge mentale lorsqu'une personne nous évoque des idées noires, on se dit: "Pourvu qu'elle ne passe pas à l'acte ce soir après ma consultation." On ne peut pas envoyer toutes les patientes qui évoquent des idées suicidaires vers le psychiatre, d'ailleurs certaines ne le souhaitent pas», dit Sophie Duchesne.

La Haute Autorité de santé recommande de questionner systématiquement les patientes sur les violences au sein du couple, même en l'absence de signaux d'alerte, pour effectuer un repérage précoce. «On s'est rendu compte que cette question était systématiquement posée en obstétrique mais pas en psychiatrie», remarque Marc Dommergues.

Pour le chef de service, «l'approche standardisée» de sa spécialité, leur «relation de soins de court terme» à leurs patientes et cette habitude de questionnements intimes rendent la démarche plus aisée. «Nous, on les voit trente ans ! On amène la question plus longuement mais effectivement, je pense que ce n'est pas assez abordé», complète Jane (1), psychiatre en CMP. L'intervention de l'avocate aux urgences de Cochin, à Paris, a permis la mise en place d'un protocole. «Ils n'interrogeaient pas systématiquement la présence de violences intrafamiliales, maintenant c'est le cas», illustre-t-elle. Depuis la loi du 31 juillet 2020, la levée du secret médical est possible «lorsque les violences mettent la vie de la victime majeure en danger immédiat» et qu'elle «se trouve sous l'emprise de l'auteur des violences». Une mesure qui a suscité de vifs débats. La gynécologue Sophie Duchesne la salue sous l'approbation de collègues: «Ça donne un cadre aux soignants, surtout les non-spécialistes des violences, très attachés au secret médical et pouvant craindre de faire un signalement au procureur.

» Dans la mesure du possible, les soignants doivent s'efforcer de récolter l'accord de la victime. «Celles qui portent plainte sont dans un tel état d'épuisement Les encourager à porter plainte est compliqué, il est hyper rare qu'au bout d'années de procès il se passe quelque chose», nuançait Jane quelques minutes plus tôt.

«Autopsie psychologique» La responsabilité des médecins est double dans le cas d'un suicide forcé. Il y a la réaction à l'urgence immédiate et ce qu'il consigne pour l'après. Les certificats médicaux constituent des éléments probatoires clés. «Qu'est-ce que l'on doit noter lorsque l'on reçoit une patiente victime de violences qui pourrait être repris dans le cadre d'une plainte?», demande Jacky Nizard. Caractériser un suicide forcé nécessite de procéder par faisceau d'indices concordants: certificats médicaux, éventuels écrits de la victime, témoignages de proches qui ont assisté à des scènes de violence, exploration des téléphones «Il faut procéder à une autopsie psychologique. L'aspect médical a une place très importante, il faut raconter la dégradation de son état. Vos certificats permettent à une victime ou une famille endeuillée de porter plainte pour cette nouvelle infraction», expose Yael Mellul en plaidant pour une retranscription complète de ce qui est dit en consultation. Les soignants marchent sur des oeufs. Si le texte de loi n'exige pas que le harcèlement moral soit l'unique cause du suicide, les conséquences traumatiques des violences conjugales (dépression, perte d'emploi, alcoolisme, isolement, hospitalisation en psychiatrie) sont encore souvent retenues comme des raisons du passage à l'acte plutôt que comme des preuves du harcèlement moral. «On est très limités dans nos certificats, car ce sont des termes qui peuvent être utilisés à

charge par la partie adverse», réagit Candie Grangé, sage-femme coordinatrice de la Maison des femmes de l'Hôtel-Dieu. Sophie Duchesne dresse le même constat: «Ce qui est "astucieux" dans le mécanisme de l'agresseur, c'est que les violences vont aggraver les troubles psychiatriques, ce qui peut se retourner contre elle. On va entendre des réflexions du type: "C'est une personne dépressive à la base, est-ce qu'on peut être sûre que ses idées suicidaires sont la faute de l'agresseur ?"» Fin mars, la Chancellerie reconnaissait auprès de Libération que «ce qui va être déterminant est notamment la sensibilisation de l'environnement médical, concomitante avec la levée du secret médical. Cette détection-là est déterminante dans la prise en compte judiciaire pour ensuite objectiver et caractériser l'infraction». Les premiers échanges encourageants de Yael Mellul avec le ministère de la Santé n'ont pour l'heure pas abouti sur un plan de plus grande ampleur. ? (1) Le prénom a été modifié. Si vous avez des idées suicidaires, ne restez pas seul·e. Parlez-en à vos proches et contactez votre médecin traitant, le 3114 (numéro national gratuit 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, écoute professionnelle et confidentielle) ou le 15 (Samu).

LA JUSTICE DE PLUS EN PLUS SAISIE La prise en compte des nouvelles circonstances aggravantes du harcèlement moral sur conjoint et ex avance lentement. Au premier semestre 2022, le ministère de la Justice dénombre 6 condamnations pour suicide forcé, ce qui porte le total à 10 depuis l'entrée en vigueur de la loi. En 2021, 16 poursuites correctionnelles ont été enregistrées pour 190 affaires transmises au parquet, contre 2 poursuites pour 19 affaires transmises en 2020. «Cette augmentation signifie que les enquêteurs se saisissent de plus en plus de cette qualification, là où auparavant ils retenaient seulement le harcèlement par conjoint, complète la Chancellerie en insistant sur la nécessité de décorréler nombre de poursuites et condamnations. Ces affaires prennent plusieurs mois d'enquête. Un acte de poursuite ne donne pas forcément de condamnation dans la même année.» Impossible aussi d'en déduire un nombre de relaxes pour les autres procédures. «Cela signifie qu'il n'y a pas eu de condamnation sur cette qualification très spéciale, mais il peut y avoir une requalification du tribunal correctionnel en harcèlement moral par conjoint sans la circonstance aggravante, voire en violences habituelles.» Campant sur ses positions, le ministère de la Justice ne juge pas nécessaire d'envoyer une circulaire aux parquets sur cette infraction.

«Vous êtes dans l'écrasante majorité des cas en première ligne, c'est vous que les victimes de violences conjugales viennent voir en premier.» Sophie Duchesne gynécologue

https://www.liberation.fr/societe/droits-des-femmes/suicides-forces-a-lap-hp-les-soignants-formes-a-reagir-avant-quil-ne-soit-trop-tard-20230717_I5LMVUU2FBEPBHJM2N4LZHIC3Y/

Pratiques professionnelles USA Évaluation après une tentative de suicide : Ce qu'il faut demander

Évaluation après une tentative de suicide : Ce qu'il faut demander
D'apres Current Psychiatry Evaluation After a Suicide Attempt: What to Ask Robert Frierson, MD; Steven Lippmann, M.D. Divulgations  Curr Psychiatre. 2023;22(2):12-18. sur https://www.medscape.com*
 

D'après notre expérience clinique, le fait de poser ces 14 questions peut contribuer à garantir une prise en charge sûre.

En 2021, le suicide était la 11e cause de décès aux États-Unis. [ 1 ] Le suicide a entraîné 49 000 décès aux États-Unis en 2021 ; c'était la deuxième cause de décès chez les personnes âgées de 10 à 34 ans et la cinquième cause chez les enfants. [ 1 , 2 ] Les femmes sont 3 à 4 fois plus susceptibles que les hommes de tenter de se suicider, mais les hommes sont 4 fois plus susceptibles de mourir par suicide. [ 2 ]

L'évaluation des patients ayant des idées suicidaires et n'ayant pas fait de tentative implique généralement l'évaluation de quatre facteurs : le plan spécifique, l'accès à des moyens létaux, tout facteur de stress social récent et la présence d'un trouble psychiatrique[3]. Le clinicien doit également évaluer les facteurs de dissuasion potentiels, tels que les croyances religieuses ou la présence d'enfants à charge.

Les cliniciens en santé mentale sont souvent amenés à évaluer un patient après une tentative de suicide afin de déterminer s'il a l'intention de continuer à s'automutiler et de prendre les mesures qui s'imposent. Cette évaluation doit prendre en compte de multiples facteurs, notamment la méthode utilisée, la préméditation, les conséquences de la tentative, la présence d'une dépression sévère et/ou d'une psychose, et le rôle de la consommation de substances psychoactives. L'évaluation après une tentative de suicide diffère de l'examen des personnes qui nourrissent des pensées suicidaires mais n'ont pas fait de tentative ; ce dernier groupe peut être plus susceptible de répondre à des interventions telles que les soins ambulatoires intensifs, la mobilisation du soutien familial et les interdits religieux contre le suicide. Cependant, pour les patients qui tentent de mettre fin à leur vie, les mesures de protection ou de dissuasion du suicide qui étaient en place n'ont manifestement pas empêché l'acte d'automutilation. Les conséquences de la tentative, telles que des blessures invalidantes ou des complications médicales, ainsi qu'un éventuel engagement involontaire, doivent être prises en compte. Il est important d'évaluer les sentiments du patient sur le fait d'avoir survécu à la tentative, car l'impact psychologique de la tentative sur les membres de la famille peut contribuer à intensifier la dépression du patient et à rendre plus probable une nouvelle tentative.

De nombreuses personnes qui pensent au suicide ont fait part de leurs pensées ou de leurs intentions d'automutilation, mais ces commentaires sont souvent minimisés ou ignorés. Il existe une croyance commune mais erronée selon laquelle si les patients sont encouragés à parler de leurs idées suicidaires, ils seront plus susceptibles de passer à l'acte. Le contraire étant vrai[4], les cliniciens devraient demander aux patients vulnérables s'ils ont des idées ou des intentions suicidaires. Il est important de noter que le non-respect des soins médicaux vitaux, les comportements à risque et la consommation de substances peuvent également être le signe d'un désir d'automutilation. Les pensées passives de mort, caractérisées par des commentaires tels que "Je me fiche de savoir si je me réveille ou non", doivent également être évoquées. De nombreux patients qui pensent au suicide disent se trouver dans un "mauvais endroit" où la raison et la logique cèdent la place à un désir intense de mettre fin à leurs souffrances.

L'évaluation d'un patient qui a fait une tentative de suicide est une composante importante des soins psychiatriques. Cet article reflète nos 45 années d'évaluation de ces patients. En tant que tel, il reflète notre expérience clinique et n'est pas fondé sur des données probantes. Nous proposons une liste de contrôle de 14 questions que nous avons trouvées utiles pour déterminer s'il est préférable qu'un patient soit hospitalisé en psychiatrie ou orienté vers des soins ambulatoires à sa sortie de l'hôpital (tableau, page 14). Les questions 1 à 6 sont spécifiques aux patients qui ont fait une tentative de suicide, tandis que les questions 7 à 14 sont utiles pour évaluer les facteurs de risque globaux de suicide.

1. La tentative était-elle préméditée ?

La détermination de la préméditation vs l'impulsivité est un élément essentiel de l'évaluation suite à une tentative de suicide.  De nombreux actes de ce type peuvent se produire sans préméditation en réponse à un facteur de stress inattendu, tel qu'une altercation entre partenaires ou des conflits familiaux. Les tentatives impulsives peuvent se produire lorsqu'un individu est impliqué dans un événement pénible et/ou lorsqu'il est en état d'ébriété. À l'inverse, la préméditation implique une réflexion et une planification, ce qui peut augmenter le risque de suicide dans un avenir proche.

Voici des exemples de comportements prémédités :

Contempler la tentative des jours ou des semaines à l'avance

  •  Recherche des effets d'un médicament ou d'une combinaison de médicaments en termes de létalité potentielle
  •  Adopter un comportement qui réduirait la probabilité que son corps soit découvert après la tentative.
  •  se procurer des armes et/ou stocker des pilules
  •  prospecter des sites potentiels tels que des ponts ou des bâtiments élevés
  •  S'engager dans un "exercice" de tentative de suicide
  •  Laisser une lettre de suicide ou un message sur les médias sociaux
  •  Prendre des dispositions pour les funérailles, par exemple choisir des vêtements pour l'enterrement
  • Rédiger un testament et prendre des dispositions pour la garde des enfants à charge
  •  souscrire une assurance-vie qui ne refuse pas le versement de prestations en cas de décès par suicide.

Les patients ayant fait une tentative de suicide préméditée ne s'attendent généralement pas à survivre et sont souvent surpris ou contrariés que l'acte n'ait pas été fatal. La présence d'indicateurs indiquant que la tentative était préméditée devrait orienter la décision vers une hospitalisation plutôt que vers une sortie. Pour évaluer l'impact de la préméditation, il est important de prendre en compte non seulement les exemples cités ci-dessus, mais aussi la perception qu'a le patient de ces questions (comme la perte potentielle de la garde des enfants). Il faut tenir compte de l'impact émotionnel d'une telle réflexion sur le patient.


2. Quelles ont été les conséquences de la tentative ?

L'évaluation de la raison de la tentative (s'il y en a une) et le fait de déterminer si la circonstance incitative a changé à la suite de la tentative de suicide constituent une partie importante de l'évaluation. Une tentative de suicide peut entraîner une réconciliation avec les membres de la famille ou les partenaires, qui n'étaient peut-être pas conscients de la détresse émotionnelle du patient, et/ou un regain de soutien de leur part. Ce soutien inattendu se traduit souvent par une amélioration de l'humeur et de l'affect du patient, voire par une disparition temporaire des pensées suicidaires. Ce "retour à la santé" peut être de courte durée, mais il peut aussi suffire à engager le patient dans une alliance thérapeutique. Cela peut permettre au patient de sortir de l'hôpital et de se rendre en toute sécurité au centre de soins ambulatoires sous la garde d'un membre de la famille, d'un partenaire ou d'un ami proche.

Par ailleurs, certaines personnes connaissent une aggravation troublante des facteurs précipitants après une tentative de suicide. Les conditions médicales préexistantes et les problèmes financiers, professionnels et/ou sociaux peuvent être exacerbés. Les décisions relatives à la garde des enfants peuvent être affectées, à condition que le patient comprenne la possibilité de cette conséquence négative. Les méthodes violentes peuvent entraîner une défiguration et des problèmes d'image corporelle. Les personnes issues de petites communautés très unies peuvent être stigmatisées et bénéficier d'une notoriété non désirée en raison de leur tentative de suicide. Ces conséquences négatives peuvent rendre certains patients plus susceptibles de faire une nouvelle tentative de suicide. Il est essentiel d'examiner comment une tentative de suicide peut avoir modifié le stress initial qui a conduit à la tentative.

3. Quelle méthode a été utilisée ?

La plupart des suicides mortels aux États-Unis sont commis par arme à feu, et de nombreuses personnes qui survivent à ces tentatives le font parce qu'elles ne connaissent pas bien l'arme, parce qu'elle fonctionne mal, parce qu'elles ont mal visé ou parce qu'elles ont consommé de l'alcool[5-7] Certains survivants déclarent qu'ils avaient l'intention de se tirer une balle dans le cœur, mais qu'ils ont plutôt été blessés à l'épaule. Malheureusement, pour un patient qui survit à des blessures par balle auto-infligées, les séquelles de douleur chronique, les multiples interventions chirurgicales, le handicap et le défigurement peuvent servir de rappels négatifs constants de l'événement. Certaines personnes ayant des intentions suicidaires refusent d'utiliser des armes à feu parce qu'elles espèrent éviter qu'un membre de leur famille soit le premier à les découvrir. Le fait d'être témoin des suites d'un suicide par balle peut induire des symptômes de stress post-traumatique chez les membres de la famille et/ou les partenaires[8].

Dans le cas d'un patient qui s'est infligé des blessures par balle, il faut toujours déterminer si l'arme a été mise en lieu sûr ou si le patient y a toujours accès. Il est essentiel de s'enquérir de la disponibilité des armes lors de l'évaluation de tout patient souffrant de dépression, de crises de vie majeures ou d'autres facteurs susceptibles d'entraîner un désir de mourir ; cela est particulièrement vrai pour les personnes souffrant de troubles liés à l'utilisation de substances psychoactives (SUDs). Lorsqu'elles sont facilement accessibles à ces personnes, les armes doivent être retirées en toute sécurité.

Parmi les autres méthodes présentant un degré élevé de létalité, on peut citer le saut d'un pont ou d'un bâtiment, l'empoisonnement, l'auto-immolation, les coupures et les pendaisons. Les personnes qui choisissent ces méthodes n'ont généralement pas l'intention de survivre. Nombre de ces méthodes impliquent également une préméditation, comme dans le cas des individus qui prospectent les ponts et notent les heures où le trafic est faible afin d'être moins susceptibles d'être interrompus. Entre 1937 et 2012, il y a eu plus de 1 600 décès par suicide depuis le Golden Gate Bridge de San Francisco[9]. Les patients qui choisissent des méthodes hautement létales sont souvent irrités lors de l'évaluation post-tentative parce que leurs plans n'ont pas été fatals. En général, les patients qui choisissent de telles méthodes potentiellement létales sont d'abord hospitalisés dans des services de médecine et de chirurgie et reçoivent la plupart de leurs soins psychiatriques de la part de psychiatres en consultation. Après leur sortie, ces patients peuvent présenter un risque élevé de tentatives de suicide ultérieures.

Aux États-Unis, la méthode la plus courante de tentative de suicide est l'overdose[4] La létalité est déterminée par l'agent ou la combinaison de substances ingérées, la quantité absorbée, l'état de santé de la personne et le temps qui s'écoule avant que l'on s'en aperçoive. De nombreux patients supposent à tort que les agents facilement disponibles sont moins susceptibles d'être mortels que les médicaments délivrés sur ordonnance. Les évaluateurs peuvent vouloir évaluer la suicidalité chez les personnes ayant des comportements erratiques et risqués, qui présentent un risque de décès particulièrement élevé. Le fait de connaître la méthode utilisée par le patient peut aider le clinicien à déterminer le risque imminent d'une nouvelle tentative de suicide. Plus la méthode utilisée par le patient est potentiellement mortelle, plus son intention de se suicider est sérieuse et plus le risque qu'il fasse une autre tentative de suicide, éventuellement en utilisant une méthode encore plus mortelle, est élevé.

4. Quelle était l'intention ?

"Que vouliez-vous qu'il se passe lorsque vous avez fait cette tentative ?" De nombreux patients répondront qu'ils voulaient mourir, dormir, ne pas se réveiller ou qu'ils ne se souciaient pas de ce qui se passait. D'autres disent qu'il s'agissait d'un geste visant à susciter une certaine réaction de la part d'une autre personne. Dans ce cas, il est important de savoir si le résultat souhaité a été atteint. Ces soi-disant gestes impliquent souvent de s'assurer que la personne visée est au courant de la tentative, souvent en écrivant une lettre, en envoyant un texte ou en publiant un message sur les médias sociaux. De tels comportements peuvent être observés chez les patients souffrant de troubles de la personnalité. Bien que ces tentatives soient souvent impulsives, si la tentative ne produit pas l'effet escompté, le patient peut essayer d'attirer davantage l'attention en intensifiant ses actions suicidaires.

Inversement, si un conjoint ou un partenaire se réconcilie avec le patient uniquement en raison d'une tentative de suicide, cela peut constituer un modèle pour de futures tentatives d'automutilation au cours desquelles le patient espère obtenir le même résultat. Néanmoins, il vaut mieux se tromper par sécurité car certains de ces patients feront une nouvelle tentative, juste pour prouver qu'ils auraient dû être pris plus au sérieux. L'exploration d'une telle intention peut aider à l'évaluation, car même des "gestes" supposés peuvent avoir des conséquences dangereuses. Les actes qui n'aboutissent pas au résultat souhaité devraient précipiter l'hospitalisation plutôt que la sortie.

5. Qu'est-ce qui a facilité le sauvetage du patient ?

"Pourquoi ce patient est-il encore en vie ? Déterminez si le patient a fait quelque chose pour se sauver, comme appeler une ambulance, provoquer des vomissements, dire à quelqu'un ce qu'il a fait ou venir à l'hôpital par ses propres moyens. Dans l'affirmative, lui demander ce qui l'a fait changer d'avis peut fournir des informations sur ce qui existe dans sa vie pour prévenir de futures tentatives, ou sur ses souhaits de rester en vie. Ces questions peuvent être utilisées pour orienter la thérapie ambulatoire.

6. Comment le patient ressent-il le fait d'avoir survécu ?

Lorsqu'on demande à un patient ce qu'il pense d'avoir survécu à une tentative de suicide, certains qualifient leur acte de "stupide" et se disent embarrassés. D'autres ont des pensées orientées vers l'avenir, ce qui est un très bon signe de pronostic. La dysphorie qui s'ensuit ou le fait de se lamenter sur le fait que "je n'ai même pas pu faire ça correctement" sont des signes plus inquiétants. Les patients expriment souvent de la colère à l'égard de ceux qui les ont sauvés, en particulier ceux dont les tentatives ont été soigneusement planifiées ou qui ont été découvertes par accident. Certains patients peuvent également exprimer leur ambivalence quant au fait d'avoir survécu.

La réponse du patient à cette question peut être influencée par son désir d'éviter l'hospitalisation. Au-delà de ses réponses verbales, soyez attentif aux indices cliniques qui peuvent suggérer que le patient n'est pas totalement transparent. La colère ou l'ambivalence quant au fait d'avoir survécu, l'absence de pensées orientées vers l'avenir et un affect restreint malgré la joie verbale d'être encore en vie sont des caractéristiques qui suggèrent qu'une hospitalisation psychiatrique pourrait être justifiée.

7. Le patient a-t-il déjà fait des tentatives de suicide ?

Par rapport aux personnes n'ayant jamais fait de tentatives de suicide, les patients ayant des antécédents de tentatives de suicide sont 30 à 40 fois plus susceptibles de mourir par suicide[2]. Il peut être utile d'examiner le nombre de tentatives antérieures, leur caractère récent et les dispositions qui ont été prises. Il est recommandé d'examiner la létalité potentielle des tentatives passées (par exemple, l'hospitalisation a-t-elle été nécessaire, le patient a-t-il été placé dans une unité de soins intensifs et/ou l'intubation a-t-elle été nécessaire). Si des soins ambulatoires ont été suggérés ou des médicaments prescrits, le patient y a-t-il adhéré ? Pensez à poser des questions sur le comportement suicidaire passif, comme le fait de ne pas chercher à se faire soigner pour des problèmes médicaux, d'interrompre des médicaments vitaux ou d'adopter un comportement imprudent. Bien que ces comportements n'aient pas été classés comme des tentatives de suicide, ils peuvent indiquer un sentiment d'indifférence à l'égard de la survie. Un patient ayant déjà fait une tentative de suicide, surtout si elle est récente, mérite d'être hospitalisé. Une fois encore, il est peu probable que l'orientation des patients précédemment non adhérents vers un traitement ambulatoire soit efficace.

8. Le patient dispose-t-il d'un réseau de soutien ?

Avant de laisser sortir un patient qui a fait une tentative de suicide, il convient de s'interroger sur la qualité de son réseau de soutien. Il peut être utile d'évaluer la réaction de la famille et des amis à la tentative du patient. L'indifférence ou le ressentiment des proches est un mauvais signe. Certains patients ont accès à des réseaux de soutien dont ils ignoraient l'existence ou qu'ils ont choisi de ne pas utiliser. Dans d'autres cas, après avoir réalisé à quel point le patient était déprimé, la famille peut fournir un nouveau filet de sécurité. Des affiliations religieuses solides peuvent également s'avérer précieuses, car la spiritualité dévote peut dissuader les comportements suicidaires[10]. Pour une personne dont la tentative était motivée par la solitude ou le sentiment de ne pas être aimée ou appréciée à sa juste valeur, un réseau de soutien nouvellement découvert peut constituer un moyen de dissuasion protecteur supplémentaire.

9. Le patient a-t-il des antécédents familiaux de suicide ?

Le suicide peut avoir une composante familiale. La connaissance d'antécédents de suicide dans la famille contribue à la planification thérapeutique future. Le clinicien peut vouloir explorer en détail les antécédents familiaux du patient en matière de suicide, car ces informations peuvent avoir un impact considérable sur la motivation du patient à tenter de se suicider. L'évaluateur peut vouloir déterminer si l'anniversaire d'un suicide familial est proche. Les déclencheurs d'une tentative de suicide peuvent être l'anniversaire d'un décès, les anniversaires, les fêtes familiales et d'autres événements similaires. Il est utile de comprendre ce que le patient pense des membres de sa famille qui se sont suicidés. Certains éprouveront de l'empathie pour la personne décédée et diront qu'elle a fait ce qu'il fallait. D'autres, en réalisant l'impact de leur propre tentative sur les autres, éprouveront des remords et seront déterminés à ne pas infliger davantage de douleur à leur famille. Ces patients peuvent avoir besoin qu'on leur rappelle la misère associée au fait que leur famille se retrouve sans eux. Ces compréhensions sont utiles pour établir une disposition de sécurité. Toutefois, les antécédents de suicide dans la famille doivent toujours faire l'objet d'une évaluation approfondie, quelle que soit l'attitude du patient à l'égard de ce décès.

10. La tentative est-elle le résultat d'une dépression ?

Pour un patient présentant des symptômes dépressifs, le pronostic est moins positif ; il est plus susceptible d'avoir des intentions sérieuses, de préméditer, d'être désespéré et isolé socialement, et moins susceptible d'exprimer des pensées orientées vers l'avenir. Elles présentent souvent une "fuite vers la santé" temporaire. Ces progrès sont souvent transitoires et ne représentent pas nécessairement une guérison. Les troubles de l'humeur pouvant persister malgré une amélioration temporaire, une hospitalisation et un traitement pharmacologique peuvent s'avérer nécessaires. Si la tentative de suicide d'un patient résulte d'une dépression sévère, il est possible qu'il fasse une autre tentative de suicide à moins que sa dépression ne soit traitée dans un cadre sûr et sécurisé, tel qu'une hospitalisation, ou par une observation étroite de la famille pendant que le patient reçoit un traitement ambulatoire intensif.

11. Le patient souffre-t-il d'un trouble psychotique ?

De nombreux patients atteints d'une maladie psychotique meurent après leur première tentative sans jamais avoir eu de contact avec un professionnel de la santé mentale[11]. Les caractéristiques de la psychose peuvent inclure des hallucinations auditives malveillantes qui suggèrent l'autodestruction.11 Ces "voix" peuvent être intenses et dépréciatives ; de nombreux patients souffrant de ce type d'hallucinations déclarent avoir fait une tentative de suicide "juste pour que les voix s'arrêtent".

Les symptômes de paranoïa peuvent empêcher les personnes atteintes de psychose de se confier aux membres de leur famille, à leurs amis ou au personnel médical. Les éléments religieux sont souvent de nature délirante et peuvent être dangereux. La psychose est plus difficile à cacher que la dépression et la présence de psychoses concomitantes à un trouble dépressif majeur (TDM) augmente la probabilité de suicidalité[11]. La psychose secondaire à la consommation de substances peut diminuer les inhibitions et augmenter l'impulsivité, exacerbant ainsi la probabilité d'automutilation. En général, la présence de caractéristiques psychotiques précipitant ou suivant une tentative de suicide conduit à une hospitalisation psychiatrique.

12. Le patient fait-il partie d'un groupe démographique à haut risque ?

Lors de l'évaluation d'un patient qui a fait une tentative de suicide, il est utile de prendre en compte non seulement ce qu'il a fait, mais aussi qui il est. Plus précisément, la personne appartient-elle à un groupe démographique où le taux de suicide est traditionnellement élevé ? Par exemple, les patients amérindiens ou originaires de l'Alaska doivent faire preuve d'une plus grande prudence[2]. Les hommes blancs plus âgés, en particulier ceux qui sont divorcés, veufs, retraités et/ou qui ont des problèmes de santé chroniques, courent également un risque plus élevé. Par rapport à la population générale, les personnes âgées de plus de 80 ans ont un risque massivement élevé de se donner la mort12 :
    les comorbidités médicales font qu'il est moins probable de survivre à une tentative de suicide
    l'accès à de grandes quantités de médicaments
    des problèmes plus irréversibles, tels que la douleur chronique, le handicap ou le veuvage
    le fait de vivre seul, ce qui peut retarder la découverte.

Les patients qui appartiennent à l'un de ces groupes démographiques peuvent mériter d'être sérieusement pris en considération pour une hospitalisation en psychiatrie, quels que soient les autres facteurs.

13. Des drogues ou de l'alcool ont-ils été consommés ?

Ce facteur est unique en ce sens qu'il est à la fois un facteur de risque chronique et un signe d'alerte pour un suicide imminent, comme dans le cas d'une personne qui s'intoxique pour désinhiber sa peur de la mort afin de pouvoir tenter de se suicider. Les troubles liés à la consommation d'alcool sont associés à la dépression et au suicide. Les surdoses de fentanyl et d'autres opiacés sont devenues plus fréquentes[13]. Dans de nombreux cas, les décès sont involontaires parce que les utilisateurs surestiment leur tolérance ou ingèrent des substances contaminées[14]. La désinhibition par l'alcool et/ou d'autres drogues est un facteur de risque de tentative de suicide et peut intensifier la profondeur de la dépression majeure. Certains patients ingèrent des substances avant une tentative, juste pour "avoir le courage" de passer à l'acte ; beaucoup ne pensent au suicide que lorsqu'ils sont en état d'ébriété. Les analyses toxicologiques sont indiquées dans le cadre de l'évaluation après une tentative de suicide.

Des pensées dépressives et suicidaires apparaissent souvent chez les personnes qui "redescendent" de la cocaïne ou d'autres stimulants. Dans ces circonstances, il faut déterminer s'il convient d'orienter le patient vers un traitement pour un SUD ou vers une hospitalisation psychiatrique.

En résumé, s'intoxiquer dans le seul but de diminuer l'angoisse du suicide est une caractéristique dangereuse, alors que tenter de se suicider à cause d'une intoxication est moins préoccupant. Ce dernier patient peut ne pas envisager de se suicider tant qu'il n'est pas à nouveau intoxiqué. Lorsqu'ils sont disponibles, les centres de traitement à double diagnostic peuvent être une référence appropriée pour ces patients. Les lits d'attente des services d'urgence peuvent permettre à ces personnes de se désintoxiquer avant l'évaluation.

14. Le patient a-t-il des pensées tournées vers l'avenir ?

Lors de l'évaluation d'un patient qui a fait une tentative de suicide, la présence d'une planification et d'une anticipation de l'avenir peut être rassurante, mais ces caractéristiques doivent être évaluées avec soin[14-16].

Les commentaires après coup peuvent être plus fiables lorsque le patient les fait spontanément, plutôt qu'en réponse à une question directe[15-17]. L'incapacité à produire des pensées orientées vers l'avenir est liée aux risques de suicide à long terme[15-17]. Les patients peuvent fabriquer des plans futurs pour éviter l'hospitalisation psychiatrique, il faut donc se méfier des plans qui sont généralisés, moins détaillés et qui ne sont mentionnés que lorsqu'une solution d'hospitalisation est proposée. Un patient peut en fait avoir redouté des événements qu'il prétend maintenant attendre avec impatience. La corroboration des membres de la famille peut être utile pour déterminer le degré d'implication du patient dans la préparation des événements futurs. Les patients qui n'ont pas de projets d'avenir ou qui présentent une anhédonie à l'égard d'événements à venir qui les intéressaient auparavant sont plus préoccupants. Lors de l'évaluation des pensées orientées vers l'avenir, il convient de prendre en compte les éléments suivants

  • la spécificité des projets d'avenir
  • la corroboration par la famille et d'autres personnes de l'investissement antérieur du patient dans l'événement à venir
  • le fait que le patient mentionne ces projets spontanément ou seulement en réponse à des questions directes
  • l'expression émotionnelle ou l'affect du patient lorsqu'il parle de son avenir
  • si ces projets sont raisonnables, grandioses et/ou irréalistes.
References
  1. Ten Leading Causes of Death, United States 2020. Centers for Disease Control and Prevention WISQARS. Accessed March 4, 2022. https://wisqars.cdc.gov/data/lcd/home

  2. Norris D, Clark MS. Evaluation and treatment of suicidal patients. Am Fam Physician. 2012;15;85(6):602–605.

  3. Gliatto MF, Rai AK. Evaluation and treatment patients with suicidal ideation. Am Fam Phys. 1999;59(6):1500–1506.

  4. Dazzi T, Gribble R, Wessely S, et al. Does asking about suicide and related behaviors induce suicidal ideation? What is the evidence? Psychol Med. 2014;44(16):3361–3363.

  5. Lewiecki EM, Miller SA. Suicide, guns and public policy. Am J Public Health. 2013;103(1):27–31.

  6. Frierson RL. Women who shoot themselves. Hosp Community Psychiatry. 1989;40(8):841–843.

  7. Frierson RL, Lippmann SB. Psychiatric consultation for patients with self-inflicted gunshot wounds. Psychosomatics. 1990;31(1):67–74.

  8. Mitchell AM, Terhorst L. PTSD symptoms in survivors bereaved by the suicide of a significant other. J Am Psychiatr Nurses Assoc. 2017;23(1):61–65.

  9. Bateson J. The Golden Gate Bridge's fatal flaw. Los Angeles Times. May 25, 2012. Accessed March 2, 2022. https://www.latimes.com/opinion/la-xpm-2012-may-25-la-oe-adv-bateson-golden-gate-20120525-story.html

  10. Dervic K, Oquendoma MA, Grunebaum MF, et al. Religious affiliation and suicide attempt. Am J Psychiatry. 2004;161(12):2303–2308.

  11. Nordentoft H, Madsen T, Fedyszyn IF. Suicidal behavior and mortality in first episode psychosis. J Nerv Ment Dis. 2015;203(5):387–392.

  12. Frierson R, Lippmann S. Suicide attempts by the old and the very old. Arch Intern Med. 1991;151(1):141–144.

  13. Braden JB, Edlund MJ, Sullivan MD. Suicide deaths with opiate poisonings in the United States: 1999–2014. Am J Public Health. 2017;107(3):421–426.

  14. Morin KA, Acharya S, Eibl JK, et al: Evidence of increased fentanyl use during the COVID-19 pandemic among opioid agonist treated patients in Ontario, Canada. Int J Drug Policy. 2021;90:103088.

  15. Shobassy A, Abu-Mohammad AS. Assessing imminent suicide risk: what about future planning? Current Psychiatry. 2022;21(2):12–17.

  16. MacLeod AK, Pankhania B, Lee M, et al. Parasuicide, depression and the anticipation of positive and negative future experiences. Psychol Med. 1997;27(4):973–977.

  17. Macleod AK, Tata P, Tyrer P, et al. Hopelessness and positive and negative future thinking in parasuicide. Br J Clin Psychol. 2010;44(Pt 4):495–504.

Ressources complementaires

  • Kim H, Kim Y, Shin MH, et al. Early psychiatric referral after attempted suicide helps prevent suicide reattempts: a longitudinal national cohort study in South Korea. Front Psychiatry. 2022;13:607892. doi:10.3389/fpsyt.2022.607892

  • Michaud L, Berva S, Ostertag L, et al. When to discharge and when to voluntary or compulsory hospitalize? Factors associated with treatment decision after self-harm. Psychiatry Res. 2022;317:114810. doi:10.1016/j.psychres.2022.114810

https://www.medscape.com/s/viewarticle/993527?ecd=wnl_edit_tpal_etid5659628&uac=71604BZ&impID=5659628

mardi 18 juillet 2023

MàJ ...PSYCHIATRIE DU SUJET AGE : de la clinique à la pratique Cycle de conférence 2023 : Clinique du suicide de la personne âgée des spécificités? Les Videos

Un cycle de conférences sur la clinique du suicide de la personne âgée

Co-organisé par les Hôpitaux Paris Est Val de Marne, le Centre de Prévention du Suicide et le Centre hospitalier universitaire La Réunion, ce cycle de conférences sur la thématique « Clinique du suicide de la personne âgée » se déroulera, tout au long de l’année 2023. Le sujet vous intéresse ? Il ne vous reste plus qu’à vous inscrire. Séance à venir le 10 février prochain !
"La clinique détermine la pratique, qui elle-même se nourrit des recherches dans les champs philosophico-psychologiques, historiques, scientifiques et sociologiques.

"La clinique psychiatrique s’imprègne de toutes ces recherches mais aussi des savoir-faire des soignants et des pratiques sociales Par ce séminaire nous tenterons de participer et de faire connaître ces recherches en réfléchissant et en nous questionnant sur « ce que nous faisons aux vieux ».
V. Lapierre, Dr S. Malvoisin, Dr J.Maman, Dr C. Potart, Dr G.Jo


 

HISTORIQUE DES SÉMINAIRES : 

7 juillet 2023 – « Le refus de soin, un équivalent suicidaire ? » Jean-Marc Talpin, psychologue clinicien, Professeur émérite de psychopathologie et psychologie clinique à l’université Lumière Lyon 

 

 

 ***

 9 juin 2023 « Euthanasie, suicide assisté, mort sur ordonnance » Dr Jean-Marie Gomas, gériatre, Président fondateur du CEFAMA (Centre d'Études et de Formation sur l'Accompagnement des Malades). 

 

 ****

 12 mai 2023 : C Poletto-Forget « Partageons-nous une même idée de la dignité » Cristina Poletto-Forget, agrégée de philosophie, Lycée Henri IV.


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7 avril 2023 « Deuil après suicide : accompagner les familles et les soignants »Intervention du Dr Édouard Leaune psychiatre, CH le Vinatier Lyon, responsable du CPS de Lyon. 

 

  

***
10 mars 2023 – « Une clinique aux extrêmes du lien social » Elodie Chaumette, psychologue clinicienne et directrice adjointe du Centre de Prévention du Suicide (CPS) Paris. 

 

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 Échanges suite à l'intervention d'Elodie Chaumette, sur la proposition clinique en prévention du suicide des personnes âgées au CPS Paris - "Une clinique aux extrêmes du lien social" 10/03/2023 :


 
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Vigilans 75 - Dr Liova YON - Place des seniors dans le plan national de prévention -16 février 2023

16 févr. 2023 Inscription au séminaire (gratuite) Le numéro national d’appel, 24/24 et 7/7 : https://3114.fr/ Et des infos utiles, un blog de veille sur la prévention du suicide etc : https://www.infosuicide.org/ Psy IdF: https://www.ghu-paris.fr/fr/annuaire-...


***

 Dr C. Bouché - Clinique du suicide de la personne âgée des spécificités? 13.01.2023
Séminaire de Psychiatrie du Sujet Âgé, Paris Est
7 janv. 2023

Inscription au séminaire (gratuite)  : Le numéro national d’appel, 24/24 et 7/7 : https://3114.fr/ Et des infos utiles, un blog de veille sur la prévention du suicide etc : https://www.infosuicide.org/

  

 


Un cycle de conférences sur la clinique du suicide de la personne âgée

Co-organisé par les Hôpitaux Paris Est Val de Marne, le Centre de Prévention du Suicide et le Centre hospitalier universitaire La Réunion, ce cycle de conférences sur la thématique « Clinique du suicide de la personne âgée » se déroulera, tout au long de l’année 2023. Le sujet vous intéresse ? Il ne vous reste plus qu’à vous inscrire. Séance à venir le 10 février prochain !
"La clinique détermine la pratique, qui elle-même se nourrit des recherches dans les champs philosophico-psychologiques, historiques, scientifiques et sociologiques.

"La clinique psychiatrique s’imprègne de toutes ces recherches mais aussi des savoir-faire des soignants et des pratiques sociales Par ce séminaire nous tenterons de participer et de faire connaître ces recherches en réfléchissant et en nous questionnant sur « ce que nous faisons aux vieux ».
V. Lapierre, Dr S. Malvoisin, Dr J.Maman, Dr C. Potart, Dr G.Jo


Au programme

• 13 janvier 2023 – Clinique du suicide de la personne âgée : des spécificités ? » Dr Christophe Bouché, psychiatre responsable de l’unité de Psychiatrie de la personne âgée. GH Pitié-Salpêtrière-Charles Foix.«

• 10 février 2023 – « Place des séniors dans le plan national de prévention du suicide : retour d’expérience » Dr Liova Yon, psychiatre, chef de service PsyLine, GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences.

• 10 mars 2023 – « Une clinique aux extrêmes du lien social » Elodie Chaumette, psychologue clinicienne et directrice adjointe du Centre de Prévention du Suicide (CPS) Paris.

• 7 avril 2023 – « Deuil après suicide : accompagner les familles et les soignants » Dr Édouard Leaune, psychiatre, CH le Vinatier Lyon, responsable du CPS de Lyon.

• 12 mai 2023 – « Partageons-nous une même idée de la dignité ? » Cristina Poletto-Forget, agrégée de philosophie, Lycée Henri IV.

• 9 juin 2023 – « Euthanasie / suicide assisté, mort sur ordonnance » Dr Jean-Marie Gomas, gériatre, Président fondateur du CEFAMA (Centre d’Études et de Formation sur l’Accompagnement des Malades).? »

• 7 juillet 2023 – « Le refus de soin, un équivalent suicidaire ? » Jean-Marc Talpin, psychologue clinicien, Professeur émérite de psychopathologie et psychologie clinique à l’université Lumière Lyon 

 2. En pratique
- le vendredi de 10h à 12h, en présentiel ou en webinaire
- au Centre de Prévention du Suicide Paris - 3 rue Jean Baptiste Dumay 75020 Paris - M° Jourdain ou Pyrénées (ligne 11)
- Inscription obligatoire par mail pour le présentiel : seminaire@cpsparis.fr

Inscription liste Séminaire PSA
Programme disponible ici: Programme 2023 Clinique du suicide de la personne agée