MISE EN LIGNE DES INTERVENTIONS DU FORUM "SUICIDE: un dilemme pour les médias? Comment parler du suicide ?" qui a eu lieu le Mercredi, 26 Septembre, 2012 à la Maison de la Communication, Lausanne et organsié par Stop suicide
Vidéo mises en ligne par STOPSUICIDE1
Forum organisé par STOP SUICIDE sur le thème : "suicide : un dilemme pour les médias?"
Vidéo de Mme Raphaëlle Queinec, psychiatre, revient sur les effets d'une bonne médiatisation d'un suicide.
1:12
Forum organisé par STOP SUICIDE sur le thème : "suicide : un dilemme pour les médias?"
Vidéo de M. Florian Irminger, co-fondateur de STOP SUICIDE et ancien
membre du comité. Il rappelle l'historique de STOP SUICIDE face aux
médias.
0:43
Forum organisé par STOP SUICIDE sur le thème : "suicide : un dilemme pour les médias?"
Vidéo de M. Daniel Cornu, éthicien et médiateurs des publication
Tamedia, relève le fait qu'il ne faut pas dire aux médias : "surtout
n'en parlez-pas!"
0:58
Forum organisé par STOP SUICIDE sur le thème : "suicide : un dilemme pour les médias?"
Intervention de M. Beat Grossenbacher, chef de la rédaction française de
l'ATS, revient sur la manière dont l'ATS traite les dépêches qui
concernent les suicides.
1:34
Forum organisé par STOP SUICIDE sur le thème : "Suicide : un dilemme pour les médias ?"
Intervention de Mme Barbara Weil, coordinatrice d'IPSILON (initiative pour la prévention du suicide). Elle revient sur le traitement des suicides dans la presse au cours de 20 dernières années.
la synthèse http://www.stopsuicide.ch/site/sites/default/files/docs/061112_table%20ronde1_Synth%C3%A8se.pdf
« C'est seulement quand on a trouvé une raison de mourir que l'on oublie celle de vivre. »
C'est avec cette citation de Christophe, 17 ans, manuscrite dans un
cahier, que s'ouvre ce documentaire. Sa mère tourne les pages et
raconte. En 2006, un soir de décembre, il s'est jeté d'un pont au-dessus
d'une autoroute. En France, 10 000 personnes mettent fin à leurs jours
chaque année, soit un suicide toutes les 50 minutes ; et 160 000 tentent
de le faire, soit une tentative toutes les quatre minutes. Pour les
proches, la mort volontaire d'un être cher constitue une double peine.
Jean- Louis Terra, psychiatre, connaît bien les questions sans réponse
qui hantent parents et amis, submergés par la culpabilité, pendant des
mois, des années : « Est-ce qu'on l'a assez aimé ? », « Qu'est-ce que
l'on aurait pu faire ou dire ? », « Qu'est-ce qu'on a fait en trop ? », «
Pourquoi ne nous a-t-il pas demandé de l'aide ? » ...
Dans l'Hexagone, le suicide est la première cause de mortalité chez les moins de 40 ans. Dès lors, pourquoi existe-t-il si peu de moyens de prévention ? A l'hôpital de la Cavale Blanche, à Brest, les urgences accueillent chaque année 1 200 personnes pour une tentative de suicide. Avant de les laisser repartir, l'équipe psychiatrique cherche à mesurer le risque d'un nouveau passage à l'acte. Mais pour Michel Joyeux, psychiatre, le manque de moyens ne permet pas de réel suivi. Résultat : de 10 à 20 % des personnes hospitalisées à la suite d'une tentative de suicide quittent l'établissement sans soin... Béatrice Müller, elle, est une rescapée. Aux côtés de son père, elle confie son histoire. Après une séparation, elle a tenté à plusieurs reprises d'attenter à sa vie. Lors d'une quatrième récidive, elle a avalé toutes ses boîtes de médicaments avec de l'alcool fort. Restée inconsciente pendant deux jours et deux nuits, avant d'être secourue, cette mère de 2 enfants conserve des séquelles physiques handicapantes : son pied gauche reste paralysé et elle ne voit presque plus. Elle ne peut plus travailler ni se déplacer seule.
Derrière de tels drames humains, se cache une réalité économique. Frais de secours et d'hospitalisation, arrêt de travail, perte d'emploi : les suicides se révèlent un gouffre financier pour la société. On évalue à 5 millions d'euros les dépenses annuelles publiques associées aux suicides et aux tentatives de suicide. Le coût moyen de prise en charge des « suicidants » et suicidés correspond à deux tiers des dépenses faites pour les patients atteints de diabète, à un tiers de celles des patients victimes d'un AVC (accident vasculaire cérébral), et à deux tiers de celles des personnes soignées pour hypertension artérielle. « Et on ne se pose pas la question de savoir si on va prendre en charge de manière préventive leur diabète, leur AVC ou leur hypertension ! », s'étonnent les experts.
Pourquoi la France ne fait-elle pas de la prévention du suicide une priorité de santé publique ? A l'Inpes (Institut national de Prévention et d'Education pour la Santé), on justifie l'absence de campagne sur le sujet du suicide lui-même par la contre-productivité du message. Et on préfère se concentrer sur la dépression. Mais pour Jean-Louis Terra, psychiatre : « Parler du mal-être, des difficultés de vivre, cela n'intéresse pas les personnes qui sont prêtes à se pendre. » Devant l'immobilisme de l'Etat face à ce fléau, ce sont encore les associations qui prennent le relais. A Suicide Ecoute, des hommes et des femmes prêtent l'oreille à ceux qui ont composé le numéro de l'association, dans une ultime pulsion de vie. Disposant d'une seule ligne téléphonique, l'association reçoit 20 000 appels de détresse par an. Bien souvent, les appelants confient aux écoutants que « c'est la première fois qu'on [les] écoute vraiment ». Pour Michel Joyeux, psychiatre, c'est bien le drame : « Vous pouvez dire, j'en ai marre de la vie. [...]. Et puis on ne vous écoute pas. [...] A un moment, la seule manière de prendre la parole, c'est d'attenter à ses jours. »
En France, 3 millions de personnes seraient dépressives. Sept fois sur dix, les personnes qui font une tentative de suicide auraient rencontré un médecin le mois précédent. C'est pourquoi, dans le documentaire, un médecin généraliste de la côte normande outrepasse son rôle de soignant en ne renouvelant les antidépresseurs qu'au compte-gouttes ou en subtilisant le revolver d'un patient. En 1999, l'unité de psychiatrie de l'hôpital Fontan, à Lille, a ouvert un centre d'accueil pour les personnes en crise suicidaire. Quatorze ans plus tard, elle poursuit ses expérimentations avec un dispositif de veille. Les psychologues prennent le temps de rappeler régulièrement, même plusieurs années après, les personnes qui étaient arrivées au centre en crise suicidaire. Ce documentaire nous rappelle, avec la délicatesse idoine, combien le suicide doit devenir une priorité de santé publique de toute urgence.
Hélène Riffaudeau
Dans l'Hexagone, le suicide est la première cause de mortalité chez les moins de 40 ans. Dès lors, pourquoi existe-t-il si peu de moyens de prévention ? A l'hôpital de la Cavale Blanche, à Brest, les urgences accueillent chaque année 1 200 personnes pour une tentative de suicide. Avant de les laisser repartir, l'équipe psychiatrique cherche à mesurer le risque d'un nouveau passage à l'acte. Mais pour Michel Joyeux, psychiatre, le manque de moyens ne permet pas de réel suivi. Résultat : de 10 à 20 % des personnes hospitalisées à la suite d'une tentative de suicide quittent l'établissement sans soin... Béatrice Müller, elle, est une rescapée. Aux côtés de son père, elle confie son histoire. Après une séparation, elle a tenté à plusieurs reprises d'attenter à sa vie. Lors d'une quatrième récidive, elle a avalé toutes ses boîtes de médicaments avec de l'alcool fort. Restée inconsciente pendant deux jours et deux nuits, avant d'être secourue, cette mère de 2 enfants conserve des séquelles physiques handicapantes : son pied gauche reste paralysé et elle ne voit presque plus. Elle ne peut plus travailler ni se déplacer seule.
Derrière de tels drames humains, se cache une réalité économique. Frais de secours et d'hospitalisation, arrêt de travail, perte d'emploi : les suicides se révèlent un gouffre financier pour la société. On évalue à 5 millions d'euros les dépenses annuelles publiques associées aux suicides et aux tentatives de suicide. Le coût moyen de prise en charge des « suicidants » et suicidés correspond à deux tiers des dépenses faites pour les patients atteints de diabète, à un tiers de celles des patients victimes d'un AVC (accident vasculaire cérébral), et à deux tiers de celles des personnes soignées pour hypertension artérielle. « Et on ne se pose pas la question de savoir si on va prendre en charge de manière préventive leur diabète, leur AVC ou leur hypertension ! », s'étonnent les experts.
Pourquoi la France ne fait-elle pas de la prévention du suicide une priorité de santé publique ? A l'Inpes (Institut national de Prévention et d'Education pour la Santé), on justifie l'absence de campagne sur le sujet du suicide lui-même par la contre-productivité du message. Et on préfère se concentrer sur la dépression. Mais pour Jean-Louis Terra, psychiatre : « Parler du mal-être, des difficultés de vivre, cela n'intéresse pas les personnes qui sont prêtes à se pendre. » Devant l'immobilisme de l'Etat face à ce fléau, ce sont encore les associations qui prennent le relais. A Suicide Ecoute, des hommes et des femmes prêtent l'oreille à ceux qui ont composé le numéro de l'association, dans une ultime pulsion de vie. Disposant d'une seule ligne téléphonique, l'association reçoit 20 000 appels de détresse par an. Bien souvent, les appelants confient aux écoutants que « c'est la première fois qu'on [les] écoute vraiment ». Pour Michel Joyeux, psychiatre, c'est bien le drame : « Vous pouvez dire, j'en ai marre de la vie. [...]. Et puis on ne vous écoute pas. [...] A un moment, la seule manière de prendre la parole, c'est d'attenter à ses jours. »
En France, 3 millions de personnes seraient dépressives. Sept fois sur dix, les personnes qui font une tentative de suicide auraient rencontré un médecin le mois précédent. C'est pourquoi, dans le documentaire, un médecin généraliste de la côte normande outrepasse son rôle de soignant en ne renouvelant les antidépresseurs qu'au compte-gouttes ou en subtilisant le revolver d'un patient. En 1999, l'unité de psychiatrie de l'hôpital Fontan, à Lille, a ouvert un centre d'accueil pour les personnes en crise suicidaire. Quatorze ans plus tard, elle poursuit ses expérimentations avec un dispositif de veille. Les psychologues prennent le temps de rappeler régulièrement, même plusieurs années après, les personnes qui étaient arrivées au centre en crise suicidaire. Ce documentaire nous rappelle, avec la délicatesse idoine, combien le suicide doit devenir une priorité de santé publique de toute urgence.
Hélène Riffaudeau