2012 ARS Midi-Pyrénées
http://www.ars-midipyrenees.fr/prs/4/SRP_PREVENTION_MIDI-PYRENEES_11072012.pdf
P 31à 34
"Prévention du suicide
Le suicide constitue un réel
problème de santé publique, tant par les pertes en vie humaine qu'il provoque
que par les problèmes psychologiques et sociaux dont il témoigne. Le suicide
reste un sujet tabou. Il existe une sous-déclaration du nombre de suicides
notamment pour les personnes âgées qui ont recours à des méthodes « passives »
qui peuvent être confondues avec un accident (chute, erreur de prise
médicamenteuse). Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24
ans après les accidents de la route et la première cause de mortalité chez les
25-34 ans.
Le suicide est un phénomène
multifactoriel complexe. Les troubles psychiatriques augmentent le risque de décès
par suicide, notamment la dépression qui constitue la première cause. La
dépendance à l'alcool est en cause dans 30 % des cas et les antécédents personnels
ou familiaux de suicide interviennent également. Les facteurs secondaires, qui
n'ont qu'une faible valeur prédictive en l'absence des facteurs primaires,
regroupent des situations diverses telles que les pertes parentales précoces,
l’isolement social (notamment veuvage chez les hommes), les difficultés
financières et professionnelles (chômage..), les événements de vie stressants. Les
liens de causalité entre activité professionnelle et taux de suicide sont
difficiles à établir. Quoi qu'il en soit, les catégories socioprofessionnelles
ne sont pas également concernées par le suicide. Les taux standardisés de
mortalité par suicide sont près de trois fois plus élevés chez les employés et
surtout chez les ouvriers que chez les cadres. Près de 30 % des personnes ayant
fait une tentative de suicide auraient été vues par les médecins généralistes
et un peu plus de 80 % auraient motivé une venue aux urgences, directement ou
après le recours à un médecin 2. En Midi-Pyrénées, 0.7 % des passages aux
urgences sont motivés par une tentative de suicide 3.
Le plan d’actions ci-dessous
a été élaboré en prenant en compte notamment le programme national d’actions
contre le suicide (2011-2014).
4.2.1 Poursuivre les
formations au repérage et à la prévention des crises suicidaires
Inclure des enseignements sur
la souffrance psychique et la crise suicidaire dans les formations initiales de
différentes catégories de professionnels :
Généraliser et organiser les
enseignements sur la souffrance psychique et la crise suicidaire, dans le cadre
des formations initiales à destination des :
- Étudiants de MASTER en psychologie
- Étudiants en médecine et autres professions de santé (sages-femmes, pharmaciens, …)
- Internes en psychiatrie et en pédiatrie
- Étudiants infirmiers, psychomotriciens, kinésithérapeutes
- Orthophonistes
L’ARS se mettra en lien avec
la faculté de médecine et l’Université du Mirail.
Généraliser et consolider le
développement dans les bassins de santé de la formation des professionnels au
repérage et à la prévention des crises suicidaires :
Il s’agit de formations en
faveur des professionnels intervenant dans les champs sanitaire, médico-social,
éducatif et judiciaire. Ces formations pluridisciplinaires, labellisées au
niveau national (Professeur Terra), ont pour objectif la prévention de la crise
suicidaire.
Près de 350 personnes ont été
formées entre 2000 et 2009. Les formations permettront de former de nouvelles
personnes dans l’ensemble des 33 bassins de santé et de réactiver le réseau des
personnes antérieurement formées. Il existera ainsi un maillage territorial
conséquent qui permettra de repérer les personnes en détresse psychique majeure
pouvant porter atteinte à leurs jours et de les orienter vers les structures
adéquates.
Seront ciblés, plus
spécifiquement les professionnels travaillant auprès de publics ciblés comme
prioritaires à savoir : les jeunes, les personnes passant aux urgences, en
souffrance psychique, vivant en milieu rural, précaires, addictives ou
fragiles.
A l’issue des formations,
dans le cadre de l’animation des bassins de santé, le réseau de personnes
ressources sera réactivé (organisation de rencontres …) de manière à ce qu’il
reste opérationnel.
4.2.2 Optimiser le service
rendu par les dispositifs d’écoute de Midi-Pyrénées
Développer la qualité de la
pratique des écoutants :
Il existe en Midi-Pyrénées
différents dispositifs d’intervention dédiés à la prévention du suicide et à la
prévention/promotion de la santé mentale. Ceux-ci sont portés par 8
associations, isolées dans leur pratique, proposant des permanences d’écoute
téléphoniques et physiques.
Afin de consolider ces
dispositifs d’écoute et d’optimiser la qualité des services rendus, le
collectif régional de l’Union Nationale de Prévention du Suicide (UNPS) sera
chargé, avec l’appui de l’ARS, d’organiser des rencontres régulières d’échange
d’expériences entre écoutants.
Organiser l’interopérabilité
des dispositifs d’écoute et les porter à la connaissance du public Il s’agit :
- D’étudier la faisabilité d’une permanence téléphonique 24h/24h, coordonnée entre les dispositifs d’écoute avec un numéro d’appel unique,
- D’assurer la communication sur le numéro d’appel unique et les dispositifs d’écoute. La communication se fera via :
- la journée nationale de
prévention du suicide déclinée au niveau régional sous forme d’un colloque
- la réalisation et la
diffusion d’une plaquette listant l’ensemble des dispositifs d’écoute précisant
leurs missions, les horaires des permanences physiques et indiquant le numéro
d’appel unique. La diffusion sera réalisée notamment auprès des professionnels
du premier recours et aux SAMU.
Ces missions seront réalisées
par le collectif régional de l’UNPS, avec le soutien de l’ARS.
4.2.3 Améliorer l’accompagnement
des personnes en risque suicidaire
Renforcer les actions de
prévention de la souffrance psychique chez les enfants et les adolescents :
Il s’agit de renforcer les
capacités des jeunes à développer des comportements favorables à leur santé (cf
partie « jeunes ») et de prévenir la dépression des adolescents en milieu
scolaire.
Une action pilote, proposée
par le COTER « Santé des jeunes », vise à repérer les adolescents ayant une dépression
ou un risque élevé de dépression par le biais d’un questionnaire, puis de leur
proposer un programme spécifique visant le développement d’habiletés (sociales,
de communication, de résolution de problèmes, d’estime de soi, techniques
d’auto-contrôle, de relaxation… ).
Il est mené, la première
année, auprès d’adolescents de 18 classes de seconde d’un établissement
scolaire de la Haute-Garonne. L’année 2011/2012 vise à confirmer
l’acceptabilité et la faisabilité du programme et de l’ajuster si nécessaire.
En 2012/2013, selon les résultats de l’évaluation, le programme sera étendu à 4
autres établissements puis en 2013/2014 à 3 autres établissements repérés en
lien avec l’Éducation nationale.
Des indicateurs de mesure du
« climat scolaire » (taux d’absentéisme, taux de passage à l’infirmerie, plaintes
de parents…) pourront être définis et mesurés dans chaque établissement
scolaire de la région.
Les acteurs et partenaires de
ce programme sont : Éducation Nationale, Maison des adolescents de la Haute-Garonne,
Secteurs de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Réseau Adolescence et
partenariat 31 (RAP 31), Université Toulouse III et CHU de Toulouse, ARS.
Mener des actions spécifiques
en direction des personnes âgées à domicile et en institution :
Le suicide des personnes
âgées est souvent passé sous silence. Afin de mieux repérer les personnes âgées
en risque suicidaire, une communication sera faite auprès de l’entourage des
personnes âgées et des professionnels sociaux, paramédicaux et médicaux qui
interviennent auprès de celles-ci.
Elle sera élaborée avec
l’aide des COTER « Vieillissement et dépendance » et « Santé Mentale et
handicap psychique » et sera menée en partenariat avec les associations
d’écoute et le collectif régional UNPS.
De plus, l’ARS incitera les
établissements médico-sociaux pour personnes âgées à prendre en compte dans leur
projet d’établissement la question de la « prévention du suicide ». Cette prise
en compte doit contribuer à :
- Améliorer l’information et la formation des personnels,
- Préciser les procédures de suivi et d’accompagnement en cas de repérage d’une personne en crise suicidaire,
- Réduire l’accès aux moyens létaux par des mesures organisationnelles (ex : vigilance sur les possibilités de stockage des médicaments) ou architecturales (ex : sécurisation de l’ouverture des fenêtres).
Poursuivre dans les
établissements pénitentiaires (y compris établissements pour mineurs) des
formations à destination du personnel de l’administration pénitentiaire et des
professionnels des Unités de Consultations et de Soins Ambulatoires :
Les personnes détenues
constituent une population particulière à fort risque suicidaire, c’est
pourquoi des formations spécifiques sont réalisées à destination du personnel
de direction, d’encadrement, agents affectés dans les quartiers dits « sensibles »,
personnel d’insertion, soignant, enseignant, psychologue, visiteurs de prison,
éducateurs relevant de la PJJ. Les formations, mises en place depuis 2005 par
la Direction interdépartementale des services pénitentiaires seront
intensifiées à hauteur de 5 par an. Elles sont organisées en
inter-établissements de manière à ce que chaque établissement puisse en
bénéficier chaque année.
Développer des équipes
pluridisciplinaires de prévention pour détecter et prévenir les risques
psychosociaux élevés chez les assurés agricoles de la MSA :
La MSA mène une action à
destination d’agriculteurs en situation de "fragilités" économiques,
psychologiques, médicales et sociales.
Les objectifs sont de :
- Repérer les situations à risque par un réseau de "sentinelles" de proximité
- Évaluer les situations à risques de passage à l'acte suicidaire par une cellule prévention spécialisée chargée d'évaluer le risque et d'orienter
- Orienter vers un réseau de professionnels formés à la prise en charge spécifique
- Évaluer le dispositif depuis le repérage jusqu'à la prise en charge
Cette action est menée de
manière expérimentale dans le Tarn-et-Garonne, puis sera étendue dans les autres
départements de Midi-Pyrénées. A noter qu’elle figure dans le Plan national
d’actions contre le suicide.
Les partenaires dans le
Tarn-et-Garonne sont : association " Recherche et rencontres",
professionnels libéraux, chambre d'agriculture, syndicats agricoles (FDSEA,
confédération paysanne, MODEF,…), mairies et conseils généraux, ADPSPA.
Prévenir la récidive des
tentatives de suicide :
Il s’agit de mettre en place
de modalités spécifiques de prise en charge des personnes ayant fait une tentative
de suicide. Le principe est de réduire les « occasions perdues » et donc
d’organiser la continuité des soins dès la prise en charge aux urgences (cf.
SROS hospitalier « Psychiatrie adulte »).
2 Score santé de la Fédération Nationale des Observatoires Régionaux de Santé, janvier 2011
3 Rapport d’activité ORUMIP 2010"