vendredi 22 juin 2012

Suicide au travail : une étude dégage 4 profils à risque

 Suicide au travail : une étude dégage 4 profils à risque

Suicide au travail : une étude dégage 4 profils à risque

Par Nathalie Alonso sur cadremploi.fr

Depuis la série noire de suicides chez France Télécom, le mal-être au travail est devenu un sujet d’angoisse chez les dirigeants d’entreprises et les DRH qui se résument en 3 lettres : RPS, comme risques psycho-sociaux. Une étude, qui sera présentée le 21 juin lors de la 9e édition des rencontres Psycho, organisée par le cabinet Psya, leur donne des clés pour lutter contre le risque suicidaire en milieu professionnel.
Conduite par l'université de Rennes, cette enquête rappelle au préalable que le lieu du passage à l’acte, qu’il soit la maison ou le lieu de travail importe peu, d’autant plus que la loi (notamment l’article L.4121-1 du Code du travail) rend l’employeur « responsable de la santé physique et mentale du salarié ». « La responsabilité de l’entreprise doit toujours être prise en considération y compris sur le plan humain, confirme la psychologue Astrid Hirschelmann, maître de conférences à l'université de Rennes et responsable de l’étude. L’entreprise est donc un lieu de lien social, de soutien et de ressources pour les personnes en détresse, y compris dans leur vie privée."

Lieux et raisons du passage à l’acte

Les chercheurs de Rennes 2 ont ainsi dégagé quatre cas « cliniques » fréquemment rencontrés (et détectables) en la matière :
- L’appel au secours au travail pour détresse personnelle
- Le suicide dans un lieu privé avec jugement d’incompétence professionnelle
- Les propos suicidaires mêlant des problèmes d’ordre privé répétés en entretien avec la DRH
- Le suicide au travail après mise en cause pour harcèlement ou dépréciation
« L’idée était de s’intéresser au lieu et aux raisons du passage à l’acte », résume Astrid Hirschelmann. « On constate que les professionnels sont plutôt bien documentés sur les indicateurs de risques suicidaires mais, dans ce domaine, ce qui fonctionne encore le mieux pour repérer ces situations à temps, c’est le bon sens et l’intuition », fait valoir Astrid Hirschelmann.

Jusqu’où aller pour aider un salarié en difficulté

Or pour la psychologue, l’étude, qui a porté aussi bien sur des grandes que des petites entreprises du privé et du public, montre qu’ « il est très difficile pour les professionnels de faire la part des choses entre les facteurs privés ou professionnels d’un mal-être au travail ». Le croisement de ces univers apparemment bien séparés laisse les entreprises très souvent démunies sur la nature de la réponse à apporter. « Elles se demandent jusqu’où elles doivent aller pour aider les personnes », rapporte Mme. Hirschelmann. Or le fait qu’un salarié se suicide à la maison pour des raisons personnelles ne peut laisser l’entreprise neutre. »
Pour les chercheurs, les entreprises gagneraient à mettre en place une meilleure communication horizontale et verticale, pour désamorcer des risques de suicides ou au contraire pour repérer les tentatives de chantage au suicide. « Il faut promouvoir la communication entre le salarié et son manager tout comme entre le DRH et le médecin du travail », mais aussi « favoriser des entretiens individuels plus réguliers avec les salariés, instaurer une cellule de veille », ou encore parmi d’autres recommandations : « passer d’un management de contrôle à un management de soutien ».

Nathalie Alonso © Cadremploi.fr