Suicide au travail : une étude dégage 4 profils à risque
Conduite par l'université de Rennes, cette enquête rappelle au préalable que le lieu du passage à l’acte, qu’il soit la maison ou le lieu de travail importe peu, d’autant plus que la loi (notamment l’article L.4121-1 du Code du travail) rend l’employeur « responsable de la santé physique et mentale du salarié ». « La responsabilité de l’entreprise doit toujours être prise en considération y compris sur le plan humain, confirme la psychologue Astrid Hirschelmann, maître de conférences à l'université de Rennes et responsable de l’étude. L’entreprise est donc un lieu de lien social, de soutien et de ressources pour les personnes en détresse, y compris dans leur vie privée."
Lieux et raisons du passage à l’acte
Les chercheurs de Rennes 2 ont ainsi dégagé quatre cas « cliniques » fréquemment rencontrés (et détectables) en la matière :- L’appel au secours au travail pour détresse personnelle
- Le suicide dans un lieu privé avec jugement d’incompétence professionnelle
- Les propos suicidaires mêlant des problèmes d’ordre privé répétés en entretien avec la DRH
- Le suicide au travail après mise en cause pour harcèlement ou dépréciation
« L’idée était de s’intéresser au lieu et aux raisons du passage à l’acte », résume Astrid Hirschelmann. « On constate que les professionnels sont plutôt bien documentés sur les indicateurs de risques suicidaires mais, dans ce domaine, ce qui fonctionne encore le mieux pour repérer ces situations à temps, c’est le bon sens et l’intuition », fait valoir Astrid Hirschelmann.
Jusqu’où aller pour aider un salarié en difficulté
Or pour la psychologue, l’étude, qui a porté aussi bien sur des grandes que des petites entreprises du privé et du public, montre qu’ « il est très difficile pour les professionnels de faire la part des choses entre les facteurs privés ou professionnels d’un mal-être au travail ». Le croisement de ces univers apparemment bien séparés laisse les entreprises très souvent démunies sur la nature de la réponse à apporter. « Elles se demandent jusqu’où elles doivent aller pour aider les personnes », rapporte Mme. Hirschelmann. Or le fait qu’un salarié se suicide à la maison pour des raisons personnelles ne peut laisser l’entreprise neutre. »Pour les chercheurs, les entreprises gagneraient à mettre en place une meilleure communication horizontale et verticale, pour désamorcer des risques de suicides ou au contraire pour repérer les tentatives de chantage au suicide. « Il faut promouvoir la communication entre le salarié et son manager tout comme entre le DRH et le médecin du travail », mais aussi « favoriser des entretiens individuels plus réguliers avec les salariés, instaurer une cellule de veille », ou encore parmi d’autres recommandations : « passer d’un management de contrôle à un management de soutien ».
Nathalie Alonso © Cadremploi.fr