vendredi 13 mai 2016

CANADA AVIS du INSPQ Mesures préventives : Prévention des intoxications volontaires par médicaments accessibles sans ordonnance -

Extraits, résumé :
Prévention des intoxications volontaires par médicaments accessibles sans ordonnance
avis de l' INSPQ Centre d'expertise et de référence en santé publique - mai 2016


Messages clés
Avant -propos L’ensemble des interventions envisageables pour prévenir le suicide et les tentatives de suicide , incluant les intoxications volontaires par médicaments sans ordonnance, doit comprendre des actions à divers niveaux allant de la promotion de la santé mentale jusqu’à la réduction de l’accès aux moyens en passant par le traitement adéquat de la dépression, la détection précoce des situations à risque et la mise sur pied de projets de formation de sentinelles en milieu de travail  et dans la communauté

Chaque année, on dénombre au Québec environ 174 suicides par intoxication médicamenteuse dont 15 suicides par médicament sans ordonnance.
Une proportion importante de suicides et de tentatives de suicide par médicament incriminent plusieurs substances.
Les suicides par médicaments accessibles sans ordonnance dénombrés sont une sous-estimation puisque dans les cas où plusieurs médicaments ont été ingérés, seule la substance présumée avoir causé le décès est considérée pour déterminer la cause la plus probable du décès.
Contrairement à plusieurs pays européens, il n’y a pas au Canada (incluant le Québec) de restriction quant aux quantités maximales par contenant vendus en pharmacie
La stratégie d’intervention la plus souvent étudiée pour réduire les intoxications volontaires par médicaments accessibles sans ordonnance concerne des médicaments spécifiques et consiste à réduire le nombre de comprimés par contenant et par achat. Les résultats des études réalisées au Royaume-Uni indiquent que ce type de mesure a réduit de façon significative les suicides et les tentatives de suicide liées à ces médicaments, ainsi que les empoisonnements accidentels avec ce produit. Toutefois, il existe peu d’études sur le sujet et il y a de nombreuses contraintes méthodologiques. Il est difficile de conclure avec certitude qu’une telle mesure a un impact sur le taux d’intoxication volontaire par ces médicaments spécifiques, malgré que plusieurs recherches aient suggéré des bénéfices.
Les autres mesures de réduction des intoxications par ces médicaments spécifiques décrites dans la documentation scientifique relèvent surtout de l’opinion d’experts. Elles concernent l’empaquetage, la réduction des doses par comprimé, l’étiquetage, l’éducation du public, la restriction des lieux de vente, la vente sous ordonnance seulement et l’ajout de produits pour diminuer la toxicité hépatique.
À la lumière de la documentation scientifique consultée et des délibérations du comité d’experts, un certain nombre de mesures sont recommandées pour le Québec, soit :
  • Établir un format d’emballage maximal pour ces médicaments spécifiques accessibles en vertu de l’annexe III du Règlement sur les conditions et modalités de vente des médicaments.
  • Promouvoir le recours au Centre antipoison du Québec auprès de la population et des professionnels de la santé afin d’intervenir rapidement à la suite d’une intoxication qu’elle soit volontaire ou pas.
  • Inclure la problématique des intoxications volontaires par médicaments sans ordonnance dans toute stratégie intégrée de prévention du suicide.
D’autres mesures pourraient également être envisagées, soit :
  • Mieux sensibiliser et informer la population sur l’usage judicieux des médicaments accessibles sans ordonnance en étant très prudent dans les messages véhiculés de manière à ne pas susciter le recours à ces médicaments pour se suicider;
  • Mettre en place un programme québécois officiel de récupération des médicaments périmés ou inutilisés aux fins de destruction sécuritaire.
  • Limiter la dose unitaire maximale pour certains médicaments accessibles sans ordonnance.
  • Établir un format d’emballage maximal pour certians médicaments spécifiques.
  • Établir une quantité maximale par vente pour certains médicaments accessibles sans ordonnance.
  • Reclassifier certains médicaments accessibles sans ordonnance en conservant leur accessibilité (les classer dans l’annexe II sous le contrôle du pharmacien).

Info extraite de l'Avis : Prévention des intoxications volontaires par médicaments accessibles sans ordonnance - INSPQ Centre d'expertise et de référence en santé publique - mai 2016
Auteur(s):  Louise Marie Bouchard Élise Chartrand Pierre-André Dubé Dominique Gagné Mathieu Gagné Gilles Légaré Pierre Maurice Anne-Claire Panneton
Type de publication:  Avis scientifique Date de publication:  10 mai 2016