Encéphale 2024 – Quand les cauchemars deviennent pathologiques Caroline Guignot Actualités Congrès 16 févr. 2024 https://www.univadis.fr*-
Expériences oniriques physiologiques normales et fréquentes, les cauchemars peuvent aussi constituer des manifestations pathologiques en santé mentale. Dans le cadre du congrès de l’Encéphale, qui s'est tenu à Paris du 24 ou 26 janvier 2024, le Pr Pierre-Alexis Geoffroy (psychiatre, Hôpital Bichat, Paris) en a évoqué les processus et implications cliniques.
En réduisant l'activation du signal amygdalien, les cauchemars constituent un processus physiologique qui permet de traiter et d’intégrer les informations douloureuses ou stressantes rencontrées au cours de la journée. Il est intéressant de noter que ce sont les mêmes voies neurologiques qui sont mobilisées durant la nuit et la journée, ce qui suggère que les événements vécus au cours de la journée sont revécus afin d’en renforcer le souvenir et les émotions associés. Ils permettent d'anticiper et de mieux appréhender les situations futures en créant des scénarios imaginaires sur des épisodes de vie, contribuant à une meilleure adaptation psychologique lorsqu’elles se présentent.
En se chronicisant, ils perdent leur fonction physiologique. Il existe par exemple un cercle vicieux entre troubles du sommeil et TSPT (troubles du stress post-traumatique). La détresse reviviscente ressentie lors des cauchemars liés au trauma favorise le renforcement des TSPT, avec un hyperéveil et une absence d’extinction de la peur. Des processus d’aggravation comparables ont également été rapportés dans la dépression ou dans les troubles psychotiques. « Plus que la fréquence des cauchemars, c’est la détresse ressentie qui va prédire le pronostic et l’impact de la maladie » a commenté le psychiatre.
Quelles conséquences en clinique ?
Aussi, la thérapie par répétition d’images mentales est une thérapie de grade A dans les TSPT : elle permet de traiter les cauchemars traumatiques en remplaçant progressivement les images traumatiques et les émotions négatives des cauchemars par de nouveaux scénarios alternatifs non traumatiques explorés progressivement et répétés avec le thérapeute.
Chez les sujets dépressifs, il a également été décrit une modification progressive et prédictive du contenu onirique chez 80 % des individus avant une crise suicidaire : elle repose d’abord sur des rêves dysphoriques, puis une phase de cauchemars, évoluant vers des scénarios suicidaires pour un quart d’entre eux. Interroger les patients sur leurs rêves, et leurs cauchemars, peut donc aider à repérer et prévenir les crises suicidaires.
Encéphale 2024 - Psytox, vendredi 26 janvier 2024
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