Bipolarité : 1 malade sur 5 attend 15 ans avant d'obtenir un diagnostic
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Écrit par Lola Breton | Le 30.03.2023
A l’occasion de la Journée mondiale des troubles bipolaires, l’association Bipolarité France révèle les résultats d’une enquête marquante. On y apprend que 20 % des malades obtiennent un diagnostic quinze ans après leurs premiers symptômes. Un retard qui peut avoir de graves conséquences sur leur vie.
L’errance médicale autour de la santé mentale est malheureusement encore trop prégnante. A l’occasion de la Journée mondiale des troubles bipolaires, ce 30 mars, l’association Bipolarité France publie une enquête sur l’état de la prise en charge des malades. Cette étude, dont France Inter s’est fait le relais en premier, révèle qu’un·e patient·e sur cinq atteint·e de bipolarité attend plus de quinze ans avant d’être diagnostiqué·e. Cette maladie mentale, qui apparaît dans 32 % des cas entre 15 et 20 ans, toucherait 2,5 % de la population, soit 1,6 million de personnes. Mais en connaissant les retards de diagnostic, il est très probable que ce chiffre soit largement sous-estimé. L’enquête, basée sur les réponses de malades, montre que la moitié des patient·es n’obtient pas de diagnostic entre deux et cinq ans après l’apparition des premiers symptômes. Souvent, aucun traitement adapté n’est proposé avant une dizaine d’années d'errance médicale.
Une origine encore floue
Les troubles bipolaires apparaissent sans prévenir. Les scientifiques ne sont pas encore certains des origines de cette maladie mentale tant elle peut être multifactorielle. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’elle a tendance à se manifester à la suite d’un traumatisme ou d’un grand changement accompagné d’émotions fortes. Parmi les malades interrogé·es, 19 % évoquent de mauvaises conditions de travail comme facteur déclenchant. Dans 9 % des cas, c’est l’arrivée d’un enfant qui fait tout basculer.
Une prévalence des idées suicidaires
Alternance entre phases maniaques – accroissement des activités sociales, sentiment de grandeur, difficulté d’attention, hyperactivité, etc. – et phases dépressives. Voilà à quoi l’on est censé reconnaître les troubles bipolaires. Mais l’intensité de la maladie, et les autres troubles qui présentent des symptômes similaires, retardent souvent le moment de poser un diagnostic clair sur ces phases. Une errance qui peut avoir de graves conséquences sur les patient‧es : 61 % des personnes interrogées confient avoir eu des pensées suicidaires dans le laps de temps entre l’apparition des symptômes et leur diagnostic. Plus de 35 % d’entre elles ont tenté de passer à l’acte.
Si le diagnostic est si difficile à poser, c’est parce qu’il n’existe pas d’outil unique pour le faire, et qu'il repose essentiellement sur des questionnaires. Les signes précurseurs apparaissant souvent à l’adolescence, les troubles bipolaires sont pris pour des variations d’humeur normales. Parfois, le diagnostic de dépression est privilégié pendant longtemps, notamment en l’absence de phases maniaques. Plusieurs scientifiques travaillent en continu afin d'améliorer les diagnostics : l’idée d’une prise de sang pour déceler des biomarqueurs est l’une des techniques les plus avancées actuellement, même si elle n’est pas encore validée cliniquement.