jeudi 5 septembre 2019

MàJ Ministère Justice prévention du suicide en détention : formations des detenus à la prevention du suicide

Fleury-Mérogis : huit détenus formés pour empêcher les suicides en prison
Dans le cadre d’un plan national de prévention suicide, lancé par l’administration pénitentiaire, ces volontaires ont appris à détecter et aider les personnes prêtes à passer à l’acte.
Par Nolwenn Cosson
Le 4 septembre 2019 www.leparisien.fr*

Fleury-Mérogis, mardi 3 septembre 2019. Kevin a reçu son diplôme de codétenu de soutien des mains de Nadine Picquet, la chef d’établissement de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. LP/Nolwenn Cosson

Le choc est parfois trop dur à supporter. Enfermé, entouré d'inconnus jusque parfois dans l'intimité : certains détenus préfèrent en finir. Si en 2019, aucun suicide n'est à déplorer, ils sont 14 à s'être donnés la mort en 2018 au sein de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe. Pour lutter contre ce fléau, un plan national de prévention suicide a été lancé par l'administration pénitentiaire.

Après Villepinte (Seine-Saint-Denis) en 2010 - le site précurseur - Poissy (Les Yvelines) ou encore Fresnes (Val-de-Marne), Fleury vient de mettre en place un dispositif de codétenus de soutien. Formés par la Croix rouge durant tout le mois de juillet, ces huit volontaires du bâtiment D1, sélectionnés parmi 23 candidats, ont appris à prodiguer les gestes de premiers secours. Mais aussi à détecter, écouter, épauler les personnes les plus fragiles. Des oreilles bienveillantes qui ont reçu, ce mardi, leur diplôme, valorisant leur formation.

« Il a fallu se battre pour accueillir ce dispositif qui fait encore aujourd'hui débat, reconnaît Laurent Ridel, le directeur interrégional des services pénitentiaires. Le suicide est un phénomène difficile à combattre. Ceux qui ont eu un parcours difficile à l'extérieur ont encore plus de chance de passer à l'acte lors de leur incarcération. La douleur est si intense qu'ils ne voient plus que la mort pour l'atténuer. C'est pourquoi nous devons détacher des personnes pour les empêcher de passer à l'acte. »
Archives. L’expérimentation est menée dans le bâtiment D1 et devrait être étendue prochainement au D2./ Le Parisien

Des jeux de rôles pour apprendre à trouver les mots

D'ici les prochaines semaines, deux des huit codétenus de soutien iront par roulement se présenter aux arrivants. « C'est le moment le plus difficile à vivre, avance l'un d'eux. On se retrouve isolé de tout, on ne sait pas comment cela va se passer. On perd tout, notre travail, notre confort, parfois notre compagne. Je suis passé par là. Savoir que l'on a une personne qui est là pour nous écouter, qui peut devenir son confident, ça peut faire du bien. »

Pour trouver les mots justes, les codétenus ont passé beaucoup de temps à faire des simulations, des jeux de rôles. « Nous avons appris à poser des questions et à en taire d'autres », détaille Kevin, qui, en s'investissant dans ce projet, avait envie d'aider. « Je suis chargé de distribuer ce que les détenus commandent. Du coup, je vois beaucoup de monde, poursuit l'homme aux très longues dreadlocks. Quand on se retrouve isolé, enfermé dans 9 m2, on a beaucoup de temps pour se tourmenter. Jamais personne ne nous dira je vais passer à l'acte. Il faut savoir les mettre en confiance, et les écouter. »

Fort de cette première expérience, le dispositif devrait être prochainement étendu au bâtiment D2, le plus touché par des suicides en 2018. Avant d'être généralisé sur l'ensemble de la prison.
La maison d’arrêt de Fleury-Mérogis est la plus grande d’Europe avec 4 000 détenus./LP/N.C.
« QUI MIEUX QU'UN DÉTENU PEUT COMPRENDRE LA DÉTRESSE D'UN AUTRE ? »

« J'ai senti qu'il allait mal, qu'il n'en pouvait plus, se souvient Christian, désarmé face à une telle détresse. Mais que pouvais-je faire? » Quelques jours plus tard, l'homme tente de se suicider en mettant le feu à sa cellule. « Des suicidés en détention, j'en ai connu. J'en ai vu de mes propres yeux. J'avais envie de leur apporter mon aide. »

Devenir codétenu de soutien était une des solutions. « On nous a appris à détecter les premiers signes, indique-t-il. Les surveillants n'ont pas toujours le temps de repérer les personnes en détresse. Dorénavant, ce sera notre boulot. Je vois ça comme une vraie mission, un devoir même. Qui mieux qu'un détenu pour comprendre la détresse d'un autre ? »

Un « boulot » qui aimerait bien poursuivre une fois à l'extérieur. « Je suis sûr que cette formation me servira. » À tel point qu'il l'a déjà mentionné sur son CV.
http://www.leparisien.fr/essonne-91/fleury-merogis-huit-detenus-formes-pour-empecher-les-suicides-en-prison-04-09-2019-8145228.php

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Communiqué Ministère Justice

du suicide en détention : la maison d’arrêt de Villepinte, la et le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation 93 ont célébré la remise de diplôme de 5 détenus formés à la détection du risque suicidaire et la délivrance des premiers secours.
ARTICLE
Ouest-France
Auray
Bretagne, mercredi 19 juin 2019 564 mots, p. Auray_6
Suicide en prison : ils veillent sur les autres détenus
Angélique CLÉRET.
Formés pendant cinq jours par la Croix-Rouge, désignés par l’administration pénitentiaire, ils sont à l’écoute des détenus en souffrance. Comme au centre pénitentiaire de Rennes-Vezin.

« Il pleurait vraiment beaucoup et moi, j’étais en panique. Je cherchais les bons mots. Je lui ai demandé s’il avait une femme, et des enfants. La pression est redescendue un peu… Le lendemain matin, je suis venu en courant au quartier arrivant, pour voir s’il allait bien. » Au centre pénitentiaire de Rennes-Vezin, « l’arrivant » vit ses premiers jours d’incarcération. Le « choc carcéral » , résume Rémi (1), onze années passées derrière les barreaux. Lui, la cinquantaine passée, s’était toujours senti prompt à aider les autres, « avec la petite phrase qui va bien. C’est peut-être lié à mon ancien métier de commerçant, j’étais habitué à discuter » .
Expérimenté à Villepinte
Depuis janvier dernier, il est l’un des huit codétenus de soutien (CDS) à la prison des hommes, qui interviennent dans la prévention du suicide. Ils ont pour mission d’ « écouter et repérer » les codétenus « en situation de difficulté ou de souffrance » , indique Dorian Hamdaoui, directeur adjoint au centre pénitentiaire. Les codétenus de soutien vont au-devant des personnes qui leur semblent en difficulté et peuvent faire le lien avec les personnels pénitentiaires, en alertant le surveillant. Ils peuvent aussi être sollicités directement.
« Avoir de l’empathie, c’est la base, témoigne Laurent, bras tatoués et mine bienveillante. Mais la formation est nécessaire. » En janvier, les huit codétenus de soutien désignés par l’administration pénitentiaire ont reçu les conseils du professeur Jean-Louis Terra, psychiatre et professeur à Lyon. « Il est l’un des grands spécialistes du suicide. Nous leur enseignons également la formation de base de premiers secours et les bases du soutien psychologique » , complètent Marie-Claire Guernalec et Xavier Le Roux, respectivement responsable des bénévoles accueillants et chargé de communication à la Croix-Rouge d’Ille-et-Vilaine.
Expérimenté pour la première fois à la maison d’arrêt de Villepinte, en 2010, le dispositif est désormais étendu à tous les établissements de plus de 600 places.
À Rennes-Vezin, les échanges avec les détenus se déroulent dans la bibliothèque de la prison ou lors des promenades, le plus souvent. Les huit CDS sont soumis à une obligation de confidentialité.
« C’est valorisant »
« C’est important, pour la relation de confiance, estime Rémi. Ce qu’on se dit reste confidentiel. Et je le préviens si je dois alerter le responsable du bâtiment ou le surveillant, parce que je crains qu’il se suicide. »
Si la mission est bénévole, elle apporte une reconnaissance qui fait du bien. « Nous n’avions jamais été impliqués dans la détention, jusque-là, commente Laurent. Être investi d’une telle mission, ça nous aide aussi, pour la confiance et l’estime de soi. » Rémi acquiesce : « Quand on voit que la personne qu’on a rencontrée va mieux, on se dit qu’on a réussi. Ça aussi, c’est valorisant. »
Sur les trois dernières années, le centre pénitentiaire de Rennes-Vezin a connu quatre suicides : deux en 2016 et un les années suivantes.
(1) Prénoms modifiés

18 juin 2019

1er post 18/06/2019